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Les Trois Mousquetaires. Уровень 1 / Три мушкетера
Chapitre VII
Un jour on a frappe doucement à la porte du logement de d’Artagnan. C’était un bourgeois de mine assez simple[124]. Ce bourgeois, qu’on appelé Bonacieux, était le propriétaire de l’appartement de d’Artagnan.
– J’ai entendu parler de M. d’Artagnan comme d’un jeune homme fort brave, a dit le bourgeois, et c’est pourquoi j’ai décide de lui confier un secret.
– Parlez, monsieur, lui a répondu d’Artagnan.
– Ma femme qui est lingère chez la reine, monsieur, a été enlevée hier matin, comme elle sortait de sa chambre de travail.
– Et par qui votre femme a-t-elle été enlevée?
– Je n’en sais rien sûrement[125]. Mais je soupçonne un homme qui la poursuivait depuis longtemps.
– Diable!
– Je crois donc que ma femme a été arrêtée à cause des affaires amoureuses d’une plus grande dame qu’elle.
– De Mme de Bois-Tracy? a dit d’Artagnan. Il voulait avoir l’air du connaisseur des affaires de la cour[126].
– Plus haut, beaucoup plus haut!
– De la… s’est arrêté d’Artagnan. Il a pensé de la reine Anne d’Autriche.
– Oui, monsieur, a répondu le bourgeois épouvanté.
– Mais avec qui?
– Avec qui cela peut-il être, si ce n’est avec le duc de…[127]
– Le duc de Buckingham…
– La reine croit qu’on a écrit à M. le duc de Buckingham en son nom pour le faire venir à Paris et pour l’attirer dans quelque piège[128]. On connaît que ma femme est dévouée à la reine. On veut soit l’éloigner de sa maîtresse, soit apprendre tous ses secrets.
– C’est probable, a dit d’Artagnan, mais l’homme qui l’a enlevée, le connaissez-vous?
– Je sais seulement qu’il sert le cardinal. C’est un haut gentilhomme, il a une cicatrice à la tempe[129].
– Une cicatrice à la tempe! s’est écrié d’Artagnan, c’est mon homme de Meung!
– C’est votre homme, dites-vous?
– Oui! Je ferai d’un coup deux vengeances[130]. Mais où je trouverai cet homme?
– Je sais seulement que ma femme a disparu près du Louvre. De plus, cet homme a laissé une lettre.
Le bourgeois lui a donné une lettre.
«Ne cherchez pas votre femme, a lu d’Artagnan, si vous faites une seule démarche pour la retrouver, vous êtes perdu[131].»
Mais tout à coup, Bonacieux a vu un homme en face des fenêtres, un homme enveloppé dans un manteau[132].
– Mais… Voilà lui, cet homme inconnu!
D’Artagnan l’a vu et a crié:
– C’est lui! Cette fois-ci, il ne m’échappera pas.
Avec ces mots il s’est précipité hors de l’appartement.
Chapitre VIII
Mais d’Artagnan n’a pas réussi à trouver son homme de Meung. Déçu, il est rentré à son appartement. Ses amis l’y attendaient.
Et alors il a raconté mot à mot[133] à ses amis ce qui venait de se passer entre lui et son hôte, et comment l’homme qui avait enlevé la femme du digne bourgeois était son ennemi personnel, l’homme de Meung.
– Ce n’est point de Mme Bonacieux que je m’inquiète, a dit d’Artagnan, mais de la reine. Si je savais où est le duc de Buckingham, je voudrais le prendre par la main et le conduire près de la reine, pour faire enrager M. le cardinal[134]; car notre véritable, notre seul, notre éternel ennemi, messieurs, c’est le cardinal.
– Et, a dit Athos, le bourgeois vous a dit, d’Artagnan, que la reine pensait qu’on avait fait venir Buckingham à Paris?
– Elle en a peur[135], a dit d’Artagnan, maintenant je crois, que l’enlèvement de cette femme de la reine se rattache à la présence de M. de Buckingham à Paris.
– Le Gascon est plein d’idées, a dit Porthos avec admiration.
– Je voudrais vous raconter une histoire, a dit soudainement Aramis, hier j’ai été chez un savant docteur en théologie que je consulte pour mes études[136]. Quand je sortais de chez lui…
Ici Aramis s’est arrêté comme un homme qui, en plein courant de mensonge[137], se voit arrêter par quelque obstacle imprévu[138].
– Ce docteur a une nièce, a continué Aramis.
Ses amis se sont mis à rire.
– Je devais la conduire à son carrosse.
– Ah! elle a un carrosse, la nièce du docteur? l’a interrompu Porthos.
– Vous êtes fort indiscret[139], Porthos, a dit Aramis. Il continuait: Tout à coup, un gentilhomme grand et brun, tout comme le vôtre, d’Artagnan, s’est approché de moi. Il nous a demandé de le suivre.
– C’était lui! a crié d’Artagnan, il vous avait pris pour Buckingham[140]! Et la dame, il l’avait prise pour la reine!
En ce moment les amis ont entendu le bruit. Le bourgeois est entré dans la chambre.
– Ah, messieur, sauvez-moi! il a crié.
En ce moment, les quatre gardes ont apparu à la porte.
– Entrez, messieurs, a crié d’Artagnan, nous sommes tous de fidèles serviteurs du roi et de M. le cardinal.
– Mais vous m’avez promis…, a dit tout bas[141] le pauvre bourgeois.
– Nous ne pouvons vous sauver qu’en restant libres[142], a répondu d’Artagnan, et si nous faisons mine de vous défendre[143], on nous arrête avec vous.
Et d’Artagnan a poussé le bourgeois tout aux mains des gardes, en lui disant:
– Vous êtes un maraud, mon cher; vous venez me demander de l’argent, à moi! à un mousquetaire! En prison, messieurs, emmenez-le en prison, cela me donnera du temps pour payer.
Et les gardes sont sortis avec le pauvre bourgeois.
– Comment ça? a dit Porthos, quatre mousquetaires laissent arrêter au milieu d’eux un malheureux qui crie à l’aide!
– J’approuve la décision de d’Artagnan, a dit Athos, elle est vraiment sage.
– Et maintenant, messieurs, a dit d’Artagnan sans se donner la peine d’expliquer sa conduite à Porthos[144], tous pour un, un pour tous, c’est notre devise, n’est-ce pas?
Et les quatre amis ont répété d’une seule voix[145] la formule dictée par d’Artagnan:
– Tous pour un, un pour tous.
Chapitre IX
Les gens du M. cardinal ont fait une souricière de l’appartement de M. Bonacieux[146]. C’est à dire que chacun qui a apparu ici, était pris et interrogé par les gardes. Une allée particulière conduisait à l’étage où habitait d’Artagnan: ses amis et lui-même étaient hors danger[147].
Un soir d’Artagnan a entendu frapper à la porte. Cette porte s’est ouverte et s’est renfermée immédiatement. Quelqu’un venait de se prendre à la souricière[148].
D’Artagnan a vu que c’était une femme. Les homme du cardinal ont commencé à l’interroger. La femme a dit son nom: c’était madame Constance Bonacieux.
Tout à coup, d’Artagnan a pris son épée: il a décidé de se faire prendre dans la sourcière pour sauver Mme Bonacieux. D’Artagnan est entré, et un moment après quatre hommes vêtus de noir se sont envolés de la maison de M. Bonacieux. D’Artagnan était vainqueur sans beaucoup de peine[149], car un seul de ces hommes était armé.
D’Artagnan est resté seul avec Mme Bonacieux. Elle était demi évanouie[150].
C’était une charmante femme de vingt-cinq à vingt-six ans, brune avec des yeux bleus, ayant un teint marbré de rose et d’opale[151]. D’Artagnan l’examinait avec admiration.
En ce moment Mme Bonacieux a ouvert ces yeux.
– Ah! monsieur! elle a dit, c’est vous qui m’avez sauvée; permettez-moi de vous remercier.
– Madame, je n’ai fait que ce que tout gentilhomme doit fait à ma place[152].
– Oui, monsieur. Mais que voulaient ces hommes et où est M. Bonacieux, mon mari?
– Ils sont les hommes du M. cardinal. Hier ils sont venus ici pour conduire votre mari à la Bastille.
– Mon mari à la Bastille! a crié Mme Bonacieux, oh! mon Dieu!
– Son seul crime est d’avoir à la fois le bonheur et le malheur d’être votre mari, a dit d’Artagnan.
– Est-ce que vous savez, monsieur…
– Je sais que vous avez été enlevée. Et je suis sûr que les hommes que j’ai mis en fuite[153] vont revenir. S’ils nous retrouvent ici nous sommes perdus.
D’Artagnan a décidé de conduire Mme Bonacieux à l’appartement d’Athos car ce-ci n’était pas chez lui. Mme Bonacieux a demandé à d’Artagnan d’aller à Louvre pour voir son oncle et protecteur, M. de la Porte. Il devait aider la pauvre femme.
– Mais où et comment vous reverrai-je? a dit d’Artagnan quand toutes les instructions lui ont été données.
– Voulez-vous me revoir?
– Certainement.
– Eh bien, reposez-vous sur moi de ce soin[154], et soyez tranquille.
– Je compte sur votre parole[155].
D’Artagnan lui a lancé le coup d’oeil[156] le plus amoureux.
Chapitre X
Après ce jour d’Artagnan a pensé beaucoup de Mme Bonacieux. Jolie, mystérieuse, initiée à tous les secrets de cour[157], elle était presque une idéalité amoureuse pour le jeune homme. Mais elle ne voulait point lui découvrir ses secrets.
Un jour d’Artagnan a cherché un moyen de visiter M. de Tréville. Il a appris que de Tréville était au Louvre et a décidé d’y aller. Comme il arrivait à la rue Guénégaud, il a vu un groupe composé de deux personnes: l’un, un homme; l’autre, une femme. Cette femme, a pensé d’Artagnan, ressemblait Mme Bonacieux et l’homme, il ressemblait… Aramis, son ami! De plus, il portait l’uniforme des mousquetaires. D’Artagnan a décidé de les suivre. La jalousie s’est agitée dans son coeur.
D’Artagnan les a rattrapés, et ils se sont arrêtés devant lui.
– Que voulez-vous? a demandé le mousquetaire avec un accent étranger.
– Ce n’est pas Aramis! il s’est écrié.
– Non, monsieur, et je vois que vous m’avez pris pour un autre, et je vous pardonne.
– Vous me pardonnez! s’est écrié d’Artagnan.
– Oui, a répondu l’inconnu, laissez-moi donc passer.
– Monsieur, a dit d’Artagnan, ce n’est pas à vous que j’ai affaire, c’est à madame.
– Ah! a dit Mme Bonacieux d’un ton de reproche[158], ah monsieur!
D’Artagnan, plein de jalousie, a tiré son épée. En même temps et avec la rapidité de l’éclair, l’inconnu a tiré la sienne. Mme Bonacieux s’est jetée entre les combattants avec ces mots:
– Ah, cet homme, c’est le duc de Buckingham!
– Milord, madame, pardon, cent fois pardon[159]; mais je l’aimais, Milord, et j’étais jaloux; vous savez ce que c’est que d’aimer.
Le duc l’a pardonné et lui a demandé de les suivre jusqu’au Louvre à vingt pas[160] pour les défendre en cas de danger.
Maintenant d’Artagnan a été tranquille. Il a suivi le duc avec Mme Bonacieux jusqu’au Louvre et a décidé de rentrer chez soi.
Chapitre XI
Le jour suivant le jeune homme a entendu la conversation entre monsieur et madame Bonacieux.
Nous devons dire que M. Bonacieux a enduré beaucoup des épreuves depuis son arrestation. Il a été conduit au M. le cardinal lui-même, car les intrigues, à lesquelles sa femme avait participé, étaient trop sérieuses et concernaient la famille royale. Le pauvre Bonacieux a été épouvanté. Le cardinal lui a posé beaucoup de questions qui concernaient l’information reçue de sa femme, son rapport proposé avec les intrigues et secrets de Mme Bonacieux. M. Bonacieux tâchait de se présenter comme un homme loyal au cardinal. Il a réussi à lui assurer sa fidélité[161]. Le pauvre homme a été libéré. Après cette rencontre Bonacieux est devenu un fervent cardinaliste[162], il était toujours prêt à informer Son Éminence de tous les détails qui lui semblaient importants.
Et maintenant Mme Bonacieux a demandé à son mari d’aller à Londres, et celui-ci en a refusé.
La femme lui a dit que c’était le moyen de gagner beaucoup d’argent.
– Une personne illustre vous envoie, une personne illustre vous attend: la récompense dépassera vos désirs, voilà tout ce que je puis vous promettre, elle a dit.
– Des intrigues encore, toujours des intrigues! Comme serviteur du cardinal, je ne permettrai pas que vous vous livriez à des complots contre la sûreté de l’État[163], et que vous serviez les intrigues de la reine.
M. Bonacieux a compris rapidement que la demande de sa femme était liée aux affaires amoureuses de la reine.
– Allons, êtes-vous décidé[164]? elle a dit.
– Tenez, madame Bonacieux, a dit le bourgeois, tenez, décidément, je refuse: les intrigues me font peur. De plus, les conséquences de ce voyage peuvent être dangereuses. J’ai vu la Bastille, moi. Brrrrou! c’est affreux, la Bastille!
– Vous n’êtes point assez brave pour m’être d’une utilité quelconque[165], et je m’en retournerai bien au Louvre toute seule.
– Comme il vous plaira[166], madame Bonacieux, a répondu le bourgeois, et avec ces mots il s’est eloigné rapidement.
Nous savons qu’en même temps cette conversation a été entendue par d’Artagnan. Aussitôt que M. Bonacieux était sorti, le jeune homme est entré par la porte.
– Madame, il a dit, je suis prêt à me jeter dans le feu pour vous; enfin que la reine a besoin d’un homme brave, intelligent et dévoué.
– Et quelle garantie me donnerez-vous si je vous confie cette mission?
– Mon amour pour vous.
Le coeur de Mme Bonacieux battait de joie, et une secrète espérance a brillé à ses yeux[167]. Elle a trouvé un messagier à Londres dont elle avait besoin. La jeune femme lui a confié le terrible secret. D’Artagnan a connu déjà que Mme Bonacieux avait conduit le duc Buckingham au Louvres. Là, le duc, plein de l’amour, avait une rencontre avec la reine, pendant lequel il avait demandé quelque chose appartenant à la reine comme souvenir. La reine lui avait donné les ferrets de diamants[168]. Mais le cardinal avait appris que le duc visitait la reine, de plus, il savait que les ferrets étaient sortis avec lui. Lorsque le cardinal avait ses propres comptes avec la reine à cause du refus de cette dernière de devenir sa maîtresse[169], il avait décidé d’informer le roi de cette visite secrète. Le roi était en colère, et pour recevoir la preuve de l’infidélité de la reine, le cardinal lui avait conseillé:
– Sire, n’oubliez pas de dire à Sa Majesté, qu’au bal prochain qui sera à l’hôtel de ville[170] vous désirez voir comment lui vont ses ferrets de diamants[171].
Quand la reine avait appris tout ça, elle était désespérée. Elle avait demandé à sa lingère Mme Bonacieux de trouver immédiatement un messagier qui irait à Londre[172] pour rendre les ferrets de diamants au Louvre.
Et maintenant Mme Bonacieux a trouvé cet homme dévoué. D’Artagnan rayonnait de joie et d’orgueil. Ce secret qu’il possédait, cette femme qu’il aimait, la confiance et l’amour, faisaient de lui un géant[173].
Quand d’Artagnan est parti, Mme Bonacieux le suivait des yeux avec un long regard d’amour.
Chapitre XII
Le coeur de d’Artagnan débordait de joie. Une occasion se présentait à lui où il y avait gloire à acquérir et argent à gagner. De plus, cette occasion venait de le rapprocher d’une femme qu’il adorait.
Premièrement, d’Artagnan s’est rendu droit chez M. de Tréville. Le jeune homme lui a raconté qu’il allait en mission et que l’honneur et peut-être la vie de la reine dépendaient de son succès. De Tréville a compris l’importance de la mission. Il était prêt à obtenir de M. des Essarts un congé pour d’Artagnan[174]. De plus, le capitaine lui a conseillé de ne pas partir seul. Comme d’Artagnan avait trois amis fidéles parmi les mousquetaires, de Tréville a envoyé à chacun d’eux un congé de quinze jours.
Après cette visite d’Artagnan a trouvé ses trois amis et leur a demandé de l’accompagner dans ce voyage dangereux.
– Pouvez-vous m’expliquer ce que signifient ce congé et cette lettre que je viens de recevoir? lui a dit Athos étonné.
– Eh bien, ce congé et cette lettre signifient qu’il faut me suivre, Athos, a répondu d’Artagnan.
– Pour le service du roi?
– Du roi ou de la reine: ne sommes-nous pas serviteurs de Leurs Majestés[175]?
– Pour quel pays partons-nous? a demandé Porthos.
– Pour Londres, messieurs, a dit d’Artagnan.
– Et qu’allons-nous faire à Londres?
– Voilà ce que je ne puis vous dire, messieurs, et il faut vous fier à moi.
– Mais, puisque nous risquons de nous faire tuer[176], a dit Porthos, je voudrais bien savoir pourquoi, au moins?
– Le roi a-t-il l’habitude de vous rendre des comptes[177]? Non; il vous dit tout bonnement: «Messieurs, on se bat en Gascogne ou dans les Flandres; allez vous battre», et vous y allez.
– D’Artagnan a raison, a dit Athos, allons nous faire tuer où l’on nous dit d’aller. D’Artagnan, je suis prêt à te suivre.
– Et moi aussi, a dit Porthos.
– Et moi aussi, a dit Aramis, aussi bien, je ne suis pas fâché de quitter Paris. J’ai besoin de distractions.
– Eh bien, vous en aurez, des distractions, messieurs, soyez tranquilles, a dit d’Artagnan.
– Et maintenant, quand partons-nous? a dit Athos.
– Tout de suite, a répondu d’Artagnan, il n’y a pas une minute à perdre.
Chapitre XIII
À deux heures du matin, nos quatre aventuriers sont sortis de Paris par la barrière Saint-Denis.
Aux premiers rayons du jour[178], leurs langues se sont déliées[179]; avec le soleil, la gaieté est revenue: c’était comme avant un combat, le coeur battait, les yeux riaient. L’aspect de la caravane était formidable. Les valets suivaient les mousquetaires, armés jusqu’aux dents[180].
Tout allait bien jusqu’à Chantilly, où les mousquetaires sont arrivés vers les huit heures du matin. Il était temps pour le déjeuner.
Nos amis ont trouvé une auberge. Ils sont entrés dans la salle commune et se sont mis à table. Un gentilhomme était assis à cette même table et déjeunait. Il a commencé une conversation, et nos voyageurs ont répondu.
Mais quand tout était prêt pour le départ, l’étranger a propose à Porthos de boire à la santé du cardinal. Porthos a demandé au gentilhomme de boire à son tour à la santé du roi.
L’étranger a répondu qu’il ne connaissait d’autre roi que Son Éminence. Porthos l’a appelé ivrogne; l’étranger a tiré son épée.
– Vous avez fait une sottise, a dit Athos, mais ça n’importe pas maintenant: tuez cet homme et venez nous rejoindre le plus vite que vous pourrez[181].
Nos amis ont compris que quelques-uns d’entre eux resteraient en route, parce que les hommes du cardinal feraient tous les efforts pour les empêcher. Le succès de la mission était de première importance[182], et au moins l’un d’eux devait arriver à Londres.
Donc tous trois sont remontés à cheval et ont continué leur chemin.
Près de Beauvais on a rencontré huit ou dix hommes. La route était dépavée en cet endroit, et ces hommes avaient l’air d’y travailler en y creusant des trous[183].
Quand Aramis leur a dit quelque mots rudes, les hommes ont commencé à se moquer des voyageurs. Voyant que Athos a poussé son cheval contre l’un d’eux, ils ont pris ses mousquets cachés. Une balle a traversé l’épaule d’Aramis.
– C’est une embuscade, a dit d’Artagnan, en route!
Les amis ont réussi à échapper. Ils ont galopé encore pendant deux heures.
Enfin Aramis, qui était blessé, a déclaré qu’il ne pouvait aller plus loin. On l’a descendu à la porte d’un cabaret, et on lui a laissé Bazin, son valet.
D’Artagnan, Athos et ses valets sont arrivés à Amiens à minuit, et ils sont descendus à l’auberge du Lis d’Or[184].
La nuit était assez tranquille, mais le matin, quand Athos voulait payer pour le déjeuner, l’hôte a pris l’argent, l’a tourné et retourné dans ses mains, et tout à coup il a crié que la pièce était fausse.
– Drôle! a dit Athos, je vais te couper les oreilles!
Au même moment, quatre hommes armés jusqu’aux dents sont entrés par les portes et se sont jetés sur Athos.
– Je suis pris, a crié Athos, tu restes seul!
D’Artagnan et Planchet ont détaché les deux chevaux qui attendaient à la porte et sont partis au triple galop.
– Sais-tu ce qu’est devenu Athos[185]? a demandé d’Artagnan à Planchet en courant.
– Ah! monsieur, a dit Planchet, j’en ai vu tomber deux à ses deux coups[186].
– Brave Athos! a murmuré d’Artagnan.
À cent pas des portes de Calais, le cheval de d’Artagnan est tombé. Heureusement, comme nous l’avons dit, ils étaient à cent pas de la ville. Ils ont couru au port.
Planchet a vu un gentilhomme devant eux. Ils se sont approchés vivement de cet homme inconnu. Il avait une conversation avec un homme qui était le patron d’un bâtiment prêt à mettre à la voile[187]. Le patron lui a dit:
– Ce matin, est arrivé l’ordre de ne laisser partir personne sans une permission expresse de M. le cardinal.
– J’ai cette permission, a dit le gentilhomme en tirant un papier de sa poche, la voici.
– Faites-la viser par le gouverneur du port[188], a dit le patron, vous trouverez le gouverneur à un quart de lieue de la ville.
Et le gentilhomme a pris le chemin de la maison du gouverneur.
D’Artagnan a pressé le pas[189] et a rejoint le gentilhomme.
– Monsieur, lui a dit d’Artagnan, vous me paraissez fort pressé?
– On ne peut plus pressé[190], monsieur.
– Je suis très pressé aussi, et je voulais vous prier de me rendre un service de me laisser passer le premier[191].
– Désespéré, monsieur; mais je suis arrivé le premier et je ne passerai pas le second.
– Désespéré, monsieur; mais je suis arrivé le second et je passerai le premier.
Le gentilhomme a tiré son épée. D’Artagnan lui a fourni trois coups d’épée en disant à chaque coup:
– Un pour Athos, un pour Porthos, un pour Aramis.
Au troisième coup, le gentilhomme est tombé. Mais quand d’Artagnan s’est approché pour prendre la permission, l’homme blessé lui a porté un coup de pointe dans la poitrine[192] en disant:
– Un pour vous…
– Et un pour moi! a crié d’Artagnan furieux, en le clouant par terre[193] d’un quatrième coup d’épée dans le ventre.
D’Artagnan a trouvé dans sa poche l’ordre de passage[194]. Il était au nom du comte de Wardes.Puis, jetant un dernier coup d’oeil sur le beau jeune homme, d’Artagnan a poussé un soupir sur cette étrange destinée qui porte les hommes à se détruire les uns les autres[195]
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Примечания
1
d’un seul trait de plume – одним росчерком пера
2
jaune de robe – рыжей масти
3
l’hôtel du Franc-Meunier – гостиница «Вольный мельник»
4
a cru être l’objet de la conversation – подумал, что является предметом разговора
5
éclataient de rire à tout moment – разражались хохотом при каждом слове
6
a tiré son épée hors du fourreau – достал шпагу из ножен
7
Tel rit du cheval qui n’oserait pas rire du maître – Над лошадью смеется тот, кто не осмеливается смеяться над ее хозяином
8
je voudrais conserver le privilège de rire quand il me plaît – я хотел бы сохранить за собой право смеяться, когда пожелаю
9
un cheval tout sellé – оседланная лошадь
10
s’était moqué de lui – насмехался над ним (предпрошедшее время – plus-que-parfait)
11
que je ne vous frappe par-derrière – чтобы мне не пришлось ударить вас сзади
12
s’est mit en garde – приготовился к защите
13
tout à coup – вдруг, внезапно
14
sont tombés sur d’Artagnan à grands coups de bâtons – набросились на д’Артаньяна с палками
15
sur mon honneur – клянусь честью
16
en deux morceaux – на две части
17
lui faire accorder les soins nécessaires – обеспечить ему необходимый уход
18
une lettre de recommendation – рекомендательное письмо
19
que la police pourrait bien lui faire un mauvais parti – что полиция может к нему придраться
20
Son Éminence – Его Высокопреосвященство (обращение к кардиналу)
21
Ne l’ouvrez que de l’autre côté de la Manche – Откройте его только по ту сторону Ла-Манша
22
C’est ce petit garçon qui châtie les autres – Этот мальчишка сам может проучить других
23
partez donc de votre côté – поезжайте своим путем
24