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Souffles
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Souffles

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Souffles
Micol Fusca

Ce livre rassemble sept histoires, dont je suis l'autrice, publiées dans des anthologies de genre fantastique éditées par quelques maisons d'éditions. A mon avis ces histoires sont liées par un fil rouge: l'amour comme sentiment absolu. J'ai voulu penser à chaque conte comme à une plume. Sept plumes, sept contes liés par un seul fil rouge: l'amour avec ses facettes multiples.  Fraternel, trahi, terrestre, divin… L'amour est la force qui met en mouvement l'univers, la forme qu'il prend n'a aucune importance. Sept plumes emportées par le vent, destinées à se poser sur la paume de votre main pour rejoindre ainsi l'essence de vos rêves. Vous rencontrerez magiciens, sorcières, chevaliers et guerriers. Créatures terrestres qui rassemblent en soi le divin. Vous rencontrerez le courage et la volonté de croire dans les sentiments et de rester fidèle au sentir de son âme. Le conte ”Crucifiée”, déjà publié dans l'anthologie ”Histoires d'une Réalité Imaginaire Vol. V”, publiée par Giovane Holden Edizioni, s'est classé en 2ème position au Concours Streghe Vampiri & Co 2018.

Souffles

Contes et Univers

Micol Fusca

Tous les droits de reproduction, traduction et adaptation sont réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée, reproduite ou diffusée sans l'autorisation écrite de l'auteur.

© Micol Fusca 2019

Auteur: Micol Fusca

Illustration de couverture: Yuri Dovadola

Traduction de l'Italien au Français: Daniela Bonvicini

"Avoir le plus grand courage signifie être exactement ce que ta conscience te demande d'être. Au contraire, la couardise la plus grande est suivre les autres, les imiter."

Osho

Sommario

"Souffle" (#u2bcc3fba-8c3f-501b-81d9-70c6d3455f69)

"Crucifiée" (#u289559b9-ef75-571f-8c00-1fb70c47c685)

" Le Masque d'Or" (#uda26e1ae-16e4-559a-9a01-66f3fb517522)

"Le Chevalier de la Mort" (#u60dc00eb-5322-5856-ba8c-2caa0b7abbc3)

"La Belle et la Bête" (#u9b2d2b54-ce9f-5f45-90eb-8edbd0c68c70)

"Butterfly" (#ue804ec8e-f9b4-57fc-ad5a-38bf6533f4db)

"La Maison des Rêves" (#u9247e3e5-d922-50e7-a85b-82af33d6bbae)

Remerciements (#u55747242-35e7-5601-b030-87052493c582)

Biographie (#ucb6fc55b-661f-5fcb-b1bb-858aec8021f1)

"Souffle"

"Dormir.

L'action la plus intime que je connaisse: se confier à l'autre sans défenses, sans mots ni constructions, sans incompréhensions.

Âme et corps serrés dans la même étreinte, le même soupir. Au dessus de tout: âge, genre, chair.

J'ai aimé Dalain dès son premier vagissement, je l'aimerai jusqu'à son dernier souffle.

Je m'appelle Nephelim. Je suis un Défenseur."

Une nuit sans étoiles…sombre et froide.

Il avait attendu que la Lune Rouge arrive au zénith, avant de se lever. Les reproches de la nourrice avaient cessé de le préoccuper depuis plusieurs années. Il avait sept ans à l'époque.

Bien en étant une femme de taille considérable, Alissa n'avait rien d'épouvantable. Son sein était le seul d'où il eût pris son lait: sa mère mourut juste après lui avoir donné naissance.

Son père avait accueilli sa sœur dans une période de difficulté. Son mari ayant perdu ses terrains à cause de son vice du jeu d'hasard, elle se retrouvât ainsi à la rue avec seulement un sac en cuir où elle avait mis quelques vêtements à peine.

Il avait été heureux de confier Nephelim à un membre de sa famille. Veridiana, sa cousine, était plus âgée que lui d'un an: il savait qu'elle était destinée à devenir sa femme.

La tradition elfique de mêler son propre sang exclusivement avec des membres de la famille était conçue comme un acte de conscience vers la race: sa pureté avant tout. C'étaient les paysans qui s'accouplaient au hasard, comme des bêtes.

C'est ça qu'on lui avait appris.

Il s'approcha à la chambre du petit sur la pointe des pieds: il était né ce matin-là. Il n'avait pas cessé de pleurer dès son premier souffle.

Des pleurs étranges, sans voix, qui lui fendaient le cœur. Il jeta un coup d'œil au-delà de la porte presque fermée, en observant la nourrice qui berçait le bébé dans ses bras robustes: elle marchait de long en large, en essayant de le tranquilliser.

«A-t-il mangé?» dit-il en s'avançant, oubliant la prudence.

Alissa lui adressât un sourire apparemment irrité, en levant ses sourcils. Elle savait qu'il aurait attendu que les adultes s'endorment pour la rejoindre. «Il est trop faible. Il n'arrive pas à tirer son lait» son regard devenant triste. «Le guérisseur doute qu'il puisse survivre plus de quelques jours. Son cœur est malade.»

Nephelim s'approcha, en courbant ses lèvres en une ligne subtile: il était fils d'un soldat, il était habitué à la vérité, si cruelle qu'elle pût apparaître. «As-tu essayé?»

La femme le regarda irritée. «Il devrait cesser de pleurer, petit malin. Il alterne les pleurs à l'état d'inconscience, il n'a pas assez de force pour s'attacher au sein.»

Nephelim devint obstiné. «N'y a-t-il d'autre manière?»

Alissa fouilla dans sa mémoire. «Quand j'étais jeune, j'ai vu soigner un agneau qui avait perdu sa mère: il refusait les mamelles des autres brebis. Le berger lui baignait la bouche avec une pièce de tissu trempée dans le lait. Finalement, il a décidé de se nourrir par lui-même. Je pourrais essayer: s'il accepte le tissue, je chercherai à l'approcher à mon sein pour tirer peux de gouttes à la fois et les laisser glisser entre ses lèvres.» Puis elle sembla se rappeler que les dispositions reçues de sa maîtresse étaient très claires. «Nephelim…Je ne crois pas que ta tante aille approuver. Un enfant malade est un problème, un dérangement. Il va mourir quand même.»

«Pas aujourd'hui.» Désormais c'était décidé. Il allongea ses bras vers elle, en attendant qu'elle le lui confie. «Mon père est lointain. C'est un ordre: mon vouloir est le seul qui doive être respecté pendant son absence.»

La nourrice s'inclina légèrement, avec un sourire sur ses lèvres. Il était destiné à commander une armée, son caractère était bien connu par ses serviteurs et par sa famille. Elle lui donna le bébé en faisant bien attention qu'il l'accueille dans ses bras avec délicatesse. Nephelim soutint la petite tête avec une prise sûre et bien attentive à ne pas la faire graver sur son cou frêle.

Alissa s'éloigna en frissonnant. «C'est une nuit sombre, sans étoiles. Pas même la Lune Rouge réussit à raviver le ciel. Une nuit de mauvais augure.» Son attention fut attirée par la question soudaine de l'enfant.

«Quel est son nom?»

«Dalain.»

Nephelim sourit.

Une nuit sans étoiles…sombre et froide. Une nuit éclairée par le fantôme de la Lune Rouge. Une nuit parfaite.

Le crépitement d'un rire, ressemblant à la pluie en printemps.

«Je n'ai jamais vu ce livre-là.»

Dalain essaya de le cacher, ayant remarqué que le regard de son cousin s'était déjà attardé sur sa jaquette de cuir décorée avec des ornements dorés. «Je l'ai…trouvé.»

Nephelim s'assit à son côté, patiemment. Le printemps virait lentement à l'été et il était agréable de se reposer en plein air, à l'ombre du pommier énorme planté par la défunte Lady. Sa mère. Le grenier était son Lieu du Cœur: il y passait la plus part de la journée. Le livre était à lui.

Dalain n'arrivait pas à monter les escaliers par lui même.

«J'ai demandé à Alissa de me l'amener. Je lui ai dit d'obtenir ton permis et de prendre celui qui avait la jaquette la plus belle: verte. C'est ma couleur préférée.»

Les lèvres de Nephelim se plièrent en un demi-sourire, sa tentative d'apparaître moins rigide.

Dalain était malin. Il avait profité de l'ignorance de la nourrice pour se faire amener ce qu'il désirait. Au contraire de la femme il avait appris à lire et à calculer rapidement.

«Tu sais que ces trucs-là sont interdits. Ça devrait être brûlé sur le bûcher.»

L'enfant saisit le livre avec force et le tenait bien serré sur sa poitrine. Il le défiait à donner suite à sa menace, tout en sachant qu'il ne le ferait pas.

«Il n'y a rien d'interdit, j'ai lu suffisamment pour savoir que ce ne sont pas de trucs dangereux. C'est la magie qui a été bannie du Royaume, et pas son histoire.»

Loreana était de cet avis: elle aimait collectionner des livres anciens qui contaient du passé et de l'Ancienne Religion. Son mari considérait ça une habitude inoffensive.

Sa tante n'avait jamais réussi à toucher à ses choses: il lui était interdit d'entrer dans le grenier. Une décision où père et fils étaient d'accord.

Dalain se renferma à nouveau dans son silence, en observant des garçons qui les dépassaient en courant. Beaucoup d'enfants des serviteurs habitaient dans le domaine: ils étaient en chemin vers les pâturages, en riant à haute voix. Il arrivât à comprendre qu'il s'agissait d'une compétition.

Nephelim observa son air devenant triste. Il n'avait pas l'habitude de se plaindre: ce n'étaient que ses yeux sombres qui laissaient deviner sa mélancolie.

Il se leva, en lui tendant sa main. «Viens avec moi.» Il continua à le fixer du regard, en remarquent qu'il avait repris à serrer le livre. «Donne-le moi, je vais le cacher sur l'arbre. Ta mère ne grimpe pas comme un écureuil d'habitude: la seule idée de découvrir ses chevilles causerait son évanouissement pour la honte.»

Il prit le livre et monta rapidement vers les branches les plus hautes. Il trouva un enchevêtrement de jeune feuillage et il y cacha le livre aux yeux des passants.

Une fois revenu à terre, il lui fit signe à nouveau de le rejoindre. Dalain se leva hésitant, en sentant le poids de son regard: les yeux de Nephelim étaient de la couleur du fer, gris et déterminés.

Différemment des autres il n’avait pas peur de son cousin. Il savait que pour lui il donnerait sa main droite, celle avec laquelle il empoignait son épée. C’avait toujours été comme ça.

Ils partageaient la même chambre dès sa naissance. Nephelim dormait en face à lui, ainsi que son souffle arrivait jusqu’à son visage. Il avait appris à connaître chaque haleine au point qu’il s’endormait seulement s’il était bercé de l’haleine qu’il connaissait comme son rythme naturel. Chaque murmure brisé suffisait pour le réveiller rapidement.

Dalain hésitait. «Pourquoi m’aimes-tu? Je suis complètement inutile.»

Le garçon savait qu’il avait saisi ce murmure-là sur les lèvres de beaucoup de monde: domestiques et membres de la famille. Sa fragilité amenait beaucoup de personnes à ignorer que son esprit était prêt à mémoriser chacun de ces murmures. Cet air-là le faisait ressembler à l’autre plus qu’il eût voulu. Leurs traits, leurs couleurs n’étaient pas tellement différents: tous les deux de teint et de cheveux clairs, tous les deux avec des traits allongés et le nez fin.

«Parce que j’admire ton courage: tu combats pour ta vie dès ton premier souffle. Je ne sais pas si je pouvais supporter le poids qui t’opprime. Il est facile d’être fort quand on n'a rien à craindre. Tu n’es pas inutile: je n’arriverai jamais à être aussi intelligent que toi. Les Henders ont posé leurs yeux sur toi depuis longtemps.»

Il lui tourna le dos en s’agenouillant à terre. En attendant.

«Est-ce que tu veux que...je monte sur ton dos?» Il s’approcha de quelques pas, inquiété.

Nephelim dit oui d’un signe de tête, en lui jetant un coup d’œil de derrière son épaule. «Tu sais comment tu dois faire, ce n’est pas différent de quand nous montons les escaliers. Tiens-toi avec une prise forte.»

Dalain serra ses bras autour de son cou et quand l’autre le souleva il sentit qu’il pouvait toucher au ciel avec ses doigts. Il s’accrocha par ses jambes aux hanches de l’autre garçon avec toute la force dont il était capable, en lui permettant de les serrer dans ses bras. Il était habitué à se faire amener par lui quand son souffle était tellement court qu’il lui empêchait de marcher.

Il percevait l’assurance de Nephelim à travers le mouvement fluide des muscles du dos sur sa poitrine maigre. Il leva la tête pour observer la prairie et quand l’autre commença à courir un sourire spontané ouvrit ses lèvres.

Pendant que les jambes longues de son cousin fendaient la mer d’herbe qu’ils avaient devant, il comprit qu’il avait fait semblant de ne pas donner d’importance aux jeux comme celui-ci. Il s’était fermé dans sa chambre en s’isolant de n’importe quel bruit provenant de la cour et en laissant que son esprit coure et se batte pour lui.

Ils atteignirent la grange rapidement, en dépassant le groupe de garçons qui s’était rassemblé à ce lieu. Certains d’entre eux les indiquèrent aux camarades, avec surprise.

Dalain sentit son cœur qui battait fort: émotion.

Nephelim était habitué à courir pour un bon bout de chemin de terre. Son allure s’était faite régulière: il réussissait à lui transmettre la vigueur des muscles en mouvement. Il lui semblait que ses propres muscles répondaient d’une quelque façon et qu’ils se mouvaient au même temps que ceux de Nephelim. Les sensations qui l’enveloppèrent n’avaient rien à voir avec celles créées par son imagination.

Il s’aperçut qu’il était en train de rire seulement quand sa propre voix lui arriva aux oreilles avec un cri euphorique.

Nephelim décida de revenir sur le chemin de retour à la maison dès le moment où il l’entendit reprendre à respirer après le rire qui l’avait comblé. Même si dans cette période-là Dalain réagissait bien aux médicaments, il ne voulait pas baisser la garde. Il savait qu’il s’était gagné une tape sur la main de la part d’Alissa et il n’avait aucune intention de mettre en danger la santé du petit.

Il trouva la nourrice sur le seuil de leur demeure, les bras croisés. Un des fils devait lui avoir raconté qu’il les avait vus courir au-delà de la grange.

La femme vérifia le visage rougi du petit sur les épaules de Nephelim, en clignant les yeux comme une mégère. Elle le prit dans ses bras sans donner le temps à Nephelim de faire des objections, en le serrant dans ses bras comme une couveuse furieuse. «J’espère que tu sais ce que tu es en train de faire, petit malin!»

C’était la seule qui l’appelait de cette façon-là: la seule à laquelle il le permettrait. «Il va bien, ne vois-tu pas comment il est content?»

Alissa observa Dalain d’un œil critique: il semblait ivre. Il continuait à rire de manière étouffée, en se tenant accroché à son cou. Elle adressa son regard indigné au plus âgé. «Avec tout l’argent que tu dépenses pour lui procurer des médicaments dignes d’un roi, tu devrais le traiter comme un pot de cristal!» Elle reprit à se concentrer sur l’enfant, en observant son visage. «Il est complètement trempé...il a besoin d’un bain chaud. Rends-toi donc utile et demande à Glinee d’amener quelques seaux dans sa chambre.»

Nephelim lui rendit hommage par une demie révérence. «C’est déjà fait, Madame.»

Le grondement d’un rire, ressemblant à la pluie au printemps. Fine, intense. Une magie.

La mer de couleur indigo, caressée par des nuages d’écume blanche.

L’Œil de Zephirot brillait depuis trente ans, aussi lumineux que la première étoile du matin. La magie franchissait à nouveau les frontières des Terres de l’Ouest.

Les Henders avaient renforcé leurs rangs, en consacrant des nouveaux Lecteurs et Défenseurs. Leurs symboles, verge et épée, étaient forgés dans le même feu: remplis de la bénédiction de Dieu à l’instant même où ils étaient rapprochés du précieux cristal, l’Œil, au moment de l’investiture.

Nephelim avait sué sang et eau, enterré la douleur du détachement dans la partie la plus sombre de son âme: c’était ce qu’il avait désiré pour soi dès qu’il était capable de comprendre. La naissance de Dalain n’avait que renforcé son intention.

Il trouvait bizarre que son peuple combatte la magie en l’utilisant.

Un Défenseur devait son âme à son protégé: il accompagnait ses pas où que son intervention soit demandée.

Le Lecteur d’Âmes voyait au-delà de n’importe quelle apparence: son esprit possédait l’agilité nécessaire pour débrouiller les affaires les plus intriquées. Il avait la capacité de distinguer n’importe quelle émotion ou accent et d’arriver aux vérités les plus cachées.

Nephelim se prépara à une nouvelle attente: il souhaitait ne pas devoir présider à l’interrogatoire d’une pauvre femme, accusée de sorcellerie pour avoir servi une tisane curative au Sénéchal. Ça, c’était passé beaucoup de fois. Trop de fois.

Les sourires nerveux des palefreniers lui firent craindre que le Lecteur n'arrive en retard: ils détournaient le regard du sien, en craignant quelques reproches.

Il fut heureux d’apercevoir son compagnon qui descendait l’escalier du Temple.