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La Cité Ravagée
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La Cité Ravagée

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"Doucement, patron," le prévint Henwyn comme la clôture commençait à se fissurer.

"Bien. Bien. Finissons-en, Hen. Je garde mon calme."

"Cinquante pièces d'argent."

La poutre fut arrachée de la clôture. Maros la jeta sur le côté. Un sourire crispé lui fendit le visage. "La violence me calme." Il leva les sourcils pour souligner le fait.

"D'accord," soupira Henwyn. "Je suis content que tu aies eu autre chose que ma pomme sous la main."

"Cinquante, ça fait dix pour cent du budget pour ce travail. Et tout ça va finir dans la poche de Wymar s'ils ne retrouvent pas le joyau, ou la moitié de la part qui me revient s'ils le trouvent. Par tous les dieux, mon gras, ça aurait coûté moins d'acheter deux mules pour toi et un chariot pour moi."

"J'ai essayé ça aussi." Henwyn haussa les épaules. "Tu sais qu'il y a peu de mules disponibles. Personne n'est disposé à en vendre. Si je me mets à leur place, je ne les blâme pas. Je ne peux même pas en vouloir à Wymar de vouloir garder un œil sur ses bestioles plutôt que de nous les confier."

Maros soupira. "Bah, on ferait tout pour les amis, non ? Va dire à ce voleur de meunier que pour le prix qu'il demande, on s'en va avant le coucher du soleil ce soir. Il a quatre heures pour se magner le cul et on est parti. Je ne suis pas parvenu à ce stade de ma vie sans faire confiance à mes tripes, et mes tripes me disent que Jalis et les gars sont en danger."

Chapitre Sept

Patience et Prières

Dagra et ses amis descendaient dans la vallée alors que le soleil du crépuscule plongeait dans l'horizon lointain. Les flèches et les tours fantômes de la cité au loin s'évanouirent à la vue, de même que le mur lui-même et ses créneaux. Le mur était encore à une heure de marche mais la nuit tomberait aussitôt une fois arrivés. Dagra regarda vers l'est, plissant des yeux en direction d'un gawek solitaire niché au pied d'un promontoire. Ses troncs jumeaux étaient enroulés l'un autour de l'autre, les hautes branches jetant une ombre longue sur le versant de la vallée.

"On ne met pas les pieds dans ce lieu oublié des dieux avant le lever du jour," dit-il. Voyant l'expression d'Oriken, il rajouta : "Pas de discussion. Je n'y mettrai les pieds qu'en plein jour et avec assez de marge devant nous. C'est déjà suffisant d'avoir à se promener dans une crypte au sein d'un cimetière, alors je ne vais pas passer des siècles à le faire dans l'obscurité s'il n'y a pas lieu de le faire."

Oriken haussa les épaules. "C'est désert, Dag. Je ne vois pas où est le problème."

"Dagra a raison," dit Jalis. "On ne sait pas ce qui s'y trouve. Pour autant qu'on sache, il pourrait y avoir un nid de lyakyn. Ou des cravants qui se sont adaptés à vivre dans des ruines plutôt que parmi les arbres. Ou encore d'anciens pièges tendus secrètement dans l'obscurité."

"Ça," dit Dagra d'une voix rauque, "et les esprits de tous ces païens morts qui hantent probablement les lieux. Non, non, oublie ça. Je suis d'avis de camper ici jusqu'à demain. On est bien arrivés jusqu'ici, qu'est-ce qui presse ?"

"On va aller jusqu'au point le plus haut et on trouve un endroit où camper," proposa Jalis.

"On pourrait tout aussi bien s'abriter sous cet arbre." Dagra fit un signe en direction du gawek. "Cet endroit en vaut bien un autre dans cette zone maudite."

Oriken secoua la tête. "On y est presque et tu te dégonfles."

Dagra lui lança un regard fâché.

"C'est une sage décision," dit Jalis en se dirigeant vers l'arbre. Alors que Dagra lui emboîta le pas, elle jeta un regard en direction d'Oriken. "Allez, on termine la journée ici et on attaque demain avec l'énergie du matin."

"D'accord, d'accord." Oriken tordit le rebord de son chapeau et se traîna derrière eux. En approchant du gawek, il dit : "Laissez-moi au moins explorer l'entrée avant la tombée de la nuit. Je promets de ne pas y entrer seul."

"Non. Personne ne va nulle part seul. Pas cette fois. Et puis, l'entrée est barrée. On aura besoin du grappin pour escalader." Voyant l'expression déçue d'Oriken, Jalis le regarda avec insistance. "Il y a un dicton de Vorinsia : c'est l'empressement qui a mis fin aux Edel."

"Je n'ai aucune idée de ce que cela veut dire."

"C'est une phrase attribuée au Premier Ascendant à l'époque où Vorinsia avait conquis les terres du sud de l'Arkh, en commençant par Sardaya, puis Khalevali. Les nobles, appelés les Edel en langue vorinsienne, de Khalevali et de ma patrie, surestimant leurs forces, avaient monté une révolte contre la mainmise des forces de Vorinsia. La haute noblesse fut écrasée mais l'Arkhus appela à la clémence, autorisant aux membres survivants des familles à quitter leurs domaines et leur fortune." Arrivant à l'ombre des grandes branches du gawek, elle ajouta : "Ne joue pas au héros, Oriken."

Il se renfrogna. "C'est toi le patron, patron."

"Arrête avec ça."

"Comme tu veux, patron."

Jalis le menaça du doigt. "Malan-gamir !"

Oriken eut un sourire narquois. "Je le ferais avec plaisir, siosa, pouvons-nous attendre jusqu'à ce qu'il fasse noir ?"

Jalis leva le bras et, d'une tape, fit voler le chapeau de la tête d'Oriken.

"Eh !"

Alors qu'il se penchait pour le récupérer, elle lui lança un regard d’avertissement. "La verge divine, cher Orik, pointe aussi bien vers le trésor que vers le piège. Prends bien garde où tu pointes la tienne. Et maintenant, prends un bol et va voir si tu peux nous trouver des baies fraîches."

"Je me servirai de mon chapeau." De par son ton, il était clair qu'elle l'avait froissé.

"On ne mange pas dans ton vieux machin tout abîmé," dit Dagra. "Les baies de marécage ont déjà assez mauvais goût comme ça, sans y ajouter ta sueur et tes sales cheveux."

Oriken haussa les épaules et fouilla un bol dans son sac.

"Passe-moi l'arbalète, jeune fille," dit Dagra. "Je vais aller avec lui."

Oriken le regarda pendant qu'il refermait son bardas. "C'est un peu excessif."

Dagra rigola tout en prenant l'arbalète des mains de Jalis. "T'inquiète, je ne vais pas te tirer dessus juste pour avoir désobéi au chef."

"Ne commence pas," prévint Jalis.

Dagra inclina la tête et lui fit discrètement un clin d'œil avant de suivre Oriken. Même si son humeur s'était un peu allégée, son agitation intérieure demeurait.

Dagra s'appuya sur les troncs enchevêtrés du gawek et laissa son regard courir sur le paysage du soir recouvert de lumière argentée. Quelques nuages obscurcissaient la course ascendante d'Haleth qui n'était qu'une pâle lueur dans le ciel étoilé. Au-delà des pierres qui formaient la route, les endroits où se trouvaient des bancs de marécages étaient signalés par les minuscules point lumineux des feux follets qui luisaient au-dessus de la lande. Tout était calme, à part le gazouillis et le pépiement des passereaux, le lointain croassement d'une grenouille et les ronflements discrets d'Oriken.

Dagra posa ses coudes sur ses genoux et, pour ce qui lui semblait être la millième fois depuis qu'il avait pénétré les Terres Mortes, il appela les dieux de ses pensées. Aveia et Svey'Drommelach bénis. Prophète Avato. Sage Ederron. Écoutez votre dévoué en ce moment de besoin. Protégez-le de vos ailes alors qu'il se dirige vers les ténèbres et faites que votre divine bonté chasse le mal et les ombres. Donnez-lui la force d'aller là où vous n'êtes pas et, de là, de retourner dans votre domaine. Si c'est votre volonté, guidez son retour pour qu'il continue de vous servir, ou bien, si c'est votre volonté, guidez son âme vers Kambesh pour qu'il puisse renaître.

Alors que Dagra finissait sa prière, Oriken renifla dans son sommeil et claqua des lèvres. Dagra regarda dans sa direction et il se figea, l'estomac noué. Une silhouette pâle, bipède, était accroupie au-dessus d'Oriken, sa tête informe penchée sur la couverture qui recouvrait le torse d'Oriken, ses bras gélatineux sans mains tapotant le tissu de laine. Dagra, paralysé, fixait cette curiosité informe.

Sortant de sa transe, il appela Oriken à voix basse. Bien que la créature ne semblât manifester aucune agressivité, il ne voulait pas la provoquant en poussant un cri. Une règle fondamentale dans la nature sauvage était de ne jamais sous-estimer une faune ou une flore inconnue. Oriken grommela et se mit à ronfler doucement.

Dagra empoigna son glaive et s'accroupit. Il avança avec précaution mais la créature semblait concentrée, la tête perdue dans la couverture. Une fois tout proche, il l'attaqua de son glaive. La lame s'enfonça profondément dans la chose mais celle-ci réagit à peine. Il retira la lame et remarqua, abasourdi, l'absence de sang sur la peau blanchâtre ; bouche bée, il observa la plaie se refermer sur elle-même.

"C'est ça, sale bâtard," murmura-t-il tout en tranchant dans la tête de la créature d'un coup de glaive latéral. Le glaive plongea dans la chair molle qui offrit peu de résistance mais la lame passa au travers et la chair sembla se cicatriser instantanément. La créature leva la tête et se tint debout. Elle s'éloigna de la couverture et tourna son visage sans trait vers Dagra, puis s'en alla.

"Orik ! Réveille-toi !" Dagra se redressa, poursuivant du regard la créature qui s'évanouit dans la nuit.

Jalis se réveilla et se mit sur son séant. Alors qu'elle scrutait l'obscurité, un couteau à lancer apparut dans sa main.

Dagra attrapa Oriken par les épaules et il le secoua violemment. "Réveille-toi, merde !"

"Hein..." Paresseusement, Oriken se frotta le visage et finit par ouvrir les yeux. "Quelqu'un a mis de la mandragore dans mon thé ?"

"Tu n'as pas bu de thé," marmonna Jalis en remettant le couteau dans sa poche.

Oriken souleva la tête et regarda autour de lui. "Alors, Dag ?" dit-il encore endormi. "T'as vu quelque chose ?"

"Oui ! Non. Je ne sais pas. Il y avait..." Mais la créature étrange avait disparu.

Jalis lui lança un regard sévère. "Tu t'es assoupi et tu as fait un rêve ?"

"Non ! Je vous jure, il y avait quelque chose..."

"Eh !" Oriken se redressa et s'assit. Il jeta un coup d'œil à sa couverture. "C'est quoi ce truc blanc dont je suis couvert ? Dag ? Je ne plaisante, tu ferais mieux de ne pas—"

"Il y avait une créature !" protesta Dagra pendant qu'Oriken se débarrassa violemment de sa couverture. "C'était un... ah, je sais pas !" Il bafouillait d'exaspération.

"Dégoûtant." Oriken pinça sa chemise entre deux doigts. "C'est passé au travers."

"Laisse-moi voir." Jalis se pencha au-dessus de lui et souleva sa chemise pour exposer la peau de son torse. Il y avait trois amas de cette substance collante emmêlés aux poils de sa poitrine et des cercles rouges se dessinaient au travers.

"Qu'est-ce que..." dit Oriken en attrapant la couverture pour essuyer le liquide. "C'est engourdi."

Dagra fixait la couverture des yeux. Les parties de laine où la créature avait posé sa tête et ses mains commençaient à se désintégrer.

Jalis l'avait également remarqué. En toute hâte, elle s'empara de son sac et en sortit une serviette et une pochette et elle versa de l'eau sur la poitrine d'Oriken. Avec le coin de la couverture, elle épongea la substance collante des plaies autant qu'elle le put. De la pochette, elle prit une feuille humide et la plaça sur la plus grande des trois plaies. "Le népenthès est le meilleur traitement que nous ayons sous la main pour le moment. Peut-être cette créature n'était-elle pas venimeuse."

Oriken hocha la tête et regarda Dagra. "Ça ressemblait à quoi ?"

Dagra était perplexe. Il décrivit la créature du mieux qu'il put mais ni Oriken, ni Jalis ne purent s'en faire une idée précise.

"Nous allons devoir être plus vigilants." Jalis prit deux feuilles de plus de la pochette et dit à Dagra : "Bravo de l'avoir vue à temps. On ignore l'étendue du mal que ça a pu causer à Oriken pendant son sommeil. J'imagine que la sécrétion contenait un anesthésique."

Oriken pâlit pendant que Jalis continuait d'appliquer les feuilles de népenthès sur ses plaies. "Je te revaudrai ça, Dag. Écoute, je m'excuse de t'avoir crié dessus."

Dagra bougonna. "Oublie ça. Retourne te coucher. Je vais monter une autre garde et je te réveille dans deux heures. Je veux faire une rapide surveillance aux alentours de toutes façons. Si j'attrape cette chose, je la mets en pièces."

"Merci," dit Oriken. "Je doute de pouvoir me rendormir pourtant."

"Reste éveillé alors," proposa Jalis. "Mais repose-toi. Si tu te sens bizarre, appelle Dag ou réveille-moi." Elle jeta un coup d'œil à son bras. "Comment va cette blessure que tu as eue avec le cravant ?"

Oriken serra et desserra son poing. "Beaucoup mieux." Il fouilla dans le fond de son sac et en sortit sa veste en peau de nargut doublé de fourrure et l'enfila. Tout en fermant la rangée d'agrafes sur le devant de sa veste, il regarda Dagra et Jalis, tour à tour. "Eh, ça va, je ne veux plus courir aucun risque." Il s'allongea et posa son chapeau sur sa poitrine.

Jalis retourna s'enrouler dans sa couverture et, en moins d'une minute, se rendormit. Oriken croisa les bras derrière la tête et fit un signe de tête en direction de Dagra. Après avoir rengainé son glaive et vérifié que l'arbalète était chargée, Dagra partit faire sa patrouille.

Des cadavres, des cravants, des hommes sauvages et des trucs bizarres blancs et gélatineux, pensa-t-il. Et au matin, sans doute les esprits de gens morts depuis longtemps. Il envoya rapidement une autre prière aux dieux et aux prophètes pour que demain ne soit pas une épreuve supplémentaire. Il s'agissait maintenant d'attendre si, et comment, ils répondraient à ses prières.

Chapitre Huit

Observateurs du Bout du Monde

Oriken mâchonnait un coriace bout de viande séchée tout en suivant les plaies de son abdomen du bout d'un doigt. Le népenthès avait fait son travail. La peau était à vif mais elle cicatrisait, des croûtes avaient commencé à apparaître et, à la fin de son tour de garde, l'engourdissement avait diminué. Il prit l'un des trois œufs de caille bouillis dans la coupe qu'il gardait près du feu et l'écala. Il regarda le petit œuf d'un air maussade. C'était tout ce qu'il avait pu trouver la veille, bien qu'il eut poursuivi le cri de l'insaisissable caille. Leurs dernières provisions de viande salée, un petit œuf chacun et un bol de baies des marécages, c'était là tout leur petit-déjeuner. Il goba l'œuf et l'avala en quelques secondes.

"Moi, je vous le dis," annonça-t-il, "si on trouve l'un de ces cravants dans la cité, je m'en avale un."

Dagra fit une grimace.

"Bah quoi, qui sait quand on aura un autre repas digne de ce nom ? Je suis juste... innovateur."

"Si j'étais toi, je m'en abstiendrais," dit Jalis.

"De quoi, d'être innovateur ?"

Jalis lui lança un regard sarcastique. "La chair de cravant est plus coriace que le cuir, à moins de la faire mijoter une journée entière."

Dagra essuya ses mains sur son pantalon et se leva. "Ne me dis pas que tu sais ça d'expérience."

"Eh bien, en fait, si." Pendant un moment, Jalis parut perdue dans ses pensées. "C'est quelque chose de rare à Sardaya, du moins quand j’étais petite fille. Les cravants volants étaient un vrai fléau les fois où ils descendaient des montagnes. Mon père prenait souvent part à la chasse mensuelle et, parfois, il apportait un jarret de cravant que les bonnes faisaient mijoter." Elle regarda Oriken. "Mais nous n'en trouverons pas dans la cité parce que nous n'y allons pas. Ça n'est pas nécessaire. Pendant mon tour de garde, j'ai étudié la carte que Cela a donnée à Maros. Les Jardins Funéraires sont directement au-delà du portail. Nous n'avons donc pas besoin d'entrer dans Lachyla."

"Hmm." Oriken saisit son ceinturon posé au sol et se leva. "C'est vraiment dommage. J'étais impatient d'aller faire un tour à l'intérieur."

Dagra soupira. "Bien sûr que tu l'étais."

"On en reparlera plus tard." Jalis se redressa elle aussi et frappa dans ses mains. "Avant tout, les garçons, je crois que nous avons un joyau à trouver."

Le mur d'enceinte s'élevait au-dessus d'eux, aussi solide que le temps lui-même, à part quelques moellons effrités et quelques morceaux de mortier cassé au pied du mur. Oriken se sentait petit et insignifiant devant ces vieilles pierres imposantes.

"S'il y avait des archers sur ces créneaux," dit-il, "il n'y aurait aucun moyen d’accéder à l'intérieur, pas même avec une armée, et encore moins un trio de sabreurs."

"Heureusement qu'on a le grappin," dit Jalis.

"Et qu'il n'y a personne d'autre," réplique Oriken. "N'est-ce pas, Dag ?"

"J'espère," dit Dagra sourdement.

Oriken remarqua le long du mur les restes d'une corde qui pendait depuis les remparts crénelés. "Y a pas quelque chose qui vous dérange, vous deux ?"

Jalis fronça les sourcils en regardant la corde usée.

"Ça a l'air très vieux," dit Dagra.

Oriken hocha la tête. "Mais je ne crois pas que ça date du fléau. Et si ce que je dis est vrai, ça veut dire que nous ne sommes pas les premiers à nous être aventurés ici depuis que les cartes ont marqué ce territoire de la tête de mort.

Il porta son attention vers la herse abaissée dont les pointes étaient plantées dans la poussière entre les dalles fendillées. Les barres de fer rouillées étaient chacune aussi épaisse que son poignet. Il avança pour jeter un œil au travers et regarda au-delà, bouche bée.

"Le mot mort prend tout son sens..." murmura-t-il.

Jalis était à ses côtés. "Oh...," murmura-t-elle, puis elle recula d'un pas. "Eh bien, Orik. À toi l'honneur ?"

Avec un sourire, il se débarrassa de son sac. Il en sortit un long rouleau de corde dont l’une des extrémités était attachée à un lourd grappin.

"Reculez," dit-il. Il enroula la corde autour de son bras et s'avança vers le mur. Il bloqua l'extrémité libre de la corde sous son pied, jaugea la hauteur du rempart et fit osciller le crochet à l'autre extrémité de la corde. Puis, il lâcha la corde et le crochet s'éleva dans les airs, passa au-dessus, puis au-delà du mur et, dans un mouvement d'arc, redescendit et accrocha un rebord sur la passerelle qui longeait le haut du rempart. Il tira sur la corde pour tester l'ancrage du grappin puis il remit son sac à dos sur ses épaules.