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Est-ce que Toya a besoin d'une raison pour lui crier dessus ?
Shinbe haussa les épaules, comme s'il ne savait rien, en espérant que personne ne pourrait sentir sa culpabilité.
Toya était assis dans un arbre près de la cabane de Sennin et écoutait leurs badinages tandis qu'ils s'approchaient. Il avait entendu le commentaire de Shinbe et voulait le réduire en bouillie. Mais en y repensant, il valait mieux ne pas leur raconter ce qu'il avait vu. Ses yeux étincelaient d'une couleur argentée en repensant au baiser. Décidant de ne rien dire pour l'instant, Toya se pencha contre l'arbre et ferma les yeux, faisant semblant de dormir.
Est-ce que tu dors, Toya ? L'appela Sennin.
Toya continuait d'ignorer le vieil homme. Ce n'était pas comme s'il lui devait quoi que ce soit.
Sennin marqua une pause, souhaitant se faire comprendre.
Tu as recommencé. Tu ne pouvais pas attendre un peu plus longtemps ?
Toya se pencha en avant et lança un regard furieux à Sennin.
Ferme-la, vieil homme. Tu ne sais même pas de quoi tu parles.
Il descendit de l'arbre et se dirigea vers la forêt.
Shinbe soupira de soulagement. Il avait peur d'entendre Toya leur parler du baiser innocent, il aurait dû s'expliquer.
Est-ce que j'ai dit « innocent » ? Se dit-il en sentant quelque chose de lourd s'installer dans le creux de son estomac.
Si c'était innocent, pourquoi n'arrêtait-il pas de penser à la douceur de ses lèvres qui avaient touché les siennes ? Face à cette pensée, il grogna et entra dans la cabane.
Kaen, un allié des gardiens, mieux décrit comme un jet de feu, apparut devant Kamui avec un sourire. Il aidait souvent Kamui à s'entraîner et était très protecteur envers lui durant la bataille. Kaen pouvait se transformer en dragon, c'était un avantage... cela rendait l'entraînement bien plus intense. Ils s'entraînaient dehors tandis que Sennin et Suki se regardaient mutuellement.
Suki haussa les épaules et ils entrèrent dans la cabane. Shinbe était allongé sur un matelas, appuyé sur son coude en leur tournant le dos. Ils l'observaient, mais aucun d'eux ne disait quoi que ce soit concernant son humeur déprimée. Suki allumait le feu de cuisson tandis que Sennin préparait la nourriture pour le dîner, jetant tous les deux un coup dâÅil à Shinbe alors qu'il soupirait.
*****
Toya resta loin de la cabane toute la journée, jusqu'à ce que le soleil ait commencé à se coucher. Il s'approchait silencieusement lorsqu'il entendit Sennin et Suki parler doucement. Son ouïe améliorée de gardien pouvait entendre chaque mot que leurs lèvres prononçaient.
Est-ce que tu crois qu'il est malade, Sennin ? Demanda Suki d'un air inquiet en fixant Shinbe qui était toujours allongé sur sa couverture, apparemment endormi.
Oui, il n'a rien mangé, répondit le vieil homme en nettoyant les bols du dîner.
J'espère qu'il n'a rien attrapé. Sans l'aide de Kyoko, on va vraiment avoir besoin de lui demain pour chercher le talisman manquant.
Suki haussa les épaules tout en déroulant son sac de couchage.
Oui, je lui ferai du thé aux herbes à son réveil.
Sennin ne pensait pas que le gardien était malade car ils étaient très bien immunisés contre les maladies humaines. En vérité... il n'en avait jamais vu un malade. Cela devait être quelque chose de plus profond.
Son regard marron et âgé s'aiguisait en pensant au talisman manquant. Depuis que le cristal du cÅur du gardien avait été brisé, les petits éclats de talisman apparaissaient n'importe où, et souvent dans de mauvaises mains. Tout démon faible possédant un talisman devenait fort et dangereux. L'armée maléfique de Hyakuhei semblait s'élargir de jour en jour. Récemment, il avait senti le mal s'approcher.
Toya se tenait à l'extérieur de la cabane en se demandant s'il devait entrer, lorsqu'il entendit son nom. Suki étouffa un bâillement :
Je me demande ce qui a énervé Toya au point de faire partir Kyoko.
Sennin hocha la tête.
Je pensais qu'il avait compris la leçon. On a besoin d'elle autant qu'on a besoin des gardiens.
Suki s'assit sur son matelas, balayant de la poussière imaginaire.
Eh bien, il l'a énervée assez rapidement. Je parie qu'il lui a fait une remarque concernant son odeur d'alcool.
Elle se tourna pour regarder Kamui furieusement lorsqu'elle entendit un rire étouffé sortir de sa bouche. Ramassant un peigne que Kyoko lui avait donné, elle le lança sur lui, le frappant à la tête.
Je pensais que tu dormais !
Sennin se moqua d'eux tout en quittant la cabane :
Bonne nuit Suki... Kamui.
Toya se tenait dehors. Il avait oublié l'odeur d'alcool de Kyoko. Il n'avait donc pas à leur raconter ce qui s'était passé, même s'il aurait bien voulu causer des problèmes à Shinbe vis-à -vis de Suki. Il sourit. Elle serait tellement en colère contre lui qu'elle le frapperait jusqu'au siècle prochain.
Bondissant dans l'arbre, Toya laissa échapper un rire en pensant à Suki giflant Shinbe, sachant que son frère ne lèverait même pas le petit doigt pour l'arrêter.
Chapitre 5 « Jalousie dangereuse »
Kyoko était malheureuse. Elle ne pouvait penser qu'à Shinbe et Toya et ce stupide baiser. Elle était allongée sous la douce couverture, bien réveillée, se demandant pourquoi elle voulait être embrassée par eux. L'un d'entre eux était Shinbe, le gardien lubrique qui draguait toutes les femmes qu'il rencontrait. Il avait probablement eu plus de femmes qu'elle ne pouvait en compter sur ses doigts, mais le fait de penser à son baiser la faisait tomber en pâmoison.
L'autre était Toya, qui lui criait toujours dessus pour rien et essayait toujours de contrôler tous ses gestes. Pourtant, il pouvait être très mignon parfois. Tous les deux le pouvaient. Elle cogna sa tête sur l'oreiller et soupira. C'était étrange de ne penser qu'à Toya avant d'aller dormir, mais depuis quelques temps, ses pensées dérivaient lentement vers Shinbe. Shinbe... Elle s'assoupit pour rêver de lui une nouvelle fois.
*****
Shinbe se réveilla au milieu de la nuit en suant, un autre rêve. Il gémissait tout en se levant. Pourquoi n'arrêtait-il pas de penser à elle ? Elle le poussait à bout. Il regarda autour de lui pour s'assurer que Suki et Kamui dormaient toujours. Quittant la pièce tel un fantôme, il sortit de la cabane et prit une profonde inspiration en regardant le ciel. à cet instant, il remarqua Toya en train de le fixer sur les branches inférieures de l'arbre en face de la cabane.
Quoi ?
Shinbe ne voulait pas se disputer de nouveau, mais la manière dont Toya le regardait furieusement l'irritait.
Toya renifla et grogna, sentant l'excitation de Shinbe.
Qu'est-ce que tu fais, gardien ?
Shinbe inclina sa tête et plaça ses doigts sur ses tempes comme s'il avait une migraine, même si c'était impossible pour un immortel.
Je vais faire une promenade nocturne, même si ça ne te regarde pas.
Toya grogna de nouveau, sautant de son perchoir au-dessus de la cabane de Sennin. Il marchait autour de Shinbe comme s'il traquait sa proie.
Je n'en doute pas.
Toya continuait à lui tourner autour.
Shinbe le regardait du coin de lâÅil, un air ennuyé sur son visage, mais mentalement prêt à se faire attaquer par Toya.
Je ne vois pas ce que tu veux dire, Toya. Mais si tu le permets, je n'ai vraiment pas besoin de toi pour me tenir la main.
Toya cessa de l'encercler d'un air intimidant, et se plaça si rapidement devant Shinbe qu'il provoqua une brise.
Ne t'approche pas de Kyoko, t'as compris ? Si je crois ne serait-ce qu'une minute que tu l'as touchée...
Il laissa tomber son bras sur son flanc et laissa l'une des dagues jumelles se former dans sa paume tout en plissant les yeux en direction de l'autre gardien.
Je te tuerai sans réfléchir, frère ou pas.
Shinbe ne supportait pas le ton autoritaire de Toya.
Oui, j'ai compris. Maintenant, si tu le permets.
Toya se déplaça sur le côté, laissant Shinbe passer.
Je n'ai pas confiance en ce gardien, se dit-il.
Shinbe pénétra dans la forêt. Il se fichait de l'endroit où il allait. Il voulait juste s'éloigner le plus possible du regard entendu de Toya. Oui, il savait que Toya le tuerait en apprenant ce qu'il avait fait, mais au moins, il mourrait heureux. Il soupira en regardant le ciel étoilé.
Oh, Kyoko, pourquoi es-tu partie ? Fichu Toya.
Il fit tournoyer son bâton devant lui et grogna :
Je te maudis.
Shinbe poursuivit sa marche sans aucune intention de s'approcher de l'autel, mais au final, il se retrouva là -bas. Il se tenait au bord de la clairière, sachant qu'il ne devrait pas être là . Toya le suivait probablement. Il jeta un coup dâÅil autour de lui de façon empruntée à la recherche de son frère coléreux. En ne le sentant nulle part, il s'approcha lentement de la statue de la jeune fille.
Il se tenait devant celle-ci, regardant l'image de Kyoko du passé, rêvant éveillé, et n'entendant pas les bruits de pas derrière lui.
Qu'est-ce que tu crois être en train de faire, gardien ? L'interpella Toya à voix basse.
Il avait tellement effrayé Shinbe qu'il en avait perdu son équilibre et était presque tombé dans les bras de la jeune fille, mais Toya l'avait attrapé par le bras.
Toya, il faut que tu arrêtes de te faufiler derrière les gens comme ça, grogna Shinbe en se débarrassant de la main de Toya.
Je t'ai dit de ne pas t'approcher de Kyoko. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, mais si je dois te ramener à la raison, je le ferai.
Les yeux de Toya étincelaient de colère en pensant aux sentiments de son frère envers Kyoko. Pas dans cette vie, pas en sa présence.
Shinbe en avait marre des menaces de Toya. Il craqua.
Bon sang !
Il fit tournoyer son bâton vers Toya, celui-ci bondit en arrière.
Tu as eu un million de chances avec Kyoko, mais tu as toujours préféré fermer les yeux. Maintenant tu veux lui dire avec qui elle doit être ? Qui elle peut embrasser ?
Il riait mais avait l'air fâché.
Ãa ne va pas se passer comme ça, Toya. Tu as perdu.
Shinbe secoua la tête et immobilisa son bâton, prêt pour le carnage en approche. Il savait de quoi Toya était capable, mais il en avait marre de se rétracter.
Toya fixa Shinbe d'un air choqué. Il ne pouvait pas bouger. Il savait qu'il ne pouvait pas utiliser les dagues jumelles... s'il le faisait, il tuerait son frère. Ses yeux commençaient à saigner de l'argent fondu tandis qu'il les plissait en direction de son frère.
Qu'est-ce que tu viens de dire ? Est-ce que tu es en train de me dire que « tu » veux Kyoko ?
Toya grogna puis poursuivit :
Tu n'es rien d'autre qu'un gardien lubrique. Kyoko ne voudra jamais de toi !
Il se jeta sur Shinbe.
Shinbe esquiva l'attaque de Toya et conserva sa position.
Est-ce que tu penses qu'elle voudrait de toi, alors que tout ce que tu fais, c'est essayer de la contrôler et faire comme si tu te fichais de ses sentiments ?
Il esquiva un autre coup de Toya et rit.
Tu deviens lent...
Sa voix s'assombrit.
⦠ou est-ce que j'ai touché un point sensible ?
Toya se tenait debout en fixant Shinbe. Pourquoi il n'utilisait pas les dagues jumelles, il ne le savait pas. Mais il voulait répandre le sang de Shinbe, désespéramment. Il n'avait pas besoin de lames pour cela.
Tu n'as pas le droit de parler de ce que je fais.
Le ton de Toya était meurtrier tandis qu'il baissait la tête, sa frange faisant de l'ombre à la touche de rouge qui se mélangeait à l'argent de ses iris.
Shinbe sourcilla face à Toya.
Ah, j'ai donc bien touché un point sensible. Intéressant. Le gardien argenté a des sentiments... il ressent des choses pour sa prêtresse. Mais tu n'as aucun droit de dire à Kyoko qui elle peut embrasser. Après tout, comme elle l'a dit, elle n'a pas de petit ami. Donc de mon point de vue, c'est une cible légitime.
Shinbe haussa les épaules, se tournant et jetant un coup dâÅil à l'autel.
Toya saisit l'occasion pour se jeter sur Shinbe.
Bon sang, ne me tourne pas le dos !
Il frappa Shinbe violemment, le faisant tomber, son bâton traversant la clairière.
Shinbe se releva rapidement et se tourna, faisant face à Toya. Ses longs cheveux bleu nuit flottaient dans la brise tandis que ses yeux d'améthyste brillaient dangereusement. Les deux gardiens restèrent silencieux un moment en se faisant face avec colère. L'herbe autour d'eux et la statue de la jeune fille miroitaient avec une aura inaperçue laissée par l'ennemi.
Sans arme et désavantagé, Shinbe plaça ses mains devant lui, les paumes vers le haut comme s'il faisait appel à ses pouvoirs de gardien. Les rochers autour d'eux commençaient à se lever du sol dont ils étaient prisonniers depuis si longtemps. Il savait qu'il n'aurait pas le temps de lancer son sort lorsque Toya fonça de nouveau sur lui. Il essaya d'esquiver, mais sentit ses jambes céder alors qu'il se cognait contre le bord de l'autel de la jeune fille.