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Sang Souillé
Sang Souillé
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Sang Souillé

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Après avoir enlevé la serviette de ses cheveux, Faucon-de-Nuit souleva délicatement le haut de son corps et passa ses doigts sur la blessure située à l’arrière de sa tête. Il l’avait sentie en lui lavant les cheveux. Au cours de sa première vie, il avait été une sorte de guérisseur… un chaman… alors il savait que cette blessure ne menaçait pas la vie de la jeune magicienne.

Il laissa son esprit la pénétrer profondément, avec le désir de savoir si elle avait une autre raison de vouloir rester endormie… une autre raison d’abandonner ce monde pendant un petit moment. Il n’avait jamais rompu le lien qu’elle avait établi avec lui dans ce cimetière plus modeste, et cela lui permettait de retourner cette connexion mentale vers elle. Par le passé, lorsqu’un nécromancien avait souhaité se connecter à lui de cette manière, cela lui avait plutôt laissé l'effet d'une prise d’étranglement. Sa connexion avec la jeune femme lui avait semblé celle entre deux mains qui se rejoignaient.

Même dans son sommeil, il pouvait sentir son désir charnel incandescent… cette facette chez la nécromancienne n'était pas l'héritage du sang de Craven. Elle le gardait enfoui tout au fond d’elle… y enterrant son appel. Cet appétit charnel offrait la capacité d’accélérer ses aptitudes de guérison naturelles. C’était la seule chose qu’il ne pouvait pas faire pour elle… l’énergie dont elle avait besoin émanait de l’âme, et pour l’instant… il n’en avait pas. Qu’elle dormît pour le moment était une bonne chose, même si cela impliquait une guérison plus lente.

Faucon-de-Nuit caressa sa joue satinée du dos de sa main, là où Nile l’avait frappée et y avait laissé un hématome foncé. Craven avait dit que la caresse d’un amant pouvait la guérir. Fallait-il avoir une âme pour aimer ? Il le supposait, puisqu’il n’avait éprouvé aucune émotion depuis sa véritable mort des décennies plus tôt. Très fréquemment, il lui fallait se concentrer très intensément pour ne serait-ce que ressentir la moindre parcelle d’émotion, par-delà son âpre insensibilité.

L’abaissant doucement sur l’oreiller, Faucon-de-Nuit se redressa de toute sa taille et regarda par-dessus son épaule l’âme qui le hantait depuis son retour à la maison.

« Tu lui appartiens… n’est-ce-pas ?

Carley fit un bond de surprise : elle n'avait pas réalisé que l’Indien avait décelé sa présence dès le début. Elle posa sur lui un regard méfiant. Il l’avait tout simplement ignorée pendant qu’elle hurlait et fulminait contre lui... quel enfoiré. Son expression s’adoucit… elle avait cessé de crier après cela, en proie à une confusion grandissante en l'observant s'occuper de Tiara avec tant de délicatesse.

Cessant de flotter auprès de Tiara, elle se baissa lentement pour paraître s’asseoir sur le bord du matelas. Il n’y avait aucune raison de se cacher de lui… ce n’était pas comme s’il pouvait la blesser, quand bien même l’envie lui en prendrait… ce dont elle doutait.

— On pourrait présumer que je lui appartiens… mais ce n’est pas le cas, répondit Carley avec honnêteté alors qu’elle tendait une main pour toucher les longs cheveux propres de Tiara, et imaginait leur texture comme si elle était encore vivante pour la sentir.

Elle n’était pas morte depuis assez longtemps pour avoir oublié la sensation du toucher.

— Alors pourquoi l’as-tu suivie ? demanda-t-il.

Carley leva les yeux et le menton d'un air de défi.

— C’est mon amie… je veux savoir si elle va bien.

Faucon-de-Nuit acquiesça, respectant cette réponse.

— Et la magie de Craven ne te touche pas, même si tu te trouves entre ses murs ?

Cela semblait être une question importante pour l’Indien, alors Carley secoua la tête et baissa les yeux sur son amie.

— Grâce à Tiara, la nécromancie ne peut plus m’affecter ou me contrôler. Je l’aime pour cela, alors par pitié, ne lui faites pas de mal.

Faucon-de-Nuit sentit son cœur se gonfler d’espoir. Cette émotion s’envola aussitôt mais suffit à lui donner l'envie d’en éprouver davantage. C’est tout ce qu’il avait jamais désiré… ne plus jamais être invoqué par un démon.

— Nous n’avons aucune intention de lui faire du mal. C’est elle qui souhaitait venir avec nous et nous avons honoré cette requête. Si tu ne me crois pas, alors tu es libre de rester jusqu’à son réveil pour lui poser toi-même la question.

Il ne faisait que dire la vérité… la sincérité, seul trait de caractère qu'il ait conservé de son vivant.

— Alors, qui lui fait du mal ? demanda Carley en sachant que ce n’était pas l’homme qui se tenait à côté d’elle, mais les bleus guérissant rapidement sur le corps de Tiara, qui illustraient de bien mauvaises intentions.

— Le démon qu’elle affrontait dans le cimetière en est à l'origine, répondit Faucon-de-Nuit en allant s’asseoir sur la fenêtre, là où le soleil pouvait le toucher.

C'était l'une des seules pièces de la maison où les fenêtres n'avaient pas été repeintes en noir. Faucon-de-Nuit tenta de se souvenir s'il avait un jour aimé la lumière du soleil ou non... il le supposait.

Le visage de Carley s'assombrit quand il tourna la tête vers la fenêtre comme pour les ignorer, elle et leur conversation.

— Et Craven serait ce démon qui t'accompagnait ? Serait-ce ce même homme qui a fait encercler la maison par tous ces monstres ? Honnêtement, je ne pense pas que Tiara approuverait.

Elle tendit le bras et posa sa main sur celle de Tiara, malgré le fait que l'une traversait complètement l'autre.

— Et pourquoi nous abandonnerait-elle… nous, ses amis, pour partir suivre un démon ?

— Elle et Craven sont parents. On peut dire que Craven est son oncle. Mais dans l'esprit de Craven, l'enfant de son frère est comme son propre enfant. C'est pourquoi il ne la menacera en rien. Elle n'est pas une prisonnière en ces lieux et on ne la forcera pas à rester. Une fois guérie... si elle décide de partir, je partirais avec elle en tant que son protecteur.

— Pourquoi ferais-tu cela ? interrogea Carley.

C'était Craven, le parent de la jeune nécromancienne… et non l'Indien. Elle continua de l'interroger :

— Craven te l'a-t-il ordonné ?

— Non, j'échappe entièrement au contrôle de Craven à ce jour, répondit-il sans se retourner pour la regarder. Je suis un Rôdeur de l'Ombre et elle est la seule à pouvoir me rendre mon âme.

Carley en fut bouche bée... un Rôdeur de l'Ombre ? Voilà qui demandait une bien puissante magie. Elle repensa aux mythes et légendes qu'elle avait étudiés par le passé, et même ces anciens écrits les mentionnaient rarement.

D'après ses souvenirs, un Rôdeur de l'Ombre naissait à la place d'un mortel qui avait possédé des pouvoirs mystiques au cours de sa vie humaine, et se voyait réveillé d'entre les morts par un puissant sorcier comme s'il était un zombie. Mais ce n'était que la première étape à franchir pour devenir un Rôdeur accompli.

Contrairement à la plupart des zombies, ils pouvaient utiliser leur propre pouvoir pour retrouver leur esprit et leur cœur. On disait qu'ils n'avaient pas d'âme, mais elle ne se rappelait pas quels pouvoirs un Rôdeur de l'Ombre possédait, ou s'il existait même une limite à ces pouvoirs.

Elle se renfrogna en ne se rappelant pas avoir lu la moindre ligne parlant d'un Rôdeur de l'Ombre qui aurait récupéré son âme. Cela était-il seulement possible ?

— Ton âme ne se trouve-t-elle pas dans l'autre monde ? Carley avec curiosité.

— Non, elle est prisonnière au fond de ma tombe », répondit Faucon-de-Nuit, avant de disparaître dans le monde des esprits.

Carley s'assit dans un silence étonné. Prisonnière au fond de sa tombe ? Elle frissonna à l'idée d'être coincée sous terre au lieu d'aller et venir librement comme elle le faisait à l'heure actuelle. Baissant les yeux sur le sol, elle réalisa que Faucon-de-Nuit avait beau avoir disparu de sa vue, elle pouvait encore sentir sa présence dans la pièce.

En regardant de nouveau Tiara, Carley décida de ne pas insister sur le sujet avec cette conversation... lui accordant ainsi l'intimité qu'il lui demandait tacitement.

Chapitre 2

Au beau milieu de la pagaille créée au Cimetière d'Hollywood, Michael baissa les yeux sur l'Arach mort à ses pieds et essuya ses mains poussiéreuses sur son manteau.

« C'était divertissant, grommela-t-il entre ses dents.

Il leva les yeux juste à temps pour voir Kane décapiter un autre démon et lancer la tête arrachée de celui-ci par-dessus son épaule. Michael s'écarta maladroitement pour esquiver la tête volante et fusilla du regard le dos que Kane tournait vers lui.

— Tu permets ? demanda Michael. Je suis arrivé jusqu'ici sans me salir... et j'aimerais bien continuer comme ça.

Kane lui lança un sourire ironique par-dessus son épaule.

— Tu es assez rapide pour éviter un projectile.

Tabatha poussa un soupir, ayant vu assez de sang pour toute la durée de sa vie. Il semblait à présent que les garçons s'en amusaient comme d'un jeu.

— Si je ne connaissais pas Kane, j'aurais juré que vous prenez un peu trop de plaisir à tuer ces bestioles.

— Eh bien, je n'ai jamais entendu… il s'interrompit pour réfléchir un moment avant de regarder autour de lui les démons qui gisaient sans vie, puis reposa les yeux sur Tabatha. Tu as raison, je m'amuse, avoua-t-il en haussant les épaules, sans la moindre compassion.

— Tu te rappelles quand tu m'as demandé si on pouvait utiliser une caméra ? demanda timidement Tabatha.

Kane laissa retomber le démon sans tête sur le sol, son regard glissant de manière suggestive sur le corps de sa compagne.

— Ouais… je m'en souviens.

— Pas de caméra, décréta Tabatha en s'éloignant.

Michael se mit à rire devant l'expression abattue de Kane, juste avant que le vampire blond platine se décide à courir après sa compagne.

— Attends, l'appela Kane. Je retire ce que je viens de dire… je ne m'amuse pas du tout. Il s'arrêta assez longtemps pour plonger sa main à travers le corps d'un Faucheur qui passait près de lui à toute allure. Ils m'ennuient… tu vois ? ajouta-t-il.

Angelica haussa discrètement un sourcil, prise d'une envie de rire. Elle se retint, avant de lever les yeux vers Syn avec curiosité.

— Tes fils sont… intéressants.

— Il leur faut encore sortir de l'adolescence, fit observer Syn d'un air impassible. Et de plus… ils ont besoin de leur mère.

Michael braqua sur Syn un regard indigné, ayant surpris la remarque.

— Je suis tout à fait sorti de mon adolescence, merci beaucoup.

Sur ces paroles, il tapa du pied par terre comme un enfant qui piquerait une crise de colère, tout en grommelant dans sa barbe. Au passage, Michael donna un coup de pied dans la tête que Kane lui avait lancée comme un ballon de foot, et elle fendit les airs. Avant d'atterrir dans une rangée d'arbres et d'être suivie d'une forte exclamation.

— Qui est l'enfoiré qui lance des têtes de démon partout ? retentit soudain la voix de Jason.

Michael se figea un moment avec une grimace, puis décida de ne pas s'attarder.

— Je vais voir comment va Kane, déclara Michael en passant devant Syn et Angelica en courant, dans la direction opposée à celle de Jason.

— J'ai tout dit », conclut Syn d'un air de conspirateur, et Angelica détourna les yeux pour cacher son sourire amusé.

*****

« Tu as vu ça ? s'éleva la voix de Nick de derrière une crypte. Je viens de voir passer une tête volante par ici.

À ce moment-là, un Faucheur arriva en vue d'une démarche trébuchante, en pleine tentative de fuite devant sa mort imminente. Il y avait quelque chose de drôle à lire une telle frayeur sur le visage d'un monstre.

— Oui Nick, je l'ai vue, répondit Kriss en devenant visible à son tour.

Nick tira dans les pattes du Faucheur, avec une expression presque sadique.

— Allez. Montre-nous que tu sais danser.

— Nick, arrête de faire joujou avec cette saleté, grogna Steven, avant de lever les yeux au ciel en réalisant qu'il défendait un monstre.

Jewel s'avança vers le Faucheur et lui arracha la tête d'un coup de feu avant d'adresser un sourire charmant à Nick.

— Ton partenaire de danse vient de claquer.

— E-Eh ! gémit Nick. C’était ma cible.

— En fait, c’était la mienne, rétorqua Kriss, les bras croisés. Qui crois-tu qu’il était en train de fuir ?

— Trop de chasseurs et plus assez de proies, lança Dean en sortant de l’ombre projetée par un arbre voisin.

— Au moins Nick s’est débarrassé de ce bras, grommela Steven, avant de faire mine d'avoir des spasmes en ajoutant : Beuurrk.

Kriss grimaça.

— Ne mentionne plus JAMAIS... ce bras.

— Pourquoi ? interrogea Jewel, sans comprendre la plaisanterie.

Nick afficha un large sourire.

— Eh bien, je…

Kriss se tourna vers lui et grogna :

— Encore un mot et je te ferais moi-même effectuer un aller simple à Saint-Peter.

Dean sourit d’un air ironique.

— Ne le teste pas, petit chat… il semble assez cinglé pour tenir parole.

Kriss se tourna vers Dean et ouvrit des yeux ronds en lisant le désir sous-jacent qui brillait dans les yeux de ce dernier. Il ne pouvait s'en empêcher... son regard glissa sur le corps de Dean et il rougit un peu, avant de détourner les yeux.

Jewel sourit, ayant saisi ce à quoi les deux hommes pensaient. Contrairement à Steven et Nick, qui ne comprenaient rien du tout.

Le regard de Dean se fit ténébreux et séducteur devant la réaction qu'il provoquait chez Kriss. S'arrêtant derrière l'autre Déchu, Dean lui enlaça la taille d'un bras et approcha sa bouche de son oreille sensible.

— Je crois que vous pouvez prendre le relais, les gars, dit-il.

Il sourit lorsque Kriss frissonna légèrement sous son souffle chaud.

Les trois spectateurs de la scène clignèrent des yeux hallucinés devant la disparition subite des deux Déchus.

— Comment font-ils ça ? interrogea Steven tout bas.

— Je ne sais pas, répondit Nick, qui tentait d'effacer de son esprit l'image de Dean et de Kriss si étroitement enlacés.

Des bruits de pas sur le côté leur firent tourner la tête au moment où Quinn et Kat arrivaient en vue et sortaient de derrière la crypte.

— Eh bien, voilà presque tout le monde, déclara Nick. Je suis prêt à laisser le reste de cette pagaille à l’EEP.

— Ne manquent plus qu’Envy et Devon, maintenant, fit observer Steven.

Jewel regarda autour d'elle.