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Contact Immédiat
Mon alarme me réveilla à 8 h du matin … Je mis sur répétition, mais je finis par décider de me lever immédiatement, lorsque la raison pour laquelle j’étais ici me revint à l’esprit. Je commençai à me préparer, et décidai de prendre un petit déjeuner continental dans l'hôtel. J'étais habillé de façon très décontractée, pour pouvoir me fondre dans le décor de Lowe’s.
Alors que je traversais l'entrée où l’on servait le petit déjeuner, je m’arrêtai au milieu de la pièce pour manifester à voix haute mon émerveillement !
Il y avait de tout sur la table du petit déjeuner. J'aurais voulu avoir plus de temps, pour manger tout ce qu'ils y avaient mis. Il y avait du pain tranché, du beurre avec du miel et de la confiture, du fromage, des croissants, des pâtisseries, des petits pains, du jus de fruits et diverses boissons chaudes. Tout ce que je voulais, c'était un café chaud, avec deux croissants, du beurre et de la confiture. J'avais envie de prendre une photo, et de l’envoyer à ma femme, mais je pensai que les gens me trouveraient l’air bizarre, en train de prendre une photo du Mega Universal Breakfast.
Après avoir pris le petit déjeuner, je me rendis à l'extérieur, à l’endroit où était garée ma voiture de location. Heureusement, la voiture avait un bon système GPS. J’indiquai « 417 Lafayette Rd., Seabrook, NH. » En regardant l’écran de plus près, je remarquai qu’il existait un autre Seabrook, au Texas. Je fis attention à bien choisir celui du New Hampshire. Une voix de femme se mit à dire « SOUHAITEZ-VOUS COMMENCER LA CONDUITE ?», puis « VEUILLEZ EMPRUNTER L'ITINÉRAIRE EN SURBRILLANCE. »
C'était à 24 km de l'hôtel... Alors, je suivis la route que le GPS allait m’indiquer.
J’arrivai sur le parking aux alentours de dix heures du matin, il n’y avait pas beaucoup de voitures...ce qui me convenait bien. Je me disais qu’il n’y aurait peut-être pas trop de monde dans le magasin, et que cela me donnerait peut-être l'occasion de parler à Brent Brook plutôt qu’il soit occupé...Tout en marchant, je tombai sur une photo en carton grandeur nature de Jimmie Johnson #48. Je suis un fan de NASCAR, mais je n’en ai jamais parlé à personne, en dehors de ma famille. Je suis allé à ma première course à Richmond, VA. Lorsqu’on voit arriver les pilotes de course près de la piste, en hélicoptère, et que l’on voit les autres s’amuser ensemble autour d’un barbecue avant la course, on peut ressentir l'excitation ambiante. Ça a été fini pour moi, je suis devenu accro à NASCAR.
J’entrai chez Lowe’s, et quelqu’un m'accueillit en me faisant signe : « Bonjour, Bienvenue au magasin Lowe's de Seabrook. »
Je répondis « Bonjour », en levant les pouces. « C’est vraiment immense !! Par rapport à ça, les autres magasins ressemblent à un terrain de football en salle. »
J'avançai, et vis les employés, habillés en bleu foncé, qui déambulaient.
Par où devais-je commencer ? Je reçus un message d'Amelia, notre directrice de la rédaction, pendant que je me trouvais au milieu du magasin, et je répondis : « Sur le reportage, on se parle plus tard. »
Je pensais « Dans quel service de Lowe's Brent Brooks pourrait-il bien travailler ? » Je parcourus les allées. Électricité, appareils et décoration, je me disais... « Hmm, je vais d'abord aller dans le rayon peinture. » Il y a toujours beaucoup de gens qui posent des questions sur la peinture, et les couleurs.
En arrivant au service peinture, je rencontrai un employé qui s'appelait Richie. En approchant, je continuais à regarder les nouveaux styles de peintures sur les étagères. Je me tournai vers Richie : « Bonjour ! »
« Bonjour, bienvenue au service peinture de chez Lowe’s. »
« Merci. J’ai une petite question. »
« Je vous en prie. »
« Connaissez-vous quelqu’un qui s'appelle Brent ? »
« Oui, je le connais. Il était dans le service des fournitures en bâtiment, mais il ne travaille plus ici. »
Je dis alors à voix basse, « Oui ». Les indices avaient fonctionné…
Richie demanda : « Avez-vous une autre question ? »
Puis il cessa de parler d’un coup. Comme s'il venait de se mettre en mode protection.
« Merci. Au fait, quelle est la meilleure qualité de peinture, sur le marché, aujourd’hui ? »
Il répondit : « Il y en a beaucoup. Celle qui me vient à l'esprit, c’est la peinture Behr Interior & Exterior. »
Je le remerciai encore une fois, et me dirigeai rapidement vers la sortie du département peinture, en direction de la section des fournitures de bâtiment. Je me demandais pourquoi Richie s'était tu, lorsque j'avais commencé à me renseigner sur Brent Brooks. Quelque chose me paraissait bizarre. Après tout, c’était juste un ex-employé, qui avait remporté le gros lot. On aurait pu penser que ses collègues seraient ravis pour lui. Qui sait…?
Je fus rapidement sur place, où se trouvait une grande quantité d'articles en bois et en béton. Je remarquai alors quelqu’un qui se déplaçait dans la zone.
Je m’approchai de lui, il se retourna et dit :
« Puis-je vous aider, Monsieur ? »
Il y avait une autre étiquette avec le nom de Lowe’s. Cette fois, il était indiqué « Jack ».
Je lui expliquai que j’arrivais du département peinture, où son collègue Richie m’avait dit que Brent avait travaillé dans ce département. « Oui, c’est le cas. On m’a mis ici il y a deux jours, normalement, je travaille au secteur plomberie, maintenant je suis ici », dit-il.
Je lui demandai s'il savait où je pouvais le trouver. Il me répondit qu’il ne savait pas grand-chose. Il avait entendu les autres en parler, et dire qu’il aimait beaucoup se rendre à la pêche avec son fils, sur la jetée de Hampton State, tout près du Seabrook Bridge.
Je remerciai Jack, il hocha la tête en arrière, « Désolé de ne pas avoir pu vous aider davantage. »
« Pas de soucis », répondis-je, et je lui souhaitai une bonne journée.
Ma deuxième piste apparut alors. Je me disais que j’allais avoir besoin d'un chapeau de pêche.
Aussi, je mis à la recherche d’un chapeau, pour pouvoir m'équiper comme si j'étais un pêcheur.
Je m’aperçus en regardant ma montre, qu’il était seulement 10 h 45, et que je pourrais donc avoir une chance de les trouver sur la jetée.
Mes pas se transformèrent en marche rapide à travers les bâtiments de Lowe's. Une fois dehors, je me mis à faire un sprint. Je montai rapidement dans la voiture, et m’assurai d’avoir noté la bonne adresse sur le GPS depuis mon téléphone.
Le GPS indiquait State Pier Lobster Pound 1 Ocean Blvd…27 km, alors j'appuyai sur le bouton. Sans prendre de risque, pendant que j'étais au volant, je sortis le journal sur lequel il y avait une photo de Brent le jour où il avait remporté la Loterie. Je me concentrais sur la photo afin de bien la mémoriser. Je crois que je conduisais à la vitesse limite. Il me fallut 25 minutes pour arriver sur place. Je mis le chapeau du rayon peinture, je sortis ma chemise du pantalon, mis un peu de sable dans mes mains, et j’étais prêt à y aller, saisissant le journal pour l’emporter avec moi.
Alors que je descendais le long de la jetée, je remarquai la façon dont s’agençaient les choses autour de moi. J’étais déjà allé sur de nombreuses jetées. Nous en avons une ou deux à Virginia Beach. Je marchais lentement, un peu comme si j'étais perdu, mais droit, à la recherche de la même image que sur le journal. Je regardais à gauche et à droite, tandis que d’autres lançaient leur hameçon dans l'océan Atlantique.
En observant les environs, je vis trois personnes au loin, presque au bout de la jetée, habillés avec des vêtements de pêche, assis sur un banc au milieu de la jetée. Je me dis que j’allais peut-être tomber sur Brent Brooks et son fils. Tout comme Jack l'avait mentionné chez Lowe's. Je me disais que l'homme que je voyais vêtu d'une veste de sport noire, avait tout l’air d’un garde du corps. C’était sans doute le garde du corps de Brent. Cela me paraissait tout à fait logique.
Je décidai de m’avancer jusqu'à l'homme vêtu de noir, et de me présenter. « Bonjour ».
Il se leva rapidement, en se mettant en position d'alerte, alors que je répétais, « Bonjour, je m’appelle Marc Dazet. Je travaille pour le journal Virginia Pilot à Norfolk, en Virginie. » Je lui montrai mon badge du journal; il le prit entre les mains, le regarda… puis il dit « Attendez ici. » J’obtempérai, pendant qu’il prenait mon badge et s’avançait vers Brent et son fils. Je n’entendais pas ce qu’ils disaient, mais il lui remit mon badge. Puis Brent et le garde du corps s’avancèrent jusqu'à moi. « Je m’appelle Brent, je peux vous aider ? »
Je fis une pause, puis je commençai mon histoire. Je lui expliquai que j'avais pris l'avion depuis la Virginie, parce que j’espérais l'interviewer au sujet du fait qu’il avait remporté le gros lot à la Loterie, et qu’il avait dit vouloir donner. Il m’arrêta, regarda tout autour pour voir si quelqu’un pouvait observer. Brent dit ensuite : « Je ne peux pas parler ici, en plein air. Pouvons-nous nous retrouver chez moi, demain matin ? » Je lui dis que mon vol repartait à 18 h le lendemain soir.
Brent me remit alors un bout de papier, « Très bien, dans ce cas 10 h 30 demain matin ? » « Bien sûr. » Je sortis un bloc-notes et un stylo, que je remis à son garde du corps afin qu’il inscrive l'adresse.
Le garde du corps remit le bloc-notes à Brent, qui nota l’adresse.
Brent me rendit le bloc-notes comme s'il me faisait un tant soit peu confiance, et il dit :
« On se reparle demain matin ». Pendant ce temps, son fils, qui était à l'arrière-plan, continuait à pêcher.
Je pris le papier et lui serrai la main. « Merci ». Et je lus, « 32 Hudson Street, Seabrook, New Hampshire ».
Le garde du corps observait chacun de mes gestes, son attitude laissait clairement transparaitre le message « Essaie seulement de faire quelque chose à Brent. » Je fis en sorte que ma poignée de main soit preste et ferme. Et je partis rapidement, pour être sûr que personne n'allait changer d'avis.
Je montai dans ma voiture et rentrai à l’hôtel avec un sourire, et reconnaissant pour tout le travail et la chance que j’avais de mon côté en ce moment.
De retour dans la chambre d'hôtel, la première chose que je fis, ce fut d’appeler mon bureau pour parler avec Amelia. Je lui dis que j'avais une entrevue le lendemain matin. Elle était très contente. « C'est génial. Assurez-vous d'avoir l'article prêt demain soir en prenant l'avion. » Je promis que ce serait le cas et je raccrochai …Et je m’arrêtai dans la chambre en pensant – quelle journée !
C’était le matin, maintenant, et je commençais à me préparer. Je descendis prendre le petit déjeuner au buffet. Je ne pouvais pas me contenter de passer simplement en regardant l’environnement du petit déjeuner, lequel aurait pu figurer dans « Ripley's Believe It or Not ». Je pris mes deux croissants habituels, avec les papiers et un café, et me dirigeai vers la Chevrolet Malibu. Tout en me dirigeant vers la voiture, j'appelai ma femme pour vérifier.
J’entendis la sonnerie, puis la voix que je connaissais trop bien, « Bonjour, Sundara ! »
Sa voix semblait heureuse au téléphone, « Bonjour, chéri. »
« Je reviens ce soir en Virginie. Comment ça va à la maison ? »
« Ça va, ta fille est très agitée. C’est la fille de son père, c’est sûr, c’est dans les gènes, Marc, tu sais. »
Marc fit une pause avant de prononcer sa prochaine phrase. « Je sais. Chaque fois que je pars en voyage pour le journal, elle peut être comme ça. Je quitte rarement l'État de Virginie pour un reportage. Mais quand j'ai vu cette histoire, je me suis dit que je ne pouvais pas rater l’occasion d’écrire à ce sujet.
J'ai plus avancé ici, qu’en essayant d'organiser une réunion par téléphone.
Je rencontre Brent aujourd'hui, ce matin, chez lui, pour une entrevue. »
« Vraiment » ?
« Oui. »
« Sois prudent, Marc, je veux que tu rentres à la maison en toute sécurité. »
Pendant que je discutais avec ma femme, je remarquai que quelqu'un sur le parking de l'hôtel était en train de m’observer depuis son véhicule. « Chérie, je dois y aller, je t'aime, embrasse Laura pour moi. » J'avais prévu de téléphoner à la maison avant de prendre l’avion. « D’accord M. Dazet, on se reparle plus tard Honey Bunches of Oats. » Je souris, et en même temps, j'étais nerveux à cause de ce que j'avais vu dans le parking.
L’individu dans le véhicule avait un chapeau, et sa voiture était toujours en marche. Mon esprit se mit à dériver d'un coup. Puis je secouai la tête, comme pour chasser une vision indésirable et je retournai immédiatement à ma voiture, pour m’y sentir un peu plus en sécurité. Puis je vis alors la voiture, et le type, faire le plein d’un autre véhicule dont je n’avais jamais vu le modèle auparavant, et d’un coup ils disparurent.
J’ouvris la portière de la voiture, en sortis rapidement, et en me relevant, je me demandai ce que c'était que ça… Je me ressaisis, revins à l’intérieur du véhicule et retrouvai mon sang-froid. J’indiquai l'adresse pour le GPS : « 32 Hudson Street, Seabrook, New Hampshire ». Je remarquai que ce n'était pas très loin, environ 15 minutes en voiture, alors je démarrai.
Au fur et à mesure du trajet, les maisons paraissaient devenir plus grandes. Je pensais, « Il a dû s’acheter une nouvelle maison avec ce qu’il a gagné. Attends, il vient juste de gagner à la loterie il y a deux jours. Comment aurait-il pu acheter une nouvelle maison aussi vite ? »
Je passais rapidement aux conclusions aussi, ce qui était normal pour un journaliste. Cela fait partie du travail, toujours prévoir sur l'avenir, essayer de rassembler les pièces du puzzle. Parfois, mes instincts tombaient justes, et d'autres fois, j’étais un peu à côté de la plaque. Mon cerveau était en ébullition, élaborant divers scénarios. « Un garde du corps ? Une grosse dépense pour une nouvelle maison ? Comment a-t-il obtenu cet argent aussi rapidement ? Je vais devoir faire attention à la façon dont je pose mes questions. »
Je me rapprochais de sa maison, et j’étais vraiment surpris par les maisons de bord de mer dans le New Hampshire. C’est tellement différent de Virginia Beach, et en même temps c’est la même chose. J’arrivai auprès d’un portail qui comportait des codes sur le côté gauche. Je m’arrêtai un peu, et j'entendis une voix féminine. « Oui, puis-je vous aider ? »
« Je m'appelle Marc Dazet, je suis journaliste en Virginie. »
« Ah oui, Brent m'a parlé de vous hier ». Puis elle me dit : « Attendez une seconde, je vais vérifier avec mon mari, si vous êtes bien la personne avec qui il a parlé. »
Elle avait l'air de ne pas très bien savoir se servir de l’interphone. J'entendais des bips dans le fond. Puis finalement, j’entendis...la voix de Brent. « Oui, c'est lui, chérie. »
1 Chapitre 4
Le portail se déplaça alors lentement, je trouvais ça bien. J'avançai dans l’allée, et ce que je voyais semblait tout à fait ressembler à une maison que seul un gagnant à la Loterie peut se permettre d’acheter. J'étais réellement stupéfait. Je me disais « Ils ont raison. J'aurais fait la même chose si j'étais à leur place. » Mais je trouvais quand même qu’ils avaient fait bien vite pour trouver l’endroit, et organiser le déménagement. La route passait de façon circulaire devant la maison, un peu comme lorsqu’il y a un service de voiturier.
J’étais en face de la maison, et j'aperçus le garde du corps, que j'avais vu hier sur la jetée.
Il avait l’air d’être sur ses gardes, et d’observer chaque mouvement alors que ma voiture s'arrêtait face à la maison. Je pris mon bloc-notes avec moi, mon enregistreur, les coupures de journaux, et plein de stylos ... « Ah oui », et mon téléphone, juste au cas où je devrais appeler le 911.
Le garde du corps m'accueillit en disant: « Voici donc à nouveau le journaliste. »
« Oui », dis-je en lui demandant s’il avait passé une bonne journée. Il ne répondit pas, et se contenta de sourire en m’escortant en toute sécurité à l’intérieur.
J'étais heureux d'avoir pu entrer, et venir parler pour la première fois de ma vie un gagnant du Loto dans le New Hampshire. Au moment où nous arrivâmes à la porte d'entrée, deux belles portes supplémentaires s’ouvrirent sur leur maison. Je devinai qu’il s'agissait de portes fenêtres. Puis je me retrouvai dans le hall d'entrée, accueilli par deux personnes. L'une d’entre elle était
Brent, et une femme, que je supposai être son épouse. Il se dégageait d’eux de chaudes vibrations, aussi je les saluai. « Bonjour ».
« Bonjour », répondirent-ils à l’unisson. Il y avait un ton d'excitation dans leur voix, on aurait dit deux enfants, à les entendre. « Bienvenue chez nous. »
« J'aime beaucoup la disposition de votre maison. C’est élégant. Et on sent bien la touche marine », répondis-je.
Puis Brent fit une pause et en tendant la main droite en direction de sa femme il dit : « Voici mon épouse, Margret. » Elle me regarda : « Enchantée. » Je m’approchai pour lui serrer la main à mon tour, en disant que j’étais également ravi de la rencontrer.
Leur garde du corps se trouvait dans la même pièce, et il observait tout avec un regard d'aigle.
Je fis une pause, en me souvenant de la photo sur le journal. « Je ne l’avais pas vue sur la photo », pensai-je. Brent et sa femme m’invitèrent pour un bref tour du propriétaire.
Je les suivis, comme un toutou. Il y avait des cartons partout.
Brent ajouta, « Oui, nous avons des cartons ici, et il y en a toujours aussi à notre ancien domicile. Nous avons encore un long chemin à parcourir. » Margret me demanda si je voulais quelque chose à boire, café ou thé. J'optai pour une tasse de café, l’une des boissons préférées d’un journaliste le matin.
Brent se tourna vers moi et dit, « Allons discuter dans mon bureau. Et veuillez excusez les cartons. » Nous pénétrâmes dans un bureau qui faisait la taille de mon appartement de
Virginia Beach. Et il m'offrit un siège. Le garde du corps apparut d’un coup, pour garder un œil sur moi. Cela ne faisait aucun doute. Je regardai du coin de l’œil, pour m’assurer que j'étais en sécurité. Et je me disais, « Qui sait, s’il a des armes sur lui ou pas. » Brent dit au garde du corps que tout allait bien, et qu'il pouvait partir.
Brent referma la porte du bureau afin de rendre l'entrevue plus privée. Je me disais qu’il devait avoir quelque chose de confidentiel à dire. Je sortis mon matériel, mon dictaphone, et je demandai : « Cela ne vous dérange pas si j’enregistre ? », il répondit « Non, bien sûr, allez-y. » J'avais aussi sorti mon stylo et mon bloc-notes, alors je commençai l'entretien.
« Merci de m'avoir accordé cet entretien, et félicitations pour votre gain. »
« Oui, Merci. Je suis toujours sous le choc, en fait, d'avoir gagné. Pour être honnête, c'est tout nouveau pour moi. Mais j'adore. Ma vie a déjà beaucoup changé. Et ce n’est que le début. De nouvelles personnes, que je n'avais jamais rencontrées, m'ont approché. Tous les appels téléphoniques que j’ai reçus… je reste sans voix ... cela devenait ingérable, par contre. Nous sommes une petite ville ici, donc les nouvelles vont vite. »
J'enchaînai et demandai : « Vous avez gagné il y a deux jours, et vous habitez déjà une nouvelle maison. Ça a été rapide. »
« En fait, le journal a attendu avant de raconter mon histoire, pour des raisons de sécurité me concernant. Nous avons remporté la cagnotte il y a déjà plusieurs semaines, mais ils ont imprimé la photo il y a deux jours seulement. »
« Je vois. C’est correct de leur part, d'avoir fait cela pour vous et votre vie privée, » répondis-je.
Brent demanda ensuite : « Vous êtes venu en avion depuis la Virginie pour couvrir un sujet d'actualité.
N'y a-t-il pas beaucoup de gens, qui gagnent à la Loterie en Virginie et partout ? Pourquoi moi ? »
« C’est une longue histoire Brent, comment je suis venu jusqu’ici aujourd’hui. La version courte, c’est que je choisis un journal d’une autre région que la Virginie, au hasard, tous les jeudis, et il se trouve que j’ai choisi le Laconia Daily Sun dans le New Hampshire. Et que vous figuriez en première page comme étant celui qui a remporté le gros lot.
Ce qui a attiré mon attention, c'est que vous avez dit que vous prévoyez d'employer cet argent pour donner aux générations futures de votre famille la possibilité d'avoir une vie confortable. Et c'est pour cela que j'ai fait tout ce chemin en avion depuis la Virginie. Pour vous demander pourquoi vous faites cela. »
Il répondit : « Oh, je vois. » Je vérifiai que mon dictaphone était bien sous tension, et j'attendis simplement la réponse. « Avez-vous entendu parler du Free State Project, dans le New Hampshire ? »
« Non, je n'en ai jamais entendu parler. »
« Eh bien, cela a commencé le 1er septembre 2001. Le but du projet était d'amener 20 000 personnes à se déplacer vers un état à faible densité de population. Vous devez signer une déclaration qui stipule que vous envisagez de venir vous installer par ici. Le but du projet est de mettre en place, de la manière la plus pratique, des communautés en faveur de la protection de la vie, de la liberté et de la propriété.
J'étais stupéfait d'entendre cela. Il poursuivit. « Ici, nous voulions aider les autres à étendre les droits individuels, et à élargir les marchés libres… Je viens d’ici, je suis originaire de Seabrook. Je suis né ici. Mon père et mon grand-père aussi. Et quand cela a eu lieu en 2001, le Free State Project, je me suis dit que c’était ce que je voulais pour les familles à venir de notre lignée. »
Juste à ce moment-là, Brent me demanda de bien vouloir éteindre le dictaphone. Je n’en avais pas envie, mais je respectai sa demande. Je répondis « Bien sûr », et je l’éteignis.
« Ce que je suis sur le point de dire n'a pas besoin d'apparaitre dans le journal. » Il continua :
« Avant, je travaillais chez Lowe's. J'ai beaucoup appris là-bas, en voyant ce que les clients achetaient. Et j’ai beaucoup reçu aussi, lorsqu’on me donnait des conseils. Il y avait un client qui parlait à chaque fois du satellite qu'il avait acheté. Et il me disait que cela coûtait très cher. J'ai noté le modèle, et je me suis dit qu’un jour j’en achèterais un pour mettre chez moi. Et ça a pu se faire, de manière inattendue. En remportant la Loterie, c'est la première chose que j'ai achetée. C'est le modèle KVH 01-0369-07 TracVision TV. Il prend en charge plusieurs récepteurs.
« Quelqu'un est venu me l’installer. Ma femme croyait que j'étais devenu fou ... Il y a une télécommande avec laquelle on peut pointer dans n'importe quelle direction, elle récupère toutes les chaînes. Un soir, j'ai pointé les coordonnées du satellite selon les instructions que mon oncle m'avait données… ». Sa voix est devenue grave au fur et à mesure qu’il expliquait, et le ton avec lequel il expliquait ce qu’il s’était passé, semblait effrayant. « Cette chaîne affichait une balise de navigation océanique de couleur rouge et verte. Puis la caméra est allée sous l'océan. Sur le côté gauche, il était inscrit Galaxie du Triangle. Et j'ai vu des appareils, sous la mer, que je n'avais jamais vus de ma vie avant. »
Son visage est devenu pâle, et le mien aussi. Puis le canal s'est éteint...et je me suis figé à nouveau. Je pensais « Qui est votre oncle ? »
Je compris que c'était le moment pour moi de quitter les lieux. Je lui dis : « Merci de m'avoir parlé du projet Free State. » Et j’ajoutai : « Ce que vous m’avez dit ensuite ne quittera pas cette pièce. »
Soudain, j'entendis cogner à la porte. C'était le garde du corps.
« Est-ce que tout va bien, monsieur Brooks ? » Brent hocha la tête, et lui demanda de laisser maintenant la porte ouverte.
Je me levai et m’approchai pour lui serrer la main. Je me dirigeai lentement vers la porte puis d’un coup, en me retournant, je lui dis :
« Mr. Brooks, pourrais-je avoir votre numéro de téléphone, juste au cas où j'aurais plus de questions à vous poser ? »
« Bien sûr, c'est 603-236-7876. »
Je l’écrivis sur mon bloc-notes et lui dis : « Merci de m'avoir permis de parler avec vous, monsieur. Cela a été pour le moins intriguant. »
Il hocha la tête … J'ajoutai : « Je pense que je devrais rentrer en Virginie. »