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Nibiru Approche
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Nibiru Approche

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Pour toute réponse, le maigre enfonça à nouveau le pied sur l’accélérateur et essaya de se frayer un chemin dans ce fatras. Des chiffons de couleur s’enroulèrent dans les roues, et un vieux téléviseur resta accroché au pare choc arrière. Il dut tâtonner un moment dans les détritus avant de retrouver enfin la chaussée. Dans un bruit sourd, la voiture dégringola du trottoir, et ils se retrouvèrent sur la route principale, en direction de l’est.

— Mais c’était qui, ces types ? demanda le gros en s’installant sur le siège et en essayant de refermer la portière.

— Tu devrais le demander à ton copain restaurateur, répliqua sèchement le maigre.

— Si je le retrouve, je lui fais avaler tous les couverts du restaurant, louches comprises.

— Mais qu’est-ce que tu veux y faire ? Tu devrais avoir compris, maintenant, qu’on ne peut faire confiance à personne, ici.

Et, pendant qu’il tournait dans une petite rue sur sa droite, il ajouta :

— Au moins, on a réussi à se mettre quelque chose sous la dent.

La voiture sombre poursuivit vers le cœur de la nuit, laissant cependant derrière elle un inhabituel sillage d’un liquide non identifié.

Vaisseau Théos — Le président

— Mais où prend-il l’énergie, pour créer un champ de forces aussi puissant ? demanda le colonel, intrigué, qui regardait attentivement le chandelier qui venait d’apparaître.

— L’énergie est partout, en tout point de l’univers, répondit Atzakis. Tout ce qui le compose est matière, et la matière n’est rien d’autre qu’une forme d’énergie ; et vice-versa. Même les êtres vivants ne sont rien d’autre que de simples assemblages d’énergie et de matière.

— Nous sommes tous des poussières d’étoiles, murmura Élisa, enchantée, exhumant une vieille citation de quelqu’un dont elle ne se rappelait plus le nom sur le moment.

— Là-dessus, je suis d’accord, mais de là à réussir à la maîtriser de cette façon, il y a une marge, répliqua le colonel.

Il s’apprêtait à demander de plus amples explications, quand il fut interrompu par un motif de blues provenant de son téléphone.

— Qui ça peut bien être ? demanda-t-il à haute voix en lisant le nom du correspondant, « Camp Adder — Prison ».

— Colonel Hudson, annonça-t-il sèchement au téléphone.

— Colonel, enfin !

Jack reconnut aussitôt la grosse voix du sergent noir qui l’avait secondé dans tant de missions.

— Qu’y a-t-il, Sergent ?

— Ça fait des heures que j’essaie de vous joindre. Mais où êtes-vous ?

— Hum, disons qu’actuellement je « tourne comme une toupie ». Qu’importe, Sergent, quel est le problème ?

— Je voulais juste vous informer que votre demande de transfert du général a été réalisée sans accroc.

— Demande de transfert du général ? Mais de quoi parlez-vous, que diable ?

— J’ai devant moi un ordre écrit, signé de votre main, qui autorise le général Richard Wright et le colonel Oliver Morris à récupérer le général Campbell pour le transférer dans un endroit top secret. J’ai vérifié, et c’est bien votre signature.

— Mais je n’ai jamais rien autorisé de pareil.

Le colonel marqua une brève pause, puis demanda :

— Et où est le général, maintenant ?

— Pas la moindre idée, Monsieur. Les deux officiers dont je vous parlais l’ont pris en charge.

— Le bougre, il a réussi à s’échapper.

Puis il eut une intuition et demanda :

— Sergent, pourriez-vous me décrire les deux militaires qui l’ont récupéré ?

— Bien sûr. Il y en avait un grand et maigre, et un autre plus petit et plutôt en surpoids. Ils avaient…

— Ok, Sergent, ça suffit. J’ai compris. Je vous remercie.

— J’espère que je n’ai pas fait de bêtise ?

— Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas de votre faute -et il coupa la communication.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Élisa, inquiète.

— Les deux hommes qui nous ont agressés et que nous avions capturés ont filé et ont réussi à faire évader cette crapule de général Campbell.

— Je suis désolée, mon chéri, je suis vraiment désolée, mais ne t’inquiète pas trop. Pour l’instant, nous avons des problèmes bien plus importants à résoudre, non ?

— Tu as raison.

Il lui prit le chandelier des mains, le montra à Atzakis, et demanda :

— Où en étions-nous ?

— À la source d’énergie.

— Ah oui, c’est ça. Bref, comment diable fonctionne cette chose ?

— Ce n’est pas vraiment facile à expliquer, mais on peut dire qu’il peut absorber l’énergie qui l’entoure et lui donner la forme pour laquelle il a été programmé.

— Mouais, commenta Jack, perplexe. Je n’ai pas compris grand chose. Il n’en reste pas moins qu’il fonctionne, et qu’il fonctionne même magnifiquement. Tu penses que cette technologie pourrait être reproduite sur Terre ?

— Certainement. Je ne vois aucune incompatibilité. Je demanderai à Pétri de vous transférer toutes les informations nécessaires, quand le moment sera venu.

— Magnifique. J’imagine la tête de nos scientifiques face à une révélation de ce genre. Actuellement, nous ne savons pas produire d’énergie en grande quantité, si ce n’est à partir de sources fossiles ou nucléaires. Je crois vraiment que votre visite va être une révolution dans bien des domaines, sur notre planète.

— Comme ça a toujours été le cas, ajouta Atzakis avec un petit sourire.

Élisa se glissa dans la discussion :

— Si ma mémoire est bonne, ce n’est pas un certain Nikola Tesla, un savant qui a vécu entre le XIXème et le XXème, qui avait imaginé une forme d’énergie qui imprégnait tout le cosmos ?

— Ouah ! s’écria Jack, stupéfait. Je ne te savais pas si experte en la matière.

— Tu as encore tant à découvrir de moi, mon chéri.

D’un geste malicieux, elle passa la main dans ses longs cheveux.

— Mais Tesla fit en fait beaucoup plus, reprit Jack. En plus d’avoir créé toute une série d’inventions que nous utilisons encore aujourd’hui, il théorisa la possibilité d’utiliser ce qu’il appelait « l’éther » comme source d’énergie inépuisable. Une telle substance, qui parcourrait tout l’univers, pourrait, si on la stimulait convenablement, fournir de l’énergie partout et en tout instant.

Flatté que sa bien-aimée le regarde avec une admiration croissante, il poursuivit fièrement son exposé.

— Mais ce chercheur, après avoir affronté l’hypocrisie et l’avidité des puissants de l’époque, affirma que l’humanité n’était pas encore prête pour un bouleversement de ce type et abandonna son projet, en faisant disparaître toutes les traces. Ce n’est qu’aujourd’hui, après plus de cent ans, que nos scientifiques ont recommencé à théoriser la présence d’une « substance » qu’ils appellent « matière sombre », et aussi d’une forme énergétique dite « énergie noire », qui constituerait la densité de l’univers à plus de 70 %.

— Je suis impressionnée, s’écria le Professeur en le regardant, émerveillée. Moi non plus je n’imaginais pas que tu étais si érudit dans ce domaine.

— Tu as encore tant à découvrir de moi, ma chérie, répondit Jack en reprenant ses mots et son geste, même si ses cheveux étaient bien trop courts pour obtenir l’effet recherché.

— Nous parlons peut-être de la même chose, affirma Atzakis, satisfait.

— Énergie illimitée, à disposition de tous, disponible dans l’univers à coût zéro… incroyable.

Jack était plongé dans une estimation de toutes les implications envisageables de cette nouvelle révélation bouleversante, quand son téléphone recommença à jouer son petit air.

— Mais qui ça peut être, encore ? s’écria-t-il, un peu agacé.

Il lut le nom de son correspondant et son visage s’éclaira.

— Amiral, je n’espérais pas vous entendre si vite.

— Mon garçon, j’ai réussi à me mettre en contact avec le président, et je lui ai expliqué la situation. Il est devant moi. Je te le passe, si tu veux.

— Mais bien sûr, bien sûr, répondit-il, tout gêné, en indiquant par de grands gestes son téléphone à Pétri.

Quelques secondes plus tard, une voix calme et profonde sortit du téléphone :

— Colonel Jack Hudson ?

— Oui, Monsieur le président, c’est moi. À vos ordres.

Il ne put s’empêcher de se mettre au garde-à-vous, ce qui fit timidement sourire Élisa.

— Colonel, seuls le respect et la confiance que j’ai en l’amiral Wilson ont rendu cette conversation possible. Ce qui m’a été rapporté est si insensé que cela pourrait même être vrai.

— Monsieur le président, je voudrais que vous fassiez pointer le premier télescope disponible sur les coordonnées que je vais vous envoyer.

Pétri, qui avait déjà manœuvré de façon à déplacer le Théos sur un parallèle plus proche du Pôle Nord, pour que l’on puisse le voir d’une zone de la Terre où il faisait encore sombre, afficha sur l’écran une série de chiffres, que Jack nota très rapidement et envoya par son téléphone.

— Voilà la position actuelle de notre vaisseau. Je pense que vos techniciens n’auront pas de difficultés à nous trouver.

Le président fit un signe rapide à l’assistant le plus grand et robuste qui se trouvait avec lui dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Il lui montra les chiffres qui s’étaient affichés sur le portable et lui glissa quelque chose à l’oreille. L’homme, vêtu d’un costume noir, d’une chemise d’un blanc éblouissant et d’une cravate grise à fines rayures, porta son poignet près de sa bouche pour donner sèchement quelques ordres.

— Monsieur le président, poursuivit Jack, la situation est très sérieuse. Notre planète risque un bouleversement inconcevable et, grâce à l’aide de ces personnes venues de très loin, nous pourrions faire quelque chose pour l’éviter. Je comprends parfaitement vos doutes, mais elles sont réellement là-haut, et je peux vous le prouver.

Pétri activa les senseurs à courte portée sur les coordonnées que le colonel lui avait indiquées, et l’image du Bureau ovale s’afficha à l’écran du pont de commandement.

— Monsieur, vous vous appuyez en ce moment de la main droite sur votre bureau, vous avez l’amiral à vos côtés et deux autres personnes sont présentes dans la pièce.

Le président regarda instinctivement autour de lui pour repérer l’intrus qui les épiait. Il hésita un instant, avant de dire :

— Mais c’est absurde. Comment faites-vous pour savoir ça ?

— Je vous regarde, tout simplement.

— Mais c’est absolument impossible. Il n’y a rien qui soit en mesure de forcer le blindage de cette pièce.

— Rien de terrestre, Monsieur le président, le corrigea Jack.

Pétri s’approcha de lui et lui glissa quelque chose à l’oreille. Le colonel écarquilla les yeux, puis, d’une voix ferme, dit :

— Je crois que notre technologie n’est pas non plus en mesure de faire ça.

Il n’avait pas terminé sa phrase que le bureau historique du XIXème siècle, connu dans le monde entier sous le nom de Resolute Desk, se souleva lentement. Le président fit un bond en arrière et regarda, abasourdi, en direction de l’amiral, qui lui renvoya un regard tout aussi stupéfait.

— Le bureau flotte en l’air, s’écria-t-il. C’est comme si la force de gravité n’avait plus d’effet sur lui.

Le deuxième homme qui était dans la pièce, un peu plus petit que le précédent mais tout aussi trapu, tira instinctivement son pistolet de son étui de poitrine, dans l’intention de protéger son chef. Il regarda rapidement de droite et de gauche comme s’il essayait de dénicher un fantôme, mais ne vit rien de suspect.

— Tu peux rengainer, dit tranquillement le président. Je pense qu’il n’y a aucun danger. Nous devons ça à nos petits camarades de là-haut.

Instinctivement, ils se mirent tous à regarder vers le plafond blanc de la pièce, sauf le plus grand des assistants qui, après avoir appuyé deux doigts sur son oreillette, dit, d’une voix qui ne laissait transparaître aucune émotion :

— Monsieur, nous avons les images.

Il prit une grande tablette tactile de son sac, tapa plusieurs commandes sur l’écran, l’observa un instant puis la tendit gentiment au président. L’homme que beaucoup considèrent comme le plus puissant du monde la prit de la main gauche et se mit à regarder attentivement l’écran. L’amiral Wilson, très intrigué, mit ses lunettes de presbyte et s’approcha de lui pour essayer lui aussi d’y comprendre quelque chose.

L'appareil affichait via satellite les images d’un télescope de moyenne puissance, installé dans un petit observatoire secret du sud de la Finlande. Là-bas, le soleil s’était couché depuis plusieurs heures déjà, et la nuit permettait de voir plus facilement le point indiqué.

— Donnez-moi encore quelques instants, Colonel. Je vais voir la zone correspondant aux coordonnées que vous m’avez envoyées.

L’image n’était pas encore complètement nette quand tout à coup, se détachant du noir de l’espace poinçonné de millions d’étoiles, une petite sphère argentée à demi éclairée par la lumière du soleil apparut sur l’écran.

L’image changea quelques instants après, soumise à un agrandissement supérieur. La sphère occupait maintenant presque tout l’écran et on pouvait en admirer les mille nuances de couleur qui, du violacé au bleu foncé, semblaient se fondre sur sa surface argentée.

Pendant ce temps, à bord du Théos, les deux Humains et les deux extraterrestres jouissaient d’une vue plongeante sur le Bureau ovale. Manœuvrant les commandes de la console centrale, Pétri avait même réussi à zoomer sur la tablette du président pour afficher la vidéo qui y défilait.

— Ils nous regardent, s’écria-t-il.

Puis, s’étant rendu compte que le cadrage était un peu décalé, il fit pivoter le vaisseau d’une centaine de degrés vers la droite, et ajouta :

— Voilà, c’est parfait maintenant. Que diriez-vous de vous mettre à la fenêtre et de dire bonjour ?