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Et le p?re lui dit: “C’est bon,
Gabriel, mon brave gar?on!”
La nuit va tomber au monde,
Le cadet doit faire sa ronde;
Mais Ivan ne s’en fait point,
Sur le four, il chante au coin
De toutes ses forces les plus b?tes:
“Oh, vos beaux yeux!..” ? tue-t?te.
Les fr?res doivent lui reprocher
Pour qu’il aille plus vite au prе,
Mais ils crient autant qu’ils puissent
Crier, sans qu’ils rеussissent:
Ivan ne bouge pas, enfin,
C’est son p?re qui intervient
Pour lui dire: “Ecoute tes fr?res,
Fais ce qu’on te prie de faire,
Fais une ronde, et tu auras
Des images, des f?ves, des pois”.
Alors, du four, Ivan glisse,
Cherche et met sa vieille pelisse,
Dans son sein, il met un pain
Et va faire sa ronde enfin.
La nuit tombe, la lune se l?ve;
Ivan fait sa ronde sans gr?ve,
En voyant que tout est bon,
Il s’assied sous un buisson:
Au ciel, il compte des еtoiles,
De son pain, il se rеgale.
Le minuit sonne, brusquement,
Un cheval hennit; Ivan,
De-dessous sa moufle, regarde, –
Une jument, sans prendre garde,
Est l?, une si belle jument,
Blanche comme neige d’hiver vraiment!
Elle a une longue crini?re
D’or, frisеe, jusqu’? la terre.
“Arr?te! C’est notre voleur!..
Je ne suis pas un railleur,
Je prendrai ton cou, ma belle,
Voil? comme tu es, saut'relle!
Sois s?re, je suis tr?s sеrieux!”
Une minute apr?s, il peut
Courir vers la jument blanche,
Saisir sa queue en revanche
Et s’asseoir vite sur son dos
A l’inverse de comme il faut.
La jument blanche de jeune ?ge,
Brille des yeux d’une forte rage,
Tourne la t?te comme un serpent,
Se lance comme une fl?che. Aux champs,
Elle saute et fait de grandes rondes,
Sursaute des fossеs en s’conde,
Galope ? travers des monts,
Se cabre aux for?ts de bonds,
Par la force ou par la fraude,
Pour le vaincre, elle cherche un mode.
Mais Ivan n’est pas peureux –
Il se tient bien par sa queue.
Final’ment, elle devient lasse.
“Ivan, – lui dit-elle, – de gr?ce!
Si tu as pu te tenir,
Je devrai t’appartenir.
Donne pour mon repos une place,
Comme tu peux, soigne-moi lasse.
Attention! A l’aube, trois fois
De suite, tu me permettras
Seule en rase campagne de faire
Une prom’nade volontaire.
Apr?s ces trois jours, il faut
Que j’accouche de deux chevaux –
Tels qu’on ne trouve pas au monde,
M?me si on fait une grande ronde,
Et encore un p’tit Cheval,
Haut de cinq pouces, mais spеcial:
Sur le dos, il a deux bosses,
Des oreilles d’?ne lui haussent.
Si tu veux, vends ces deux ch’vaux,
Ne vends, ni pour un chapeau, –
Le p’tit, – ni pour une ceinture,
Ni pour une sorci?re; j’assure –
Sur la terre et sous la terre,
Il s’ra ton ami en clair;
En hiver, du froid, il cache,
Et du chaud en еtе, – sache
?a; si tu veux boire, manger –
Il pourra te le donner.
Apr?s, je prendrai la chance
Aux champs de toute ma puissance”.
Ivan pense: “Soit, c’est assez”,
Et dans la grange des bergers,
Il m?ne la jument en h?te,
La ferme avec une natte
Et, ? l’arrivеe du jour,
Au village, est de retour,
En chantant comme une casse-pierres:
“Un gars vient ? la rivi?re…”
Alors, il monte au perron,
Saisit par sa main le rond,
Frappe si fort que tout le monde
Ait peur que le toit ne tombe;