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Roulette Russe
Roulette Russe
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Roulette Russe

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- Je parie qu’il s’agit des escapades amoureuses de ta mère.

Laura était une bonne amie, mais souvent sa curiosité la poussait à empiéter dans l’intimité des gens. Helena savait que Laura n’arriverait pas à le lire, mais elle savait qu’elle ne baisserait pas les bras. Grâce à l'internet et aux logiciels en ligne, tout pouvait être traduit. Alors, Helena joua le jeu.

- C'est embarrassant.

- Je le savais !

Laura s'avança à grands pas avec une main tendue vers le journal. Helena se redressa et serra les épaules de Laura.

- La bouffe va être froide.

- Très bien, mais tu me raconteras les détails dégoûtants plus tard.

- Bien sûr !

Helena poussa son amie hors de la pièce et appela mentalement Michael.

Il lui répondit aussitôt.

- Quoi ? Qui a-t-il ? Tu as l'air bouleversée.

- On doit parler de ce journal.

2

Domaine des destins

Il faisait nuit. À sa connaissance, tout le monde dormait. Elle faisait les cent pas autour du lit, les bras croisés, son esprit n’arrêtant pas de cogiter.

- Que veux-tu dire ? demanda-t-elle à Michael.

Il ne répondit pas et la regarda comme s'il souffrait.

- Me caches-tu un autre secret ? Il est mon vrai père. S'il a été pris par le monstre mentionné dans le journal de grand-mère, je dois savoir…

Elle cligna des yeux pour chasser ses larmes.

- ... il y a des chances qu'il ne nous ait pas abandonnés...

- Helena, commença Michael sur un ton apaisant.

Elle lança ses mains en l'air.

- N'essaye pas de me calmer et dis-moi comment le retrouver !

Retenant un juron, elle se rappela qu'elle devait se taire, une chose difficile à faire à chaque seconde qui passait. Elle inspira pour calmer sa colère.

- S'il te plaît, dis-moi quelque chose. N'importe quoi !

- Allonge-toi.

Elle hocha la tête.

- Je ne suis pas d'humeur à me détendre.

- Si tu veux vraiment savoir où il est, je ne peux pas t’en empêcher. Je vais t'aider à le faire, mais tu dois te concentrer.

Helena plissa des yeux. Elle étudia son visage impassible. Comme d'habitude, ses traits étaient neutres. Elle ne savait pas si c’était un stratagème pour qu'elle se calme ou s'il pensait vraiment ce qu'il disait. Elle décida de l'écouter et se laissa tomber sur les draps doux en lin.

- Ferme les yeux, dit Michael.

- Pourquoi ?

Il disparut et continua à s’adresser à elle mentalement : Tu dois écouter mes conseils sans poser de questions.

Helena se mordit la lèvre inférieure et s’exécuta.

- Maintenant, concentre-toi sur ma voix et visualise ton corps à l'intérieur d'une bulle ou à un endroit où tu te sens en sécurité.

En quelques secondes, elle s'imagina une sphère en acier. Une bulle d’air ne la mettrait pas en sécurité. Elle planait dans ses limites confinées tandis que l'obscurité troublante l'encerclait. Être suspendue dans les airs la mettait mal à l'aise, elle utilisa donc les mêmes principes pour faire apparaitre un sol en damier sous ses pieds.

Michael apparut à ses côtés. Son corps émettait une faible lueur qui apaisa ses nerfs.

- À quoi ça sert ? demanda-t-elle.

- C'est un bouclier mental. Ça te protégera.

- Me protéger de quoi ?

- Il fait noir ici, dit-il, essaye de créer de la lumière.

Helena le fusilla du regard. Elle avait peur qu'il change d'avis et qu’il refuse de l'aider. Si cela pouvait être considéré comme une aide. Elle prit une profonde inspiration et se concentra à nouveau. Une luminosité afflua au-dessus de sa tête.

Michael se rapprocha du mur et elle l’imita. Il toucha la surface lisse et dit des mots incompréhensibles.

- Je vois que tu préfères le métal comme protection. Beaucoup utilisent des éléments ou des forteresses imposantes pour se protéger. Certains érigent même plusieurs couches, sur lesquelles nous devrions travailler plus tard.

Elle avait de nombreuses questions à lui poser.

- Qui ferait ça ?

La grande main chaude de Michael se posa sur sa tête et lui fit voir un sourire fantomatique.

Ses yeux sortaient de leurs orbites.

- Tu peux me toucher ?

- Ton corps est uni à ta structure physique dans laquelle je ne peux pas agir. Mais ici, ton esprit entre dans l'une des structures que je peux atteindre, répondit-il. Je ne suis pas le seul à pouvoir t'atteindre ici, c'est pourquoi je t'ai demandée de créer ta propre couche de protection. Cette couche utilisera une partie de ton énergie pour te protéger, alors ne sois pas étonnée si tu te sens fatiguée.

- Très bien, et c’est quoi la prochaine étape ?

- Tu prends ma main et nous allons voyager dans mon royaume. Tu ne dois pas t’éloigner de moi, sinon je ne pourrais pas masquer ta présence.

Elle mit sa main dans la sienne et il la serra de ses doigts fins. L'air grésillait d'énergie qui les encerclait pour les dissimuler.

D'un geste rapide, Michael l'attira dans son étreinte. Une seconde plus tard, les boucliers fondirent et ils se retrouvèrent dans une vaste chambre avec de hauts piliers en ivoire. Un réseau désordonné géant de fils multicolores entrelacés formait le « plafond ». Au sol, ils étaient disposés en rangées soignées et interminables, maintenues en place par des cadres à tisser couleur or. Le sol couleur ébène brillant ressemblait à un miroir inversé reflétant l'intégralité de la chambre.

Elle s'éloigna de lui et regarda la bouche bée tout ce qui les entourait.

- Où sommes-nous ?

- Au royaume des anges, le domaine des destins.

Helena détourna ses yeux de la toile colorée.

- Et si quelqu'un nous trouve ici ? Tu ne vas pas avoir des ennuis ?

- Cet endroit n'est plus utilisé par les dieux.

- Les dieux ? Il y en a plus d'un ? Les personnes croyantes seraient vraiment déçues de l’apprendre.

Michael admirait le plafond avec une émotion cachée qu’elle n'arrivait pas à cerner.

- Autrefois, un seul créateur existait. Il avait vécu si longtemps que même lui-même avait oublié ses origines. Il s'était alors divisé en plusieurs divinités inférieures pour expérimenter des choses. Pour lui, le sexe, l'âge, la couleur de peau ne semblaient pas avoir de l'importance.

Ses paroles se perdirent dans l’exaltation.

- C’est le résultat final qui est important - une leçon à apprendre.

Sur sa gauche, un fil gris vibra. Elle tendit la main pour le toucher, mais Michael se mit en travers de son chemin et hocha la tête.

- On ne touche pas !

Elle fronça des sourcils.

- Pourquoi pas ? Ce n’est qu’une corde.

- Ce ne sont pas des cordes. Ce sont les liens avec des êtres de la Terre.

Confuse, Helena se tut. Il ne pouvait pas être sérieux. Elle se tourna et se concentra sur les cordes. Le blanc était la couleur la plus répandue. Quelques gris, noirs et rouges ressortaient çà et là. Plus loin, une corde dorée se démarquait de ses voisines monochromes, telle une balise. Elle plissa des yeux pour essayer de voir ce qui se trouvait au-delà, mais les cordes se sont dissoutes en un brouillard blanc, trop épais pour qu'elle puisse voir à travers.

- Que signifient les couleurs ?

Michael étudia son expression avide et soupira.

- Le blanc est un humain normal. Une nuance de gris représente une personne influencée ou utilisée par les ténèbres, ou peut-être une forme d'être surnaturel. La couleur noire appartient à des créatures des ténèbres, tels que des mangeurs d'âmes, certains démons, des monstres qu’on ne devrait jamais croiser dans ton royaume.

Elle pointa du doigt une corde et s’en approcha.

- Et la dorée, là-bas ?

- Des saints, dit-il comme si le mot expliquait tout par lui-même.

- Que sont-ils ? Des personnes saintes ?

- Je ne peux pas t’en dire plus.

Helena se mordit la lèvre, elle voulait vraiment en apprendre plus. Cette expérience était pour elle toute nouvelle. Pourtant, au fond d'elle, une chose la dérangeait. C'était comme si elle avait oublié une chose.

Une corde rouge-sang se démarquait dans la rangée de blancs et de gris.

- Et la rouge ?

- Des vampires, cracha Michael le terme comme si c'était une chose dégoûtante.

La corde écarlate avait retenu son attention. Une énergie bizarre la traversait. Helena avait lu beaucoup d'histoires sur le folklore et les créatures mythiques, mais ce qui l’avait toujours fasciné le plus étaient ces êtres suceurs de sang. Enfin, elle avait la chance d'en apprendre plus sur le monde de Michael.

En se rapprochant, elle réalisa que la corde n'était pas tout à fait rouge. Un liquide riche et cramoisi longeait la corde.

- Rappelle-toi, Helena, tu ne touches pas.

Ses conseils lui importaient. La corde l'attirait, la conviait à la prendre, à toucher sa texture. Elle sentit des picotements aux doigts et elle tendit sa main vers la corde.

La main lourde de Michael se posa sur son épaule, la sortant de son état d’hypnose.

- Je crois qu’on devrait revenir plus tard.

- Non ! cria-t-elle.

Surprise par son emportement, Helena baissa la tête de honte. Qu’est-ce qui me prend ? La pièce entière bourdonnait d’énergie. Penser était devenu une corvée et, en se concentrant plus, elle vit sa corde jaillir de son ventre. Elle avait l’air plus pâle que les autres cordes blanches. Elle la caressa, se délectant de la douce sensation.

- Qu'est-ce qui se passe lorsque deux cordes se touchent ?

Michael leva les yeux vers le plafond.

- Un lien est ajouté.

- Et qui décide de ça ?

- Les destins.

- Mais tu as dit que plus personne n'utilisait cet endroit. Comment…

L'expression de Michael s'assombrit, comme s'il se rappelait d'un fait douloureux.

- Ils ont été bannis dans le royaume humain il y a longtemps. Depuis, les choses se produisent telles que les Dieux le souhaitent.

Helena jeta un coup d'œil à la corde connectée à un vampire quelque part sur la planète. Est-ce qu'on se rencontrerait si nos cordes se touchaient ? Elle secoua la tête. Ce n’était pas important pour l’instant. La raison pour laquelle ils étaient venus ici, était de retrouver son père.