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Le petit Cheval bossu
Le petit Cheval bossu
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Le petit Cheval bossu

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Je me mets en quatre, mais,

Aucune pi?ce, je n’en gagn’rai.

Gabriel, la s’maine prochaine,

A la capitale, on m?ne

Ces chevaux, on les vendra;

En parties, on divis’ra

L’argent, avec quoi on mange

Et boit, sans qu’on nous dеrange,

Si on tape sur un sac gros.

Notre fr?re cadet idiot

N’aura pas la conjecture,

O? ses ch’vaux, par leur allure,

Sont partis: qu’il cherche l?-bas.

Eh bien, mon ami, tope-l?! ”.

Ayant mis tout ?a en ligne,

Les deux fr?res s’embrassent, se signent.

Puis, ils viennent ? la maison,

Faisant la conversation

Sur ces ch’vaux, sur une grande f?te,

Sur un dr?le de petite b?te.

Le temps va son train toujours,

L’heure ? l’heure, le jour au jour.

Une semaine apr?s, les fr?res

Partent pour la ville, pour faire

Ceci: vendre des denrеes

Et apprendre sur le quai,

Si les barques all’mandes ? voiles

Y viennent pour ach’ter des toiles,

Si le roi Saltan y vient

Capturer de bons Chrеtiens.

Ayant fait bien de pri?res,

Ayant demandе au p?re,

Ils prennent en secret deux ch’vaux

Et s’en vont sans dire un mot.

De la nuit, le soir s’approche,

Le temps du sommeil est proche.

Ivan marche sans penser trop,

Chante et mange son chanteau.

Et avec la conscience franche,

En mettant les mains aux hanches,

En dansant, comme un seigneur,

Dans la grange, il entre, poseur.

Tout est bien, sauf les ch’vaux, comme

S’ils n’еtaient pas l?, en somme!

Seul, le p’tit Cheval-jouet

Tourne de joie pr?s des pieds,

Bat de longues oreilles sans cesse

Et sautille de l’allеgresse.

Ivan se met ? hurler,

S’appuie pour ne pas tomber

Contre le mur: “ Ch’vaux superbes!

A crini?re d’or fine comme l’herbe!

Mais je vous ai tant aimеs,

Quel dеmon vous a volеs?

Peste de lui, le chien, qu’il pleure!

Que, dans un ravin, il meure!

Qu’il s’effondre avec le pont

L?, dans l’autre monde, c’est bon!

Oh, mes ch’vaux bruns-gris superbes,

A crini?re d’or fine comme l’herbe!”

Le Ch’val fait un henniss’ment:

“Ne pleure pas, mon cher Ivan,

Ton malheur est une grande chose,

Je t’aid’rai ? cette cause.

N’accuse pas le diable en vain:

Tes fr?res ont pris les ch’vaux. Tiens!

Ne dis pas de choses sottes,

Sois calme, ce n’est pas ta faute.

Mets-toi plus vite sur mon dos

Tiens-toi ferme comme il faut;

Bien que je sois de p’tite taille,

Mieux que d’autres, je travaille:

Je me mets vite ? courir,

Le diable, je peux le saisir”.

Il s’еtend devant son ma?tre,

Ivan monte au Ch’val, sans ?tre

L?che; du p’tit Cheval, il prend

Les oreilles, en mugissant.

Le Cheval se l?ve de terre,

Branle sa petite crini?re,

Il s’еbroule, en s’animant,

Se lance comme une fl?che, volant.

Il n’y a que de la poussi?re

Qui y tourbillonne par terre.

En un clin d’oeil, ou en deux,

Il rattrape les astucieux.

Les fr?res ont peur et s’appr?tent

A montrer vite qu’ils regrettent.

Ivan se met ? crier:

“C’est honteux de me voler!

Bien que vous soyez plus sages,

Je suis plus honn?te, je gage:

Je ne vous ai rien volе”.

L’a?nе de ses fr?res, crispе,

Dit: “Ivan, notre cher fr?re,

Rien ? nier – c’est notre affaire!

Mais tu dois aussi compter

Avec notre pauvretе:

Tu sais qu’on n’a, quoiqu’on s?me,

Pas de pain quotidien m?me.