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Après cela, Kyoko se leva furieusement, enroula son sac de couchage, ramassa son sac à dos et se dirigea vers la porte.
Toya bondit pour la suivre avec un air dévasté.
Où est-ce que tu crois aller, bon sang ?
Il n'avait pas voulu l'énerver au point de la faire partir. Il n'aimait simplement pas le fait que Shinbe l'ait touchée.
Kyoko s'arrêta avec sa main posée sur le cadre de la porte, lui tournant le dos.
Toya.
Elle se retourna légèrement, tendit la main vers lui, puis, avec un sourire narquois et furieux, elle utilisa le sort de domptage sur lui, sachant combien il détestait cela.
Ferme-la !
Toya tomba sur le sol avec un flot d'injures. Kyoko sortit en piétinant, dépassa Shinbe et se dirigea vers l'autel de la jeune fille avec l'intention de rentrer chez elle.
Shinbe se tenait debout en tournant le dos à la cabane, un léger sourire sur son visage. Il avait entendu ce que Kyoko avait dit, et son sourire s'était élargi en entendant Toya tomber sur le sol. Kyoko ne l'avait pas vu en sortant, donc il la suivit tandis qu'elle marchait vers la forêt.
Chapitre 4 « Ne t'en va pas »
En arrivant dans les jardins du cÅur du temps, Kyoko s'assit lentement sur l'herbe devant la statue de la jeune fille, regardant le visage de celle-ci. Elle se concentra sur le visage qui reflétait ses propres traits. Cette image appartenait à son ancêtre que la statue représentait. En vivant à la même époque, elles auraient pu être jumelles.
Kyoko se débarrassa de cette pensée, se rappelant pourquoi elle était assise sur l'herbe en premier lieu. Ses pensées commençaient à se battre entre elles comme si elle n'était même pas là pour écouter.
Toya est vraiment un crétin ! Elle venait à peine de rentrer et tout ce qu'il pouvait faire, c'était lui crier dessus. Parfois, elle... le détestait... OK, peut-être que c'était un mensonge. Kyoko soupira.
Je ne peux pas me mentir. J'aime Toya et quand il n'y a personne autour... il me prouve souvent qu'il m'aime aussi.
Kyoko plissa les yeux d'un air pensif.
Mais il faut toujours qu'il arrive et gâche tout.
Elle aller rentrer chez elle et peut-être qu'elle ne reviendrait jamais. Elle bondit avec l'intention de placer ses mains dans celles de la statue, sachant que cela la ramènerait à la maison.
Mais dans ce cas, tu ne reverrais plus jamais Shinbe.
Ses yeux s'élargirent et son esprit cria :
Tu as des sentiments pour lui !
C'est ridicule, se disputa-t-elle avec elle-même.
Je n'ai que des sentiments persistants car j'ai rêvé de lui, ça ne veut rien dire.
Elle s'éloigna de la statue, baissant sa main d'un air hésitant et s'assit de nouveau, se penchant contre une pierre froide.
Et s'il a des sentiments pour toi ? Si le baiser était allé plus loin, t'aurait-il embrassé en retour ?
Qui est à l'origine de ce baiser, déjà ?
Mais c'est un joueur... il aurait embrassé n'importe quelle femme.
Il t'a défendue face à Toya.
Seulement parce qu'il s'est senti menacé, et d'ailleurs, c'est sa manière d'être.
Une voix profonde la sortit de ses pensées embrouillées.
Kyoko, l'appela Shinbe d'une voix rauque.
Kyoko releva brusquement la tête et rougit, ayant l'impression qu'il avait entendu ses pensées.
Hum, salut.
Elle détourna le regard, espérant qu'il n'avait pas vu la rougeur bien présente.
Est-ce que tu rentres à la maison ?
Il s'avança de quelques pas tout en parlant.
Je ne peux pas vraiment te le reprocher, après la manière dont Toya a réagi.
Shinbe s'agenouilla devant elle avec sa main tendue pour l'aider à se relever. Elle saisit sa main et se leva, tapotant sa jupe pour faire partir la poussière.
Parfois, je ne peux pas supporter sa présence, Shinbe... je... je suis vraiment désolée pour tous les problèmes que je t'ai causés.
Elle s'avança vers l'autel.
Shinbe ne voulait pas voir Kyoko partir, mais il savait qu'il ne pourrait pas l'arrêter après avoir pris sa décision. Il savait qu'elle détestait quand Toya lui demandait de ne pas partir, et il ne voulait pas qu'elle lui en veuille pour les mêmes raisons. Mais en vérité, il ressentait la même chose que Toya... il ne voulait pas la voir partir.
Dissimulant ses vrais sentiments, il essaya de l'encourager.
Ce n'est rien, Kyoko. Tu peux me causer des problème à tout moment.
Il lui sourit, faisant semblant de la chercher lentement.
Kyoko ne manqua pas sa main tandis qu'elle s'avançait vers elle. Elle gloussa, lui souriant. Puis, elle disparut.
Shinbe se tenait debout, fixant la statue tandis que son sourire faiblissait. Il voulait lui dire de ne pas partir. Il n'aurait eu aucun mal à la peloter... enfin, peut-être un peu. Il avait fait ce geste pour lui permettre de partir l'esprit tranquille et de lui faire savoir que rien n'avait changé entre eux. Il savait qu'elle était furieuse et tout ce qu'il voulait, c'était la voir sourire, ou montrer d'autres émotions que la tristesse et la colère. Son plan avait mieux fonctionné que ce qu'il pensait en la voyant rire.
Le regard d'améthyste et hagard de Shinbe se détourna brusquement de l'autel de la jeune fille. Il détestait la capacité du portail temporel de l'éloigner de lui et aurait voulu pouvoir la suivre dans son monde... juste une fois. Ses yeux s'assombrirent d'un air séduisant, puis se plissèrent en pensant envieusement à Toya pouvant la suivre à travers le cÅur du temps. Pourquoi le portail temporel avait-il choisi le gardien argenté et seulement lui ? Ce n'était pas juste. Toya n'était pas son unique gardien.
*****
Lorsque Kyoko se retrouva de l'autre côté de l'autel de la jeune fille, elle s'allongea dans l'intimité du temple, reposant sa tête contre son sac à dos et fermant les yeux. à cet instant, elle ne voulait voir personne.
Les pensées de Shinbe lui faisant l'amour continuaient à pénétrer son esprit. Pourquoi avait-elle dû rêver de lui comme cela ? Cela lui donnait envie de...
à quoi est-ce que je pense ? Se demanda-elle.
Elle devait cesser de penser à cela.
De toute évidence, Shinbe et Suki s'appréciaient, même s'ils ne voulaient pas l'admettre. D'ailleurs, il faisait des avances à toutes les femmes. C'était sa manière d'être.
Kyoko se releva lentement et sortit du temple qui protégeait la statue de la jeune fille.
Je vais aller dans ma chambre et étudier. Ouais, puis j'irai à l'école demain, et tout ira bien. Je vais peut-être même appeler mes amis et aller traîner avec eux un petit moment.
Kyoko s'arrêta en plein chemin et loucha presque en pensant à voix haute :
Nouvelle règle, ne pas manger de fruits avec ses amis.
*****
Toya luttait toujours contre son humeur jalouse tandis qu'il marchait lentement vers l'autel. Il avait bien l'intention de suivre Kyoko et de lui parler franchement. Il ne supportait pas de la savoir en colère contre lui.
Ses sens montèrent en flèche, lui disant qu'il n'était pas seul. Il jeta un coup dâÅil et vit Shinbe penché contre l'un des gros rochers environnants appartenant à un château oublié qui se tenait là auparavant. Ses mains étaient soigneusement mises dans son imperméable avec son bâton posé sur ses genoux. Sa tête était posée en arrière avec les yeux fermés, comme s'il dormait.
Réveille-toi, stupide coureur de jupons ! Lui cria Toya, maintenant plus agacé que jamais.
Shinbe s'efforça d'ouvrir un Åil somnolent, puis le referma.
Qu'est-ce que tu veux, Toya ?
Qu'est-ce que je veux ? Je veux savoir ce que tu fous assis là , ragea-t-il.
Shinbe ouvrit les yeux et sourcilla face à son frère.
N'ai-je pas le droit de me reposer ?
Toya plissa les yeux en le regardant.
Depuis quand est-ce que tu viens au cÅur du temps pour te reposer ?
Shinbe se leva lentement, se préparant, juste au cas où. Il savait que Toya était bien plus fort. Mais il savait également qu'il n'était pas aussi faible que ce que Toya pensait. Leurs pouvoirs étaient juste différents.
Je suis venu dire au revoir à Kyoko. Après la manière dont tu l'as traitée, on serait chanceux de la voir revenir un jour. Qu'est-ce qui se passe dans ce petit pois qui te sert de cerveau, d'ailleurs ?
La voix calme de Shinbe avait une touche d'agitation qu'il cachait.
Toya grogna doucement, sachant que Shinbe disait la vérité. Peut-être, oui peut-être qu'il avait exagéré, mais quand même, il les avait vus s'embrasser. Kyoko avait embrassé ce gardien lubrique. La scène repassait dans l'esprit de Toya et son âme cria :
Non, c'est Shinbe qui embrassait Kyoko, pas l'inverse.
Il tourna le dos à Shinbe.
Je ne sais pas ce que tu mijotes, gardien, mais si tu retouches Kyoko... je te tuerai.
Après cela, Toya s'envola dans les airs, ne laissant qu'une plume argentée flotter dans la brise.
Shinbe soupira et s'assit de nouveau, se posant contre la pierre lorsqu'il entendit le rire moqueur de Kamui à distance. Quelques instants plus tard, Sennin, Kamui et Suki entrèrent dans la clairière, portant des paniers d'herbes et de légumes que le vieil homme avait cherchés.
Ils ont dû le rencontrer en retournant à la cabane, raisonna Shinbe.
Sennin était le vieil homme qui possédait la cabane dans laquelle ils séjournaient lorsqu'ils étaient proches de l'autel. Sennin avait élevé Suki et son frère, tout seul, lorsque sa femme, leur mère, avait été tuée par des démons lors d'une attaque au village. Suki était trop jeune pour se souvenir de la mère qu'elle préférait, mais elle avait été la meilleure tueuse de démons du royaume.
Au village, Sennin était un médecin, mais les gardiens savaient la vérité. Il maîtrisait le lancement de sorts, et en savait bien plus que la plupart des humains dans le royaume. Shinbe sourit tristement tandis qu'il observait le vieil homme s'approcher.
Pourquoi as-tu l'air si morose, Shinbe ? Demanda Sennin en s'approchant.
Il le regarda en plissant les yeux avec sa vue vieillissante. Le gardien d'améthyste avait agi bizarrement ces derniers temps... et cela en disait beaucoup car selon lui, tous les gardiens étaient naturellement étranges.
Shinbe se leva tandis qu'ils approchaient, comme s'il les attendait, au lieu d'en venir presque aux mains avec Toya.
Suki regarda l'autel de la jeune fille derrière lui.
Est-ce que Kyoko est déjà rentrée ?
Shinbe regarda dans le vide avant de lui répondre :
Oui, oui elle est rentrée.
Kamui cessa de fouiller dans le panier à la recherche de quelque chose à manger et observa Shinbe avec attention, son sourire disparaissant et se transformant en inquiétude.
Pourquoi est-elle partie ?
Puis, comme s'il venait de s'en rendre compte, il plissa les yeux :
Qu'est-ce que Toya a fait cette fois ?
Shinbe tendit la main et la posa sur l'épaule de Kamui pour le calmer. Il savait que Kamui détestait quand Kyoko retournait dans son temps, autant que lui d'ailleurs.
Ãa va aller Kamui. Elle reviendra bientôt.
Ou du moins il l'espérait. Il grogna intérieurement.
Suki semblait troublée. Kyoko était revenue au milieu de la nuit. Elle n'avait pas eu la chance de lui parler sauf ce matin, quelques instants.
Est-ce qu'elle a dû le dompter ?
Shinbe jeta un coup dâÅil à la fille et sourit d'un air narquois :
J'en ai bien peur. Toya n'est pas de très bonne humeur.
J'imagine bien. Est-ce que tu sais pourquoi ils se sont disputés cette fois ?
Sennin le regarda en plissant les yeux tandis qu'il déplaçait son panier et marchait vers la cabane. Suki le suivit avec Kamui, qui était de nouveau en train de chercher de la nourriture dans le panier pour grignoter. Shinbe les suivit en essayant de trouver une réponse.