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Roulette Russe
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Roulette Russe

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Helena laissa tomber son sac sur le canapé et se rendit à la bouilloire.

Son amie lui lança une expression sévère en s’adossant au comptoir. Elle tenait une fraise dans une main et un couteau dans l'autre.

- Pourquoi tu essayes d’éviter Andrew ?

- Qu'est-ce que tu fais ?

Laura retroussa ses lèvres en un sourire diabolique.

- Tu essayes de changer de sujet ?

Helena vérifia s’il y avait assez d’eau dans la bouilloire et appuya sur le bouton ‘marche’. Elle avait décidé de lui dire la vérité.

- Nous… nous nous sommes enlacés hier soir.

Laura poussa un cri. Helena roula des yeux et leva ses mains pour l’interrompre.

- J’ai fait un cauchemar et il m'a réveillée, expliqua Helena. Nous nous sommes enlacés spontanément. Rien de spécial.

- Continue à te comporter comme ça et tu finiras par devenir une vieille fille, sans personne à tes côtés.

Helena tambourinait le comptoir de ses ongles. Pourquoi la bouilloire mettait autant de temps à bouillir ? Elle ne voulait pas parler de ses relations amoureuses si tôt le matin, pas quand elle devait interroger Michael sur son père. Depuis qu’ils étaient revenus du royaume des anges, elle n’avait pas pu le joindre. C'était comme s'il l'évitait exprès. C'est exactement ce que tu fais avec Andrew…

- Comme tu ne vas pas me donner des détails, je vais devoir utiliser mon charme de pâtissière plus tard.

Helena lui saisit le bras.

- Tu n’as pas le droit de faire ça !

- Bien sûr que j’ai le droit. Andrew sera aux anges.

- La dernière fois que tu as cuisiné, nous avions dû suivre un régime pendant une semaine !

- Je crois que c'est un marché équitable.

Laura posa le couteau toujours en souriant.

- Soit tu me racontes tout maintenant, soit tu prépares ta balance.

Helena renifla. Toute cette situation était ridicule, mais c'était ce qu'elle aimait chez Laura. Elle était toujours prête à aider ou à remonter le moral aux gens, même si elle utilisait des moyens un peu trop indiscrets.

- D'accord, tu as gagné.

La bouilloire siffla et Helena se prépara un café en racontant à Laura une version éditée des événements de la nuit dernière, supprimant bien sûr les parties qui pourraient être interprétées comme débiles.

Son amie l'écoutait attentivement en hochant la tête de temps en temps. Son anecdote terminée, Laura mangea le reste de ses céréales d'un air amusé.

- Quoi ? demanda Helena.

- Tu veux savoir ce que je pense ?

- Est-ce que j'ai le choix ?

Laura hocha la tête.

- Quand tu rentreras ce soir, tu iras directement vers lui et tu lui donneras un baiser.

Elle haussa un sourcil.

- Un baiser ?

- Exactement ! Laura passa son sac à rayures roses et jaunes par-dessus son épaule. C’est ce dont vous avez besoin tous les deux. Maintenant, je ferais mieux d'y aller ou je vais être en retard en cours.

Helena jeta un coup d’œil à l'horloge. Il était presque neuf heures, il lui restait encore une heure.

Son amie lui donna une tape rassurante sur le dos.

- Souviens-toi, un beau et un long baiser. Si je reviens et que vous ne sortez pas ensemble, je cuisinerai pendant un mois.

- Avertissement noté, répondit Helena.

Laura sortit avec un léger saut dans sa démarche. Au moins une personne est contente.

Elle finit son café tiède en prenant son temps. Elle se rendit au canapé sur lequel elle s'étira et ferma les yeux, en se concentrant sur ses boucliers. Plus elle pratiquait, plus vite elle sortirait de son état demi-conscient.

À l'intérieur de ses barrières mentales, elle était sur le sol en damier. La bulle en acier familière l'entourait. Cette fois, elle était calme. Tout ce qui s'était frayé un chemin avait disparu et la confrontation lui apporta une autre question sans réponse.

Elle appela Michael qui se matérialisa presque aussitôt devant elle. Son teint doré avait perdu un peu de sa couleur.

- On doit parler, lui dit-elle.

Michael resta immobile. Elle n'était pas sûre qu'il respirait.

- Bien… commençons par ce qui s’est passé hier. Qu'est-ce que c'était ?

- Ça ne te concerne pas.

Contrariée, elle essaya de reformuler sa question. Elle savait qu’il détestait qu'on lui mette la pression pour avoir des réponses. S’il sentait qu’elle allait lui poser des questions sur sa vie d'ange, il disparaîtrait sans dire un mot.

Elle se serra les mains et se retint de lui lancer des accusations inutiles. La créature d’hier soir avait essayé d’entrer à l'intérieur de ses boucliers mentaux. Bien sûr que cela la concernait !

- Michael, dis-moi, s'il te plait.

- Si t'as fini, j’ai d’autres choses à faire.

Elle attrapa la manche crème de sa chemise, dont une grande partie était cachée par un gilet en cuir marron attaché par des boucles argentées sur sa poitrine. Le coton rugueux irrita sa peau, mais elle s'y accrocha tout de même.

Il se renfrogna.

- Tu ne peux pas partir. Et…

Elle baissa les yeux en essayant de penser à ce qu'elle pourrait lui dire. La corde pâle, dont elle se souvenait du royaume du destin, lui sortait du ventre. D'un air absent, elle la caressa.

- Et la corde ? Pourquoi est-elle toujours là ?

Michael lui toucha la main et leurs regards se croisèrent. Pendant un bref instant, elle croyait qu'il était sur le point de lui dire quelque chose, mais il repoussa sa main.

- Tu dois me faire confiance, Helena. Je suis ici pour veiller sur toi et non pour répondre à ta profusion infinie de questions.

Ses mots irritants la blessèrent. Elle n'était pas sûre de vouloir des réponses à toutes ses questions. Ses doigts tirèrent sur la corde qui émit un léger bourdonnement. Puisqu'il l'avait emmenée dans le royaume des anges, elle pensait qu'il pourrait également l’aider dans ses recherches. Il pourrait avoir des ennuis pour avoir accepté de l’aider.

- Je suis désolée, dit-elle.

L’expression de Michael s’adoucit.

- Tout ce que je te demande est de me faire confiance. Je serai toujours à tes côtés, quoi qu'il arrive.

Ses doigts caressaient doucement sa joue, comme si elle était en verre fragile.

- Le lien que tu as créé avec le vampire doit être rompu dès que possible. Tu es en danger. Ce soir, lorsque tu rentreras et que tu affirmeras tes sentiments pour ton ami humain, je ferai de mon mieux pour briser le lien. D'accord ?

Helena ne voulait plus rien avoir avec le monde surnaturel. Tout ce qui lui importait pour le moment était de retrouver son père - où qu'il soit. Se mettre en danger ne lui serait d’aucune aide.

- D’accord !

*****

Son sac dansait sur son dos alors qu'elle courait vers le bâtiment des arts. Elle ne s'était pas attendue à ce que son bus tombe en panne au milieu d’une rue encombrée. Ce n’était vraiment pas son jour de chance aujourd'hui.

Elle releva le bord de la manche de sa veste pour vérifier l'heure. Son cours allait commencer dans trois minutes. En haletant, elle fit irruption dans le bâtiment rempli d'étudiants énergiques et de bavardages. En se faufilant dans la foule, elle se rua vers une salle de conférence. Près de la porte, elle aperçut sa camarade de classe.

- Nadine, attends ! appela-t-elle.

La fille s'arrêta.

- Bonjour !

Helena avait du mal à contrôler son malaise. Nadine était presque contrariée de la voir. Elle avait pris à cœur l'encouragement de Laura à se faire des amis et elle voulait être sûre de faire de son mieux pour y arriver.

En glissant ses mains dans les poches de son jeans, Helena dit :

- Je suis désolée de t'avoir vexée la dernière fois.

Nadine la fixait de ses yeux marrons. Pour quelqu'un de si jeune, elle semblait avoir beaucoup de connaissances et d’expériences dans la vie. Dès qu’elle avait détecté son sourire ennuyé, Helena se dit mentalement qu’elle n’arriverait jamais à se faire de nouveaux amis.

- Tu ne m'as pas vexée, j’avais un rendez-vous.

Helena lutta pour ne pas laisser sa surprise paraître sur son visage. Est-elle sérieuse ? Elle se mordit les lèvres. Elle n’aurait jamais pensé que leur conversation irait plus loin qu’un simple bonjour.

- Le cours va bientôt commencer. Tu veux bien t’asseoir à côté de moi ? demanda Nadine.

Avec un sourire d’idiote, Helena la suivit dans la salle de conférence en se donnant mentalement une tape dans le dos pour se féliciter. Laura sera fière d’elle.

*****

Helena attendit à côté de Nadine que tous les étudiants sortent. Elle regarda sa nouvelle amie. Pour une raison quelconque, Nadine se comportait comme un chat perdu et Helena ressentit le besoin de lui venir en aide.

- Es-tu libre pour le déjeuner ? demanda Helena.

Nadine jeta un coup d'œil dans son journal. Plusieurs choses y étaient notées pour la soirée, mais Helena n’arrivait pas à lire ses minuscules gribouillis.

- Oui.

Elles sortirent ensemble de la salle de conférence. Le couloir était presque vide, seulement quelques étudiants assis par terre à bavarder.

Helena décida de se rendre au café où elles s'étaient rencontrées la première fois. Ses doigts jouaient avec le crochet métallique de son sac, tandis que le silence entre elles était rempli des conversations occasionnelles des personnes qui passaient. Elle ne savait pas si Nadine préférait le silence ou si elle attendait qu’elle commence à parler.

- L'essai que nous avons sur l'Égypte ancienne, as-tu décidé sur quoi tu vas écrire ?

La fille pencha la tête sur le côté.

- Je pense que ce devoir va beaucoup me plaire. Ça parle du long chemin que nous, les humains, avons parcouru.

Elles tournèrent au coin. Les murs étaient couverts d'affiches pour une prochaine fête. Helena les regarda avec dégoût. Les fêtes, les boîtes de nuit et les concerts n'étaient pas son truc. Elle préférait s'éloigner des endroits bondés.

- Je n'ai jamais trouvé les égyptiens intéressants, admit Helena. L'esclavage n'est pas ma tasse de thé.

- Une âme pure ne peut pas accepter la cruauté.

Helena dévisagea Nadine. Elle affichait ce même sourire mystérieux qui la troublait.

- Pourquoi tu fais ça ?

Nadine fronça des sourcils.

- Que veux-tu dire ?

- Tu souris, mais on a l'impression que tu te forces à le faire.

Nadine s'arrêta dans l'escalier, la tête baissée.

- Ecoute, je ne voulais pas te vexer…

Nadine hocha la tête. Elle écarta sa frange de ses yeux et sourit. Son premier vrai sourire. Helena se sentit heureuse.

- Personne ne m'a jamais dit ça auparavant. Les gens, en général, préfèrent m’éviter dès qu’ils en apprennent plus sur moi… le vrai moi.

Nadine reprit la descente des marches.