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Tess, Le Réveil
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Tess, Le Réveil

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83 - Le Jour du Jugement (#litres_trial_promo)

84 - La Boucle est Bouclée (#litres_trial_promo)

Post-scriptum (#litres_trial_promo)

Préface

Cette édition rassemble deux livres en un seul volume : Tess Le Réveil et Tess Valkyrie.

Ce livre est une œuvre de fiction. Toute ressemblance des personnages à des personnes réelles est purement fortuite.

La majorité des faits de cette histoire est basée sur les événements qui ont eu lieu au cours de la deuxième Guerre d'Irak. Toute information sur des personnes réelles et des personnalités publiques mentionnées dans le présent livre a déjà été établie par des sources d'information généralement reconnues.

Les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles de l'auteur.

1 - Un Nouveau Défi

Le sergent débordé leva les yeux de son bureau.

« Vous êtes le commandant Turner ? Le commandant Morgan Turner ? »

Tess avait entendu cette question tout au long de sa carrière dans l'Armée des États-Unis. Concilier son nom à son apparence laissait toujours les gens déconcertés, surtout les hommes. Morgan Theresa Turner, "Tess" pour ses amis, avait grandi dans l'Armée. Tout premier-né dans la famille se prénommait Morgan, c'était établi d'avance, et depuis la Guerre Civile il n'y avait eu aucune fille. Lorsque l'heureux événement était arrivé, son père décida de perpétuer la tradition et donna le prénom masculin à sa magnifique fille. Son père, un général quatre étoiles, avait récemment été attiré hors de l'Armée par une proposition très lucrative dans l'industrie de la défense.

Le temps pour ces futilités était bien révolu. Elle était convoquée à la base aérienne du Koweït pour participer à l'invasion de l'Irak — la deuxième Guerre du Golfe.

« Oui, Sergent. Je vous affirme que je suis le commandant Morgan Turner. Mes ordres sont corrects et si vous y jetez un œil vous verrez que je suis affectée à cette unité. Je dois voir le colonel Reynolds. Je viens prendre mon service. »

Le sergent fouilla dans sa paperasse et s’excusa. Il frappa à la porte du Bureau du Chef des Opérations et entra sans attendre d'y être invité. « Chef, le commandant Turner vient prendre son service.

— Ah, oui ! Faites-la entrer. » Conscient de sa maladresse, le sergent s'éclipsa à l'extérieur et invita Tess à entrer dans le repaire du patron. Tess s'avança et salua prestement l'officier supérieur. Reynolds lui retourna un salut de pure forme et lui sourit chaleureusement.

« Tess, ma parole, que tu as grandi !

— J'espère bien, Chef, répondit-elle. La dernière fois que vous m’avez vue j’étais au lycée ! Le colonel contourna son bureau et attrapa une chaise.

— S'il te plaît, assieds-toi ! Comment va ton père ?

— Toujours aussi impétueux et toujours au golf, lui répondit-elle. Quand je l'ai quitté il y a trois jours, il se plaignait âprement de ne pas avoir eu la chance de rejoindre le feu de l'action ici. »

Le colonel se mit à rire en se penchant contre le bureau. « Je lui avais bien dit que la retraite n'était pas une bonne idée même si NTC le paie une fortune. Ce qui se passe ici est tellement plus passionnant ! » Le Colonel Reynolds et Morgan Turner, le père de Tess, étaient des amis de longue date. Ils avaient progressé ensemble dans l’armée jusqu'à ce que le général Turner reçut le poste de présidence pour une entreprise militaire spécialisée en avionique de pointe. « Enfin, peu importe », poursuivit le colonel, « je suis vraiment heureux de te voir ici. Du travail périlleux nous attend. »

« Nous sommes affectés en mission d'appui dans le cadre de l'Opération Iraki Freedom. Notre brigade a franchi le mur de sable vers l'Irak non seulement pour lancer des attaques incisives mais pour protéger le V Corps sur son flanc ouest.

« Nos troupes progressent de façon excellente mais elles ont été si rapides que leurs arrières sont maintenant vulnérables. Nous avons déjà eu des problèmes avec l'ennemi qui a lancé des attaques irrégulières sur nos lignes de ravitaillement. Notre compagnie a un double rôle : fournir un appui aérien à la Troisième d'Infanterie pour éliminer les cibles à l'avant et garder assez de munitions pour balayer les problèmes sur le chemin du retour vers la base. Je veux que tu commandes les trois hélicoptères qui feront les recos avant et arrière, pour reprendre le langage marin. Tes Black Hawks ont été pourvus d'équipements d'évacuation médicale et de sauvetage à utiliser en cas de nécessité. »

Tess fronça les sourcils. « Chef, j'avais cru que ma mission était dans l'offensive et de prendre part au combat. »

Reynolds sourit comme s'il s'amusait de sa colère de jolie petite fille. « Tess, je ne doute pas de tes capacités à le faire mais j'ai besoin de mes éléments les meilleurs pour les mettre là où ils peuvent faire le plus de bien. Je n'ai pas à te rappeler que les recos et les sauvetages sont, à bien des égards, encore plus dangereux que le combat direct. »

Tess sentit son pouls et sa température grimper. « Colonel, avec tout mon respect, j'ai été formée comme pilote de combat. Je suis affectée en tant que commandant de l’un de vos escadrons. Selon le règlement, je dois mener nos unités au combat et vous protéger, vous et le QG, pour que vous puissiez diriger les opérations. Je n'ai pas besoin d'être ménagée. Je suis ici pour faire un travail. »

Le Chef Opérations la regarda gravement. « Tess, je sais que tes états de service sont excellents mais tu dois me comprendre. En plus d'avoir promis à ton père que rien de mal ne doit t'arriver, je suis ici dans une situation politique difficile. Je suis désolé de le dire mais tu es trop jolie et trop attractive pour ton propre bien. Je ne veux pas avoir à expliquer à ton père ni aux médias hostiles que j'ai laissé quelqu'un comme toi se faire tuer, blesser ou pire encore. Je ne pense pas que nous sommes prêts pour ça, toutes considérations d'égalité mises à part. Dans tous les cas, tu as un travail important à faire et des risques tout aussi importants, si ça peux te faire sentir mieux. »

Tess était restée attentive, assise sur sa chaise, mais son esprit était sous le choc. Encore une fois, papa avait décidé, et moi qui croyais que les préjugés contre la gente féminine étaient du passé.

« Colonel, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué dans mes états de service, je suis un officier d'active de l'Armée. Mon avancement dépend de l’expérience que j’aurai acquise au combat sur le terrain. Je n’ai pas peur de faire face au combat et, en fait, c'est ce que je recherche. Rappelez-vous, j'ai suivi un entraînement intensif pour accomplir ce devoir. »

Le colonel, protecteur, prit les mains de Tess entre les siennes. « Tess, j'en suis bien conscient, et je te promets que tu auras l'occasion d'assurer ton avancement. Mais on va procéder étape par étape. »

Reynolds observa une pause, puis reprit d'un ton conciliant. « Je sais que tu as travaillé dur, Tess. Tu as eu ta part de sueur. Je te demande juste de faire ce que je te demande, et je peux t'assurer que lorsque l'occasion se présentera, tu auras mon feu vert. Mais là, il nous faut rester flexibles. Fais-moi juste ce plaisir. Commence la reco et, de là, on avisera. En attendant, nous avons des troupes à nourrir, à soigner et à motiver. Allons les rencontrer, Commandant !

— Oui, Chef », répondit Tess, constatant que le colonel n'irait pas plus loin pour cette fois. La vieille rengaine ; il lui fallait encore une fois faire ses preuves en tant que guerrière, en dépit de sa jolie tête.

Le colonel Reynolds ouvrit la porte du bureau et invita Tess à la franchir. La base était une vraie fourmilière et se trouvait en plein préparatifs pour que le personnel et les appareils se rendent jusqu'à Bagdad et lancent cette opération incisive au cœur de l'Irak. Cela leur prit moins d'une minute pour entrer dans le hangar bourdonnant d'activités. Plusieurs troupes étaient occupées à préparer le déchargement d'hélicoptères Apache AH-64 et Black Hawk UH-60 d'un énorme avion de transport.

« Aaa-ttention !" cria un sous-officier, prévenant ainsi tout le monde que le Vieux était sur les lieux.

— Repos ! » répondit le colonel. L'équipage, composé de techniciens de maintenance et de pilotes, suspendit son activité pendant que le Chef Opération et Tess prenaient place sur une plate-forme surplombant l'avion de transport.

D’une voix puissante et imposante, Reynolds s'adressa aux membres de l'équipage.

« Je voudrais vous présenter le commandant Morgan Turner. Elle prendra le commandement de notre escadron de reconnaissance et de sauvetage. » Un sifflet flatteur se fit entendre à l’arrière de l’auditoire. Reynolds fronça les sourcils mais fit mine de ne pas l’avoir remarqué.

« Le commandant Turner a obtenu les perfs les meilleures sur Black Hawk et sur Apache. Elle peut aussi piloter un Kiowa. Sa mission est de diriger notre opération de reco dans notre avancée et de protéger l'arrière de la colonne de blindés ainsi que les unités de ravitaillement. Je suis sûr que vous ferez connaissance avec le commandant Turner et que vous lui fournirez toute l'aide et tout l'appui pour faire de nous l’équipe qui fera frémir Saddam ! » Les troupes applaudirent avec enthousiasme.

« Commandant, voici le Lieutenant Oxley, votre commandant en second. Il vous fera les honneurs de la visite. Vous rencontrerez également le commandant Dan Gardner, celui qui va mener l'assaut. Il sera de retour de Koweït City d'ici quelques heures. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-le moi savoir. »

Tess le salua prestement. « Merci, Colonel. »

Elle fit le tour habituel des présentations, fit connaissance avec son équipage et prit part au briefing tactique préliminaire. L'unité avait ordre de se déployer dans les 36 heures.

Tous les pilotes eurent 24 heures de perm avant le début des festivités. Koweït City n’était pas exactement Las Vegas, mais on pouvait y trouver de bons hôtels et restaurants. Toujours mieux qu'une tente, en tout cas. Avant de quitter les lieux, Tess inspecta son Black Hawk. Une belle machine peu fiable et difficile à piloter. À peu près tout ce qu'il fallait pour ce qu’elle voulait accomplir : devenir le guerrier qu'elle voulait être et pour lequel elle avait été formée.

2 - Trahison et Vengeance

Juste à sa sortie de West Point, Tess avait épousé Roger Haverty, un camarade élève-officier – mais, trop indépendante pour renoncer à cette partie d’elle-même, elle n’avait jamais pris son nom. Elle le regrettait parfois lorsqu'elle entendait le fameux commentaire « De la famille du Général Turner...? »

Son union avec Roger était tendue, mise à mal par des affectations de postes séparés, une vie amoureuse à mourir d'ennui, un commun accord de ne pas devenir parents et, surtout, cette absence d'engagement total pour le service que Tess reprochait à Roger.

Quand elle reçut son ordre de mission pour sa nouvelle affectation en Irak, Roger lui proposa de passer un long week-end à Las Vegas. Aucun des deux n'avait d'intérêt particulier pour le jeu mais peut-être avaient-ils besoin de se retrouver un peu avant d'affronter le désert irakien. Roger était arrivé un jour à l'avance car Tess voulait assister aux briefings sur sa nouvelle affectation.

Sortant enfin du taxi qu'il l'avait emmenée de l'aéroport, elle s'engouffra dans le hall de l'hôtel et parvint à l'ascenseur qui était presque rempli d'hommes asiatiques.

Tess était confortablement vêtue d'une chemise blanche d'homme et d'un pantalon de soie, une tenue simple qui mettait en valeur sa silhouette mince et ses longues jambes.

Quand elle se trouva une place dans l'ascenseur, les bavardages cessèrent. La femme sculpturale dominait le groupe d'hommes de petite taille d'au moins une tête. Et apparemment, ils étaient envoûtés par son parfum. Certains d'entre eux extirpèrent des billets de leur porte-feuille et tentèrent de les fourrer dans son soutien-gorge. Tess était tentée au plus haut point d'utiliser ses compétences en arts martiaux pour plaquer ses agresseurs aux quatre parois de l'ascenseur. Mais sa formation l'emporta sur son goût pour la décoration et elle fit preuve de retenue. Elle se contenta d'un coup de coude dans les côtes de l'homme le plus proche d'elle. Elle réussit à sortir de l'ascenseur, laissant ses admirateurs déçus et jouant des coudes pour avoir un dernier coup d’œil sur cette magnifique déesse.

Tess avait pratiquement couru jusqu'à la chambre que Roger avait réservée et voulait juste tomber dans ses bras. Elle arriva à la porte au moment même où un serveur en chambre sortait un chariot. Elle se précipita devant lui et fit irruption dans la chambre. Quelque chose ne collait pas dans ce qu’elle vit alors. Elle pensait s'être trompée de chambre. Dans le lit, une femme nue se mit à hurler, ce qui poussa l'autre occupant à sortir de la salle de bain. C'était Roger, se séchant avec une serviette.

Pendant bien trente secondes, Tess resta sans voix, puis reprenant rapidement ses esprits, elle laissa tomber sa petite valise et s'empara d'une lampe trônant sur une commode. Elle en arracha le cordon et jeta l’objet sur Roger, qui réussit d'un cheveu à esquiver le missile. La femme sur le lit, terrifiée, continuait de crier. Dans un accès de rage, Tess saisit la femme par les cheveux et par le cou pour faire taire ses cris puis la jeta, nue, hors de la chambre et dans le couloir.

Roger se ressaisit et, tout en essayant de nouer sa serviette autour de la taille, il implora : « Tess, ce n'est pas ce que tu crois ! » À quoi Tess répliqua en attrapant une chaise et en la projetant sur lui, et cette fois, elle le toucha à la tête. Roger tomba tel un sac de patates, sa blessure à la tête dégoulinant de sang.

Tess n'en avait pas fini. Elle essaya de s'emparer du poste de télévision, mais le cordon l'en empêcha et le petit meuble média bascula vers l'avant.

Roger, en choc et en sang, et toujours au sol, cria : « Tess, arrête ! Tout ça ne veut rien dire, je t’aime !

— Porc ! Sale fils de pute, tu mens ! Tu crois que j'en ai fini avec toi ?! »

Roger courut de l’autre côté du lit, réalisant en effet que Tess n'était pas ouverte au dialogue. Elle saisit son sac et le lui asséna d'un coup à la tête. Roger tomba à nouveau et se prépara à une pluie de coups. Tess s'empara d'une autre lampe, la souleva pour la jeter, mais fut stoppée par un bras puissant.

Un homme fortement bâti était entré dans la chambre et maîtrisa la femme en furie. Elle résista mais il verrouilla ses bras autour d'elle par derrière. Elle tenta de se débarrasser de lui mais il continuait à l'immobiliser. « Les gens de la sécurité sont probablement en chemin et je pense que nous devrions quitter les lieux », dit l'homme.

Tess essaya à nouveau de se libérer puis elle explosa. « Mais vous êtes qui, vous ? Allez au diable ! Je dois tuer ce salopard. »

Roger se remettait peu à peu de l'attaque et tentait misérablement de s'expliquer. « Tess, ce n'était rien ! C'est juste arrivé comme ça ! Ça n'avait pas d'importance pour moi ! C'est toi que j'aime ! »

Tess se détendit assez pour faire comprendre qu'elle s'était calmée. Quand l’homme relâcha sa prise, elle se libéra et se jeta sur Roger à nouveau. « Espèce de lâche ! Mauviette ! Tu ne sais même pas mentir convenablement ! » Elle commença à le rouer de coups, ce qui poussa l'homme à se saisir d'elle et à l'entraîner hors de la chambre comme un sac de patates. Tess résista furieusement, en vain. L'homme la souleva et l'emporta rapidement vers une chambre ouverte au bout du couloir. Il ferma la porte, la posa sur son dos et se mit sur elle à califourchon avec une main sur sa bouche.

« S’il vous plaît, calmez-vous, vous risquez d’avoir des ennuis. Détendez-vous, je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement. » Tess sembla se calmer, mais l’homme ne desserra pas sa prise. Il avait vu son tempérament dans l'action. Tess se débattit à nouveau, mais l'homme continua de la maintenir et de la bâillonner de sa main.

De frustration, Tess arrêta de se débattre. L'homme n'en relâcha pas pour autant sa prise et tenta doucement de la calmer. « Ça va aller. Vous vous en sortirez. Calmez-vous et on va tenter de régler ça. Je ne pense que vous vouliez finir en prison. »

Tess se considérait comme un assez bon combattant mais cet homme semblait être d'acier. Il n'y avait aucun moyen de se dérober. Finalement, elle se détendit et l'homme la relâcha, bien qu'avec méfiance.

On pouvait entendre des gens se précipiter vers la chambre de Roger. Tess entendait de l'agitation dans le couloir et il sembla que Roger ne voulait pas créer plus d'ennuis. Il refusa d’engager des poursuites. Il dit qu’il ne connaissait pas la personne qui les avait attaqués lui et sa compagne. Et qu'il s'agissait probablement d'une tentative de vol. Le personnel de sécurité de l'hôtel, de même que la police, avait l’air dubitatif mais ils ne pouvaient faire grand-chose si aucune plainte n'était déposée.

Tess se vit alors dans le miroir et constata qu'elle était un vrai désastre. Le peu de mascara qu'elle avait mis avait fondu et faisait des stries sur son visage. Elle s'excusa et alla dans la salle de bain pour se passer le visage à l'eau. Elle était furieuse contre elle-même d'avoir exposé ses émotions à un étranger.

Elle retourna dans la chambre et regarda cet homme, maintenant assis sur une chaise, qui feuilletait un magazine.

« Qu'est-ce qui vous donne le droit d'intervenir dans ma vie ? dit-elle avec colère.

— Bonjour, je m'appelle Jake. L’homme déposa le magazine sur la petite table. Allez-vous me dire qui vous êtes ?

— Pourquoi le devrais-je ? Je ne vous connais pas, je ne veux pas vous connaître, et à ce moment précis, je suis folle de rage !

— Je ne peux pas vous en vouloir d'être en colère. Si ce qui s'est passé est ce que je pense qu'il s'est passé, je ne sais pas comment j'aurais réagi moi-même. En revanche, vous pourriez être en prison, avec une accusation pour coups et blessures. Mais pour être franc, je ne crois pas qu'il en vaut la peine. Il y a de meilleures façons de régler des problèmes comme ça, et je pense que vous y verrez plus clair une fois que vous vous serez calmée et que vous pourrez y réfléchir.

— Je m'appelle Tess, dit-elle. Et ma réaction n'a pas été excessive. Roger, mon mari a fait une chose impardonnable. J’avais vraiment envie de lui faire mal, mais je vois votre point de vue. Mais il y a une chose que je n'arrive pas à comprendre. Je suis ceinture noire - merci à l'Armée pour ça - et vous avez réussi à me maîtriser. D'où sortez-vous ? »

Roger haussa les épaules. « Je fais des bricoles dans l'Armée.

— Moi aussi, offrit Tess, mais personne n'a su me mater au combat jusque là !

— Ce n'était pas un combat, je vous ai immobilisée.

— Mais d'abord, pourquoi vous souciez-vous de moi ? Tess explosa. Vous n'avez donc rien d'autre à faire?

— Correct. Pour le moment, je n'ai rien d'autre à faire. Mais je me soucie de vous car je vous ai vue dans le hall de l'hôtel, et franchement, vous n'avez pas l'air de quelqu'un qui devrait finir en prison juste parce que vous avez des difficultés à contrôler votre colère.

— Eh bien, vous, vous ne lésinez pas au travail !

— Pas de conclusions hâtives. Si vous voulez vraiment une raison, je pense que vous gagneriez à maîtriser votre tempérament, autrement vous feriez tout de travers.

— J'ai entendu cette citation au collège, observa Tess. D'un philosophe espagnol ?

— Balthasar Gracián, qui a vécu au 17ème siècle. » ajouta Jake.

Tess s'assit enfin et croisa ses jambes avec élégance, puis d'un ton sarcastique elle ajouta : « Non seulement un soldat mais aussi un savant !

— Je suis un réaliste qui a appris au prix fort qu’il est toujours préférable de réfléchir avant de dégainer l’artillerie. Je suggère que dans votre situation, l'objectif devrait être de punir la personne qui vous a fait du tort sans que cela ne vous nuise à vous-même. »

Jake se leva et sortit une bouteille du petit bar de l'hôtel. « Et si on arrêtait tout ça. Voudriez-vous un verre ?

— Voilà qui me paraît sensé, répondit-elle avec lassitude. Un scotch avec des glaçons. »

Jake versa la boisson et lui tendit le verre. « Avez-vous une chambre où passer la nuit ? Je peux vous laisser ma chambre. Je pars demain matin. »

Tess prit une chaise confortable. « Je pars aussi. J'ai été affectée en Irak. »

Jake sourit. « On dirait qu'on va dans la même direction. Que faites-vous dans l'Armée ?

— Pilote d'hélicoptère, affectée à une unité de reconnaissance. Vous ? »

Jake répondit vaguement : « Je suis dans les Renseignements. » Il n'en dirait pas plus, manifestement.

Tess se leva et ramassa sa valise. « Alors, peut-être à bientôt dans le désert. Je dois y aller. Quelques petites choses à faire avant que je parte. »

Jake se leva. « Vous pouvez rester ici si vous le souhaitez. Je promets de ne plus essayer de vous immobiliser. »

Tess franchit la porte. « Merci, mais non. Je suppose que je devrais vous être reconnaissante de m'avoir évité des ennuis. Merci », dit-elle timidement et elle s'en alla.

♦♦♦

Tess prit le premier vol pour New York et alla directement à son cabinet d'avocat pour entamer une procédure de divorce contre Roger.

Roger avait laissé une douzaine de messages sur son téléphone portable ; il lui demandait de lui pardonner et voulait la rencontrer pour tenter de discuter. Tess n'y voyait aucun intérêt. Elle n'était pas du genre à pardonner, son attitude sur les relations était très tranchée. On aime ou on n'aime pas. Il n'y a pas de place pour la faiblesse ou les erreurs. Elle était impitoyable envers elle-même et envers toute personne ambivalente, confuse ou qui tendait à rationaliser. Elle avait aimé Roger, mais son incapacité à résister à la tentation était impardonnable et inacceptable. Elle le sortit immédiatement de sa vie et se tourna avec détermination vers le seul objectif qui ne présentait aucune ambiguïté : sa carrière.

3 - Préparatifs de Guerre

Dans le lobby d'un hôtel au Koweït, Jake Vickers sirotait un jus d'orange, assis dans l'un des salons. Son rôle dans une unité de renseignements de la CIA lui permettait de porter des vêtements civils et d'arborer une coupe de cheveux légèrement plus longue que celle du GI de base.

Il était également au fait des allées et venues des principaux officiers des différentes unités se préparant aux opérations. Il découvrit que Tess devait séjourner dans cet hôtel et il voulait la revoir. Conscient qu'il forçait un peu sa chance, il savait toutefois que pour revoir quelqu'un comme Tess, il valait mieux ne pas se fier qu’au hasard.

Un minibus s'arrêta à l'entrée de l'hôtel, d'où débarquèrent quelques personnes en uniforme. Tess était l'une d'elles. Comme elle se dirigeait vers le comptoir de la réception, Jake se leva et lui sourit. « Salut, dit-il.

— Voyez qui est là, mon protecteur ! elle répondit.