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De Feu Et De Flammes
« Bonjour, Lord Craig. Je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre ce qu’il s’est passé. »
« Oui, Wallace. Nous avons besoin de mettre plus de petites annonces cherchant une gouvernante. Même à Londres, si nécessaire. »
« Très bien. Mais ce dont vous avez besoin, Monsieur le Baron, c’est d’une épouse », Wallace répondit sans ménagement.
« Je vous demande pardon ? » Avait-il bien compris ?
« Vous devez vous ajuster à votre nouvelle vie. Vous marier. Avoir des enfants. Trouver quelqu’un pour vous aider. Je venais tout juste de prendre ma retraite quand, pas une semaine après, pauvre Lord Iain a eu son accident », dit Wallace tristement.
« Vous aviez pris votre retraite ? Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ? » Gavin leva les bras au ciel.
« Je ne le pouvais. Mais je suis trop vieux pour être ici. Bouger me fait mal. Cela me prend des heures de sortir de mon lit le matin, votre seigneurie. »
« Je vois. Et Iain avait-il trouvé quelqu’un pour vous remplacer ? »
« Je ne crois pas. Je ne pense pas qu’il ait beaucoup cherché, cependant. »
Gavin murmura un juron et passa ses doigts dans ses cheveux.
« Ah, et bien, nous n’avons pas le choix, je suppose. Si vous pouviez avoir l’amabilité de tout passer en revue avec moi, je ferai de mon mieux pour vous trouver un remplacement. J’écrirai à mon ami, Lord Easton. Il héberge des soldats blessés jusqu’à qu’ils soient guéris et prêts à travailler. »
Wallace secoua la tête. « Je vous assisterai jusqu’à ce que vous trouviez quelqu’un, mais il y a certaines choses que je ne peux plus faire. »
« Je comprends. Je suis reconnaissant pour tout ce qui est vous possible de faire. »
« Je remettrai une annonce cherchant une gouvernante. Pour le moment, je vous suggère de faire le tour des métayers et de faire connaissance. Ils informeront votre seigneurie de ce qui doit être fait », suggéra Wallace.
Gavin acquiesça. Cela semblait raisonnable.
« Votre frère avait une très grande exploitation de whiskey et avait commencé à faire des récoltes pour l’entretenir. Le saviez-vous ? » demanda Wallace sceptiquement.
« Oui, je le savais. Je suppose que je ne comprenais pas tout. Il a mentionné se battre pour la légalisation d’une distillation sur une plus grande échelle », dit Gavin, sentant qu’il allait bientôt être à nouveau choqué.
« Oui. Il ne distribuait le produit qu’à quelques privilégiés, et pas publiquement, bien ce que cela ait été un de ses rêves. Il supervisait toute la fabrication de whisky lui-même », dit l’intendant avec une lueur de fierté dans son regard.
« Je ne souhaite pas m’impliquer dans quelque chose d’illégal », protesta Gavin.
« Je ne dirais pas exactement que c’est illégal. Certaines personnes seront très déçues si vous cessez l’exploitation de whisky, et un nombre important de vos travailleurs seraient sans emploi si vous souhaitiez en effet l’arrêter », dit Wallace. Sa voix était défiante. « Bien que certains seraient ravis de voir l’exploitation échouer. »
Gavin leva un sourcil, mais l’intendant refusa de donner plus de détails. « J’étudierai la question plus tard. Continuez. »
« Il y a ensuite le problème du bal du solstice. »
« Oui, cela a été une tradition dans ma famille depuis aussi longtemps que nous avons tenu la baronnie. »
« Et c’est la maîtresse de maison qui l’organise », lui rappela Wallace.
« Et je n’ai pas de maîtresse de maison », dit Gavin, grimaçant lorsque les mots quittèrent sa bouche.
« En effet. » Le vieil homme acquiesça comme si son élève avait enfin maîtriser ses leçons.
« Ce n’est que dans quelques semaines. Il y a-t-il quoique ce soit que nous puissions faire ? »
« Très peu. Peut-être demander l’aide d’une autre dame cette année », suggéra Wallace.
Gavin semblait stupéfait.
« L’épouse du pasteur ne serait-elle pas une bonne personne à qui demander ? »
Wallace railla : « Ah. Pas pour moi, mais je ne suis pas friand des feux de l’enfer et de soufre. Drôles de gens, le pasteur et sa femme, mais vous devez faire ce qui vous paraît le mieux. » Le vieil homme haussa les épaules.
« J’ai besoin d’une gouvernante pour mes nouveaux enfants, d’un nouvel intendant pour gérer le domaine, je dois aller saluer les métayers, j’ai besoin d’apprendre comment cultiver et faire du whisky, et j’ai un bal à organiser avant le solstice. Quelque chose d’autre ? » demanda Gavin avec dégoût.
« Une épouse et un héritier ne feraient pas de mal », lui rappela Wallace.
« Bien sûr », dit Gavin, ne tentant pas le moindre du monde de cacher son sarcasme.
Il y eut un coup à la porte. Gavin leva les yeux et vit le visage familier de la gouvernante de maison, qui avait été au château depuis son enfance.
« Entrez, Madame Ennis. »
« Monsieur le Baron. » Elle fit une petite révérence.
Gavin tripota sa cravate. Tout ceci était si inconfortable.
« J’ai besoin de passer en revue les menus et certains achats pour la maison avec vous, Monsieur » déclara-t-elle.
« Les menus ? » demanda-t-il, incrédule.
« Oui, votre seigneurie. Il n’y a pas de maîtresse de maison pour réaliser ces tâches… » Sa phrase resta en suspens.
Pas elle, aussi.
« Je suis certain que vous êtes tout à fait à la hauteur de la tâche, Madame Ennis. Vous en savez certainement plus que moi. »
« Non, Monsieur le Baron. Je ne pourrais me permettre. » Elle l’observait comme s’il l’avait insultée.
« Vous le pourriez. S’il vous plaît. Pour moi », implora-t-il. Si on lui donnait une tâche de plus, il en perdrait probablement la tête.
Elle avait l’air terrifié, mais dût voir quelque chose dans son expression qui la fit acquiescer et quitter discrètement la pièce.
« Wallace, combien d’autres responsabilités revenaient à votre maîtresse de maison ? » demanda-t-il, bien qu’il ne voulût pas vraiment savoir.
« Lady Craig supervisait toujours la maisonnée, les métayers, les enfants, le bal, les comptes… » Wallace comptait les tâches sur ses doigts rhumatismaux en parlant.
« Assez ! Assez ! » dit Gavin, se sentant submergé. « Ce sera tout pour aujourd’hui. Si cela ne vous dérangerez pas de vous occuper du courrier, j’ai rendez-vous avec quelqu’un. »
« Très bien, Monsieur le Baron », dit Wallace avec un lourd soupir.
Gavin fit savoir à la nourrice de préparer les filles pour partir dans deux heures.
Il fila par la porte d’entrée et se dirige avers les écuries. Il avait besoin de réfléchir. Il espérait qu’une courte promenade à cheval le calmerait, car tout ce qu’il souhaitait était de voyager jusqu’au bout du monde et oublier que les derniers mois étaient jamais arrivés. Faisant pratiquer à son cheval ses différentes allures, y compris un galop farouche qui faillit bien lui couper la respiration, il sentit sa colère s’apaiser. Il savait que sa mauvaise humeur était déplacée, mais il était en colère. Contre Iain. Contre Dieu. Contre ses enfants. Contre lui-même, et l’épouse dont il avait désormais besoin mais ne voulait pas.
Chapitre Quatre
Margaux décida que ce jour-là, elle s’habillerait en conséquence de sa nouvelle vie. Elle savait que cela mettrait sa mère en colère, mais plus Lady Ashbury la voyait dans ce rôle, plus elle s’habituerait à sa réalité. Sa mère était une force parmi la haute société ; organisant des fêtes extravagantes et menant le beau monde. Revêtant une charlotte pour compléter sa robe la plus sobre, Margaux se demanda si elle avait peut-être exagéré le costume de vieille fille pour le bénéfice de sa mère. Elle avait demandé à sa domestique de relever ses cheveux en un chignon sévère, et la mousseline et dentelle impeccables cachaient complètement ses boucles lustrées. Elle eut un peu rire et réfléchit qu’il lui faudrait retirer la charlotte une fois ses parents partis. Elle souhaitait peut-être une vie plus simple, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle n’avait aucun goût.
Elle se demanda si Lord Craig amènerait aujourd’hui les filles Douglas pour une visite, car elle prévoyait de se rendre au douaire afin de voir comment elle pouvait se rendre utile.
Elle s’arrêta un instant devant la porte quand elle entendit ses parents dans la salle de petit-déjeuner. Osait-elle les interrompre et recommencer la querelle depuis le début ? Ou devrait-elle rester dans le couloir avec le tableau de son grand-père la fixant du regard ?
« Où nous sommes-nous trompés, mon cher ? Anjou a filé avec Charles à la recherche d’Aidan, qui est probablement mort, et Margaux veut porter des charlottes ! » dit sa mère, exaspérée.
Margaux retira sa charlotte avec un sentiment de culpabilité. Elle devrait les prévenir qu’elle se trouvait là, mais ne pouvait se convaincre d’aller plus loin.
« C’est un crime que de gâcher sa beauté », dit sa mère d’un ton plaintif.
« Vous voulez qu’elle soit heureuse, non ? » raisonna son père.
« Bien sûr 1! Comment pouvez-vous demander une chose pareille ? »
« Elle n’était pas heureuse en société. N’aviez-vous pas remarqué ? Peut-être devrions nous lui laisser un peu de temps. Une fois qu’elle sera loin de tout ce qu’elle connait et a fait une petite pause seule ici, elle changera peut-être d’avis. Je crois qu’elle n’est pas sûre de ce dont elle veut. »
Dieu merci pour son père, pensa Margaux. Elle doutait qu’elle changerait d’avis, mais elle voulait plus de temps sans les radotages incessants de sa mère. Une fois qu’ils verraient qu’elle était heureuse, ils auraient à l’accepter.
« Je comprends ce que vous dîtes, chéri2, mais je ne peux la laisser seule ici », protesta sa mère.
« Tante Ida est ici », remarqua son père.
Margaux pouvait imaginer l’expression de sa mère à cet instant. Tante Ida était sénile et plaisante, mais ne serait pas meilleure chaperone qu’un chiot.
« Oui3, elle fera une excellente chaperone », dit sa mère sarcastiquement.
Elle entendit son père rire. « Margaux est suffisamment grande et a une excellente tête sur ses épaules. Peu de choses pourraient lui arriver ici. »
Sa mère lâcha un soupir. « Peut-être pourrions-nous rentrer à Londres pour le bien de Jolie ? »
« Vous pensez que Yardley ou Summers vaudra quoique ce soit ? »
De l’avis de Margaux, le Duc de Yardley était horrible. Elle ne l’avait en réalité jamais rencontré, mais sa réputation lui faisait froid dans le dos. Il ne voulait que faire l’acquisition de Jolie, et non pas avoir une relatoin avec elle. Summers était plus âgé que son père. Mais Jolie s’en fichait. Elle avait toujours voulu être une duchesse. Margaux espérait que son père interviendrait.
« Il lui prête une attention particulière, selon ce que Lady Easton m’écrit. » Lady Easton était la femme du neveu de Lady Ashbury, et chaperonnait l’une des triplettes de Margaux pendant que Margaux et ses parents étaient en Écosse.
« J’aimerais en savoir plus sur lui. Je pense qu’il serait sage que nous soyons présents pendant qu’ils se courtisent », dit Lord Ashbury. L’inquiétude dans sa voix était évidente.
« Cela me fait souffrir tout entière de laisser Margaux ici. Je ne peux être à l’aise avec cela. Cependant, si nous pouvons bientôt revenir, je partirai si c’est ce qui vous paraît le mieux », répondit sa mère. Margaux pouvait entendre la résignation dans sa voix.
« C’est le cas. Tout ira très bien pour elle. Peut-être que le bon docteur attirera son attention. »
« Il lui faudrait être aveugle pour ne pas remarquer ce bel et fort Écossais aux yeux bleus et à l’accent délicieux », soupira Lady Ashbury en acquiescement. « Très bien, mon ami4. »
Lord Ashbury rit. « En effet, je suppose qu’il est beau. »
Margaux faillit s’étrangler. Cela la propulsa dans la pièce.
« Bonjour, Maman5. » Elle embrassa sa joue. « Bonjour, Papa. » Elle fit le tour de la table et embrassa sa joue avant de remplir son assiette.
« Margaux, votre mère et moi avons décidé de rentrer à Londres pour le reste de la saison des bals. Nous pensons qu’il serait sage d’être avec Jolie. »
Margaux se tourna et leva un sourcil inquisiteur, essayant d’apparaître surprise.
« Cela ne veut pas dire que nous abandonnons, » déclara sa mère. « Nous vous donnons simplement un peu de temps pour réfléchir. Bien que cela fera jaser les commères. »
Margaux acquiesça. « Je serai très contente ici. Les filles au douaire me garderont occupée. »
« Mais qu’en est-il de vos propres enfants ? » demanda sa mère tendrement.
« Nous ne sommes pas tous chanceux en amour, Maman6. J’ai déjà joué à cela une fois et j’ai perdu. Je refuse de me marier simplement pour avoir des enfants. Vivre à Breconrae suffisait à Grand-Mère7 et Tante Ida. »
Sa mère secoua simplement la tête avec perplexité.
« Et Tante Ida sera avec vous ici, pour les convenances », dit son père avec un clin d’œil conspirateur.
« Merci, Maman 8et Papa, » dit-elle. Elle tenta de garder un visage impassible, ses lèvres tremblant.
Sa mère se leva. « Je vais aller dire aux domestiques de préparer nos bagages. Nous devrions partir aussi tôt que possible. »
Après le départ de sa mère, Margaux s’assit et discuta confortablement avec son père. Le majordome entra et demanda si elle était disponible pour des visiteurs ce matin.
« Qui est là ? » demanda-t-elle.
« Lord Craig, et les demoiselles Douglas. »
« Oui, bien sûr. Je les attendais. » Margaux se leva. « Menez-les au petit salon, s’il vous plaît. »
« Oui, Madame. »
Son père la suivit pour les saluer.
« Bonjour, Craig. » Il lui serra la main jovialement.
« Lady Margaux. » Lord Craig s’inclina devant elle. « Vous souvenez-vous de Mademoiselle Catriona et Mademoiselle Maili Douglas ? »
« Bien sûr. Bienvenue. » Elle fit la révérence aux petites filles.
« C’est l’une des princesses ! » s’exclama Maili en se redressant d’une profonde révérence.
« Je ne suis pas une princesse, Maili », dit Margaux avec un sourire, repensant à sa décision de s’habiller sobrement exprès ce matin-là.
« Vous ressemblez à une princesse. » L’admiration de l’enfant était évidente.
Margaux rit et prit les mains des petites filles. « Voudriez-vous rencontrer quelques-unes de nos jeunes demoiselles au douaire ? Je m’y rends justement. »
Les filles hochèrent la tête avec excitation et la suivirent avec émerveillement.
« Puis-je vous prendre un peu de votre temps ? » demanda Gavin à Lord Ashbury quand Lady Margaux et les filles furent parties.
« Oui, bien sûr. Je voulais aussi vous parler avant notre départ », répondit Ashbury.
« Départ ? » Gavin ne s’était pas attendu à un départ si rapide après les conversations du soir précédent.
« Allons dans mon bureau pour discuter du vif du sujet. » Lord Ashbury brandit le bras pour indiquer à Gavin de traverser le hall, puis ferma la porte derrière eux. Il fit signe à Gavin de s’asseoir.
« Nous avons décidé de rentrer à Londres, afin de faire meilleure connaissance avec le gentleman courtisant l’une de nos autres filles. J’ai convaincu ma femme de permettre à Margaux de rester ici pendant un petit moment. Peut-être Margaux verra-t-elle raison une fois qu’elle est loin de tout ce qui lui est familier. Je suis certain que rien n’arrivera à ma fille, mais puis-je peut-être vous demander de garder un œil sur elle de temps en temps et de m’écrire ? J’imagine que vous amènerez les petites ici de temps à autres, et cela me rassurerait de savoir comment elle se porte. »
« Je serai ravi de le faire si Lady Margaux est favorable à mes visites », Gavin le rassura.
« Merci, Craig. Je n’ai aucun doute que Margaux et vous vous entendrez bien. Puis-je vous offrir à boire ? Le meilleur de toute l’Écosse. » Avant que Gavin ne puisse répondre à sa remarque énigmatique, Ashbury lui tendit un verre de whiskey que Gavin reconnut instantanément par son arôme comme étant du whisky Craig. Son frère avait peut-être capitalisé la recette, mais elle avait été héritée de génération en génération.
« Vous êtes donc une des personnes que mon frère approvisionnait ? » demanda Gavin.
« Bien sûr… moi et la moitié de l’aristocratie qui ne sommes pas suffisamment chanceux pour avoir notre propre alambic en Écosse. Et ceux qui lui envient sa recette. »
« La moitié ? » Gavin leva les yeux, surpris.
« On trouve le whisky Craig dans les maisons les plus élégantes de Grande-Bretagne », dit Lord Ashbury en remuant le liquide doré dans son verre, le humant avec admiration.
« Je n’en avais aucune idée », dit Gavin, complètement stupéfait.
« Il ne faut pas, bien sûr, en parler publiquement tant que la législation n’est pas passée. Il est, pour beaucoup de distillateurs légaux, difficile de jouir d’une vaste distribution en raison des impôts qui leur sont demandées. Quand vous serez mieux installé ici, vous devriez penser à accepter votre position à la chambre des Lords et faire entendre votre opinion sur le sujet », conseilla Lord Ashbury.
Gavin acquiesça. « C’est ce que je planifiais, mais pour le moment je suis complètement débordé. »
« S’il vous plaît, dîtes-moi comment je peux vous aider », dit gentiment l’homme mûr.
« Je ne sais pas par où commencer. De mes habits à l’absence d’une épouse, rien ne va. Apparemment, il me faut aussi devenir un agriculteur désormais. J’ai un bal à préparer, mon intendant est à la retraite, et j’ai besoin d’une gouvernante. Si vous pouvez me conseiller sur quoique ce soit parmi tout cela, je vous serai éternellement reconnaissant. »
« Bonté divine. Je peux naturellement me renseigner concernant d’éventuels intendants pendant que nous sommes à Londres. Il y a toujours des deuxièmes fils de bourgeois qui seraient exactement ce qu’il vous faut. Lady Ashbury sera plus utile quand à vos autres dilemmes. En particulier concernant une épouse. »
Gavin tenta de ne pas s’étouffer. « Je pensais qu’Easton aurait un vétéran ou deux qui pourraient faire l’affaire. »
« Très bonne idée. J’en discuterai avec lui aussi », dit Lord Ashbury en sonnant la cloche, appelant sa femme. Elle arriva en courant quelques minutes plus tard.
« Lord Craig, excusez-moi 9! Je ne savais pas que vous étiez ici. Comment allez-vous aujourd’hui ? » Lady Ashbury porta ses mains à son cœur quand elle entra dans la pièce et le vit.
« Très bien, Madame. » Il s’était levé à son entrée et s’inclina devant elle en guise de salutation.
« Lord Craig a besoin de votre aide. Vous serait-il possible de vous renseigner sur une éventuelle nouvelle gouvernante pendant que vous êtes en ville ? » expliqua Lord Ashbury.
« Oui10. J’en serais ravie. » Elle lui sourit.
Gavin la remercia, mais ne sentait toujours pas soulagé.
« Il y a-t-il quelque chose d’autre qui ne va pas ? Vous semblez inquiet, non 11? »
« Malheureusement, rien sur quoi vous puissiez m’aider, Madame. Je dois maintenant aborder la femme du pasteur pour voir si elle peut m’aider à planifier la fête du solstice. Il semblerait que c’était une autre des responsabilités de feue Lady Craig. »
« J’imagine qu’ils ont laissé un grand vide à remplir dans une si grande maison. Peu de dames sont préparées à gérer un foyer si majestueux. Avez-vous envisagé prendre une épouse ? »
Gavin haussa les sourcils, mais ne répondit pas. Il avait en effet besoin d’une épouse, mais pourquoi était-ce si humiliant de l’admettre ?
« J’imagine que si vous demandiez de l’aide à Margaux, elle serait ravie de vous aider avec les petites. Je lui donne une semaine avant qu’elle ne meure d’ennui. Elle croit qu’elle aidera à l’orphelinat, mais aujourd’hui même nous avons plus de personnel que nécessaire. »
« Elle m’a déjà proposée d’enseigner aux filles », dit-il, comme s’il dérangerait Margaux et prendrait de son temps.
Lady Ashbury fit un geste vague de la main. « Elle a toujours été mon enfant la plus organisée. Elle a été impliquée dans la gestion de notre foyer depuis très jeune. Il faut qu’elle reste occupée, ou elle devient agitée. »
« Mais cela ne serait-il pas indécent ? Elle n’est pas mariée », questionna-t-il. Il ne voulait en aucun cas ruiner la réputation de Lady Margaux par association.
« Personne ne peut s’y opposer quand elle a sa tante pour la chaperonner. »
Gavin repensa à la tante qui avait été présente, et pourtant absente, au dîner, le soir précédent. Était-elle la duègne prévue ? Gavin était reconnaissant que leur fille lui soit confié à lui et non pas à un quelconque roué à la réputation scandaleuse.
« J’envisagerai de lui demander, madame, si la femme du pasteur n’est pas disposée à le faire. Je ne veux pas abuser de la gentillesse de Lady Margaux. »
« J’imagine qu’elle pourra vous être d’une grande aide jusqu’à ce que vous trouviez les personnes dont vous avez besoin. »
« Je vous remercie, je vais y réfléchir. Je vous souhaite un bon voyage. Je vous promets que je vous tiendrai au courant, Ashbury. Madame. » Il embrassa la main qu’elle lui offrait et serra celle de Lord Ashbury.
Gavin se tourna pour aller chercher les petites et manqua le clin d’œil et grand sourire que s’échangèrent Lord et Lady Ashbury.
Pendant ce temps, Margaux avait fait visiter la maison pour jeunes filles abandonnées à Catriona et Maili. Elle commença par trouver la surveillante et lui présenta les petites.
« Madame Bailey, puis-je vous présenter nos nouvelles voisines, Mademoiselle Catriona et Mademoiselle Maili Douglas. Elles habitent désormais au Château Craig, et étaient auparavant à Alberfoyle. »
Madame Bailey, comprenant, acquiesça, et fit la révérence.
« Bienvenue à Breconarae, Mademoiselle Catriona et Mademoiselle Maili. »
« Lord Craig n’a pas pu obtenir une gouvernante pour le moment, donc nous pensions qu’elles pourraient peut-être profiter de nos leçons en attendant », expliqua Margaux à la surveillante.
« Très bien, Madame. Pourquoi ne les présentons-nous pas aux autres jeunes filles et voyons ce que vous en pensez ? » Madame Bailey sourit à Catriona et Maili, puis se tourna pour les guider à travers la maison.
Au premier abord, les filles étaient timides, mais cela ne leur prit pas longtemps avant d’être confortables dans la maison une fois qu’elles eurent réalisé qu’elle était très semblable à Alberfoyle. Catriona était devenue une gentille jeune demoiselle, et Maili était par nature curieuse et bavarde. Margaux observa les enfants prendre leurs repères et étudia la maison à la recherche d’endroits qui avaient besoin d’être améliorés.
« Il y a-t-il quelque chose dont vous avez besoin aujourd’hui, Madame Bailey ? » demanda Margaux curieusement. Elle n’avait jamais été dans un orphelinat qui n’avait pas besoin de quelque chose.
« Rien ne me vient là. Votre père gère la maison comme une machine bien huilée. »
« Aucun doute là-dessus. J’aimerais tout de même être utile. » Sa présence n’avait en aucun cas été prévue ici, il n’avait certainement pas été prévu qu’elle y travaille.
« Si quoique ce soit me vient à l’esprit, je m’assurerai de vous le faire savoir », dit Madame Bailey avant de partir.
Elle était congédiée. La surveillante présumait sûrement que ce n’était qu’une lubie de Margaux et lui disait seulement ce qu’elle pensait devoir lui dire. Elle allait devoir faire ses preuves. La beauté des orphelinats que Lord Easton avait lancés était qu’il était enseigné aux enfants les compétences nécessaires pour être indépendants à leur sortie de celui-ci. L’orphelinat fonctionnait plutôt comme une école et les filles apprenaient tout en aidant. Il n’y avait pour elle peu de choses à faire, à part quelques tâches de couture ; et même cela été principalement exécuté par les orphelins.