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Une heure, j’ai soufflе le feu –
Mais il s’est еteint, parbleu!”
Toute la nuit, ils rient, les fr?res,
Aux еclats, sans dormir gu?re;
Lui se couche sous le chariot,
Dort et ronfle, notre Idiot.
S’att’lant ? l’heure matinale,
Ils vont ? la capitale,
Au marchе central qui est
Vis-?-vis des Grands Palais.
Il y avait un rite en ville:
C’est qu’? des sujets dociles,
Seul, le maire peut ordonner
Au marchе de commercer.
A la messe, les cloches sonnent;
Et le maire de ville se donne
Au marchе, rich’ment parе;
La garde le suit, bien armеe.
Un hеraut barbu y passe,
A c?tе, il a sa place;
Il sonne ? sa trompette d’or
Et crie aux marchands tr?s fort:
“Ouvrez vite les boutiques,
Commercez ? tous pratiques!
Et que tous les surveillants
Soient assis pr?s, en veillant
Pour qu’il n’y ait pas de tapage,
De cohue, de rixe en rage,
Pour qu’aucun salaud vilain
Ne trompe de bonnes gens de rien!”
Donc, on ouvre les boutiques,
On appelle tous les pratiques:
“Chers messieurs, venez ici,
Bienvenus, on vous en prie!
Nous avons des marchandises
Convenables ? votre guise!”
Les ach’teurs viennent, regardant,
Achetant tout aux marchands;
Ceux-ci comptent, en premi?re ligne,
L’argent, aux surveillants, clignent.
La garde de ville, ? propos,
Arrive au rang des chevaux;
Elle y voit une bousculade.
Pas d’entrеe, de promenade,
De sortie; le peuple rit,
On fourmille, on bat, on crie.
Notre maire de ville s’еtonne
De cette grande joie et ordonne
A sa garde de libеrer
Le passage pour y entrer.
“Ohе, vous, nu-pieds, les diables!
Arri?re! On n’est pas aimable!” –
Crient nos braves moustachus,
Battent par des fouets ces pieds-nus.
Alors les gens bougent sur place,
Se dеcouvrent, apr?s, s’effacent.
On voit le rang des chevaux;
L?, il y a deux ch’vaux moreaux
Superbes, et leurs belles crini?res
D’or ondulent jusqu’? la terre,
Frisеes en ronds, leurs queues d’or
Tombent comme un ruisseau encore…
Malgrе sa fougue, notre maire
Frotte sa nuque et pense, – que faire?
Il dit: “Que le monde de Dieu
A beaucoup de merveilleux!”
Et la garde fait des courbettes,
Ecoutant cette parole nette.
Cependant, le maire de ville
Ordonne aux sujets dociles
Que personne n’ach?te, ne vende
Ces chevaux sans sa commande;
Il va se rendre au palais
Pour parler au roi du fait.
En laissant la garde sur place,
Pour faire son rapport, il passe.
L?, il se met ? crier:
“De gr?ce, mon roi-p?re, pitiе!”
Puis, comme s’il donne corps et ?me,
Il tombe par terre et s’exclame:
“Ne fais pas m’exеcuter,
Ordonne-moi de te parler!”
Le roi daigne lui dire: “Raconte
Aisеment, comme un bon conte.” –
“Comme je peux, je parlerai:
Je suis maire de ville, tu sais;
Juste, fid?le, honn?te, j’exerce
Ce poste…” – “On sait ton commerce!” –
“J’ai pris notre dеtach’ment
Pour voir des chevaux au rang
Du marchе. – J’ai vu la masse
Des badauds qui s’y entassent!
Que faire?.. J’ai dit de chasser
Pour ne pas nous emp?cher.
?a est fait, notre roi-p?re!
Qu’est-ce que je devais y faire?
Je vais au rang des chevaux;
L?, il y a deux ch’vaux moreaux
Superbes, et leurs belles crini?res
D’or ondulent jusqu’? la terre,