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L'Espion
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L'Espion

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J’imagine qu’ils auront vécu leur propre vie, qu’ils seront en train de profiter de ses enfants ou même de ses grands-enfants, là où ils se trouvent. J’ai tellement besoin de ne pas être seul!

Le pire est la nuit. Au moment d’aller me coucher tous ces souvenirs m’envahissent, toutes ces expériences vécues à la maison, les expériences d’un vieil homme, on dirait! Une énorme quantité de moments qui eurent lieu jour après jour, tout au long de ma vie! Je me mets à y réfléchir, une idée entraîne une autre en me troublant le sommeil pendant des heures jusqu’à ce que je suis épuisé et je tombe raide mort.

D’autres fois, je n’arrive pas à dormir à cause des maux de mon âges. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre! Si je ne bouge pas pendant quelques minutes, j’ai mal au genou, ou j’ai mal au dos… Et ça continue jusqu’à ce que je m’endors.

Mais, bien entendu, mon réveil continue à sonner à six heures du matin, comme toujours depuis mes débuts au travail, quand j’étais beaucoup plus jeune.

D’après ma chère épouse, l’une des « manies » que je n’abandonnai jamais, y compris après prendre ma retraite et me libérer de mes obligations, c’est me lever avant l’aube.

Il s’agit probablement de la force de l’habitude ou, peut-être, c’est justement que j’aime bien planifier le matin. En tout cas, bien qu’elle essaya toujours de me convaincre, et avec ou sans soleil, je continuai à me lever à la même heure.

Tous les jours, immédiatement après me lever, je cherchais un endroit ouvert pour faire mes exercices, mes étirements et travailler un peu ma flexibilité. Juste pour m’étirer un peu avant de me laver le visage à l’eau froide.

« Le secret pour avoir une peau sans rides c’est l’eau froide tous les matins!» C’est ce que j’avais entendu dire à un acteur très âgé qui se vantait d’avoir la peau lisse.

A mon âge, je ne le fais pas pour des raisons d’esthétique ou pour ma peau, mais tout simplement pour m’éveiller. J’en avait vraiment besoin avant, quand je devais me préparer pour aller au travail et commencer la journée, mais là… Parfois je regards ma tête devant le miroir du lavabo et je me demande, «qu’est-ce que je fais maintenant?»

Je me lave encore le visage ayant l’espoir de trouver quelque chose à faire, mais rien… Je regarde ce miroir qui me renvoie une tête presque inconnue, des rides qui n’étaient pas là et qui couvrent totalement mon visage maintenant. Je vois aussi les mains…

Je ne suis pas sûr du sentiment que les autres ressentiront à l’heure de vieillir, mais pour moi cela n’a pas été agréable. Voir mes rêves et mes espoirs fondre dans le temps.

J’ai beaucoup accompli dans ma vie, mais ça sert à quoi? Qui va se rappeler de moi, de mon travail, de mes efforts? A quoi sert tout ce temps, ces milliers d’heures consacrées?

Peut-être au moment donné il y aura quelqu’un qui pourra se souvenir de moi, c’est vrai. Mais au-delà de ma famille ou de quelques amis, personne n’a montré aucun intérêt à ce que j’ai fait.

Oui, je sais, il y en a pire! Ma vie fut assez bonne, je travaillai toujours en ce que je voulais, mais en ce moment il n’y a que les souvenirs qui restent… et parfois même pas.

Il y avait des fois dont je me rendais au bureau juste pour regarder les centaines de vieux dossiers remplis de documents. Je m’asseyais, j’ouvrais l’un des dossiers et je le révisais afin d’évoquer les projets passés.

Tant de notes écrites avec du vrai enthousiasme… Je pensais que tout cela pourrait justement «faire la différence», comme le disent les jeunes d’aujourd’hui. Cependant, tout tomba dans l’oubli.

Les années s’écoulèrent et le sentiment de fierté que je ressentais au début devint une étrange sensation de curiosité. Je regardais les piles de dossiers sans savoir ce qu’ils contenaient ou quels sujets se traitaient dedans. Je les ouvrais pour découvrir sur quels sujets ils portaient et l’angoisse me prenait totalement. Bien sûr, ces documents étaient à moi, mais quand est-ce que je les avais écrits? Quand s’était tout passé?

Je reconnaissais mon écriture, au moins j’en étais sûr de quelque chose. Et elle était présente par tout dans les centaines de cahiers et de rapports distribués par la chambre, mais je ne reconnaissais à peine d’autres détails du temps investi dans ce travail.

C’était là que je commençai à me rendre compte de ce qui se passait. Je étais en train de perdre ma bonne mémoire et je n’arrivais même pas à identifier ce que j’écrivis un jour.

Mes papiers ne m’appartenaient plus, c’étaient des documents d’un inconnu qui écrivait comme moi. J’étais incapable de trouver du sens entre tous ces dossier.

Souvent, cela me rendait tellement furieux que je jetais tout par terre…. J’essayais de l’éviter mais… je ressentais une exaspération si profonde que j’arrivais à penser que ma vie n’avait à rien servi.

Plus tard, quand j’étais plus calme, je rangeais chaque document et, sans savoir pourquoi, je cherchais de les mettre à sa place, mais je ne me souvenais pas des contenus. Je ne pouvait que les classer par la date écrite à droite, dans la partie haute du manuscrit et, bien qu’il s’agisse d’une tâche extrêmement fatigante, je ne m’arrêtait pas jusqu’à ce que le puzzle soit résolu. Bien entendu, je n’arrivais non plus à respecter complètement l’ordre chronologique, mais au moins je réussissais à les classer par années.

De temps en temps, je m’assois devant la télé, allumée ou éteinte, et j’essaie de me rappeler de certains moments passés. Des moments où on ne racontait pas les vrais évènements au grand public pour éviter une alarme sociale, et j’imagine leur vie, à l’écart du péril qui les menaçait.

Ils étaient tous trop occupés pour se rendre compte du travail derrière son bien-être.

Je me souviens toujours de la première fois que j’entendis parler à ce propos. J’ai un don pour les nombres qui m’a toujours permis de me démarquer du reste, mais pendant mon service militaire, à un moment où personne ne le réaliserait, mon capitaine se rendit compte et m’offrit une promotion.

Je lui serai toujours reconnaissant de cette décision, car c’est lui qui m’offrit l’opportunité de rendre un grand service à ma nation et de sauver des nombreuses vies d’une mort certainement douloureuse.

–Vous avez un don! me dit le capitaine ce jour-là.

–Plutôt qu’un don, je pense qu’il s’agit d’un cadeau, répondis-je.

–Un cadeau? Il me demanda surpris.

–Oui, un cadeau du Créateur.

Le capitaine réfléchit, confus, pendant quelques instant et me dit:

– Ben, quoi qu’il en soit! Vous ferez un meilleur service en Pennsylvanie. Là-bas vous serez instruit pour des grandes choses.

–Mais… qu’est-ce que je vais dire à mes parents? Je répondis étonné et confus par ses mots.

–Ne vous inquiétez pas! L’armée s’en occupera de votre famille pendant que vous serez loin. Ce n’est pas ce que vous vouliez?

–Si, en effet, nous venons d’arriver ici et c’est une nouvelle langue pour eux. Nous avons quelques amis qui nous aident autant qu’ils peuvent, mais ils n’ont pas encore trouvé un travail.

–Pas de souci! Ils recevront la paie chaque mois ponctuellement! Mais vous devez aussi vous acquitter de vos obligations.

–Bien sûr, je ferai mon mieux! Je ne vous décevrai pas! Par contre, pourquoi la Pennsylvanie?

– Vous le saurez au moment donné. Je peux seulement vous dire: Allez faire que vos parents soient fiersde vous!

Celles-là furent les derniers mots – ou ordres, je ne suis pas très sûr!– qu’il me donna, puisque le lendemain deux soldats arrivèrent dans ma baraque pendant que je dormais entouré du reste du peloton, et me firent sortir de la base ou je passais mon instruction, pour m’emmener vers un avenir incertain.

Mais comment c’est bizarre! Je peux presque mâcher le sable levé par le jeep tout au long du chemin qui nous menait à la nouvelle base militaire.

C’était un jour particulièrement chaud, mais cela ne pourrait jamais dissiper l’émotion de découvrir finalement comment je pourrais utiliser mon don.

Après trois ans d’entraînement, je suis convaincu que je devais le savoir, mais l’écoulement du temps efface tout ce qu’il veut sans nous prévenir.

Quoique les noms les plus familiers soient disparus de ma mémoire, il y a longtemps j’élaborai une méthode par laquelle je notai tous les noms, les dates et les évènements importants dans ma vie et, de temps en temps, je prends une feuille blanche et j’essaie d’écrire une liste avec tout ce dont je me rappelle encore.

C’était un jeu d’enfants! Au moins au début… Comment allais-je oublier le nom de mes grands-enfants? Ou la date de mon mariage! Mais au fil du temps, dans mon désespoir, cette feuille que j’essayais de remplir restait de plus en plus vide, jusqu’au jour où j’oubliai même où je l’avais mis et, avec elle, j’oubliai toutes les dates, les noms et les évènements dont je croyais impossibles d’oublier.

Je me rappelle du jour où on acheta le grille-pain qui est en cuisine. On s’était beaucoup disputé à cause de la couleur. Elle préférait le jaune citron et moi, l’argenté.

A la fin c’est moi qui cédai, comme toujours. Mais c’est normal car dans toutes nos disputes –pour les appeler ainsi– étaient causées par des questions sans importance, alors pourquoi pas céder? Peu importait la couleur du grille-pain!

Elle se sentait à l’aise comme ça, quand elle organisait tout à sa façon. Je n’étais pas du tout convaincu par ces couleurs criards, mais elle disait toujours «Ça va beaucoup égayer l’atmosphère!»

Maintenant, par contre, je ne me souviens plus du moment ou il tomba en panne… comment s’était-il cassé? Ou pourquoi je ne l’utilise plus? Peu importe, ce n’est que des bricoles! Comme toutes les autres que je retrouve par tout dans la maison. Je ne sais même pas à quoi servent…

Quand j’ouvre les tiroirs je trouve vraiment tout genre de trucs, des casseroles ici, des outils de travail par là, des boîtes vides dans l’autre… Mais quel entassement de trucs inutiles!

Dans l’un des tiroirs je trouvai une boîte à outils qui m’appartenait, à moi, qui jamais ne touchai une ampoule! Qu’est-ce que j’allais faire en ce moment avec cela? Après quelques instants d’y réfléchir et d’essayer de me rappeler si on l’avait jamais utilisée, tout simplement je fermai le tiroir.

Elle me manque tellement, ma femme! Si au moins je savais où elle est… Au ciel, bien entendu! Mais comment c’est loin, le ciel!

Il est tout à fait clair qu’elle est l’une des personnes qui méritent vraiment se reposer. Elle était toujours prête à aider tout le monde dans tout ce qu’il fallait, sans la moindre lamentation et toujours avec un sourire.

En fait, elle ne se plaignait jamais du temps qu’elle passait toute seule lorsque j’étais coincé au bureau ou quand je partais en voyage de travail pendant des semaines.

A mon retour, elle m’attendait avec son grand sourire et, bien qu’elle savait que je ne pouvais rien lui raconter, elle me demandait avec sa voix chaude comment s’était tout passé.

Parfois, lorsque je me lève et après m’avoir lavé et avoir fait mes exercices, je m’assieds à table dans la salle à manger et j’attends… et j’attends… et à peine je me rends compte qu’elle n’est pas là pour m’apporter le petit déjeuner, une peine insupportable m’arrive et je n’ai plus envie d’aller le préparer.

D’ailleurs je n’aimai jamais trop être en cuisine. Je n’aime pas cuisiner. Seul quand il le fallait je donnais un coup de main et je faisais mon mieux, par exemple, pendant ces fête où il y avait plein de monde et ma femme ne pouvait pas s’en sortir.

Je préférais mettre la table et m’occuper de la vaisselle après manger, ou aller faire les courses s’il le fallait, mais rien d’autre.

En échange, dès qu’elle était partie et même si je traitais par tous les moyens de ne pas entrer dans «son territoire», j’avais l’impression de passer tout mon temps là-bas maintenant.

C’est vrai que je n’avais pas réalisé du travail qu’entraînait la cuisine, toute ces heures qu’il faut investir et, en plus, sachant qu’elle ne touchera plus ces objets qui ne l’appartenaient qu’à elle.

Beaucoup d’autres fois, je restais tout simplement en silence… en attendant d’entendre du bruit ou des rumeurs en cuisine comme ceux qu’elle faisait pendant qu’elle préparait à manger le soir, ou l’écouter chanter pendant qu’elle arrosait les plantes… mais qu’est-ce que je fais là? Je ne sais pas, mais elle me manque trop, ça c’est sûr!

Après prendre ma retraite, je restai en contact avec mes anciens collègues parce que je voulais me tenir à la page sur tout ce qui échappait à mon contrôle, mais en dépit des efforts et des heures passées à étudier tout au long de ma vie, on dirait que le temps ne s’apitoya pas de moi.

En réalité la liste de personnes avec qui je parle est de plus en plus petite, car certaines sont parties loin et d’autres, simplement, ne veulent rien entendre à propos des affaires du gouvernement.

Il y a aussi d’autres qui ne sont plus dans ce monde, et je remercie la vie de m’avoir offert un autre jour, mais il fait longtemps que je ne tiens plus les comptes des jours. D’ailleurs si je ne portais pas mon bloc-notes avec moi tout le temps, je ne connaîtrais même pas le jour de mon anniversaire.

J’écrivis les données les plus importants de ma vie dans ce petit cahier: mon nom, mon adresse, ma date de naissance, mes commissions à faire pendant la journée, les personnes à appeler si j’ai besoin de quelque chose…

Curieusement, cette dernière liste est de plus en plus réduite, certains numéros sont déjà barrés. J’imagine qu’ils auront changé de numéro ou qu’ils seront décédés…

Mes mémoires! Combien de fois m’auront-ils proposé de les écrire pour signaler ce que je vécus, pour raconter mon histoire aux générations à venir et qu’elles puisent tirer leurs propres conclusions. Bien entendu je ne pouvais pas le faire! Je signai une foule de contrats et de politiques de confidentialité dans lesquelles je prêtais serment de silence absolu sur tous les aspects de mon travail.

Si je révélais l’un seul des secrets militaires dont j’avais connaissance, ce serait comme signer mon arrêt de mort.

Je sais, cela peut sembler un peut radicale, mais il s’agit tout à fait de la vérité. J’avais déjà vu tous ces enthousiastes qui voulaient se lever, faire entendre sa voix et crier les secrets du gouvernement sur tous les toits. Je vis même des journalistes qui étaient prêts à tout publier à l’une des journaux… Après, ils disparurent tous du jour au lendemain, aussi simple que cela.

Parfois dans des accidents de voiture ou au baignoire à la maison… Bien sûr, il s’agissait toujours des «raisons officielles» des disparitions, deux ou trois jours avant la publication des informations afin d’enlever ces personnes de sa place.

C’est quelque chose qu’on apprit dès le premier jour: On ne plaisante pas avec le gouvernement! Ils sont au courant de tout ce qu’il se passe et les fuites son absolument interdites. Même quand il y en a certaines, c’est par sa main, parce que rien ne touche la surface sans être autorisé. Pendant tout ce temps, je ne pus que fermer la bouche et détourner le regard, faire comme si tout se passait normalement, comme si l’on n’avait pas d’autres choix pour notre société, quand ce n’est pas le cas.

Je essayai de compiler mes propres documents pour tenir des registres d’activité, mais il ne fut jamais possible. Le moment que j’abandonnai l’armée, comme par hasard, ils confisquai tous mes effets et je n’eus droit qu’à prendre mes habits. Après tous les informations que j’avais recueilli et dans ma position, avec une maison propre dès que j’arrivai dans l’armée, maintenant je n’avais qu’une petite valise et le numéro de compte où je recevrais ma retraite pour le reste de ma vie.

Après cela, je passai des mois dans mon bureau en cherchant à me rappeler de tout ce savoir, de toutes les données et tentant de les enregistrer pour créer mes propres archives, une tâche exténuante qui me donna le seul résultat d’avoir un bureau enterré sous les dossiers et pour rien… Lorsque j’entrais dans cette chambre je me sentais fier de mon travail, d’être capable de recueillir un telle quantité d’informations et de la classifier, mais à ce moment, je ne vois que des piliers de dossier. Après lire le titre écrit sûr chaque dossier je pense qu’il doit porter sur quelque chose d’important, mais ça fait longtemps que je perdis toute curiosité à ces propos.

Je dirais qu’il ne s’agit que de vieux documents et de situations passées dont tout le monde s’enfiche, des secrets du gouvernement qui tombèrent dans l’oubli. L’énorme quantité de vies qui ne sauront jamais qu’elles furent sauvées, tout le travail pour y réussir et toutes les situations qui pourraient être passées et dont le monde ne connaît rien.

« Un changement dans l’histoire » c’est les mots du commandant qui nous donna notre première mission. Je venais de finir mon instruction après un entraînement impitoyable et, contrairement à ce que j’avais imaginé, il ne s’agissait pas d’une activité physique, mais intellectuelle. Dès le premier jour, je devais assister au cours de langues et de mathématiques et, peu après, je commençai mes cours particuliers dans un domaine dont je n’avais jamais entendu parler: la cryptographie.

C’est un art, pour ainsi dire, c’est la capacité de cacher des messages à la vue comme déjà le faisaient les anciens grecs et qui consiste à faire des variations sur un texte, bien dans la position des lettre ou dans une lettre en particulier, pour envoyer un message et que personne d’autre que le destinataire puisse le déchiffrer sans le code.

La machine Enigma était tout ce que nous étudiions pendant toutes nos leçons parce qu’elle était le sommet du développement mathématique pour la codification de messages. Au début, je la trouvais un peu trop compliqué, mais après recevoir les explications des processus mathématiques simples et reliés, tout devint beaucoup plus facile à comprendre. Il faut seulement rendre un message difficile à lire, au moins pour les ennemis, parce que pour le destinataire le message devrait être simple et très clair. Je lis autant de messages codifiés que parfois je me voyais dans mes rêves à les déchiffrer. Les nombres et les secrets, qui pourrait penser qu’il existait une relation si étroite entre eux?

Lorsque je commençai mon travail, je me sentais si enthousiaste que j’essayai de créer mes propres codes de décryptage. En même temps que nous déchiffrions des messages qu’on avait capté, on nous demandait aussi de créer des nouveaux systèmes. Au début ces messages étaient seulement un test et ils contenaient des phrases du genre « Très bien! » ou « Tu as beaucoup amélioré! » , mais plus tard, nous commençâmes a décoder des vrais messages utilisés auparavant pour communiquer une position ou le nom d’une base militaire ou d’une mission.

Ensuite nous commençâmes à travailler avec des messages de «nos ennemis » , comme on les appelait, même si nous ne savions pas qui les envoyait. Il s’agissait des messages captés que nous devions déchiffrer sans la moindre possibilité d’erreur. Voilà pourquoi les langues étaient si importantes. A différence du reste des messages, ceux-ci n’étaient pas écrits en anglais, alors la première chose à faire était d’identifier la langue d’origine pour pouvoir décrypter le message après.

Quelques langues étaient assez faciles à identifier, comme le français ou l’allemand, parce qu’ils ont des accents très caractéristiques qui permettent de les reconnaître toute de suite, mais il y en avait d’autres, comme celles de l’Est de l’Europe, qui étaient vraiment compliquées à identifier. Même si nous arrivions à identifier les origines régionales, l’influence du russe rendait la différence entre les caractères bien plus dure pour découvrir à quel pays du Rideau de Fer nous devions faire face.

Apparemment nos ennemis avait les mêmes ordres que nous de tout compliquer au maximum. Si nous arrivions à déchiffrer un code, le suivant était toujours beaucoup plus compliqué en termes mathématiques. Cependant, tous nos efforts valait bien la peine puisque arrivions à arrêter des espions, à capter des transactions qui portaient sur des données volées ou même à empêcher certaines attaques à petite échelle. Mais ce n’était que des vétilles dans notre registre des succès.

Au fur et à mesure que nous avançâmes dans notre travail, le nombre descendait parce que nous étions affectés dans d’autres villes du pays en tant que spécialistes d’intelligence pour collaborer avec les différentes agences du gouvernement. Bien que nous nous ayons écrit souvent pour partager notre progrès, le travail devint davantage solitaire, ou plutôt, plus numérique dès que les machines du début devinrent des ordinateurs d’une importance vitale pour notre travail.

Il ne fallait plus réaliser des grands calculs pour trouver les valeurs de remplacement, il suffisait d’introduire les paramètres dans la machine pour qu’elles aient fait le travail pour nous. Bien sûr, c’était essentiel d’introduire les paramètres corrects pour avoir un bon fonctionnement des machines et c’était là que notre travail devenait plus dangereux. Dans d’autres métiers cela ne supposait que le retard dans la sortie d’un avion, ou la perte d’un courrier, mais dans le notre cela posait le problème de perdre l’avantage sur nos ennemis et l’opportunité de savoir ce qu’ils pensaient ou comment ils allaient agir.

Évidemment on comptait sur l’ignorance de la population. C’est vrai que les médias parlaient de la tension entre les nations et qu’il y avait des personnes qui étaient conscientes des politiques développées de l’autre côté du Rideau de Fer, mais personne ne connaissait la guerre d’intelligence qu’on menait chaque jour.

Au début les tâches étaient assez simples: bien nous traduisions les messages, ou bien nous ne les traduisions pas. C’est à dire, lorsque nous traduisions un message, il acquérait une signification spécifique et nous arrivions à le lire mais, si nous n’avions pas le code, c’était impossible de connaître le vrai contenu du message, alors il fallait recommencer à essayer tous les codes jusqu’à trouver du sens.

« A 11h à l’ambassade », « Sous la sculpture de… », « On est toujours dans le sud, près des frontières… »

Parfois il s’agissait tout simplement de petits fragments de texte, de petites instructions très spécifiques adressées à quelqu’un qui devait agir et, dans la plupart de cas, nous ne savions pas qu’est-ce qu’ils voulaient vraiment dire. Notre mission portait seulement sur la traduction des messages. Ensuite, c’était l’armée qui prenait les mesures pertinentes après connaître l’émetteur et le contenu du message, et ce n’était pas à nous de juger leurs décisions.

Les situations les plus difficiles arrivaient quand un message pourrait avoir plusieurs significations et il nous pris du temps de nous rendre compte parce que nous suivions toujours la même stratégie: décoder et envoyer. La hiérarchie militaire commença à se plaindre et à nous dire à chaque fois que « nous n’avions pas mis dans le mille ». Nous n’arrivions pas à comprendre ce qui se passait. Nous avions déchiffré et trouvé le message comme toujours: « Derrière le troisième arbre », « A 11h dans notre endroit ».

Les contenus étaient les mêmes de tous les jours et nous avions bien fait le décryptage, mais nos patrons n’étaient pas contents. C’est la vie, parfois on pense que nous sommes en train de faire notre mieux et que cela suffira et, tout d’un coup, la situation change du jour au lendemain.

Je me souviens encore de mon déplacement en Espagne. Je connaissais la langue et quelques traditions de la population, mais guère davantage. J’avais toujours pensé que si jamais ils me faisaient changer de poste, ils m’auraient envoyé à Washington, ou s’il s’agissait de l’étranger je pourrais être réassigné à Londres ou à Paris, mais Madrid? Qu’est-ce que j’allais faire à Madrid? C’est décision ne faisait qu’élargir ma curiosité pour découvrir ce que j’allais faire en tant que mathématicien spécialisé en cryptage et décryptage de messages.

J’essayais de travailler tout ce que je pouvait, faisant de mon mieux, mais les chefs continuaient à rejeter mes résultats. Ce n’était pas que j’échouais ou que je ne travaillais pas bien, mais ils me disaient qu’ils étaient arrivés au moment indiqué ou à l’endroit établi, et qu’il n’y avait personne, pas d’espions et pas de troupes. J’étais étonné et la pression augmentait à chaque fois.

Ah, l’Espagne! Quel pays! Il changea complètement ma façon de vivre. Au début je ne parlais avec personne et à peine je ne sortais de l’ambassade, qui était ma zone de confort. Lorsque je ne connaissais personne, je préférais d’y rester et de lire quelque chose. Cependant, peu après, les autres employées commencèrent à m’inviter à des fêtes et je ne pouvais pas dire non parce que je faisais partie du personnel.

Je n’adorais pas les fêtes, et encore moins le bruit des espagnols avec ces chants et ses danses que je ne comprenais pas et qui me semblaient si bizarres. J’essayais de comprendre les paroles pendant que je voyais tous ces mouvements des danseuses, mais je n’arrivais pas à trouver du sens à tout cela. Quelques mois après mon arrivée, je reçus l’ordre de me présenter auprès du commandement, une institution militaire espagnole. Je ne savais pas ce qu’ils voulaient, mais comme on le sait déjà, il faut toujours suivre les ordres sans y réfléchir!

Dès le moment que je mis les pieds dedans, je fus arrêté, ils confisquèrent toutes mes affaires et me laissèrent dans une cellule pendant des heures.

–Vous avez choisi le pire des moments pour sortir de votre ambassade! Me dit le capitaine, la première personne avec qui je pus parler.

–Excusez-moi? Je demandai étonné.

–Votre pays se trouve en état de guerre! Il me dit.

–En état de guerre? Mais qu’est-ce que vous dites? J’étais complètement surpris et je pensais de mal comprendre.

–Et en tant que militaire, vous êtes interdit de sortir dans la rue! Continua-t-il.

–Mais je n’étais pas dans la rue… je venais vers cet endroit.

–Quoi qu’il en soit, vous êtes un envahisseur de notre pays et, par conséquent, vous êtes arrêté.