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Je me douche rapidement et je regarde quoi porter. Ces soirées-là, je laisse derrière moi Mariana, élégante et professionnelle dans ses tailleurs et robes, et je deviens Mari, jeune femme joyeuse et espiègle.
Je choisis un jean skinny délavé, un t-shirt noir à paillettes et une paire de chaussures à talons. Je sèche mes cheveux et les laisse libres et ondulés, si différente de la façon dont je les porte au bureau. Pendant que je me maquille, je mets de la musique et je chante, mais très faux.
J'ai une grande affinité avec le monde musical. J'aime tous les types de musique, et j'aime chanter et danser. C'est pourquoi les vendredis soir sont si importants pour moi. Ce sont les seuls moments où je peux libérer toute l'énergie que j'emmagasine toute la semaine.
J'applique mon maquillage, en soulignant mes yeux avec de l'eye-liner, et une légère touche de rouge sur mes lèvres. Je regarde le résultat dans le miroir et je suis satisfaite avec la Mari fêtarde que je vois. Je suis en train de préparer un petit sac à main quand mon portable sonne.
"Mariana, tu as une mère tu sais ?" dit ma mère en riant.
"Salut, maman. Je sais ! Comment vas-tu ?"
"Je vais bien ! Tu sors avec Lais ? Elle a dit à sa mère qu'elle allait à Lagoa."
Nos mères sont toujours en train de cancaner et comploter pour obtenir des informations de notre part.
"Oui. J'allais justement partir, maman. Nous allons à un concert."
"Attention à toi, ma chérie. Et prenez un taxi."
"Bien sûr. A bientôt, maman." lui dis-je, amusée par notre conversation. Je chantonne encore quand je pars rejoindre Lais.
Après avoir attendu près de quarante minutes que Lais se prépare, nous avons enfin appelé Luiz, le chauffeur de taxi à qui nous confions tous nos trajets lorsque nous sortons. Nous sommes excitées, nous rions et plaisantons tout le long du chemin, jusqu'à ce que Lais devienne soudainement sérieuse.
"Quoi ?" Je lui demande, inquiète.
"Je ne sais pas, j'ai... Un étrange pressentiment."
"Étrange comment ? Oh, mon Dieu ! Je déteste ces histoires de sixième sens." dis-je d'un ton geignard. Il semble qu'à chaque fois que quelqu'un dit avoir un étrange pressentiment, quelque chose d'affreux arrive. Luiz me regarde et fait le signe de croix trois fois.
"Je ne sais pas... Comme si quelque chose allait se passer, tu sais ? Quelque chose d'énorme."
"Peut-être que tu vas te trouver un petit ami." dit Luiz, et nous rions tous les deux.
"Oh, Luiz, je ne pense pas. Il y a plein de gens riches là où nous allons. Ils ne nous regarderont même pas. Et si nous leur disons où nous vivons, ils prendront leurs jambes à leur cou. Nous y allons juste pour danser et nous amuser." dit Lais et nous rions ensemble.
Et elle a raison. Quasiment à chaque fois que nous sortons, si nous rencontrons des mecs qui vivent dans le sud de la ville, rien ne se passe. Nous savons qu'il y a le problème de la distance, et c'est compréhensible. Ils habitent loin, avec beaucoup de belles femmes qui vivent dans leur voisinage. Aucun homme ne veut ce genre de complication ; à moins d'être fou amoureux.
“Tant pis pour eux. Vous êtes gentilles, jolies et vous avez un job. Si mon fils était un peu plus âgé, je l'encouragerais à sortir avec l'une de vous." dit Luiz, et Lais et moi rions en pensant à son adorable garçon de douze ans.
En peu de temps, nous traversons le tunnel et arrivons dans le beau quartier de Lagoa. Il fait chaud et la nuit étoilée augure une super soirée. Luiz arrête le taxi devant le bar, nous le payons et il nous dit d'appeler quand nous voudrons rentrer. Nous avons toujours procédé de cette façon.
Barzinho est une vieille maison en briques qui abritait autrefois un club privé. Le bar est au rez-de-chaussée, et les tables sont occupées par des clients qui sirotent leurs boissons. A l'étage, il y a une piste de danse avec une petite scène.
"Tu veux boire quelque chose, Mari ?" demande Lais. Je lui fais "non" de la tête, car je meurs d'envie de danser. Elle m'a comprise et se met à rire. Nous montons l'escalier, qui est bondé.
Le groupe est en train de jouer une de mes chansons préférées. Nous sommes arrivées depuis à peine une minute, mais Lais et moi sommes déjà en train de danser et chanter. Quand le rythme de la musique ralentit, je réalise à quel point j'aimerais avoir quelqu'un à mes côtés, pour me tenir compagnie. Même si j'ai souvent été déçue par mes relations amoureuses, ce serait bien d'avoir quelqu'un avec qui danser un slow.
Les heures passent et nous chantons toutes les chansons que le groupe joue. Lais et moi dansons, parlons et rions.
Je suis en train de chanter quand un sentiment étrange s'empare de moi. C'est comme une étrange vibration ; comme l'appel de quelqu'un, mais je ne sais pas d'où ça vient. Je regarde autour de moi et ne vois rien, mais je sens des papillons dans mon ventre et des picotements sur ma nuque. Si j'avais bu de l'alcool, je mettrais cela sur le coup de l'ivresse, mais nous n'en avons pas bu une seule goutte. Enfin, je tombe sur une paire d'yeux bruns séduisants et familiers. Quand je vois ses fossettes, je me sens soudainement prise de vertige.
Que suis-je censée faire quand là, dans le club, mon patron sexy me regarde comme si j'étais une délicieuse glace ? Bien sûr, une seule chose m’est venue à l’esprit... Je me suis enfuie !
Je n'ai pas l'habitude de sortir le vendredi soir, surtout après un voyage ; mais Rodrigo a tellement insisté que je n'ai pas pu refuser. Un de nos amis d'université fête son anniversaire et Barzinho est près de chez lui.
"On y va, on reste une heure ou deux, puis on rentre." "Tu te fais vieux, mon gars !" se plaint Rodrigo. Je finis par accepter de les suivre. C'est plus simple que refuser et me l'entendre rabâcher pour le reste de ma vie.
Après mon vol, je rentre à la maison et prends une douche rapide. Je ne prends même pas la peine de me raser. Je mets un jeans et une chemise blanche.
Ce que j'avais espéré être une soirée tranquille, à discuter entre amis, se transforme rapidement. Je viens d'entrer dans le club quand je sens quelque chose dans l'air. C'est troublant, comme si quelque chose est sur le point de se produire. Je regarde autour de moi. Rodrigo nous raconte une histoire drôle et soudain je la vois. Enfin, je crois que je la vois. Elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Mais je suis sûr d'avoir vu Mari danser. Je ne peux pas être si lié à elle que je m'imagine déjà des choses.
Je regarde attentivement autour de moi et je ne la vois plus. Mon Dieu, peut-être que je deviens vraiment fou. Je hausse les épaules et essaie d'oublier son sourire, quand Rodrigo annonce qu'il part en chasse. Sa remarque me fait rire et je l'observe en essayant de deviner qui sera sa "proie". Mon cœur bat la chamade et pendant une seconde, je me demande si je vais devoir me battre contre mon ami, mais il se tourne pour parler à la blondinette à côté d'Elle. Oui, Elle. Je savais que je n'étais pas fou.
Je reste en retrait, où elle ne peut pas me voir, et je l'observe simplement. Elle est si différente de la Mariana avec laquelle je travaille. Elle est belle et sexy, apprêtée et détendue. Le groupe joue et elle chante à tue-tête, comme si elle se produisait sur scène.
Pendant quelques minutes, je reste là, à admirer la femme qui a si aisément volé mon attention, comme personne auparavant. C'est drôle parce que Mari ne ressemble en rien aux femmes que je fréquente habituellement. Elles sont généralement très minces, blondes ou rousses, habillées de manière à attirer mon attention. Elle est totalement différente. Oui, elle est bien habillée et maquillée, mais elle a l'air authentique, comme une femme avec de belles courbes et non une poupée vide.
Je ne suis pas du genre à faire des compromis, et je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un avec qui je voulais construire une relation. La plupart des femmes que je fréquente semblent simplement vouloir être vues au bras d'un homme influent, se trouver un mari riche ou poser pour la prochaine couverture de Be... Mais Mari semble différente.
Le groupe joue sa prochaine chanson, je la regarde chanter. La façon dont elle prononce les paroles : "le désir d'être embrassée sans fin", éveille quelque chose en elle. Ses yeux semblent changer de couleur, et cela me donne aussi une impulsion : celle de la suivre. Je la contourne pour essayer de la surprendre. Je l'approche par l'arrière, et avant de me dégonfler, je passe un bras autour de sa taille et murmure le couplet suivant dans son oreille.
Cadu
Vous savez ce moment où vous avez l'impression que le monde s'arrête ? Comme si quelqu'un venait d'appuyer sur le bouton "pause" d'une télécommande, et que soudain tout ce qui vous entoure disparait ?
Ouais, je ne savais pas non plus ce que cela faisait, jusqu'à ce que je sente le bras de Cadu autour de ma taille et que je l'entende chanter dans mon oreille.
Bien entendu, je me précipite immédiatement aux toilettes. Lais me secoue et me dit de respirer, car j'agis comme une tarée. Hé, ne me regardez pas comme ça. Vous savez depuis combien de temps je suis célibataire ? Deux ans ! Ma dernière relation amoureuse s'est terminée péniblement. Il était extrêmement jaloux et depuis, je ne fais plus confiance aux hommes. Sans compter que je n'ai jamais embrassé un homme comme Cadu. Jamais. Croyez-moi, je m'en serais souvenu ; même d'une simple bise.
Lais me dit d'inspirer et expirer comme je l'ai appris dans une vidéo. Après cela, elle me reproche d'être idiote et exige que j'agisse comme la femme adulte que je suis. Je réussis à me reprendre et à la suivre jusqu'à la piste de danse, en essayant d'être calme et mesurée, mais tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi en courant. J'ai peur de ce que je ressentirais si je m'implique, même s'il ne s'agit que d'un flirt innocent, parce que je sais qu'il est le genre de mec à pouvoir me séduire en un clin d'œil. Sans compter que c'est mon patron !
On sort des toilettes et je regarde autour de moi, mais il n'est pas là. Est-ce que j'ai rêvé ? J'ai du mal à croire que mon imagination me joue des tours. On fait le tour de la piste de danse, pour être sûres, et je peux enfin me détendre quand je ne vois mon patron sexy nulle part. Je pousse un soupir de soulagement, puis je laisse la musique m'emporter. Le groupe est vraiment bon et il joue le genre de musique que j'adore.
Mais pendant un slow, tout change. Je ressens à nouveau cette sensation étrange : des papillons dans le ventre et un frisson qui parcourt ma colonne vertébrale. Je regarde autour de moi et ne vois rien. Lais parle à un gars sexy qui la drague. Je continue à danser, seule, avant de sentir un bras m'entourer et une voix rauque à mon oreille.
J'essaie de m'éloigner mais il ne me laisse pas faire.
"Reste avec moi, Mari. Je veux danser avec toi." me murmure Cadu et je ne peux pas refuser. A vrai dire, je ne peux pas parler. Je suis devenue muette et j'ai l'impression que mes jambes sont faites de gelée. S'il me lâchait, je tomberais comme une poupée de chiffon.
Il me garde contre lui. Son corps est chaud et encore plus musclé que je ne le pensais. Il fait probablement beaucoup d'exercice pour avoir un corps comme ça et, tout à coup, je me sens mal à l'aise. Je redoute sa main sur ma taille. Il va sentir toute la graisse que je préfèrerais garder cachée. Merde.
Je l'entends sentir mes cheveux. Il respire profondément et me colle encore plus à lui. C'est à ce moment-là que tout ce qui nous entoure disparaît. Il me tient d'un bras et caresse mon cou, mes cheveux et mon visage de l'autre. Le groupe continue de jouer. Lais et l'autre gars sont juste à côté de nous, à s'embrasser comme si rien d'autre ne comptait, et je suis dans un club en train de danser avec mon patron sexy, sans savoir comment réagir. Ça change tout, et même si j'ai peur, je me laisse emporter. Sa caresse est délicate et sensuelle. C'est comme s'il essayait de découvrir chaque centimètre de mon corps sans se montrer trop envahissant pour un premier rendez-vous.
Mains sur ma taille, il me fait pivoter pour que nous soyons face-à-face. J'entends à peine la musique. Puis, il se met à chanter à mon oreille. Les paroles évoquent désir et sentiments inexplicables. Elles me sont dédiées, car ce que nous sommes en train de vivre défie toute explication. Je suis bien incapable d'en donner une.
Sa bouche explore mon oreille et descend le long de mon cou. Son baiser est doux, mais provoque les sensations les plus fortes que j'aie jamais ressenties. Sa bouche dépose de petits baisers sur la trace laissée par sa barbe.
Les heures passent sans que je m'en rende compte. Je ne sors du brouillard que quand Lais m'appelle pour me dire qu'il est temps de rentrer.
"Bébé, je vais te ramener chez toi." lui dit le gars qu'elle embrassait, mais elle secoue la tête et sourit.
“Pas besoin. C'est vraiment loin, et de toutes façons, j'ai déjà demandé au chauffeur de taxi de venir nous chercher."
Ils continuent leur discussion et Cadu me tourne à nouveau vers lui.
"Reste avec moi, Mari." dit-il.
"Rester avec toi ? Je ne suis pas... Je ne suis pas du genre à..." J'essaie de lui expliquer que je ne suis pas une femme facile comme celles avec qui il sort habituellement, mais il m'interrompt.
"Non, ma belle. Nous ne ferons rien d'autre que ce que nous venons de faire. Je veux juste t'avoir dans mes bras un peu plus longtemps. Je ne suis pas prêt à te voir partir." Sa voix est encore plus basse et il me regarde dans les yeux, anxieux de me voir accepter.
"Mais alors... Comment vais-je rentrer chez moi ?" demandé-je, et il m'interrompt à nouveau.
"Je te déposerai."
"J'habite loin, Cadu." expliqué-je, mais il secoue la tête,
"Pas en voiture, non. Et encore moins à moto. S'il te plaît ?" demande-t-il, et je suis incapable de refuser.
"Lais, vas-y." dis-je à mon amie.
"Oh mon Dieu ! Quoi ?! Tu es sûre, ma chérie ?" demande-t-elle, surprise par mon comportement inattendu.
“Non... Mais je ne peux pas refuser... Je ne sais même pas pourquoi." ajouté-je, et elle sourit. "J'ai juste besoin d'être avec lui un peu plus longtemps." Elle me regarde d'un air surpris, puis acquiesce et me serre dans ses bras.
"Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit." me dit-elle avant de lui dire : "Je ne la laisserais pas avec toi si elle ne te connaissait pas ; mais ce n'est pas le cas... "
"Ne t'inquiète pas, j'appellerai." Nous nous disons au revoir et elle sort prendre le taxi, accompagnée de son gars, dont j'apprendrai le prénom plus tard : Rodrigo. Je me tourne vers Cadu qui sourit, toutes fossettes apparentes. "Et maintenant ? Le bar va fermer." dis-je en essayant de deviner où il pourrait bien m'emmener à trois heures du matin.
"Tu as faim ?" demande-t-il et je souris en signe d'acquiescement. Il sourit en retour, me serre dans ses bras et me dit à l'oreille : "Viens, allons chercher quelque chose à manger." Il prend ma main et m'entraîne vers la sortie. Je me sens légère à ses côtés, comme si je pouvais voler.
C'est sans aucun doute le moment le plus incroyable que j'ai jamais partagé avec quelqu'un. Cadu me fait ressentir un kaléidoscope d'émotions, et je sens que je l'accompagnerais n'importe où s'il me le demandait.
Cadu
Je suis un homme expérimenté ; j'ai fréquenté des actrices, des mannequins, des femmes d'affaires accomplies. Mais je n'ai jamais ressenti ce que je ressens à cet instant avec Mari, avec aucune d'elles. Je me répète sans doute, mais elle est spéciale. Elle est adorable et amusante, et je n'ai jamais fréquenté quelqu'un qui me traite comme elle le fait, comme si j'étais un gars ordinaire.
Pas que je sois une célébrité. Mais la plupart des gens font très attention avec moi, parce que je suis le rédacteur en chef de l'un des magazines les plus vendus du pays. Mais pas elle. Mari me traite comme elle traiterait n'importe quel autre gars.
Nous quittons Barzinho main dans la main. Il fait un peu froid à cette heure tardive, et je la sens frissonner à mes côtés. Je la prends contre moi pour la protéger du froid avec mon corps. Nous marchons vers le parking, enlacés, et je me maudis d'avoir choisi de venir en moto. Dieu merci, nous ne devons parcourir qu'une courte distance.
On s'arrête près de ma moto et elle lui jette un regard effrayé. Je m'attendais à un compliment mais elle me surprend une fois de plus.
"On va rouler avec ça ?" demande-t-elle, et je suis choqué de l'entendre appeler ma Harley "ça".
"C'est une Harley, et oui, on va rouler avec." lui dis-je, en lui tendant le casque. Elle me regarde puis le casque, comme si elle ne savait pas comment procéder. "Tu le mets sur ta tête, ma jolie." plaisanté-je en lui pinçant le nez.
Elle rit et dit : "Je sais, c'est juste que je n'en ai jamais porté avant. Je ne sais pas comment le mettre." Elle baisse les yeux, ses joues rougissantes, et je sens mon cœur se serrer.
"Viens là, je vais t'aider." lui dis-je avant qu'elle s'approche. Je lui prends le casque et le mets sur sa tête, tout en souriant. Quand elle est prête, j'attends qu'elle s'installe à l'arrière de la moto. Je sens ses mains douces sur ma taille et avant de démarrer, je dis : "Tu dois me serrer plus fort ou tu vas tomber." Elle se rapproche un peu plus et je souris. "Plus près, ma jolie. Sers-moi comme si j'étais ton ours en peluche.” plaisanté-je, et elle rit.
“Tu es trop imposant pour un ours en peluche, et pas assez doux.” répond-elle, et je frisonne au contact de son corps collé au mien.
“Je suis un ours en peluche musclé.” lui dis-je, et elle rit à nouveau.
“Justement. Je n'ai jamais eu d'ours en peluche musclé.” dit-elle, et cette fois, c'est moi qui ris.
“Et pourquoi pas ?”
“Regarde-moi. Je ne suis pas du genre à faire de l'exercice, Cadu. Je déteste aller à la salle de sport.” dit-elle, et je perçois une trace d'insécurité dans sa voix.
“Et tu n'en as pas besoin. Tu es belle telle que tu es.” lui dis-je en lui prenant la main. Je démarre et prends la direction de Leblon, le deuxième endroit que je préfère au monde.
Chez moi.
On longe la lagune Rodrigo de Freitas, et bien que j'apprécie la magnifique vue, je suis incapable de penser à autre chose qu'au corps chaud auquel je m'agrippe. Je suis nerveuse et les papillons que j'ai dans le ventre s'affolent. Je n'ai aucune idée de l'endroit où il m'emmène mais, tout comme lui, je ne suis pas prête à lui dire au revoir. Alors que je sens la moto vrombir sous moi, je pense à ce qu'il va se passer à partir de ce moment. Je suis sur un petit nuage, mais je suis également effrayée. Après tout c'est mon patron, et je n'ai aucune idée de la façon dont nous allons interagir désormais.
Nous roulons jusqu'à Leblon. Il se gare dans le garage d'un immeuble chic près de la plage. Il coupe le moteur, nous descendons de la moto et il m'aide à enlever le casque. J'essaie de remettre mes cheveux en place, probablement en désordre, pendant qu'il range le casque. Un accès de nervosité me fait frissonner, mais quand il se retourne et me regarde dans les yeux, je m'y perds. Son regard est intense. C'est la première fois que quelqu'un me regarde de cette façon. J'ai l'impression qu'il essaie de découvrir tous mes secrets. Ses yeux se posent sur ma bouche et quand je crois qu'il va enfin m'embrasser, il humidifie ses lèvres, sourit et m'invite à le suivre. Je suis confuse, attirée, ensorcelée. Aucun de mes autres compagnons n'a jamais agi de la sorte, et je me sens... Séduite.
Main dans la main, nous allons à l'ascenseur, il appuie sur le bouton du dernier étage et se tourne vers moi. Je souris et il sourit en retour. Il me tire à lui et pose son front contre le mien.
Sur une profonde expiration, il dit : "Oh, Mari... Que vais-je faire de toi ?"
Avant que je puisse répondre, la porte de l'ascenseur s'ouvre et il la tient pour me laisser sortir. Puis sa main prend à nouveau la mienne. Nous traversons un petit couloir avec seulement deux portes, une à chaque bout. Nous nous dirigeons vers l'une d'elle. Il sort un porte-clés de sa poche et ouvre la porte. Bien sûr, je manque de m'évanouir quand je vois à quel point son appartement est époustouflant. Il est si joliment décoré que je reste debout près de l'entrée, de peur de casser quelque chose par accident. Je suis aussi maladroite qu'un éléphant dans un magasin de porcelaines.
Il s'éloigne et quand il se rend compte que je ne le suis pas, il se retourne et me lance un drôle de regard.
"Ça te plaît ?" demande-t-il en me regardant bizarrement. Je ne suis pas certaine de comprendre ce qu'il veut dire.
"Bien sûr. C'est magnifique. Je suis juste..." Je m'arrête, ne sachant pas comment continuer.
"Tu es juste ?..." insiste-t-il, en haussant un sourcil.
"Je suis un peu maladroite. J'ai peur de casser quelque chose."
Son expression change et il sourit, faisant apparaître ses fossettes.
Ô Déesse protectrice des femmes célibataires vulnérables, aidez-moi à ne pas tomber amoureuse d'un homme avec des fossettes !
Il s'avance vers moi avec un grand sourire lumineux, et avant que je puisse dire ou penser autre chose, il me prend dans ses bras et me soulève comme si j'étais une plume.
"Oh !..." chuchoté-je, encore un peu effrayée. Il me serre contre son torse, traverse un grand couloir et entre dans la cuisine.
Il me relâche avec précaution, puis fait courir ses mains le long de mes bras et de mes épaules, jusqu'à atteindre mon visage. Cadu ne détourne pas son regard, et lorsqu'il caresse mon visage, il s'approche et m'embrasse doucement sur le front. Mes jambes tremblent et les papillons dans mon ventre sont déchaînés ; j'ai l'impression que je risque de défaillir à tout moment. Il s'éloigne lentement et sourit, puis prend une grande inspiration et se dirige vers le réfrigérateur.
Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je n'ai jamais été comme ça avec une femme avant. Tout ce que je veux, c'est m'occuper d'elle, la toucher, sentir son parfum. Nous ne nous sommes même pas embrassés, et pourtant je sais que lorsque nous le ferons, ce ne sera pas un baiser comme les autres, parce que Mari est différente. Quand elle s'est arrêtée sur le pas du salon et a regardé autour d'elle, j'ai pris sa confusion pour de l'intérêt. J'invite rarement quelqu'un chez moi, sauf pour une fête ou une réunion ; mais lorsque cela arrive, les femmes ont tendance à évaluer le prix de mes affaires. J'ai encore envie de rire en la revoyant avouer qu'elle avait peur de casser quelque chose. Elle est adorable et si différente des femmes de mon entourage. Comment se fait-il que je ne l’aie jamais vu avant ? Comment ai-je pu ne pas voir ce qui était littéralement sous mon nez depuis le début ?
J'ai envie d'elle, mais en même temps j'ai peur. Il ne s'agit pas de sexe, je l'ai bien compris. Et je sais qu'il serait facile de tomber amoureux d'elle, mais suis-je vraiment prêt à tomber amoureux ?