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L'Espion
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L'Espion

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–Moi, un envahisseur?! Avec mon cartable et mon chapeau? Je ne comprenais rien de tout ce qu’il se passait. Je pensais que je ne comprenais pas correctement les mots que j’entendais même si j’avais déjà mis la langue à l’épreuve dans plusieurs occasions.

–Ça suffit de plaisanter! Tout le monde est suspect jusqu’à preuve du contraire. Vous êtes en attente de passer devant la cour martiale.

–Mais de quoi vous en parlez? J’avais reçu l’ordre de me présenter ici au commandement.

–Reçu? Qui vous a envoyé ces ordres? Demanda-t-il très sérieux.

–Mm… Les ordres venaient de Washington.

–Montrez-les-moi! Il m’exigea avec impatience.

–Je ne les ai pas sur moi! Je suivais seulement ce qu’ils m’ont demandé, ils ne m’ont jamais dit que je devais apporter des documents.

–Ouais… pareil que les autres! Vous ne savez jamais ce que vous faites, vous ne suivez que des ordres! Vous n’êtes pas le premier espion que nous avons mis derrière les barreaux.

–Un espion? Je demandai encore stupéfié. Il venait de m’appeler «un espion», je ne pouvais pas y croire, il s’agissait vraiment d’un malentendu !

–Mais bien sûr! Ou pensez-vous qu’on vient de vous enfermer pour admirer la beauté de l’intérieur de nos bâtiments? Vous allez rester ici jusqu’au moment où notre gouvernement aura pris une décision. Priez pour que votre gouvernement veuille bien collaborer avec nous, sinon…

–Sinon…? Je demandai effrayé para la gravité de ses mots et ses intentions de me laisser là-bas.

–D’autres personnes comme vous ont passé du temps dans cette même cellule. Pas tous sont rentrés à la maison… il y en avait certains que nous avons pu utiliser comme monnaie d’échange, mais d’autres…

Je reconnaît d’être très effrayé à l’époque, mais parlons des monnaies, qu’est-ce que j’ai fait avec les miennes? Je dois passer acheter une baguette et je ne sais plus ce que j’ai fait avec mon argent. Il ne doit pas être trop loin… peut-être en cuisine? Normalement, on met le pain en cuisine.

Après avoir regardé partout dans la maison et après avoir levé tous les objets et avoir regardé dans tous les tiroirs, je me suis dit: «Il sera donc sur la table de la salle à manger, parce que c’est là-bas qu’on mange le pain. » J’entrai dans la salle à manger et je cherchai partout encore une fois. J’était un peu frustré, mais je pensai que ce n’était pas important et je m’assis sur mon fauteuil à côté de la porte vitrée pour regarder le jardin.

Combien de fois j’aurai pas mangé parce que j’ai oublié où j’avais mis mon argent, et c’est vrai que je le notais toujours sur mon petit cahier, celui que je portais tout le temps avec moi, mais souvent j’oublié aussi de le regarder.

Ce problème de mémoire ne fait qu’empirer… et c’est à moi! Moi, qui avais cette merveilleuse mémoire par images et qui étais capable de voir un message qu’une seule fois et de le retenir et le traduire plus vite qu’un ordinateur. Ma mémoire, qui m’avait permis d’enregistrer chaque rapport après toutes ces années de travail pour créer mon propre casier personnel.

Ma mémoire, s’il existe quelque chose dont je pouvais me vanter c’est d’avoir une très bonne mémoire, travaillé tous les jours à travers la lecture et les études parce que, bien qu’on se rend pas compte, les langues ont besoin d’un entraînement continue pour ne pas les perdre.

Elle est énorme, la quantité de temps que j’ai investi à l’étude des langues que je connais, ou que je connaissais, est-ce que je les connais encore? De toute façon, les langues sont une des choses que, curieusement, je comprends encore. Quand je regarde les chaînes internationales à la télé je suis les émissions sans problème! C’est justement ce qu’on dit du vélo, peu importe le temps qu’on passe sans s’entraîner, on ne l’oublie jamais.

En plus, les langues m’ont beaucoup aidé à évoluer professionnellement et a découvrir, même si cela peut sembler bizarre, plus de secrets que beaucoup de présidents, parce qu’ils ne voulaient que de résultats et c’était nous, en fait, qui savions ce qu’il fallait faire à chaque fois.

Mon travail en tant que mathématicien évolua au cours du temps. Je passai de traduire les messages des autres à créer des modèles de cryptage pour les miens. Il ne s’agissait plus de chiffrer deux ou trois mots pour les agents, mais d’obtenir une sécurité maximale pour tous les documents du gouvernement, de façon que si une filtration avait lieu, la lecture du document dérobé devait être impossible pour nos ennemis.

C’est comme ça que j’arrivai au département d’intelligence. Je ne m’y attendais pas. Il est vrai que je travaillais avant pour un bureau qui leur appartenait, mais maintenant je commençai à apprendre tous les secrets. Pour tous ces affaires que le gouvernement veut cacher ou essaie de dénier, c’était moi le premier à les lire et à les codifier. Un système à l’intérieur du propre système, une codification exclusive pour les documents et les messages «ultrasecrets», comme on aimait les appeler. Ces messages devaient être absolument illisibles, ce qui rendait le travail exténuant et beaucoup plus exigeant.

Il ne s’agissait plus de trouver des positions des ennemis, ou des avancées ou de trouver leurs agents de terrain. Maintenant il s’agissait des données les plus intimes et des détails les plus tactiques à propos des personnes les plus importantes du régime ennemi, à propos de ses membres de la famille, de ses amants ou de ses maîtresses… c’était une immense quantité d’informations essentielles que personne ne devait avoir dans ses mains sans autorisation.

Au début, cela n’était que des curiosités, comme ses magazines qui racontent des potins sur la vie des autres, mais petit à petit je commençai à m’intéresser à ces affaires. Pas à cause des personnes ou de leurs rapports, mais à cause des sujets qu’ils cachaient au public. Et oui, il était clair comme de l’eau de roche que je ne pourrais jamais parler à ces propos, parce que je risquais ma vie.

Il ne me traversa jamais l’esprit de raconter quelque chose à propos de ces documents, même en dépit de la gravité des événements où après, quand je regardais le journal télévisé, j’écoutais des absurdités et des excuses telles que: un accident chimique, un incendie qui apparaît sans cause spécifique, un avion qui tombe sans une explication raisonnable…

Cependant, les gens restaient tous tranquilles avec ce genre de justifications, s’ils y réfléchissaient un peu, ils se rendraient compte que cela n’était pas des nouvelles informations, mais plutôt d’une désinformation à l’échelle nationale. On inventait tellement d’histoires rocambolesques pour cacher les opérations du gouvernement ou des attaques ratées, mais s’il les arrivait quelquefois d’y penser, les gens comprendraient comment tout était bizarre.

Peut-être ils préfèrent seulement fermer les yeux et ne pas poser d’autres questions pour se sentir plus à l’aise et en sécurité, parfois j’entendais parler du bonheur de l’ignorance pour faire référence à ces personnes qui ne connaissent pas ce qui se passe autour d’elles, et ce fait leur donne une fausse sensation de bonheur.

Il y eût des centaines d’interventions dans le territoire américain qui sont fini de la même façon: cible neutralisé.

Au début je ne savais pas ce que cette expression voulait dire, mais après je vis que c’était évident que «neutralisé» voulait dire «éliminé», parce qu’une fois qu’on voyait ces mots dans un rapport, il n’y avait plus de nouvelles de cet agent. On classifiait tous les espions et on recevait des rapport périodiques à propos de leurs activités, les personnes avec qui ils parlaient, etc., jusqu’au moment où ils étaient neutralisés. Ensuite, plus rien.

Parfois, lorsque je reçois le journal sur mon porche, je me demande si tout ce que je lis sera la vérité. Il y a des nouvelles qui semblent absolument fausses, comme si c’était la faute au gouvernement. Même s’il fait quelque temps que je pris ma retraite, j’en suis sûr que le gouvernement aura continué à travailler au bénéfice de la patrie, ou comme mon supérieur de l’académie aimait nous dire: «La liberté n’est pas un cadeau qu’on reçoit de plein droit, il faut la prendre par la force».

Au moment de ma retraite, je découpais les nouvelles les plus bêtes des journaux (une plateforme pétrolière qui avait coulé à cause d’un tsunami, une explosion de gaz dans une région de l’Alaska…), tous ces informations sans rapports évidents, qui ne faisaient pas de sens, et j’essayais de deviner la vérité des événements. Lorsque je travaillait, je ne devais pas jouer au devinettes parce que je connaissais les faits, qui avait fait telle ou telle chose, combien de morts il y avait et comment nous allions tout justifier. Bien que les informations publiées aient été complètement absurdes, personne ne se posait de questions, même pas les familles des victimes, qui respiraient tranquilles avec les versions officielles, sans plus y réfléchir.

Quelques mois après, j’avais déjà une telle quantité de coupures et une idée si lointaine de ce qui se passait en réalité, que je décidai d’abandonner le travail. Il était impossible d’apprendre la vérité et de savoir si ces nouvelles étaient reliées en quelque sorte. En échange, quand je lis maintenant les journaux et je me croise avec l’une des nouvelles absurdes, je souris et je pense: Qu’est-ce qu’ils auront fait cette fois-ci?

Je dois admettre que je trouvai quelques aspects un peu bizarre dans toute cette histoire des espions… Je comprends qu’il était nécessaire d’avoir nos ennemis sous notre contrôle, mais je pense que parfois les menaces n’étaient pas tout à fait réelles et, de fait, c’était notre gouvernement qui essayait de «faire monter la température» pour avoir une réaction de la part des ennemis.

Je ne vois pas trop le sens de perdre la paix et la stabilité d’une période de calme, mais apparemment quelqu’un dans la haute hiérarchie devait s’ennuyer et profitait du moment pour embêter les ennemis et leur faire réagir. Il y a plein d’histoires et beaucoup d’entre elles ne portent pas sur un heureux dénouement, voilà pourquoi je me pose des questions sur les vrais propos qui se cachent derrière. C’est clair que les commerçants d’armes sont toujours très intéressés aux guerres du gouvernement et à qu’il soit toujours vigilant, qu’elles soient peu importantes ou très graves. Néanmoins, de l’autre côté nous avions aussi tous les militaires, dont l’existence n’aurait pas de sens dans un pays pacifique, et tous les politiciens qui construisent leurs discours sur la base du patriotisme et sur la lutte contre les ennemis. Qu’est-ce qu’ils feraient sans guerres? Comment pourraient-ils justifier toutes leurs dépenses?

Tous avaient le même objectif: maintenir un haut niveau d’action et d’intervention contre les ennemis, même si les ennemis changent au cours des années. Les nations alliées devenaient des cibles stratégiques, d’autres ennemis apparaissaient et, paradoxalement, les ennemis typiques de toute une vie devenaient des alliés essentiels dans une région spécifique.

En dépit d’avoir toutes les informations, je n’arrivais pas à résoudre toute l’équation ni ne comprenais les mouvements impliqués. Beaucoup de détails m’échappaient même si j’avais plus d’informations que certains généraux du gouvernement.

Toutefois, si l’on regardait toute la situation comme un échiquier, mon rôle avait évolué d’un simple pion à devenir une tour qui protégeait les secrets du gouvernement loin des pièces centrales, celles qui prennent en réalité toutes les décisions. Ah! Maintenant que nous parlons des échecs, je ne sais pas comment je peux continuer à jouer tous les jours avec mon problème de mémoire.

Je fus obligé à apprendre à jouer. Au début il me semblait un peu particulier, mais il m’aidait beaucoup à maintenir l’agilité mentale et à travailler avec les mathématiques. Cependant, peu après je n’avais plus d’adversaires parce que le reste perdait tout le temps et ils ne voulaient plus jouer avec moi, alors je dus apprendre à jouer tout seul. Je me trouvais face à un échiquier complètement pour moi et cela posait le problème de connaître les stratégies de l’autre couleur quand je changeait de position et m’obligeait à chercher des nouvelles stratégies pour repousser mes propres attaques. Enfin, les parties pourraient être interminables et je pouvais passer des jour à essayer de gagner.

Désolé, allons aux faits. Il était davantage difficile de suivre les parties d’échecs avec mon problème de mémoire parce que, à chaque fois que je me levais pour faire un truc, j’oubliais la couleur avec laquelle j’étais en train de jouer. C’est pourquoi je commençai à écrire des notes du genre «C’est le tour des blanches» avant de me lever, mais après j’oubliais même d’écrire ces notes et quand je regardais l’échiquier pour deviner ce qu’il fallait faire après, il me semblait aussi très difficile de penser aux mouvements.

C’était si étrange! Je me vantais avant de pouvoir visualiser toute la partie avant de la commencer, j’étais même capable de pronostiquer le mouvement avec lequel j’allais gagner la partie et maintenant, par contre, je n’arrivais pas à me concentrer pour savoir quoi faire. Il est justement de cette manière que le jeu des échecs est devenu une autre des bricoles que j’ai à la maison et qui après être utiles pendant des années, maintenant elles ne servent qu’à décorer la maison. Plein de ses objets sont cachés dans des tiroirs pour déblayer le terrain, mais je ne sais plus qu’est-ce qu’il y a dedans. Parfois je passe mon temps à ouvrir les tiroirs pour voir ce que je peux trouver et c’est surprenant! J’ai l’impression de voir certains objets pour la première fois, mais il est impossible parce que s’ils sont là, c’est que je les ai mis dedans. De toute façon je n’arrive jamais à me souvenir du moment ou de l’endroit où je les ai achetés. Est-ce qu’ils étaient à moiou ils étaient à quelqu’un d’autre qui me les avait prêtés? Et à quoi sert ce truc-là?

Même les plantes dont ma femme s’occupait avec tout sa tendresse sont tombées dans l’oubli. Bien qu’elle m’ait répété à chaque fois «Arrose-les un peu avant la sieste et elles resteront toujours avec toi», je fus incapable de me souvenir de cette petite instruction et à la fin elles se desséchèrent. Parfois la femme de ménage m’apporte une petite nouvelle plante pour égayer la maison, selon elle, et souvent elle m’indique à quelle fréquence je dois les arroser, mais les pauvres ne survivent jamais.

Je pense que je suivis déjà assez d’ordres dans ma vie et que j’ai largement accompli mon devoir patriotique, pour ainsi dire. Heureusement, je n’eus jamais besoin d’utiliser les armes, mais je ne suis naïf non plus, je sais que toutes ces informations sauvèrent la vie de beaucoup de monde, mais qu’elles menèrent d’autres personnes (surtout des espions du camp opposé) à la mort.

Heureusement pour tout le monde, les mathématiques sont limités et bien que nous manquions pas de fantaisie, il y aura toujours au moins un élément qui pourra être utilisé pour déchiffrer nos message. Il faut seulement consacrer du temps et faire un effort.

En agissant de cette manière, nous étions toujours au courant des avancées des ennemis, même si dans beaucoup d’occasions c’était mieux de ne pas intervenir pour ne pas montrer que nous pouvions lire leurs messages. Plus tard tout devint plus compliqué.

Après la Seconde Guerre Mondiale, notre pays obtint un rôle essentiel, puisque nous ne protégions plus seulement nos frontières, mais la paix du monde, alors tout notre travail devint plus difficile et je fus envoyé en Europe, où nous avions tous nos intérêts politiques à ce moment-là.

La menace des Nazis avait mis en échec tous les systèmes d’intelligence européens, et notamment le notre en dépit d’être si loin, quelque chose que je n’arrivais pas à comprendre. A ce moment-là, personne ne croyait à ce que ce mouvement populaire entraînerait un véritable danger, ni ne pouvait imaginer tout ce qui viendrait après, une catastrophe qui ne doit plus se reproduire. C’est pourquoi je fus envoyé là-bas, pour apprendre tout genre de détails dans l’évolution des européens en matière de décryptage et, à ma grande surprise, dans les dernières années ils avaient fait pas mal d’avancées. Je pus aussi me rendre compte des importantes avancées technologiques qui ont lieu en temps de guerre, et je ne parle pas seulement du développement de l’armement.

Je ne sais pas s’il s’agit d’une question de survivance ou s’il y aura d’autres facteurs impliqués, mais c’est évident qu’on fait des vrais progrès quand on trouve des menaces imminentes, et l’Europe est la preuve vivante. Il y eut toujours des menaces, d’un côté ou de l’autre, et il est clair qu’ils ont beaucoup avancé et qu’ils ont dépassé tous ces adversaires pour devenir des références mondiales dans des domaines multiples, même si ils durent se reconstruire depuis leurs fondations après la Seconde Guerre Mondiale.

Alors, j’en viens au fait! Je fus envoyé en Europe en tant que diplomate ou en tant qu’attaché culturel avec une mission: apprendre tout ce que je pouvais avec nos alliées (comme on leur appelait à l’époque) et, en échange, notre gouvernement leur offrait de l’assistance tactique pour aider à reconstruire leurs villes et leurs villages.

Au début tout se passait à merveille… c’est bon, pas tout! Après l’incident en Espagne j’appris à ne pas tenir les choses pour acquis et à assurer mes arrières. Quelqu’un avait essayé de me rayer de la carte et je ne m’étais pas rendu compte. Ces fausses instructions que je n’avais jamais vues m’avaient mis derrière les barreaux en attente d’un procès militaire.

Heureusement, à l’époque il restait encore quelques personnes qui ne me considéraient pas un traitre et qui tirèrent les ficelles pour m’aider à sortir du pays. Si je rentrais jamais en Espagne, je serais jugé sous peine de mort.

Je pensai vraiment que l’exile était beaucoup mieux que la mort, mais ils me laissèrent aux frontières avec la France, sans savoir quoi faire. Je n’étais pas encore à l’abri, je devais chercher une ambassade ou une base militaire pour essayer de contacter mon commandement, leur dire que je vivais et demander mes ordres.

Après tous genre de souffrances et de difficultés, je me débrouillai pour arriver en Angleterre, où je me sentis comme chez-moi. Je leur montrai mes documents à la frontière et, ensuite, ils m’envoyèrent à la base militaire la plus proche pour vérifier mon histoire. Quand ils furent sûrs que je disais la vérité, tout devint beaucoup plus simple.


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