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La Main Sur Le Cœur
Reed cliqua sur sa photo de profil. Elle le montrait clairement. Il était en uniforme, avec un bras en moins.
« La seule chose qu’une femme aime plus qu’un homme en uniforme, c’est une âme blessée qu’elle pense pouvoir guérir. »
Fran soupira, mais pas parce que Reed se comportait comme un blaireau. Fran savait que son ami s’attendait vraiment à trouver l’amour dans cette affaire. Reed était quelqu’un d’optimiste, parfois presque trop.
« Cette appli calcule la compatibilité jusqu’à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Si je n’arrive pas à trouver la femme de ma vie là-dessus, c’est qu’elle n’existe pas. J’en ai sélectionné cinq. Je suis compatible à quatre-vingt-dix-huit pour cent avec celle-là. »
Reed lui montra la photo d’une jolie femme. Le portrait était bien composé, comme celui d’un mannequin. Elle était blonde avec des yeux vert pâle, et un petit peu trop de maquillage au goût de Fran.
« Elle est pour ainsi dire parfaite, dit Reed. Je l’ai invitée à prendre un verre ce week-end. Mais elle n’est pas en ville, elle devrait rentrer à la fin du mois. »
Fran ne savait pas vraiment que dire. Il n’arrivait pas à déterminer s’il devait retirer Reed de la liste des soldats à caser, ou s’il devrait au contraire le surveiller d’encore plus près pour s’assurer que son avenir était réellement établi. Fran était déterminé à voir tous les autres hommes bien installés et autorisés à rester au ranch après son départ. Peut-être que ces histoires de mariage arrangé pouvaient fonctionner, surtout si toutes les personnes impliquées savaient dès le départ dans quoi elles s’engageaient.
Reed continua à détailler à Fran tous les traits de cette femme. Mais quelque chose d’autre avait attiré son attention. Sean Jeffries était en train de descendre les marches du bâtiment réservé aux soins, une grange qu’ils avaient réaménagée pour le docteur Patel ainsi que pour les infirmières et le reste du personnel qui venait s’occuper d’eux et des animaux thérapeutiques. Sean retint la porte, faisant bien attention à placer son visage afin que seul son bon côté soit visible par la personne qui sortait.
Cette personne, c’était Ruhi Patel, la fille du docteur Patel. Ruhi était infirmière et venait souvent aider son père à s’occuper des soldats qui vivaient au ranch ou s’y rendaient pour des soins.
Ruhi et le docteur Patel discutaient en descendant les marches. Sean regardait ses pieds. Mais Fran le vit jeter quelques regards à la jeune infirmière.
Fran soupira. Il soupçonnait depuis longtemps que Sean en pinçait pour Ruhi. Si c’était le cas, il n’accepterait jamais de se trouver une épouse sur une application de rencontre. Ce qui signifiait que Sean devrait lui aussi quitter le ranch.
Le docteur Patel releva les yeux et aperçut les deux hommes. Il leur fit signe d’approcher.
« Je vois que vous utilisez l’application, dit-il à Reed.
— J’ai un rencard la semaine prochaine avec quelqu’un avec qui j’ai soixante-douze pour cent de compatibilité, » répondit Reed en levant son téléphone pour montrer une brune au visage rond.
Il semblait bien qu’il avait déjà oublié le mannequin et ses quatre-vingt-dix-huit pour cent de compatibilité.
« Je trouve ça criminel, ce qu’ils vous forcent tous à faire, dit Ruhi. Vous obliger à vous marier juste pour garder votre foyer.
— Je pensais que tu croyais aux mariages arrangés, dit Reed.
— Ça, c’est du mariage forcé. C’est illégal.
— Personne ne nous force à quoi que ce soit, répondit Reed. On n’est pas obligé de le faire si on n’a pas envie. On peut vivre ailleurs et venir ici pour les soins. »
Sean détourna les yeux. Fran savait qu’il n’avait nulle part où aller, ce qui voulait dire que, dans son cas, la situation était forcée. Fran ne voulait pas partir non plus. Il adorait se réveiller tous les matins sur le ranch. Mais il n’avait pas le choix. Son cœur ne le laisserait pas rester.
« Mon père essaye de me trouver quelqu’un depuis que je suis adolescente, dit Ruhi. Les mariages arrangés ne m’intéressent pas. Je ne suis pas sûre de vouloir me marier tout court. À notre époque, ce n’est plus nécessaire. »
La façon dont Sean avala sa salive indiqua à Fran qu’il ne se contentait pas d’en pincer pour elle. Il avait l’air d’être complètement amoureux. Cela risquait de devenir un problème.
« Et vous, Francisco ? demanda le docteur Patel. Vous recherchez aussi une épouse ?
— Je ne peux donner mon cœur à personne. Il est déjà brisé. »
Il avait dit ça avec un sourire, espérant déclencher quelques rires. Il n’en récolta aucun. Tous connaissaient sa situation.
« C’est un peu cliché, mais on dit que l’amour guérit toutes les blessures, » dit le docteur Patel.
Fran aurait voulu lui répondre que l’amour ne pouvait pas déplacer des morceaux de métal, mais il garda sa langue dans sa poche et hocha la tête.
« Si vous n’êtes pas prêt pour l’amour, peut-être pouvez-vous au moins donner un peu de votre temps pour inspirer la prochaine génération ? C’est le jour des jeunes à l’église demain. Quelque chose me dit que votre point de vue, en particulier au sujet des bienfaits d’une bonne éducation, pourrait éclairer quelques jeunes âmes. »
CHAPITRE 4
Éva et Carlos grimpèrent les escaliers qui menaient à leur appartement, au troisième étage. Au rez-de-chaussée, du papier aluminium couvrait les trous dans les moustiquaires d’une de leurs voisines. Dans ce qui tenait vaguement lieu de cour, les rares touffes d’herbes perdaient la bataille face à la terre nue.
Il fallait une clef pour ouvrir la lourde porte en verre blindé de l’immeuble. Mais, comme d’habitude, elle était maintenue ouverte, si bien que n’importe qui pouvait entrer. Éva ne prit même pas la peine de retirer le carton qui la bloquait. Elle savait que, dès que la porte se fermerait, quelqu’un d’autre glisserait de quoi la garder ouverte.
Son frère la suivit tandis qu’elle grimpait les escaliers, des insectes fuyant à leur arrivée. Dans un coin, un rongeur les regardait, l’air agacé d’avoir vu sa tranquillité dérangée par le bruit de leurs pas.
Quand ils atteignirent leur porte, Éva sortit ses clefs. Elle fit jouer trois verrous, puis la porte s’entrouvrit, mais à peine. La chaîne était attachée.
« Rosalee, » appela Éva dans l’embrasure.
Ils entendirent du mouvement à l’intérieur, puis le son de pieds nus dans des chaussettes sur le vieux parquet. Sans chaussettes, les échardes étaient un risque permanent.
Des yeux bruns apparurent dans l’embrasure de la porte, puis celle-ci se referma. Ils entendirent le bruit de la chaîne, puis la porte s’ouvrit juste assez pour laisser passer leurs deux corps. Enfin, les claquements de la porte et de tous les verrous en train d’être réenclenchés.
« Ça s’est bien passé à l’école aujourd’hui, Rosalee ? »
Rosalee haussa les épaules. Sa peau était pâle. L’inactivité l’avait rendue dégingandée plutôt que ronde. Éva savait bien que sa sœur devrait sortir plus, être plus sociable. Mais elle était en sécurité à l’intérieur, alors Éva n’insistait pas trop.
« J’ai eu un A en sciences, répondit Rosalee, mais seulement un B en littérature. Je suis en train de retravailler mon devoir pour le rendre une deuxième fois la semaine prochaine. »
Éva hocha la tête. Sa sœur croyait dur comme fer au travail scolaire, au point d’en oublier de sortir et d’être sociable. Son frère préférait passer son temps à l’extérieur plutôt que dans une salle de classe. Si seulement elle pouvait les fusionner, elle obtiendrait l’ado parfait.
Carlos se dirigea vers le réfrigérateur. De là où elle se tenait, Éva pouvait voir qu’il était presque vide. Les prochaines semaines allaient être compliquées, le temps qu’elle s’habitue au rythme des cours. Elle devrait bientôt avoir des nouvelles du programme de travail étudiant. En attendant, ils mangeraient des nouilles instantanées tous les soirs pendant quelque temps.
« Tante Val est dans sa chambre avec son copain. »
Rosalee retourna dans la chambre qu’Éva partageait avec son frère et sa sœur dans ce minuscule appartement qui n’en comptait qu’une autre.
Tante Val les avait accueillis l’an dernier, quand le fils d’oncle Ricardo était revenu vivre avec lui. Avant Ricardo, ils avaient habité chez des cousins éloignés, mais leur quartier était encore pire que celui-ci, et Éva en avait donc rapidement éloigné sa famille. La fille de tante Val était partie vivre dans un autre état avec son petit ami, et Éva avait sauté sur l’occasion de récupérer sa chambre. Val vivait là depuis des années, ce qui devrait leur apporter un semblant de stabilité.
Des soupirs et des gloussements filtraient à travers la porte fermée de la chambre de sa tante. La stabilité était toute relative. Un véritable carrousel d’hommes allait et venait dans la vie de sa tante, mais elle n’avait pas bougé de cet appartement depuis dix ans. Éva avait simplement besoin qu’elle y reste encore deux ans de plus. Ensuite, son diplôme en poche, elle aurait des pistes pour trouver un travail qui lui donnerait les moyens de payer son propre appartement.
Deux ans — trois maximum —, c’était tout ce dont Éva avait besoin avant d’obtenir son diplôme, de trouver un travail dans un domaine qu’elle aurait choisi, et de déménager avec sa famille dans leur propre foyer — avec trois chambres.
Éva se dirigeait vers la cuisine pour préparer les nouilles quand la porte de la chambre de sa tante s’ouvrit, laissant sortir l’amant baraqué de la semaine. Il regarda Éva d’un œil qui s’attardait un peu trop à son goût. Éva s’arrangea pour ne pas croiser son regard. Elle préférait éviter de s’attirer des ennuis avec cet homme.
« Oh ! Éva, tu es rentrée. J’ai une excellente nouvelle. »
Val n’avait pas encore quarante-cinq ans, mais elle en faisait plus. La vie n’avait pas été tendre avec elle, à élever trois enfants pour que la rue lui en prenne deux.
« Tu ne devineras jamais. »
Tante Val tendit la main devant elle. Une vieille bague en argent ternie ornée de quelques petits brillants entourait son annulaire. L’un des brillants manquait à l’appel.
« Je vais me marier. Mike vient de me faire sa demande. Tu y crois ? À mon âge. Je vais me marier. »
La main d’Éva se figea sur la casserole qu’elle venait de remplir d’eau.
« Waouh. C’est super. »
Son ton semblait dire le contraire.
« Ça veut dire que Mike va emménager ici ?
— Non, grimaça Mike. J’emmène ma chérie, elle va venir vivre avec moi. »
Éva déglutit. Elle se tourna avec un regard assassin vers cette tante censée être stable.
« Tu t’en vas ?
— Oui, mais tu pourras avoir l’appartement pour toi toute seule.
— Je ne pourrai pas payer le loyer toute seule.
— Bien sûr que si, répondit tante Val en fronçant les sourcils. Ton boulot paye assez bien.
— J’ai démissionné, tu te souviens ? Je me suis inscrite à l’université aujourd’hui. J’ai mis toutes mes économies dans les frais d’inscription.
— Et alors ? Tu peux faire les deux. Tu te débrouilleras. Oh ! Éva, tous mes rêves sont en train de devenir réalité. »
Les rêves de sa tante étaient peut-être en train de se réaliser, mais ceux d’Éva venaient d’être piétinés. Comment allait-elle pouvoir payer le loyer, mettre de la nourriture dans leurs assiettes, et suivre ses cours ? Le semestre commençait la semaine suivante, elle ne pourrait pas être remboursée. Elle était foutue.
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