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Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres
Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres
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Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres

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Dring dring....

L'un des sons les plus agaçants du monde résonna dans tout l'appartement. Kyoko eut un mouvement précipité vers l'avant, dans la baignoire, faisant déborder l'eau par dessus le rebord et sur le carrelage. Portant la main à sa joue, elle pouvait sentir la chaleur et se mit à rougir juste au moment où le téléphone sonnait de nouveau.

— Mince !

Elle se leva rapidement sachant que le téléphone était jusque dans le salon. Sortant de l'eau, elle attrapa le peignoir en soie sur le comptoir et et s'enveloppa avec alors qu'elle courait pour répondre. Se rendant compte qu'elle laissait une traînée d'eau, elle prit note mentalement de se souvenir de prendre le téléphone sans fil avec elle la prochaine fois dans la salle de bain.

À l'autre bout du fil, Suki tapota de ses ongles le comptoir de la cuisine en espérant que Kyoko se dépêche de décrocher le téléphone. Elle avait ce sentiment tenace que Shinbe serait là d'une minute à l'autre, et elle ne voulait pas qu'il sache quoi que ce soit sur ce qu'elle prévoyait. Elle entendit le déclic à l'autre bout.

— Enfin !

Kyoko éloigna le téléphone de son oreille pour le regarder d'un oeil mauvais puis le remit contre sa joue.

— Suki, j'étais dans le bain !

Kyoko gémit presque en regardant avec envie vers la porte de la salle de bain où elle savait que l'eau était encore chaude et parfumée au jasmin. Elle lui faisait signe de revenir et de profiter… tout comme le rêve. Elle se mordit la lèvre inférieure en éloignant ses yeux de ce qu'elle voulait.

— Tu es vraiment debout là, toute nue ?

Suki ricana en sachant que Kyoko rougissait facilement.

— Suki ! s'écria Kyoko dans le combiné.

Son amie avait simplement un sens de l'humour tordu, qui provenait probablement du fait qu'elle passait trop de temps avec Shinbe. Elle sourit malicieusement en répliquant :

— Il te fallait quelque chose ? J'ai un bain chaud et plein de vapeur qui m'appelle et tu interromps mon petit rendez-vous.

— Rendez-vous ? Suki regarda le téléphone et roula des yeux.

— Tu as vraiment besoin d'aide Kyoko. Depuis quand tu la joues romantique dans l'eau du bain sans être accompagnée ? Aies au moins une étincelle d'imagination et pense à un homme sexy pour te laver le dos pendant que tu y es.

Elle soupira d'un ton exaspéré, ignorant qu'elle venait de choquer Kyoko profondément en évoquant une image mentale si proche de sa réalité.

— Quoi qu'il en soit, toi et moi avons une soirée entre filles pour célébrer la fin des examens, gazouilla Suki.

Elle n'allait pas laisser Kyoko dire non.

— Il n'est pas question que tu dises non, alors commence à te préparer. Et porte cette tenue que nous avons achetée le week-end dernier. Je ferai de même.

Suki inspira profondément et recommença rapidement avant que Kyoko ne puisse placer un mot.

— Sois prête pour 7h30. J't'adore. Byeeee !

Kyoko cligna des yeux lorsque le déclic lui indiqua que l'appel avait pris fin. Ses lèvres étaient toujours entrouvertes parce qu'elle s'était tenue prête à dire «non» à sa première occasion. En silence, elle lança un regard au mur au fond du salon qui séparait les appartements des deux filles en se demandant si Suki avait appelé de là ou de son téléphone portable, quelque part ailleurs. En regardant l'identifiant de l'appelant, elle soupira.

—Téléphone mobile, pas étonnant.

Pas besoin d'aller taper sur le mur alors. Mais l'image de ses mains autour du cou de Suki la fit sourire.

— Je peux bien faire semblant cependant.

Remettant le téléphone sans fil sur le comptoir, Kyoko baissa les yeux vers le peignoir de soie accroché à son corps humide et gémit. L'eau chaude encore sur sa peau était maintenant devenue froide et piquante, faisant apparaître la chair de poule. Rapidement, elle fit demi-tour pour retourner à son bain.

Dring dring....

Kyoko tressaillit. Elle fit volte-face, le sourcil gauche relevé en signe de frustration.

—J'espère que c'est Suki pour que je puisse lui donner ma façon de penser concernant ses méthodes d'intimidation !

Saisissant brusquement le téléphone, elle dit un peu plus fort que d'ordinaire :

— Allô ?

Toya eut un sourire narquois en entendant l'accueil fait par Kyoko.

— Et bien, ta maman ne t'a-t-elle jamais appris à être polie en répondant au téléphone ?

Kyoko avait envie de marcher calmement jusqu'à la fenêtre, de l'ouvrir et de laisser le téléphone lui glisser des mains vers l'inconnu.

— Pourquoi est-ce que personne ne veut me laisser finir de prendre mon bain ? gémit-elle, tapant du pied seulement pour sentir l'air conditionné se frayer un chemin sous son peignoir.

Le sourire de Toya s'évanouit alors que son imagination s'emballait et des visions explicites commencèrent à danser dans son esprit.

— Es-tu n…

Il s'arrêta soudainement la langue comme liée avant de lui avoir demandé si elle se tenait là, toute nue. Secouant la tête comme pour en chasser cette pensée , Toya prit une profonde inspiration pour se calmer et, il l'espérait, contrôler ses hormones qui faisaient maintenant rage.

Punaise, quelle belle image...

Kyoko fronça les sourcils en se demandant si Tous était juste à côté de Suki à l'instant même.

Toya tenta de nouveau de parler.

— Hé, peu importe. Écoute, je viens te chercher pour t'emmener au cinéma ce soir, alors habilles-toi.

Kyoko cligna des yeux en se demandant qui avait décidé qu'aujourd'hui était «la fête du harcèlement».

— Euh, j'ai des projets pour ce soir.

Bien sûr, son projet était de se transformer en pruneau dans son bain avant de se pelotonner sur le canapé et de regarder un film. Peut-être même s'endormir pendant le film, et non d' avoir le monde entier faisant pression pour la pousser à «sortir».

— Pardon ? Annule, car tu viens avec moi ! fit Toya d'un ton de commandement, s'énervant qu'elle ne fasse pas faire ce qu'il voulait qu'elle fasse… comme si elle avait jamais fait autrement.

Kyoko ferma les yeux et éloigna le téléphone de son oreille en scandant

— Je ne le jetterai pas par la fenêtre, je ne le jetterai pas par la fenêtre,

Toc, Toc

Kyoko se retourna pour faire face à la porte en pensant.

Mais je le jetterai à quiconque se trouve derrière cette foutue porte!

Elle put entendre le rire dément provenant de quelque part out au fond d'elle, où résidait sa jumelle maléfique. Elle marcha calmement jusqu'à la porte, la déverrouilla, puis passa la tête par l’entrebâillement pour voir de qui il s'agissait.

— Kotaro, murmura-t-elle un peu à bout de souffle, puis ferma la bouche d'un air coupable, espérant qu'il ne l'avait pas remarqué.

Les yeux de Kotaro s'illuminèrent et s'assombrirent en même temps que la porte s'ouvrit. Il était content de voir Kyoko en sécurité… et visiblement pas entièrement habillée. Il haussa un sourcil à la façon dont elle avait dit son nom. Pressant sa main contre la porte au-dessus de sa tête, il l'ouvrit un plus avec son sourire assuré habituel alors qu'il passait devant elle… la frôlant presque.

— Comment va ma femme aujourd'hui ?

Kotaro la dépassa et entra dans l'appartement comme si c'était chez lui.

Je ne commettrai pas de meurtre, je ne jetterai pas le téléphone, je ne le ferai pas…

Kyoko continuait mentalement de scander ces paroles tandis que Kotaro lui faisait face avec son sourire habituel à couper le souffle. Elle eut soudain l'impression que la climatisation avait cessé de fonctionner.

Comment était-il possible que cet homme, qui ne pouvait être décrit que comme un aimant sexuel ambulant, l'affecte à ce point ? Elle avait toujours l'impression d'être en train de s'empêcher de le jeter au sol. Secouant la tête, elle baissa les yeux et poussa un petit cri quand elle vit que son peignoir était partiellement ouvert. Ce n'était pas suffisant pour montrer quoi que ce soit mais assez de peau était visible pour la faire rougir.

Toya se tendit, entendant le coup frappé à la porte en fond sonore à travers le téléphone puis la voix de Kotaro. Il cria dans le téléphone pour attirer son attention.

— Bon sang, Kyoko ! Pourquoi diable Kotaro est-il chez toi ? grogna-t-il, en colère que l"agent de sécurité se soit présenté à nouveau dans l'appartement de «sa» Kyoko.

Kyoko grinça des dents quand le cri du téléphone se fit entendre haut et fort dans le salon. Regardant l'horloge murale par-dessus l'épaule de Kotaro, elle comprit qu'elle devait commencer à se préparer ou Suki serait la prochaine à frapper à la porte. C'en était vraiment trop. Elle se tourna et se dirigea vers le comptoir avec l'intention de raccrocher le téléphone. L'élevant au niveau de son oreille, elle cria :

— Je te verrai plus tard !

«Clic»

… un de moins… au suivant.

Kotaro eut un sourire narquois sachant que c'était après Toya qu'elle avait crié. Ses yeux parcoururent la soie qui s'accrochait à un corps joliment façonné comme une seconde peau et il n'aurait pas pu s'arrêter s'il avait essayé d'avancer… plus près d'elle. Il ferma lentement les yeux seulement une seconde alors qu'il inspirait profondément, son corps entier maintenant à moins d'un centimètre du sien. La pensée de la toucher sans contact le fit courber mentalement son corps autour du sien en se resserrant.

Il se pencha en avant, rapprochant ses lèvres du creux de son oreille avant de chuchoter son nom. Ses lèvres s'adoucirent, tout comme ses yeux bleu glacier. Il se retrouvait sur le point de souhaiter qu'elle se souvienne du passé… et à quel point ils étaient autrefois proches. Que ferait-elle si elle se souvenait qu'ils avaient vécu ensemble ? Elle, Toya et lui… afin qu'ils puissent la protéger.

Kyoko s'essouffla alors que l'air se précipitait hors d'elle et elle sentit la peau le long de son cou et de ses joues la picoter. C'était déjà assez difficile de garder ses pensées claires avec lui si près mais en ce moment elle pouvait le sentir la toucher même s'il ne la touchait pas. Se rappeler de ce qu'elle faisait avant que le téléphone ne l'interrompe fit monter instantanément de la chaleur à son visage.

Ne voulant pas qu'il remarque sa culpabilité, elle lui tourna le dos et s'efforça de supprimer le souvenir du bain. Fermant les yeux, elle combattit l'envie de s'appuyer contre lui et dut saisir la table pour se stabiliser.

Kotaro voulait mettre ses mains sur la table de chaque côté de son corps… la piégeant dans ses bras mais s'arrêta soudain. Il pouvait sentir les savons qu'elle avait utilisés dans le bain mais une saveur lui parvint et son expression devint curieuse… de l'excitation ? Il recula loin d'elle, se sentant se durcir.

Passant la main dans ses cheveux indomptés, il se retira à une distance plus sûre essayant sincèrement d'ignorer la secousse dans le creux de son estomac… pourquoi était-il revenu ici ?… C'était important.

Il sentit son instinct protecteur se réveiller, il se rappela des alertes récentes qu'il avait reçues.

— Vas-tu passer la soirée avec moi ?

La question à consonance innocente cachait un double sens, car il prenait le goût du désir.

Kyoko ralentit à nouveau sa respiration, prête à combattre ses sentiments. Elle fronça les sourcils sachant que ce serait trop dangereux d'être seule avec lui. Soudain, elle aurait voulu remercier Suki de l'avoir menée à la baguette.

La voyant froncer les sourcils, Kotaro ajouta rapidement :

— On pourra faire tout ce que tu veux. Louer un film et rester ici… ou sortir.

— Louer un film et rester à la maison ... répéta Kyoko en pensant que c'était exactement ce qu'elle voulait faire.

Puis, remarquant que les yeux de Kotaro s'éclairent, elle rectifia rapidement :

— C'est du moins ce que je voulais faire et si je n'avais pas été entraînée dans les projets de quelqu'un d'autre. J'aurais adoré rester à regarder des films avec toi. Mais je suis désolée Kotaro. Je ne peux pas.

Elle lui lança un sourire d'excuse en tapant mentalement du pied à l'idée de rater une soirée très chaleureuse avec le bel agent de sécurité.

Les épaules de Kotaro s'abaissèrent d'un centimètre mais il sourit quand même sachant qu'elle n'essayait pas de le blesser. Il voyait même qu'elle voulait qu'il reste et il se demanda à quel point elle le désirait… était-ce la même chose que ses désirs à lui ? Pour lui, Kyoko était le joyau le plus précieux sur terre et il ferait tout ce qu'il pouvait pour la faire sourire et la garder en sécurité en même temps.

Après tout, il avait attendu plus de mille ans juste pour la revoir. Ayant besoin de s'assurer qu'elle était protégée et hors de danger, il lui demanda :

— Alors, quels sont tes projets, je peux peut-être participer aux réjouissances ?

Il lui fit son sourire le plus espiègle en espérant que ça marcherait. Sinon, il pourrait recourir à la traque… les coins de ses lèvres parfaites se penchaient en un sourire secret.

Kyoko savait que Suki n'accepterai jamais ça. La soirée entre filles signifiait une soirée entre filles. Elle savait aussi que si Kotaro découvrait qu'elle n'était qu'avec Suki… il la suivrait, débarquant près d'elles comme par accident. Elle l'avait vu le faire plusieurs fois.

Là où Toya était insistant, Kotaro avait toujours essayé d'être subtil, même si lorsque les deux étaient dans la même pièce, ils semblaient se comporter de manière très similaire et s'ennuyaient constamment l'un l'autre. Les deux gars avaient un cœur d’or et elle le savait. D’une certaine manière, elle les aimait tous les deux... tellement que c’en était douloureux, c’est pourquoi elle avait choisit de ne pas choisir et juste rester célibataire pour l’instant. Honnêtement, elle ne voulait blesser ni l’un ni l’autre.

Une chose dont Kyoko était certaine c'était que Kotaro ne se donnerait pas la peine de la suivre s'il pensait qu'elle devait sortir avec Toya ce soir. Du moins, c'est ce qu'elle espérait.

— Je suis désolée, Kotaro, j'ai déjà prévu de sortir avec Toya mais on pourra louer des films ou faire autre chose une autre fois, promis !

Kyoko baissa les yeux car elle n'aimait pas lui mentir mais c'était le seul moyen de lui faire lâcher prise.

Les yeux au sol, elle remarqua qu'il avait avancé d'un pas et immédiatement elle fit un pas en arrière en se mordant la lèvre inférieure lorsqu'elle sentit la table derrière elle.

Kotaro sentit vibrer en lui la jalousie mais il en gardait le contrôle. Son unique réconfort était que la savoir avec Toya cette nuit garantissait qu'elle ne viendrait pas grossir le rang des filles portées disparues.De plus, il savait que Kyoko et Toya étaient tous deux en secret sous la surveillance de Kamui.Il devait s'avouer mentalement que Toya avait tendance à la surprotéger et saurait la garder en sécurité. Il voulait être celui qui passerait la nuit avec Kyoko, celui qui la protégerait.Même si ça ne lui plaisait pas, Toya ne laisserait rien lui arriver.

Il la regarda lentement relever les yeux vers les siens et il put voir l'inquiétude dans son regard, la crainte qu'il ne tente de l'arrêter... Il aurait voulu la retenir mais il n'en ferai rien. Le moment venu, elle ferait son propre choix.

Hochant la tête en signe d'acceptation avec réticence, Kotaro tendit la main vers la sienne qu'il garda pendant un moment, le regard bleu glacier verrouillé sur un regard orageux vert émeraude. Il pouvait voir dans ses yeux qu'elle avait eu une rude journée. Il arrivait toujours à savoir ce qu'elle ressentait rien qu'à la couleur de ses yeux... Il avait appris à faire ça il y avait plus de cent ans. Il aurait seulement voulu qu'elle s'en souvienne.

— Ça marche, Kyoko. Je viendrai prendre de tes nouvelles demain. Prend garde à toi, ma belle.

Se penchant vers elle, il effleura son front d'un baiser puis lâcha sa main, se détournant, prêt à partir. Kyoko sourit.

— Merci, Kotaro.

Elle ressentait encore un picotement sur son front, à l'endroit que ses lèvres chaudes avaient touché. Elle était heureuse qu'il soit plus facile à gérer que ne l'était Toya. Il l'embrassait souvent sur la joue, sur le front ou sur la main, laissant à cet endroit une zone chaude pleine de fourmillements.

Elle se demanda ce qu'il penserait s'il savait qu'elle n'avait jamais été embrassée sur les lèvres. Nul ne voudrait jamais croire qu'à dix-huit ans, elle soit aussi pure qu'elle l'était... Enfin, physiquement pure. Elle rougit de nouveau, consciente du fait que ses pensées n’étaient pas réellement sans tâche.