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Actrice
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Actrice

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Elle pensa à Mai pendant un bon moment, en tirant les chiens de la statue du Capitaine Cook et en redescendant la colline en direction du centre de Greenwich. Cela faisait un an maintenant qu’elle travaillait pour Mai, depuis qu’elle a eu les chiens, et elle savait que Mai était sérieuse dans son travail d’interprète. Elle voulait s’améliorer et devenir la meilleure actrice. Billie était d’accord avec cela – c’était une bonne éthique professionnelle pour une personne aussi jeune et inexpérimentée.

D’autre part, depuis qu’elle avait rompu avec Dennis, Billie s’est rendue compte qu’il n’y avait rien de plus important dans la vie que le travail. Si vous pensez que seul le travail peut satisfaire votre esprit, c’est que vous êtes fou. La vie est une répétition. Vous faites de votre mieux pour l’aimer et vous vous emparez de ce qui vous plait lorsque l’occasion se présente.

Même si vous deviez vous plier en quatre pour y arriver au début.

- Regarde un film avec moi, dit Mai lorsque Billie entra.

- D’accord. Tu diriges ma vie, après tout.

En son for intérieur, Billie était ravie que Mai le lui ait demandé. Au cours de cette dernière année, elles avaient regardé plusieurs films ensemble et elle aimait toujours les explications que lui donnait Mai concernant les faits et gestes des acteurs. Elles regardaient généralement un vieux film qu’elles avaient déjà vu pour qu’elles puissent se concentrer sur la technique des acteurs et la réalisation, et non sur l’intrigue. Elle calma les chiens, puis rejoint Mai dans le salon. Elle avait téléchargé un film d’Hitchcock et utilisa un câble pour connecter son ordinateur portable à l’arrière de la télévision murale. Billie l’aida à déplacer le canapé face à la télévision, puis elles éteignirent toutes les lampes de table, excepté une.

L’homme qui en savait trop avec Doris Day et James Stewart. L’histoire commençait à Marrakech, où Stewart, un médecin, était en vacances avec sa femme et son jeune enfant. Ils se retrouvèrent impliqués avec un français, qui s’est révélé être un membre des services secrets français et qui fut assassiné devant eux sur le marché de Marrakech. Avant de mourir, il murmura un secret à Stewart – un homme sera assassiné à Londres. Stewart est empêché de transmettre ces informations. Il reçoit un coup de fil de menace, lui annonçant que son fils sera en danger s’il divulgue le secret à quiconque.

Cela les emmena presque à la moitié du film. Mai était silencieuse, assise enroulée dans une robe de chambre sur le canapé, ses pieds calfeutrés sous elle. Billie avait ouvert une bouteille de blanc sud-africain et s’apprêtait à se resservir. Elle se pencha en avant et appuya sur pause sur l’ordinateur portable.

- Un autre ?

- Elle assure vraiment, Doris Day, n’est-ce pas, elle est vraiment présente.

- Que veux-tu dire ?

- Tu peux voir qu’elle est à l’écoute des autres acteurs, même lorsqu’ils sont hors écran. Tu sais lorsqu’ils font ces gros plans, l’autre acteur reste là, debout avec le script à lire. Doris ne laisse pas cela interférer dans sa réaction. Ses yeux se lèvent et se baissent comme si elle regardait le personnage parler, en le regardant des yeux à la bouche. Puis lorsqu’elle sourit, elle le fait vraiment. Ce n’est pas un sourire fabriqué – ça atteint même ses yeux. C’est parfaitement naturel. Emma Thompson possède ce don – le sentiment qu’il y a un être humain là-dedans, et non une personne qui joue le rôle d’un être humain.

- J’aime Jimmy Stewart – la manière dont il s’est transformé d’un américain ordinaire en vacances sur une terre étrangère à une personne avec du cran.

- Il est également intelligent. Il sait que tout se joue dans le regard. Cette partie maintenant lorsqu’il enlace Doris pour la réconforter et qu’on voit son visage au-dessus de son épaule… tu vois, il utilise le regard et la bouche ? Le regard d’un côté comme s’il cherchait une échappatoire, la bouche légèrement ouverte, puis un rapide coup d’œil vers Doris avant de détourner à nouveau son regard – tout ça se produit en un clin d’œil, mais tout est parfaitement contrôlé. Cela pour montrer sa peur, sa panique et sa détermination.

- Et il est drôle, en plus.

- Cette partie dans le restaurant marocain, à manger du poulet avec les mains. Il arrive à rendre cela drôle et cinq minutes après il devient sérieux à donner des ordres au policier. Il change son langage corporel, plus de mouvements angulaires, plus direct, plus droit. Il exprime cette hésitation dans sa voix, cette voix traînante.

Billie se leva, alla dans la cuisine et remplit son verre à vin. Elle cria :

- Tu veux tasse de thé ou autre chose ?

Mai lui répondit qu’elle ne voulait rien et Billie retourna dans la pièce – l’image de Day et Stewart immobile dans un entrelacement sur le grand écran, le visage de Mai pâle dans sa direction comme une quémandeuse soûle de talent. Billie s’arrêta un moment à la porte. Elle pensa soudain que ces moments étaient parfaits… mais en même temps elle avait peur. Sa vie était comme une dépendance, comme l’un de ces oiseaux qui vivaient sur le dos des éléphants ou des rhinocéros… un serpentaire, c’est ça ? Lorsqu’elle partira ce soir, elle prendra sa voiture pour retourner dans un petit appartement à Twickenham au-dessus d’une agence d’assurances. Elle monterait les escaliers en faisant attention à l’avancée des escaliers qui pourrait lui fondre le front si elle ne baissait pas la tête, arrivée à la dernière marche du haut, elle tournerait à gauche sur le palier et ouvrirait la troisième porte sur sa droite. Un lit, un lavabo, une fenêtre à guillotine. Une chaise, une commode à tiroirs, une mince penderie. C’était une chambre sombre à l’arrière déguisée en appartement, avec un accès à une salle de bain commune. C’était un enfer, mais le seul enfer qu’elle pouvait s’offrir après s’être séparée de Dennis. Plutôt mourir que de retourner à Bude, malgré l’attrait de son air marin vivifiant.

Elle avait donc peur que tout cela s’arrête un jour – cette vie, cette amitié, cette intimité. Elle n’aurait plus que l’enfer de Twickenham. Depuis qu’elle avait mis Dennis à la porte, elle avait peur de ne plus avoir d’amis. Elle était trop difficile à vivre, se dit-elle. Trop âgée pour changer. Elle avait peur qu’à un moment donné, la vie de famille qu’elle voyait autour d’elle – ses clients, sa famille, ses amis – lui échappe pour toujours. Elle disait à tout le monde qu’elle était anticonformiste, qu’elle ne voulait pas s’attacher, trop occupée à s’amuser… mais les mots devenaient éphémères dans sa bouche dès qu’elle les avait prononcés.

Elle avait réalisé depuis longtemps qu’elle avait peur de s’engager dans un seul courant de pensées, dans un seul mode de vie… mais qu’elle avait également peur de la solitude qui pourrait en résulter.

Alors sa solution était de plaire. De s’assurer que les gens l’aimaient et voulaient sa compagnie, son amitié. Elle travaillerait pour eux pour de l’argent, mais elle cèderait également à leurs caprices. Elle se rendrait irremplaçable. Elle serait honnête, tant que l’honnêteté ne blessait pas, et directe tant qu’aucune critique ne s’y impliquait. Elle marchait sur une corde raide pour qu’on la considère comme utile et attentionnée, et en même temps capable de dire les choses sans mâcher les mots.

- Alors, tu viens ? dit Mai. Je veux voir s’ils vont récupérer l’enfant.

- C’est Hollywood, bien sûr qu’ils vont le récupérer. Et les méchants auront ce qu’ils méritent.

- Contrairement à la vie réelle, dit Mai aigrement.

Maintes fois, Billie se demanda ce qui motivait Mai. Parfois, elle se comportait comme une enfant trop maîtrisée, désireuse de sortir des contraintes d’être Mai Rose. A d’autres moments, elle avait l’air d’être passive et vigilante, comme si c’était plus amusant de voir les autres s’engager dans la vie, et éventuellement échouer, que de prendre elle-même le risque.

Peut-être que ce concours permettrait de mettre au clair sa vraie personnalité.

CHAPITRE CINQ

Le trajet du taxi jusqu’au club où The Gastric Band devait jouer, semblait interminable, comme un voyage dans un rêve où on n’arrive jamais à destination, bien qu’elle soit toujours visible.

Le taxi Addison Lee les avait récupérées en premier, puis prit l’itinéraire pour prendre Stephan à l’extérieur de son appartement avant d’entamer la longue traversée du nord de Londres, en passant par Kentish Town et Hampstead et roulant sinistrement au-delà de Golden Green. Voici les dragons, pensa Mai, lorsque le taxi fonça. Une actrice prometteuse abandonnée dans la nature sauvage de Londres. Il a été rapporté qu’aucune vie humaine n’était en vue…

- Il faut avouer qu’ils ont du courage, dit Stephan. Faire tout ce trajet juste pour jouer quelques morceaux.

- Je ne crois pas que le groupe d’Alfie sache ce qu’est une mélodie. Sais-tu que le punk n’a jamais disparu ? Il est tout simplement entré dans un coma et de temps en temps, il est ranimé.

Stephan la fixa.

- Est-ce que l’homme de tes rêves sait que tu as une aussi grande estime pour la carrière qu’il a choisie ?

Mai ne dit rien et continua à regarder par la fenêtre. Elle avait parlé brièvement à Alfie ce matin pour lui demander le nom l’endroit. A nouveau, elle sentit de la tension dans sa voix. Elle voulait bien mettre ça sur le compte des nerfs – après tout, c’était leur premier concert comme nouveau groupe – mais il n’avait pas à être pour autant aussi méchant. Elle savait que cela avait déteint sur sa répétition de cet après-midi, cependant Pedro eut l’air sensible à son humeur et ne l’avait pas poussée à bout. Elle se demandait si ses autres amis l’approchaient prudemment lorsqu’elle était de mauvaise humeur. Etait-elle instable ? Faisait-elle peur aux gens ? Elle avait assez lu des biographies du showbiz pour prendre conscience des dangers de l’estime de soi et de la vanité, et la dernière chose qu’elle voulait était de repousser les gens. Ou de leur faire peur.

- A quoi penses-tu ? demanda Stefan.

- Que j’aurais dû être chez moi à apprendre des lignes et à me reposer, et non rester debout dans une salle remplie de sueur pour me faire défoncer les tympans.

- Les choses qu’on fait par amour.

Il sentit ses sourcils s’élever d’un cran, même si elle était de dos.

- Bien sûr. C’est exactement ça.

Reconnue, elle fut emmenée en coulisses. Elle longea quelques couloirs sombres en passant devant des machinistes portant des guitares et des rouleaux de ruban adhésif qui marchaient à grands pas, comme s’ils faisaient partie de la bande. L’air sentait l’électricité à haute tension passant dans les câbles isolés.

Alfie, Joe et les autres deux membres de la bande étaient assis sur des fauteuils déchirés dans une loge qui n’avait jamais connu de jours meilleurs. Joe était mince et, selon Mai, avait pris pour modèle le gars de Franz Ferdinand – tous les angles et les cheveux courts. Les deux autres étaient des blaireaux-techno et passaient la plupart de leur temps à parler de leurs équipements. L’un portait des lunettes et l’autre non – c’était la seule manière pour que Mai les différencie dans sa tête.

Alfie se leva et enlaça Mai, puis donna un coup de poing à Stefan. Ses joues étaient bien rasées pour la première fois depuis des mois et il avait laissé ses cheveux couleur sable pousser depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Il était mince mais fort, tel un prisonnier ayant fait beaucoup d’exercices mais qui n’avait pas bien mangé. Ce qui était probablement proche de la vérité, pensa-t-elle. Elle ressentit un petit frisson au cœur lorsqu’il l’enlaça.

- Comment c’est dehors ? demanda-t-il. Y a-t-il des personnes qui ont pris la peine de venir ?

- Ça grouille, dit Mai, ça bouillonne. Ça sue d’excitation.

- Merci d’être venue, dit Joe. Quelqu’un de l’émission avec toi ?

- Désolée. Je n’ai parlé à personne depuis deux mois.

Joe hocha la tête faisant mine qu’il avait compris. Mai se demanda s’il faisait partie de ces personnes qui la voyaient comme une célébrité de télé et qui voulait profiter d’une partie de la gloire. Elle avait rencontré des gens qui ne faisaient rien d’autre que de poser des questions sur Amberside Terrace et ses résidents, comme s’il s’agissait d’une vraie rue qui existait dans la réalité.

- Le son est pourri, dit Alfie. Le mec de la distribution n’a pas arrêté de s’excuser depuis quatre heures de l’après-midi. Il y a aussi de la merde avec les billets. Tu as de la chance qu’on ne t’est pas envoyée au centre-ville pour les distribuer habillée en string.

- Ce sera pour la prochaine fois. Où est Pete ?

- À O2 – un plus grand concert, une autre perte. On n’a pas besoin de lui, ici.

Pete Graham dirigeait trois groupes, dont deux étaient des vedettes. Mai se demandait si The Gastric Band figurait en haut de sa liste de priorités.

- Tu vas bien ? demanda-t-elle. Es-tu prêt à taper dans ces peaux, ou je ne sais comment vous les appelez, vous, les batteurs ?

- Ça va, n’est-ce pas les gars ? dit-il en se tournant et attendant une réponse. Il reçut en retour deux minutes de ouh-ouh et des pouces en l’air.

- Tu vois ? Ça c’est l’excitation de ces garçons. Ils sont nerveux.

- Je ferais mieux de m’en aller. Prendre ma place dans la loge royale. Fais-moi un signe quand tu me verras.

A l’extérieur de la loge, elle dit à Stefan :

- Ils vont exploser. Ils sont trop nerveux.

- Petite Mlle Positive. Ça va bien se passer. Les nerfs sont bons, je n’ai pas besoin de te le dire. Ça met le système en marche.

- Y a-t-il un endroit où on peut boire un verre ? J’ai l’impression que je suis plus nerveuse qu’eux, c’est pour dire.

Stefan lui saisit la main et la conduit à travers une foule qui grossissait dans un petit bar au milieu d’une pièce à l’arrière du concert. Mai remarqua que la foule était principalement composée d’adolescents, une grande partie était des jeunes filles. On ne sait pas pourquoi, la plupart d’entre elles avaient le visage peint de balafres diagonales d’un côté à l’autre.

Stefan avait remarqué le même phénomène.

- C’est cette chanson sur YouTube – Razor Girl. Elles n’avaient pas saisi qu’il s’agissait de se couper les poignets. Elles croient que c’est du maquillage.

Mai se rappelait de la chanson maintenant, quelque chose que Joe avait apparemment écrite à propos d’une ex-petite amie qui s’automutilait constamment. La vidéo YouTube n’avait pas inclus de séquences en direct du groupe, mais quelqu’un avait mis des visuels sur la musique – des photos d’une fille avec du maquillage en diagonale son visage comme une copie junior de David Bowie circa Aladdin Sane. Bien qu’il ne l’ait pas admis, Joe avait été soupçonné d’avoir été lui-même la mascotte de l’affiche.

Quarante minutes après le concert, Mai attira l’attention de Stefan et hocha la tête vers l’arrière de la salle, puis traversa la foule rebondissante. Il l’a rattrapa et se faufilèrent dans le bar.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Des maux de tête, dit-elle. Ils sont plus bruyants que dans mes souvenirs. As-tu reconnu un morceau ?

- Ne sois pas méchante. Ils sont pas mal, même si je commence à me lasser des délires de Joe entre les chansons. Il devrait compter un, deux, trois, quatre et ensuite chanter.

Mai trouva un siège branlant au bar et reposa sa tête entre ses mains. La musique traversait le mur de séparation comme un battement intense couvert d’une sorte de gémissement pendant que Joe allongeait la limite maximale de sa portée à chaque chanson. C’était leur ‘son’, le truc qui était censé faire la différence dans la compétition. Tant que les cordes vocales de Joe restaient intactes, ils pourraient peut-être arriver à quelque chose. Du miel et de l’eau, pensa Mai, c’est ce dont il avait besoin, se rappelant du remède infaillible de sa mère.

Elle releva la tête et regarda autour d’elle. Où était cet endroit ? Elle avait donné l’adresse au taxi sans savoir vraiment où c’était, à part que c’était aux terrains vagues d’Arctic au nord de Londres. On avait l’impression que c’était une sorte de night-club dégradé dans une localité nordique défavorisée et en faillite. Où on voyait des comédiens raconter des blagues sexistes, peut-être une strip-teaseuse le dimanche. Un Bingo, le lundi soir pour les retraités locaux. Merde, qu’est-ce qu’Alfie faisait à jouer ici ? Le distributeur faisait-il de la fraude fiscale, en disant au fisc qu’ils avaient dépensé des millions pour lancer de nouveaux numéros, alors qu’en réalité ils jouaient des concerts en Sibérie ?

Stefan posa une boisson sur le bar en face d’elle. Ça pétillait avec une sorte d’excitation qu’elle ne sentait pas.

- De l’eau tonique, dit-il. Bois lentement. Je repars à l’intérieur. Prie pour moi.

Le bruit du groupe brailla brièvement lorsqu’il ouvrit les portes de secours pour retourner dans la salle.

Il n’y avait personne d’autre dans le bar à l’exception de deux barmans et un homme qu’elle pensait connaître, assis à une table et fixant sa montre. Comme s’il avait senti qu’elle le regardait, il lui lança un regard et modela ses lèvres en un sourire peu assuré. Elle le reconnut alors – il était aux répétitions lorsqu’elle y avait assisté il y a quelques semaines de cela. Il était probablement le distributeur, présent pour chaperonner le groupe durant leur premier concert.

Elle reposa sa tête sur ses mains et respira profondément, en essayant de calmer les battements de son cœur qui battaient fort dans sa tempe droite. Elle pouvait sentir l’alcool formant une flaque sur le sol s’évaporer et l’odeur du tabac froid sans doute incrustée dans l’empreinte génétique du papier peint.

Quand elle entendit une voix près d’elle, elle sut que c’était lui. Elle aurait pu prédire qu’il allait venir vers elle.

- Ça va ? Puis-je vous offrir un verre ?

Elle resta immobile, ne voulant pas l’encourager.

- Miss Rose ?

- Je vais bien, merci. Une petite migraine. Vous devriez aller regarder le groupe. The Gastric Band. On dirait qu’ils sont en train de perdre la tête.

En l’entendant pouffer un rire, elle sourit dans les paumes de ses mains.

- J’ai entendu qu’ils n’arrivaient à plus rien écrire depuis un moment, dit-il. Ils sont bloqués.

Elle sourit à nouveau :

- Mais rien ne les dépasse.

- Au moins, ils n’essayent pas de vous faire rentrer leur musique dans le crâne.

Elle le regarda alors :

- Ça ne marche pas. Vous êtes allé trop loin, ce n’est plus marrant.

Il était pâle mais pas trop mal, environ 25 ans, pensa-t-elle. Peut-être un plus âgé. De longs cils et une bouche pleine. L’air un peu nerveux qui frisait le charisme. Hmm.

- Ne s’attendent-ils pas à vous voir là-bas, avec un sourire d’encouragement et à applaudir comme Richard Branson ou autre ?

- J’ai entendu la répétition. C’est pas comme si je ne connaissais pas les chansons. Etes-vous sûre que ça va ? Je pourrais sortir dehors avec vous, si vous voulez, pendant que vous vomissez.

- C’est de ça que j’ai l’air ? Prête à vomir.

- Hé, comment avez-vous sût le titre de leur prochain single ?

Elle se mit à rire à haute voix.

- J’avais l’intention de l’utiliser comme titre pour ma biographie de personne célèbre, dès que j’aurai trouvé un nègre qui m’offrirait un prix bon marché.

- Le distributeur peut vous en présenter quelques-uns. Puis-je m’asseoir ?

- Si seulement vous êtes amusant.

- Je m’en vais alors. Je serai assis là-bas avec ma réputation en lambeaux.

Elle alla prêt du bar et traîna une autre chaise haute vers elle. Il s’y assit, puis pointa vers le verre à moitié vide.

- Un autre ?

- Non, merci. Et c’est un tonic avant que vous ne vous faites de mauvaises idées.