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La Sacrifiée Indécise
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La Sacrifiée Indécise

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Il y avait un inconvénient au fait que Corin et Chryssie soient un couple. Ces deux-là étaient une des raisons pour lesquelles Béryl était actuellement dans sa tanière. Ils s’en donnaient à cœur joie, comme des lapins, sans arrêt.

— Si vous pouvez surmonter cette période douloureuse, vous pourrez devenir un champion, dit la voix mâle à l’accent prononcé. Si vous ne pouvez pas, oubliez.

Béryl baissa le volume du film à la télévision. C’était la seule chose qui sortait de la bouche de l’Autrichien avec laquelle il était d’accord. Il mit la cassette VHS sur avance rapide pour passer les parties avec Arnold Schwarzenegger et voir son héros, Lou Ferrigno. Dans le film, le titre de Monsieur Olympia aurait dû revenir à Ferrigno. Il était tellement meilleur, tellement plus grand que l’Autrichien.

À part se battre, soulever de la fonte était la seule chose qui apaisait le dragon de Béryl. À une époque, Béryl pouvait se contenter de se taper des fées. Mais les femmes-fleurs ne l’intéressaient plus, depuis un moment. Il voulait une femme en chair et en os. Une femme qui pourrait être à lui. Une femme dans laquelle son dragon pourrait planter les dents et la revendiquer.

Cela faisait des semaines que Morrigan avait accepté de lui trouver une sacrifiée. Il ne savait pas combien de temps encore il pourrait tenir.

— Est-ce que tu as pris mon maillot de bain Terminator ?

Les haltères firent à nouveau un bruit métallique quand Béryl les laissa tomber sur le sol. Au-dessus de lui se tenait un mâle avec des yeux sombres étincelants. Comme toujours, l’avorton de la portée était prêt à déclencher une bagarre pour affirmer sa dominance.

— Pourquoi est-ce que je toucherais à tes sous-vêtements, Ilia ? dit Béryl en haussant les épaules et en prenant un Coca-Cola du réfrigérateur que Morrigan avait rapporté quelque temps auparavant. Ils ne pourraient jamais contenir ce que je trimballe.

— De nous trois, c’est peut-être toi qui as eu la plus grande, mais c’est moi qui ai eu la plus grosse, aucun doute, se moqua Ilia.

Béryl savait qu’il ne devrait pas se lancer dans cette dispute stupide. Comme lui, Ilia cherchait seulement une raison d’en venir aux mains. Aucun de leurs dragons n’avait mieux à faire.

Béryl venait de soulever quatre cent cinquante kilos d’haltères. Son cœur pompait toujours et était surmené après son combat d’hier. Cela pourrait l’apaiser de frapper son frère au visage pendant quelques minutes. Le seul problème, c’était qu’il n’était pas certain d’avoir suffisamment de contrôle sur sa bête pour ne pas réellement tuer Ilia.

— Tu es juste fâché qu’Arnold ait gagné le titre, chantonna Ilia. Tu sais que Terminator pourrait battre Hulk quand il veut.

Et voilà comment son contrôle lui échappa. Béryl se releva. Il n’en fallait pas beaucoup pour que les dragons se battent. Ces mots-là étaient une sérieuse provocation. Tout le monde savait que Hulk était plus fort que ce bellâtre taiseux en métal.

Béryl se métamorphosa presque en faisant face à son frère, mais il se retint. Il portait un t-shirt Gold’s Gym. La Valkyrie avait dit que ce type de vêtement était de plus en plus difficile à trouver de l’autre côté du Voile. Il ne voulait pas détruire celui-ci. C’était son préféré.

— Peu importe, dit Béryl. Si tu veux soutenir le méchant qui remonte le temps pour détruire toute l’humanité, alors vas-y. Hulk se bat pour les opprimés.

— Même pas vrai, répliqua Ilia. Banner ne peut pas contrôler le monstre en lui. Mais Terminator est tout en contrôle.

— Ah, ouais ? Si Terminator est un tel héros, alors pourquoi meurt-il dans une cuve en feu pour ne jamais revenir ?

Ilia ne pouvait rien répliquer à ça. Hulk était peut-être hors de contrôle, mais il était toujours du côté du bien. Et Terminator n’avait eu qu’un seul film, et il mourait à la fin. Banner n’arrêtait pas de faire des efforts pour garder son monstre sous contrôle. Ils n’avaient pas vu la fin de la série, mais Béryl était certain que l’homme vert et l’humain devaient parvenir à être en harmonie un jour. C’étaient des héros. C’était ce que les héros faisaient.

Béryl passa en trombe devant son frère. Mais sa bête continuait à tourner en rond dans ses entrailles. Il devrait peut-être aller trouver une fée pour soulager un peu la pression dans ses reins. Qui savait quand Morrigan reviendrait avec une sacrifiée. Et même si elle le faisait, il devrait probablement combattre ses autres frères pour elle.

Enfin, juste Ilia. Elek n’avait aucune envie d’avoir une compagne. Rhyol ne pourrait rien faire avec une compagne, même s’il essayait, puisqu’il était coincé sous forme de dragon depuis des années.

Alors, ce serait juste lui et Ilia. Ilia cherchait la moindre raison de se battre. L’avorton de leur portée essayait toujours de prouver sa valeur dans une famille de mâles plus grands.

Béryl aperçut Elek tandis que l’homme taciturne rentrait et sortait des ombres du château. Il allait probablement rendre visite à sa mère. Miyaoaxochitl n’avait plus eu la moindre réaction depuis qu’elle avait donné naissance à Elek et perdu le frère de celui-ci.

Corin et Chryssie étaient dans leurs chambres au-dessus. Kimber était dans les mines. Sa compagne, Cardi, qui n’avait pas encore atteint l’âge d’être revendiquée, était probablement dans la salle de jeu en train de jouer à un jeu vidéo ; un des jeux de combat où elle pouvait utiliser une arme pour décapiter des hommes à coups d’explosifs.

Béryl crut avoir vu Rhyol voler par la fenêtre. Mais non, ce n’étaient pas les écailles bleues de son frère. Ce dragon avait des écailles brunes. Seuls les dragons de sang pur avaient des écailles brunes.

Béryl reconnut le dragon. Il appartenait à la Valkyrie, Morrigan. Elle était là.

Avec Ilia en bas dans la tanière, Béryl arriverait à la sacrifiée en premier. Il pourrait la marquer, et elle serait à lui sans combat. Il fonça jusqu’à la porte de derrière, juste à temps pour voir la Valkyrie atterrir.

— Où est-elle ? demanda Béryl.

— On se calme, l’écailleux, dit Morrigan en sautant du dos du dragon. J’ai beaucoup de choses à décharger.

— Tu l’as ? Tu as ma sacrifiée ?

— Pour Cardi, j’ai la collection de films de John Hugues avec des adolescentes rousses en pleine crise qui courent après les garçons. Ou alors, attends ? Est-ce qu’il n’y a qu’une seule fille ? La même à chaque fois ? Je ne sais pas. Tous les humains se ressemblent. Pour Corin, j’ai sa machine à ultrasons pour qu’il puisse espionner ses dragonneaux, ce qui montre tout de suite quel genre de père il sera. Et tu voulais le nouveau Donkey Kong—

— Assez, gronda Béryl.

Les yeux de la Valkyrie étincelèrent d’une lueur dangereuse.

Béryl baissa la tête. Les dragons étaient peut-être au sommet de la chaîne alimentaire dans le Voile. Il pouvait rugir sur ses frères. Il pouvait étrangler un lion. Mais il ne survivrait pas au courroux ou à l’épée d’une Valkyrie. Les filles de la Déesse étaient bien au-delà de la chaîne alimentaire.

Tout là-haut, Béryl vit les écailles bleues de Rhyol scintiller sous la lune. Son frère planait, en les observant. À une fenêtre, il vit Elek regarder vers le bas, ses yeux d’ambre rougeoyant dans la nuit. Rhyol et Elek se joindraient au combat si c’était nécessaire. Et ils périraient tous les deux.

— S’il te plaît, dit Béryl.

Il était désespéré. Il avait déjà assez de mal à contenir sa bête comme cela. Celle-ci avait l’intention d’arracher la tête de la Valkyrie, quelque chose qui scellerait à la fois le sort de l’homme et de la bête.

Morrigan fit tranquillement le tour de son dragon. Il y avait deux sacoches de taille humaine sur son dos. Béryl sentit l’odeur du sang émaner du premier. Ce devait être la capture de Morrigan pour le Valhalla. Les Valkyries ne tuaient habituellement pas leurs proies avant de les amener derrière le Voile. Béryl se demanda brièvement ce qui avait suscité tant de colère qu’elle avait tué l’homme plus tôt.

Mais ce triste sac fut instantanément oublié en faveur du second. Le regard de Béryl se posa sur la sacoche que la Valkyrie retirait. Morrigan la souleva sans aucun effort.

Béryl sentait le parfum délectable qui s’en dégageait. Cela sentait comme quelque chose de doux, mais qui ne provenait pas de la nature. Il y avait aussi une odeur acide qui lui rappela celle des potions dans le laboratoire de Corin. En dessous de tout cela, il y avait le parfum de quelque chose de léger, comme une brise au-dessus d’une petite étendue d’eau. Il tendit la main vers le sac.

Morrigan le reprit d’un coup sec.

— Han han han. Paie d’abord.

Béryl serra les dents.

— Suis-moi, dit-il.

Il guida la Valkyrie jusqu’à l’entrée des mines. Il longea les mines de rubis de Corin et celles de diamants de Kimber. Il entra dans ses propres mines où les émeraudes étaient enterrées sous la roche.

— Prends ce que tu veux, dit-il à la Valkyrie.

Les yeux de celle-ci étincelèrent à nouveau, mais d’une lueur d’avidité plutôt que de colère, cette fois. Elle lui tendit la sacoche et partit faire son shopping.

Pendant un instant, Béryl se contenta de tenir le sac dans ses bras. Elle ne pesait rien, mais elle était lourde d’importance. Lentement, il retira l’épaisseur de tissu pour dévoiler un visage rond. De douces boucles rousses encadraient son visage. Un petit nez en bouton séparait ses traits en deux moitiés parfaitement symétriques. Ses lèvres étaient petites, pleines et en forme de cœur.

— Il y a du feu de dragon dans ses veines ? demanda Béryl.

Comme si cela avait de l’importance. Le colis dans ses bras était à lui, et il allait la garder, qu’elle puisse lui donner des dragonneaux ou pas. Si elle n’avait pas de feu en elle et ne pouvait pas avoir de dragonneaux, il pourrait toujours l’enlacer et la protéger. Son dragon n’avait pas besoin du contact physique pour être rassasié. Il avait juste besoin d’un but. Et elle était ce but.

— Elle a du feu dans les veines.

Béryl sentit le soulagement le parcourir. Les pensées qu’il venait d’avoir un instant plus tôt s’envolèrent de son esprit. Elle était belle, et il avait physiquement envie d’elle. Avec la confirmation de son sang de feu, les reins de Béryl brûlèrent de la prendre là, tout de suite.

— Et encore mieux, dit Morrigan. Regarde de plus près, elle a des écailles.

Berçant sa récompense dans ses bras, Béryl fit glisser le tissu de ses épaules délicates. Il eut un hoquet de surprise devant ce qu’il avait sous les yeux. Sur sa peau pâle, il y avait des taches dorées. Elles étaient douces au toucher, mais il sut instantanément ce qu’elles étaient.

— Comment s’appelle-t-elle ? demanda-t-il.

— Je n’ai pas demandé. Protège tes parties, cela dit. Elle allait castrer ma cible avant que je puisse le réclamer.

Béryl sourit à cette déclaration. Son humaine avait du tempérament, tout comme Cardi et Chryssie. Elle était parfaite. Il découvrit le reste de son corps et commença le rituel du ligotage.

CHAPITRE 4

Elle était assurément morte.

Comment en était-elle certaine ? Parce qu’on était en train de la câliner. Les câlins ne se produisaient qu’avec les mamans, dans le monde réel, et sa maman était morte.

Depuis qu’elle était petite, Poppy avait vu beaucoup de mamans mettre des claques à leurs enfants, ou les faire aller dans la direction qu’elles voulaient en utilisant la force, ou les pousser ou les pincer pour les faire tenir tranquilles. Mais Poppy avait eu de la chance. Sa maman lui faisait des câlins le soir, de temps en temps. Mais seulement quand le lit de sa maman n’était pas occupé par un client.

C’était dans ces moments-là que Poppy se sentait en sécurité. C’était dans ces moments-là que Poppy ne désirait pas s’envoler dans un monde imaginaire vu à la télévision.

Quand elle était dans les bras de sa mère, le monde cessait d’être un endroit dangereux où la nourriture était peu abondante, où les voix hurlaient toujours, et où les hommes regardaient les petites filles comme de délicieux goûters.

Cela avait été l’après-midi, quand Poppy s’était allongée dans le lit de sa mère et avait sommeillé. L’école avait fini plus tôt, et elle était rentrée pour trouver la caravane déserte. Quand des bras étaient venus l’entourer, ils n’avaient pas paru chaleureux. Ils avaient été pleins de sueur et avaient pué le relent d’homme mal lavé.

Non.

Les yeux de Poppy étaient fermés, dans le présent. Elle les ferma encore plus fort. Elle refusait de penser à cela. Elle était en sécurité, morte, et enfin de retour dans les bras de sa mère.

Sa mère s’était occupée de l’homme puant qui avait mis ses mains dégueulasses dans la culotte propre de Poppy. Il y avait eu du sang sur le lit, mais ça n’avait pas été celui de Poppy. Et puis sa mère avait pris Poppy dans ses bras pour une étreinte chaleureuse.

C’était la dernière qu’elle avait reçue.

Jusqu’à maintenant.

Poppy avait toujours su que la mort n’était pas quelque chose à craindre. À présent, elle était de nouveau avec sa maman. Elle recevrait de chaleureux câlins pour l’éternité.

C’était juste que… Est-ce que les câlins de sa mère avaient toujours été aussi serrés ? Elle avait eu l’habitude de pouvoir tourner le buste pour poser la tête contre le cœur battant de sa mère. Elle n’y parvenait pas, à cet instant.

Les bras de sa maman avaient toujours été fins. Mais pas aussi fins qu’un morceau de corde. Et puis, sa maman avait deux bras, et ils n’étaient pas si longs. Mais Dieu sait comment, ils étaient enroulés autour de ses bras, de son ventre et de ses jambes.

Quelque chose clochait. Poppy baissa la tête pour soulager la nausée qui menaçait. Elle pouvait toucher sa poitrine de son menton, mais son ventre se serra. Elle ouvrit les yeux et vit qu’elle était bien dans une étreinte. Des cordes l’entouraient, pas les bras pâles, couverts de traces de piqûres et de bleus, de sa mère.

Pendant un instant, elle ne put que regarder et admirer l’œuvre artisanale réalisée avec les cordes. Elles parcouraient tout son corps en un motif complexe. Elle avait l’air d’avoir été emballée comme un présent. Elle attendit que la peur plante ses griffes en elle, que le besoin de s’échapper la submerge.

Rien ne vint. Elle ne put empêcher un sentiment de paix de l’envahir, à être ainsi attachée. Elle se sentait en sûreté, en sécurité.

Génial. Donc, elle avait perdu l’esprit autant que la liberté en mourant.

C’était toujours mieux que d’être dans ce trou à rats avec Bruce. Ça ne pouvait vraiment pas être pire, d’être esclave de cet ange de la mort. Au moins Poppy n’aurait pas à s’allonger sur le dos pour gagner sa vie.

Ou, du moins, elle l’espérait. Est-ce que les anges étaient lesbiennes ? Avaient-elles des relations sexuelles ? Elles devaient en avoir, pour faire des bébés anges.

Elle avait envisagé le lesbianisme quand elle était adolescente, après sa première expérience sexuelle avec un garçon. Elle avait rejeté cette idée, un peu plus tard, quand Joanna Wilcox, la reine de la promo et la plus méchante des filles à arpenter ces couloirs, avait fait son coming-out. Quel était l’avantage de changer de camp si les brutes existaient dans chaque type de sexualité ?

Rapports sexuels ou pas rapports sexuels, il y avait un problème beaucoup plus grave avec cette nouvelle captivité. Ses taches étaient visibles. Les cordes remontaient sa robe sur ses cuisses. Être ligotée était une chose. Bruce l’avait attachée auparavant. Il l’avait même enfermée dans un placard, une fois, pour lui avoir apporté la mauvaise marque de bière. Mais être découverte comme cela, ça n’allait pas.

Poppy se tortilla. Elle bougea les hanches de droite à gauche, essayant d’attraper l’ourlet de sa robe dans ses mains. Si elle pouvait juste tirer un peu dessus, elle pourrait recouvrir la plus grosse tache sur sa cuisse droite.

— Stop, dit une voix grave. Tu vas te blesser.

Poppy fit ce qu’on lui dit. En partie à cause de l’autorité dans la voix de l’homme ; elle avait été conditionnée à l’obéissance depuis son plus jeune âge. Mais en grande partie parce que la voix était celle d’un homme. Il semblerait qu’elle allait travailler sur le dos à nouveau, après tout. Et avec un homme qui aimait ses victimes impuissantes et ligotées.

— Je sens l’odeur de la peur sur toi, petite.

Petite ? Si c’était son idée d’une insulte, elle avait entendu pire. Prostituée Pustuleuse, Tigrou de Camping, Dalmatien Dégueulasse. Elle avait survécu à celles-là, elle pourrait vivre avec Petite. Mais que voulait-il dire par il sentait l’odeur de la peur ?

— Rien ni personne n’osera te faire de mal, ici.

Avec les cordes qui appuyaient contre sa peau, Poppy en doutait. Mais elle savait qu’il valait mieux ne pas contredire un homme. Cela ne menait à rien, à part à de la douleur. Cela dit, elle était toujours découverte, et son embarras poussa les mots hors de sa gorge.

— Je vous en prie, Monsieur, je n’aime pas être découverte.

— Découverte ?

Il semblait avoir hérité de la voix d’un ours. Elle était bien trop grave pour appartenir à un homme. Puis il bougea, et la pièce s’emplit de lumière.

Poppy avait cru qu’elle était dans l’obscurité. Ses yeux avaient simplement eu besoin de temps pour s’adapter. Quand ils le firent, elle se laissa complètement aller dans les cordes. Ses taches exposées furent oubliées.

Elle n’était pas dans une pièce. Elle était à l’extérieur. Ou plutôt, à l’intérieur de quelque chose qui était à l’extérieur. Il y avait un parfum de terre fraîche dans l’air, ainsi que la fraîcheur humide qui émane de la proximité d’une étendue d’eau la nuit. Il y avait des roches tout autour d’elle. Elle devait être dans une caverne. Les joyaux verts qui scintillaient dans la roche renforcèrent cette idée. Elle était dans une mine d’émeraudes.

L’homme qui lui avait parlé entra dans son champ de vision. Il la dominait de toute sa hauteur, bloquant la lumière verte. Le vert provenait maintenant de ses yeux comme s’ils étaient faits d’émeraude. Son visage était cruellement beau, tout en angles acérés et en ossature ciselée. Il était bâti comme un catcheur, mais il ressemblait à un mannequin ; un mannequin fitness pour un magazine de bodybuilding. Ses muscles saillants étaient à l’étroit dans un t-shirt jaune Gold’s Gym, porté par-dessus un short de sport gris qui ne laissait rien à l’imagination.

Une main massive se leva vers le visage de Poppy. Elle se prépara à recevoir sa première punition. Au lieu de cela, une main chaude effleura le côté de son visage. La gentillesse de ce geste secoua quelque chose en elle. Jamais un homme ne l’avait touchée avec le moindre semblant de précaution. Est-ce que les choses fonctionnaient à l’envers dans la mort ?

— Tu as froid, petite ?

— Je…

Elle n’était pas sûre de savoir comment répondre.

Poppy ne comprenait pas la question. Cela n’avait rien à voir avec lui ou ses besoins à lui. Il semblait que la question était centrée sur elle. Est-ce qu’il l’interrogeait sur son bien-être à elle ? Sur son confort ?

Toutes les autres questions la concernant avaient été du genre Tu es complètement stupide ? Ou Est-ce que tu es tombée sur la tête ? Ou Où est mon dîner ?

Le grand type fit passer son t-shirt par-dessus sa tête. Poppy put admirer la vue de muscles après muscles. Il laissa tomber son t-shirt sur elle, l’enveloppant de chaleur et de son odeur. Il transpirait, mais c’était très loin de sentir mauvais. Il sentait l’air frais et la chaleur douce et l’homme. Son t-shirt recouvrit Poppy depuis les épaules jusqu’aux orteils. Ses taches ainsi emballées, elle se détendit et respira davantage de son parfum.

— Dis-moi ton nom ? demanda-t-il tandis qu’elle resserrait les bords du t-shirt autour d’elle comme si c’était une couverture.