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Roulette Russe
Roulette Russe
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Roulette Russe

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- Je sais que tu t’inquiètes pour moi, maman, mais je serai avec Laura et Andrew.

Sasha se décontracta et serra sa fille dans ses bras.

- Tu es ma fille unique, comment veux-tu que je ne m’inquiète pas ?

Helena lui tapota le dos, ne sachant pas quoi dire ou faire. Heureusement, Dieu lui vint en aide. Elles entendirent un grand bruit venant de la cuisine et un léger tintement de verres.

Richard refit son apparition avec un grand sourire aux lèvres révélant ses dents nacrées, une bouteille de champagne débouchée et trois flûtes.

- Alors comment ça va, vous deux ?

- Très bien, répondit sa mère.

Elle s'écarta d'Helena, plia son tablier sur le dossier de sa chaise et s'assit.

Helena s’installa sur la chaise à côté.

Richard leur versa à chacune un verre et s’assit à table. Il fit la grimace en buvant une gorgée.

Helena baissa ses yeux sur ses cuisses. Elle aimait beaucoup son beau-père. Même s'il était toujours très occupé par son poste de directeur du département des sciences, il aimait la vie de famille. Il ne se plaignait jamais. Il avait pris soin d'elle et de sa mère, après que son père les avait quittées sans leur donner d’explication.

- Est-ce que tu as rendu ton formulaire d’inscription ? demanda Richard.

Helena leva la tête.

- Ouais, le jour où je l’ai reçu.

- Ce que tu as choisi ne me plaît pas beaucoup. Le salaire de médecin ou avocat est plus élevé qu'un…

Sa mère leva la main en l'air cherchant le mot juste.

- C’est quoi déjà ce que tu fais ?

Helena détourna son regard. Des yeux froids de sa mère émanait assez de déception pour y noyer toute une armée. Le silence se prolongea et Helena serra ses couverts. Le métal chauffait dans le creux de ses paumes.

- Si je découvre que c’est ennuyeux, je pourrais toujours changer.

Discussion terminée, Helena reporta son attention sur son assiette.

Richard s'éclaircit la gorge.

- J'ai entendu dire que demain il y aura une pluie torrentielle. J'espère que ton déménagement se passera bien.

Sa mère lança à Helena un regard bref lui disant que leur conversation n'était pas encore finie. Elle se tourna vers son mari.

- J’espère que le temps ne sera pas trop mauvais, j’ai rendez-vous avec les filles.

Helena prit le changement de sujet comme un sursis et fit à Richard un « merci » de la tête et il lui répondit par un clin d'œil.

*****

Le dîner terminé, Helena était affairée de mettre la vaisselle dans le lave-vaisselle.

- Est-ce que je peux te parler une minute ? la fit sursauter la voix profonde de baryton de Richard.

Elle hocha la tête et se redressa.

- D'abord et avant tout, tu es toujours la bienvenue ici…

Ses yeux scrutèrent la cuisine.

Helena le fixait en lui souriant.

- Euh, Richard ?

- Bien ! Deuxièmement, j’aimerais que tu saches que nous t'aimons. Si tu as besoin de quoi que ce soit, nous serons toujours là pour toi.

Il hésita une seconde avant d’ouvrir les bras pour l'attirer dans une étreinte maladroite. Son corps maigre irradiait de chaleur et elle sentit un serrement au cœur.

- Appelle-nous si quelque chose arrive ou…

- C’est bon, j’ai compris, marmonna-t-elle sur son épaule.

Il la lâcha et se frotta la nuque.

- Tu devrais aller te reposer. Tout le monde se réveillera très tôt demain matin.

- Oui, tu as raison.

Dès qu’il sortit de la cuisine, elle s'empressa de ranger le reste de la vaisselle en pensant au comportement de Richard. Était-il inquiet pour elle ? Pourquoi ? Elle haussa les épaules et appuya sur le bouton « marche » du lave-vaisselle.

En haut des escaliers, elle entendit de faibles chuchotements venant de la chambre de sa mère. Elle se faufila dans le couloir et appuya son dos contre le mur.

- ... tu lui as dit ? entendit-elle la voix agitée de Sasha en premier.

- Oui, tu ne devrais pas t'inquiéter. Tout ira bien, répondit Richard.

Sa mère parla plus fort.

- Et s’il se passait quelque chose et qu’elle se souvienne ?

- Chut, Sasha. Si elle nous entend, elle nous posera des tas de questions. Tout ce que nous devons faire est de la surveiller. Interférer dans sa vie pourrait créer une mésentente entre vous deux et je ne pense pas que c’est ce que tu veux.

Choquée, Helena posa sa main sur son torse. Elle tituba jusqu'à sa chambre et traîna ses pieds jusqu'à ce qu'elle s'effondre sur son lit. Elle laissa échapper un soupir en fixant le plafond.

- Qu’est-ce qu’ils me cachent ?

Michael se matérialisa à côté d'elle. Il suivit son regard fixé sur les étoiles phosphorescentes qui avaient pour habitude de la fasciner dans son enfance.

- Je me souviens du jour où ton beau-père les a collées. Il était tombé de ce lit deux fois.

- Quoi ?

- Est-ce que tu te rappelles pourquoi il avait fait ça ?

- Richard m’a dit que j'avais l'habitude de faire des cauchemars quand j'étais plus jeune. Des cauchemars dont je ne me souviens pas…

-Tu étais une enfant. Tu ferais mieux d’oublier.

Helena se redressa.

- Tu parles sérieusement ? Ils me cachent quelque chose, une chose importante. Je le sens.

Michael se tourna et leurs yeux se croisèrent. Elle adorait fixer les profondeurs azur de ses yeux. Ils étaient d’une beauté enchanteresse, ils ressemblaient à deux pierres précieuses renfermant des milliers de secrets.

Elle savait qu’il lui cachait beaucoup de choses la concernant. Elle savait que quelque chose ne tournait pas rond, il lui cachait des secrets qu’il n’était pas autorisé à lui révéler.

- Tu étais trop jeune pour t’en souvenir.

Elle lui lança un regard sévère.

- J'ai une bonne mémoire, Michael.

- Ne me regarde pas avec ces yeux de meurtrier. J'ai répondu à ta question.

Les terreurs nocturnes de son enfance ne pouvaient pas être l’explication plausible de l’inquiétude de ses parents.

- Tu finiras par avoir des rides, si tu continues à faire la grimace !

Elle se laissa tomber sur le lit et soupira.

- D'accord, je vais laisser tomber, pour l'instant.

Michael s’était allongé à côté d'elle, sans que le matelas ne s’enfonce d’un seul millimètre. Le fait qu'il n'ait pas de corps physique la troublait encore aujourd'hui.

- Repose-toi. Tu as beaucoup de choses à faire demain.

sans prendre la peine de se mettre en pyjama, elle se glissa sous les couvertures et demanda :

- quoique je choisisse, tu seras toujours là pour moi ?

- Bonne nuit, Helena.

*****

Elle se brossait les cheveux pour la deuxième fois ce matin-là et leurs yeux se croisèrent dans le miroir. Au moins, Michael s'abstenait de faire son apparition lorsqu'elle était sous la douche ou aux toilettes.

Elle plissa des yeux.

- Quoi ?

- Rien !

- Tu n'as pas arrêté de me regarder depuis mon réveil. Dis-moi qu'est-ce qui ne vas pas ! Est-ce que c'est mes cheveux ?

Il retroussa les coins de ses lèvres.

- Tu es nerveuse.

Helena se retourna.

- C’est normal, non ? J’ai pris une décision qui va chambouler toute ma vie.

- Moi qui croyait que tu étais une fille très calme, recueillie et observatrice ?

Elle croisa les bras sur sa poitrine.

- T’as fini ?

- Non, une dernière chose, Andrew est à la porte.

Elle fixa son ange gardien et se précipita en bas. Des gazouillements d'oiseaux lui remplirent les oreilles et elle grogna. La sonnette ringarde était l'idée de sa mère.

A la dernière marche, elle évita de justesse de trébucher. Elle ouvrit la porte entre deux respirations profondes et sourit à son futur colocataire.

- Alors, comment as-tu prévu de t’y prendre ?

Le sourire d’Andrew s’effaça. Il se tapota le menton de l’index.

- Hum, la première étape serait d’entrer.

Il entra sans attendre d'y être invité.

- Et, maintenant, on prend tes affaires.

Helena roula des yeux.

- C'est très drôle. Je voulais dire, est-ce que tu as une idée pour transporter mes affaires ?

- Ne t'inquiète pas, Épine, on le saura à temps.

Elle ignora le surnom agaçant que ses amis lui avaient donnée à l'école et jeta un coup d’œil derrière lui. Il y avait une fourgonnette blanche garée dans l’allée.

- Elle est à toi ? demanda-t-elle.

- Papa m'a prêté une de ses voitures d'entreprise pour la journée. Il m'a demandé de ne pas la bousiller, alors j'espère que tes affaires ne sont pas trop lourdes.

Helena cacha son irritation derrière un faux sourire. Elle lui fit signe de la suivre.