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Les Coeurs Dammnés
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Les Coeurs Dammnés

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Entendant claquer la portière de la Jeep, elle monta rapidement les marches clé en main et se dépêcha de refermer la porte derrière elle avant même d'avoir allumé la lumière.

Sans trop savoir pourquoi, elle sentait qu'elle n'était pas prête à rencontrer les voisins et leur joyeuse famille et leur vie ordinaire. En appuyant sur l'interrupteur, Kyoko expira, réalisant soudainement qu'elle avait retenu son souffle de façon involontaire.

*****

Toya gara négligemment la Jeep et s'en extirpa en jetant un regard à la maison d'en face. Il aurait pu jurer qu'il venait d'y voir quelqu'un dans la cour devant l'entrée. Un sourcil sombre se dressa sous sa frange alors que de la lumière apparaissait dans la pièce principale. Il s'appuya contre la Jeep en se demandant qui pouvait bien se trouver dans la maison des Hogo.

"T'as ramené de la pizza ?"

Toya sursauta violemment lorsque la voix de Kamui s'éleva à un peu moins d'un mètre derrière lui.

Putain, Kamui ! Un de ces jours j'aurais le temps de t'arracher la tête avant de savoir que c'est toi qui est en train de te glisser en douce dans mon dos !

Kamui grimaça, " Me tuer une fois ne t'as donc pas suffi ? " Ses yeux couleur de poussière d'étoiles s'illuminèrent lorsqu'il vit les boîtes de pizza étalées sur le siège arrière. Connaissant la façon de conduire de Toya, c'était un miracle qu'elles aient survécu au trajet. Les ramassant, Kamui commença à retourner vers la maison quand il se rendit compte que Toya n'avait pas bougé d'un pouce.

Suivant alors le regard de Toya, il regarda de l'autre côté de la rue, ne voyant aucune voiture dans l'allée. Il remarqua à peine la faible lueur visible au rez-de-chaussée. "La vieille dame est venue un peu plus tôt aujourd'hui, probablement pour faire encore un peu de nettoyage. Je suppose qu'elle a dû oublier d'éteindre." Kamui haussa les épaules. " Tu viens ?"

" Tu te prends pour qui, ma baby-sitter ?" Toya avait dit ses mots sans grande conviction sans même se donner la peine de le regarder.

"Non, mais je suis guru des pizzas et je dis que si tu ne te grouille pas, tu n'en auras pas." Kamui s'éloigna en riant en entendant le grondement de Toya.

Toya attendit d'être seul dans l'allée avant de commencer à se diriger vers la propriété des Hogo. Il était entré dans la maison à plusieurs reprises pendant ces quinze dernières années, à la recherche d'indices pouvant lui indiquer l'endroit ou la prêtresse avait disparu. Lorsqu'ils venaient d'arriver dans le monde des humains et qu'ils étaient entrés pour la première fois dans cette maison, les gardiens avaient bien cru arriver trop tard. Puis rapidement ils comprirent que la prêtresse n'était pas au nombre des décédés. Ils pouvaient encore sentir sa force vitale dans ce monde et les démons la recherchaient encore eux aussi.

Le premier souvenir que Toya avait de cette maison incluait des ambulances et des voitures de Police partout. La mère et le père étaient morts, et les enfants ainsi que le grand-père avaient disparu. Sans se révéler aux humains, les gardiens avaient attendu et surveillé. Aussitôt que la maison avait été vide, ils y étaient entré... Ils pouvaient sentir l'odeur que les démons avaient laissée derrière eux. Environs deux jours plus tard, le corps du grand-père avait été retrouvé, la nuque brisée. Le bureau du médecin légiste avait conclu à une mort accidentelle mais les frères n'en croyaient rien. Le vieil homme avait un rouleau serré dans la main, Shinbe s'en était saisi avant d'appeler les secours. Shinbe avait également été celui qui avait décodé le rouleau. Le vieil homme avait pénétré subrepticement dans la propriété et était en plein rituel de consécration de la terre et de la maison quand il avait été tué.

Les démons ne s'éloignaient jamais beaucoup de cette zone et au fil du temps, les humains remarquèrent suffisamment de choses inhabituelles pour se mettre à penser que la ville étaient hantée. Les enquêteurs spécialisés dans le paranormal et les extraterrestres, appartenant aux forces spéciales avaient même été envoyées plusieurs fois sur les lieux, pensant sans doute qu'il s'agissait d'une invasion venue de l'espace. Mais en général ils arrivaient toujours un peu trop tard pour trouver quelque preuve que ce fut. Toya et ses frères faisaient leur possible pour arriver les premiers afin de tuer les démons ou tout au moins de maquiller les événements.

Pendant quinze ans, les gardiens avaient vécu dans la maison d'en face, se mêlant au reste de l'humanité tant bien que mal. Kamui devint même une sorte de génie de l'informatique afin d'empêcher le gouvernement d'être sur leurs traces. Personne ne s'est jamais posé la question de savoir comment cinq jeunes hommes pouvaient se retrouver avec une source intarissable de revenus et une immense maison en bordure de la ville.

Toya demeura dans l'ombre comme il faisait le tour de la maison. En regardant vers la piscine, il remarqua qu'elle avait été récemment remise en service. Son regard se fit plus perçant sur l'eau cristalline car il croyait avoir vu quelque chose de rouge glisser à travers le liquide comme pour venir à lui. Concentrant son regard d'or vers cette chose, il fit un pas en arrière.

L'apparition malsaine disparu alors qu'il regardait la vapeur s'élever au dessus de l'eau chauffée et qu'il tentait de s'affranchir de ce sentiment affreux qu'il venait d'entrer dans son propre tombeau.

Il rejeta l'idée même que quiconque ai pu vendre la maison. Si jamais elle avait été mise en vente, les gardiens auraient été les premiers à savoir et ils l'auraient achetée. De plus, si un étranger avait secrètement acheté la maison, le fait que la maison soit hantée aurait rapidement fait fuir les nouveaux propriétaires... Ou du moins elle aurait été hantée si cela s'était révélé nécessaire. Ses frères et lui s'en seraient assuré.

Toya plaça sa main au dessus de la serrure sur la baie vitrée et entendit un léger clic. Se glissant à l'intérieur, il la referma derrière lui et se mit à écouter. La maison était si silencieuse de prime abord qu'il avait cru s'être trompé, puis il entendit une douce voix provenant du salon. Suivant le son, il s'arrêta dans l'ombre du seuil de la porte.

Il y avait une fille debout face à la cheminée froide et elle regardait le mur au dessus du foyer. Toya leva les yeux en voyant le portrait de famille qui avait toujours été là. On y voyait un homme aux cheveux argentés, presque comme ceux de Kyou. Mais la chevelure de cet homme était plus courte, lui arrivant seulement aux épaules. Son visage semblait très jeune, mais il y avait dans son regard un air de sagesse allant au delà de toute sagesse humaine.

Le muscle dans la mâchoire de Toya tressaillit sachant que l'homme était un mortel... Très humain, et très puissant à sa façon. Cet homme avait jadis porté le nom de sorcier... Seulement pas dans cette vie.

A présent on les appelait uniquement scientifiques, physiciens. Il n'a jamais été question que les humains se mêlent de champs de torsion ou de trous de vers. Son apparence n'avait jamais changé, peu importe le nombre de renaissances que sa famille et lui avaient connu.

Le regard de Toya se déplaça vers la jolie femme aux cheveux auburn blottie contre l'homme. Elle tenait un petit enfant dans les bras alors que le père avait une petite fille à la chevelure auburn sur les genoux. Les enfants ne pouvaient guère avoir plus d'un an d'écart. Toya était venu si souvent... Regarder cette photo. Il était certain que tous les gardiens l'avaient fait.

Les yeux de la petite fille scintillaient comme des émeraudes même sur cette photo aux couleurs passées. Elle avait les yeux de son père. Ses lèvres faisaient une moue comme si le photographe venait de lui dire de se tenir tranquille et ses joues avaient une jolie teinte rosée.

"Je suis rentrée, Maman... Papa." Kyoko tendit la main et toucha le bois élégant qui encadrait la photo. Son regard s'attarda sur son petit frère alors qu'elle tentait de mémoriser son visage. "Tama".

Les yeux de Tama avaient la même couleur que les siens, même si dans le portrait il restait des traces du bleu d'origine... Mais elle pouvait voir leur véritable couleur. Il souriait comme si il venait de faire quelque chose de merveilleux... Si plein de vie. Monsieur Sennin avait dit que Tama avait disparu lorsque ses parents avaient été tués. Se pourrait-il qu'il soit encore vivant quelque part ?

"Je voudrais que tu sois ici avec moi, Tama. Ce serait tellement bien d'avoir au moins une personne que je connaisse demain à l'école."

Toya parcouru la pièce du regard. Lorsque la lumière tomba dans ses yeux émeraude... le souffle qu'il avait retenu lui échappa rapidement comme si on l'avait frappé au ventre.

Elle avait une longue chevelure auburn, et à ce moment précis ses lèvres avaient à nouveau un air de mélancolie. Ses yeux dorés descendirent le long de l'uniforme scolaire, le genre d'uniforme qu'il avait seulement vu dans les films montrant des lycées catholiques. La jupe était courte, elle lui rappelait les uniformes de majorettes, en dessous, de longues jambes bien dessinées. Elle avait déboutonné son corsage suffisamment pour que Toya sache qu'aucune nonne n'aurait approuvé.

Il l'avait déjà vue... De l'autre côté du Cœur du Temps. La statue de la jeune fille qui tenait le portail temporel entre ces mains... Cette fille imitait la pierre, née de chair et de sang. Il avait trouvé la prêtresse et elle était à couper le souffle. Il ferma ses yeux sur le souvenir fantôme d'un baiser d'elle... Ce souvenir ne lui appartenait pas.

Kyoko mordit sa lèvre inférieure, effrayée à présent qu'elle était là, seule au monde, sans Madame Merde et toutes ses règles. Peut-être que la raison était que c'était sa première fois pour tout. "Allez, Kyoko," dit-elle tout haut pour briser le silence assourdissant alors qu'elle ramassait sa valise. "Si tu veux être prête pour l'école demain, tu ferais mieux de te trouver une chambre et de défaire ta valise."

Toya resta là quelques minutes de plus... Apprenant à respirer de nouveau.

*****

Dans les basses collines à l'arrière de la maison de Hogo, un frisson pouvait être ressenti alors que le parfum de la prêtresse était dispersé à travers le territoire par le vent d'Octobre. Des yeux rouge sang s'ouvrirent brusquement et le grincement des griffes des démons grattant les murs de pierre dans leurs efforts pour l'atteindre était audible.

Des cavernes et tunnels sans fin avaient été creusés depuis longtemps par ces mêmes griffes. Des tunnels qui avaient lentement pris la forme de galeries élaborées illuminées par l'éclat de torches logées dans des cônes de pierre. Des gravures représentant des victoires démoniaques décoraient presque chaque surface et le quartz naturel présent dans le sol ajoutait un lustre étincelant à ce qui eut autrement été un environnement sombre et insignifiant.

Les grandes cavernes furent transformées en pièces individuelles dont plusieurs chambres, salles-de-bain, et même ce qui pourrait passer pour une salle du trône avec sa chaise sculptée dans de la roche noire et lisse. Il y avait encore d'autres cailloux de quartz incrustés dans les murs de ces pièces, reflétant et magnifiant la sourde lumière des torches. Des pierres semi-précieuses avaient été trouvées et utilisées pour incruster les murs et de longs rideaux de soie et de brocart descendaient des plafonds... Obtenus on ne sait trop comment.

C'était un château bâtit sous la terre afin de protéger une chose très précieuse, encore plus précieuse que les pierres dans les murs.

Au Cœur des entrailles de ces cavernes, dans une des chambres à coucher, une ombre de curiosité passa sur des yeux verts émeraude alors qu'ils se tournaient brusquement vers le plafond recouvert de soie, tentant de comprendre ce qui pouvait avoir agité les démons de la sorte. Percevant près de son lit, un mouvement dans l'air jusque là immobile, il regarda sur le côté et trouva près de lui l'homme qui l'avait élevé depuis qu'il était bébé et qui lui avait donné tout ce qu'il avait toujours désiré... Jusqu'au pouvoir de contrôler les démons.

"Hyakuhei, les gardiens nous auraient-ils trouvé ? " Demanda Tama, dans une quasi impatience de voir commencer le combat. Être un adolescent était déjà bien assez dur pour un garçon ordinaire... Et Tama n'avait rien d'ordinaire.

Le coin des lèvres d'Hyakuhei se relevèrent de façon presque imperceptible en ébauche de sourire. Tout en lui se figea comme il inhalait. "C'est le parfum de la prêtresse qui a agité les démons ce soir... Je crois qu'elle est enfin revenue."

Les yeux de Tama s'illuminèrent d'excitation menaçante. "Ma sœur nous est enfin revenue ?" Il projeta ses sens vers l'extérieur espérant la ressentir grâce au pouvoir partagé avec lui par Hyakuhei. Il inhala profondément, goûtant la douceur de l'air mais il pouvait aussi sentir le pouvoir des gardiens à proximité.

S'ils s'étaient contentés de laisser Hyakuhei rejoindre sa sœur en paix, et bien rien de tout ceci ne serait arrivé. Ce sont des créatures maléfiques... Se croyant meilleures que les démons. C'était de la faute du gardien si les démons s'étaient attaqués à sa famille lorsqu'ils venaient d'entrer en ce monde.

A leur arrivée, les démons avaient été laissés libres... Libres de le tuer lui et ses parents parce que Hyakuhei avait été blessé à la seconde ou Toya avait brisé le Cœur du Temps. Cette blessure avait coûté au seigneur démon son contrôle sur les démons pendant un moment.

Hyakuhei s'était trouvé encore au Cœur du portail temporel lorsqu'il avait été brisé... Ce qui avait rendu inévitable la transformation de son corps physique en ombre afin d'éviter la destruction. Si les gardiens n'avaient pas fait cela, alors Hyakuhei serait demeuré en mesure de contrôler les démons. Ni Tama... Ni sa mère et son père n'auraient été tués.

Hyakuhei l'avait trouvé étendu dans son berceau. Les démons n'avait pas abîmé son corps comme celui de ses parents, mais il était n'en était pas moins mort. Se rappelant combien la prêtresse avait aimé son petit frère par le passé... Hyakuhei avait utilisé les forces qu'il lui restait afin de se reconstituer suffisamment pour insuffler une partie de sa force vitale à l'enfant, ramenant à la vie l'âme qui n'avait pas encore quitté le corps.

Pendant tout ce temps, son sauveur et lui étaient resté cachés des gardiens, en attendant le retour de Kyoko. Au cours des années passées, Hyakuhei avait regagné des forces mais cela lui coûtait toujours autant en énergie lorsqu'il l'utilisait pour ramener son corps physique à l'état d'existence. Aussitôt que cette énergie était épuisée, son corps retournait à l'état d'ombre. Le seul avantage qu'il y avait à être une ombre, c'était de pouvoir espionner les gardiens... Et même se trouver dans la même pièce qu'eux sans qu'ils s'en doutent jamais.

Tant de fois, alors que Tama était enfant, il avait demandé à Hyakuhei pourquoi ils n'envoyaient pas de démons attaquer les gardiens. Il avait simplement répondu, "Il n'est pas besoin de faire la guerre lorsqu'il n'y a encore aucun prix à conquérir." Depuis qu'Hyakuhei avait utilisé sa force vitale pour le ramener à la vie, Tama pouvait non seulement communiquer avec lui grâce à une connexion mentale, mais il pouvait également voir les ombres des souvenirs d'Hyakuhei de son point de vue... Ressentir ce qu'il ressentait. Il savait combien Hyakuhei avait raison d'attendre.

Tama se rappelait des histoires qu'Hyakuhei lui avait raconté à propos de sa sœur. Des contes sur la fille des hommes qui avait accidentellement traversé le portail du temps il y avait si longtemps... Emmenant avec elle un village entier d'humains dans le royaume des démons. Hyakuhei et son frère jumeau Tadamichi avait empêché les démons de tuer Kyoko et les humains qui s'étaient brusquement retrouvé dans l'immense royaume des démons.

Alors qu'elle se trouvait sous leur protection, Hyakuhei était tombé amoureux d'elle et lui avait donné le pouvoir d'être sa prêtresse... Le pouvoir de traverser d'un monde à l'autre afin qu'elle puisse revenir à lui. Dans une fureur jalouse, son frère jumeau Tadamichi l'avait dérobée à lui et l'avait repoussée dans sa propre dimension, scellant le portail entre les monde derrière elle. C'était un acte malveillant empreint de jalousie à l'égard de la prêtresse.

Le Cœur d'Hyakuhei avait été brisé. Il s'était alors détourné de son frère, de colère et avait embrassé les démons comme nouveaux alliés. Devenant leur maître, sa guerre contre les gardiens fait rage pour une seule raison... Afin qu'il puisse trouver un passage à travers le Cœur du Temps pour pouvoir reconquérir sa prêtresse perdue. A cause des pouvoir qu'il lui avait transmis, la prêtresse était à présent immortelle... Elle se réincarnait encore et encore en tant que clé du portail entre les mondes. Mais avec le passage du temps, elle avait oublié son véritable pouvoir et son amour pour Hyakuhei.

Les yeux de Tama brûlaient de haine pour Tadamichi et les gardiens. "Que vont-ils donc lui faire ?" Il pouvait revoir le portrait qu'il avait contemplé dans le salon familial lorsqu'il se glissait dans et hors de la maison à l'insu des gardiens. Elle était belle et il voulait retrouver sa sœur.

Hyakuhei obtint le silence des démons qui attendaient ses ordres, sachant que dorénavant il devrait être prudent. Il baissa les yeux vers le jeune homme qu'il avait élevé comme futur prince des démons... Le petit frère de Kyoko. Lorsqu'il venait tout juste de traverser le portail, c'est Kyoko qu'il était venu chercher, il avait souhaité l'élever jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment âgée pour qu'il puisse la faire sienne. Mais le vieil homme l'avait dissimulée aux démons qui avait attaqué la famille.

Les plus meurtriers de ses démons avaient déjà assassiné le garçonnet et ses parents avant qu'il ne puisse resserrer son étreinte sur eux. C'était les même démons qu'il gardait prisonniers à l'intérieur de son corps afin de garder tout pouvoir sur eux. Sans ce contrôle implacable, les démons auraient tué chaque homme qu'ils auraient rencontré... Répandant la mort comme la peste.

Sachant que Kyoko était encore en vie et reviendrait un jour, il avait voulu un cadeau pour elle... Son petit frère. Il avait donné à Tama une part de sa vie ainsi que de son pouvoir afin qu'il l'aide à régner sur les démons. Depuis le premier instant ou Tama avait repris vie, ils avaient eu un lien télépathique. Et même si le garçon n'avait jamais prononcé un mot à ce jour... Ils pouvaient entendre les pensées l'un de l'autre. Désormais, Tama était demeuré à ses côtés volontairement... Comme l'avait fait sa sœur avant lui.

Elle a l'âge, maintenant... Ils vont la désirer. " La colère de Hyakuhei à cette pensée était audible dans sa voix. "Ils vont tenter de gagner sa confiance en lui racontant qu'ils la protègent contre les démons. Une fois qu'ils auront son amitié, ils vont tenter de se l'approprier ainsi que son pouvoir de contrôle du portail du temps."

"Alors elle est en sécurité pour l'instant," Se dit Tama. "Mais nous ne pouvons la laisser demeurer avec eux. Elle n'a pas sa place là-bas." Son iris d'émeraude s'élargit avant de s'assombrir jusqu'à devenir couleur ébène. "As-tu un plan ?"

Nous devrons nous montrer sournois. Je n'ai pas pu ramener beaucoup de démons avec moi dans ce monde et mes propres pouvoirs sont chancelants. Lorsque les pouvoirs de ta sœur seront réveillés par les gardiens et que nous serons réunis, mes pouvoirs seront restaurés." Hyakuhei pouvait sentir l'influence des démons en lui alors qu'ils secouaient les murs de leur prison désirant le pouvoir qui dormait au Cœur de la prêtresse. Si les démons pouvaient l'atteindre, ils la forceraient à ouvrir le portail temporel et à laisser entrer le reste des démons dans ce monde.

Il gronda, sachant que non seulement il devrait se montrer plus malin que les gardiens.... Il devrait également surpasser en esprit les démons. Il avait conclu que le seul moyen de surmonter le mal était de lui être supérieur.

"Pendant que les gardiens seront occupés, Kyoko sera contactée par son frère longtemps disparu et il la mettra en garde contre la supercherie des gardiens. Mais nous devons prendre notre temps et faire attention sans quoi nous la mettrons en danger. S'ils croient qu'elle va les trahir... Alors ils n'éveilleront pas son pouvoir. Au lieu de cela ils se retourneront contre elle."

La jalousie déformait la voix de Tama comme il était la proie de l'attraction des esprits des démons qui les entouraient, "Ils ne peuvent la garder."

"Non," Hyakuhei sourit sachant qu'il avait un plan de plus. "Mais d'abord... Nous les laisserons penser qu'ils le peuvent."

Lorsque Tama fronça les sourcils et releva son regard vers lui, Hyakuhei avait disparu. Utilisant sa télépathie pour communiquer il demanda : " Vas tu lui rendre visite ?" Sa voix était pleine d'envie et de mélancolie. Il voulait voir sa sœur mais savait qu'il devait attendre que Hyakuhei s'assure que c'était sans danger.

"Chut !" Le murmure d'Hyakuhei était tourmenté au moment ou il coupa la connexion entre Tama et lui. Un autre aspect bénéfique de sa condition d'ombre était la téléportation. Il se matérialisait au Cœur du salon face au portrait représentant à la fois Tama et elle. Son attention fut lentement captivée par l'escalier.

Refusant d'utiliser la téléportation, il s'efforça de supporter chaque dose de douleur que lui infligeait le délai inhérent à la montée des marches puis s'appuya contre le chambranle de la porte ouverte comme elle entrait dans son champ de vision. Il avait su que poser les yeux sur elle serait douloureux et il en savourait chaque instant. Sa valise était ouverte sur le lit et elle faisait des allers-retour pour accrocher ses vêtement dans le dressing.

Elle était la seule au monde à avoir la capacité de lui couper le souffle sans même essayer. Sa chevelure auburn cascadait en couches épaisses de larges boucles bondissantes... Un corps de déesse... Sa prêtresse. Il la regarda quand elle ralentit et s'arrêta près du lit, vraisemblablement perdue dans ses pensées. Elle se hissa sur le matelas et se mis en boule, un des oreillers serré contre la poitrine.

"Tout est si calme Maman... Papa. J'aurais voulu que Tama rentre à la maison. Alors peut-être ce silence ne serait plus si assourdissant," Kyoko soupira, étendue sur le flanc, ne se donnant même pas la peine de ramper jusque sous les couvertures. Clignant des yeux à plusieurs reprises elle ressenti l'épuisement qui s'emparait d'elle.

Hyakuhei s'assit sur le lit à ses côtés, la regardant respirer. "Tu n'as plus longtemps à attendre, Kyoko... Ton souhait deviendra réalité. Tu ne seras plus jamais seule." Profitant de l'énergie d'un instant, son corps se matérialisa en flamboyant alors qu'il saisissait la couverture au pied du lit. Il la remonta lentement sur son corps puis s'inclina vers elle et posa doucement un baiser sur sa tempe avant de s'évanouir dans les airs.

*****

"Il nous tuera s'il ne reste plus de pizza !"Kamui tenait fermement une extrémité de la boîte à pizza alors que Shinbe et Kotaro agrippait l'autre comme si la rigidité cadavérique s'était emparée de leurs mains. Kamui lâcha aussitôt que la porte s'ouvrit et rigola lorsque Shinbe et Kotaro déposèrent lentement la boite face à la chaise de Toya comme s'ils l'avaient protégée pour lui.

Lorsque Toya ne s'emporta pas contre eux comme à l'accoutumée, Kyou leva les yeux de son ordinateur portable et regarda Toya prendre place à table... La mauvaise place. Il releva un sourcil sombre lorsque Shinbe et Kotaro haussèrent les épaules et ouvrir la boîte à pizza de Toya. Il commencèrent à la dévorer. Toya ne leur jeta pas un regard.

"Toya," tenta Kyou, s'alarmant pour de bon lorsque Toya ne sembla pas l'avoir entendu.

Fermant le clapet de l'ordinateur portable, il attrapa Toya par les épaules et entrepris de le secouer mais Toya tressaillit, le regardant comme s'il sortait d'un état de choc. Kyou se demanda en silence si Toya avait fait la rencontre d'un autre des démons qui erraient près de la maison. Il étala sa perception sensorielle jusqu'à envahir l'aura de son frère mais ne ressenti aucune trace de contact avec les démons... A la place, quelque chose de bien plus perturbant.

"Il s'est passé quelque chose ? " Demanda Kyou en entendant le claquement rapide du sang de Toya juste sous sa peau.

Toya hocha la tête... Puis leur fit à tous une peur bleue lorsque ses lèvres se relevèrent en un sourire. Toya ne souriait jamais. "Je pense que demain nous avons école."

"Voilà, tu veux reprendre ta pizza ?" Shinbe fit tomber la part qu'il venait de mordre puis donna une claque sur la main de Kotaro, le faisant lâcher à son tour la part qu'il venait de dérober dans la boîte également. Il fit lentement glisser la boîte à travers la table jusqu'à ce qu'elle se trouve face à Toya.

"Tu aurais pu te contenter de te battre avec nous pour la ravoir au lieu de faire peur à tout le monde avec ton sourire bizarre," râla Kotaro.

"Je ne crois pas qu'il rigolait," Dit Shinbe en fixant de son regard améthyste les grands yeux dorés de Toya. Il s'adossa sur sa chaise, à présent qu'il avait l'attention de tout le monde. Voyant cet air de stupéfaction qui essayait d'envahir à nouveau le regard de Toya il soupira. "Et pourquoi voudrions-nous subitement nous joindre à ces tarés du lycée Hormones Are Us ?"

"Pour la simple raison que la fille qui vient d’emménager en face y fait sa rentrée demain." La respiration de Toya était légèrement saccadée maintenant qu'il avait prononcé ces mots.

Alors que plusieurs chaises s'éloignaient de la table, Kyou abattit ses paumes sur le plateau de cette dernière dans un claquement sonore. "Assis !" C'était comme lorsqu'on appuie sur le bouton pause de la télé et qu'on faisait un lent retour en arrière. Une fois que tous se furent exécuté, il se retourna vers Toya. "Dis-nous de quoi tu parles."

"Elle est seule... C'est elle." Toya se frotta la tempe bien qu'il sache parfaitement qu'un gardien ne pouvait avoir de maux de tête. "Kyoko... Elle parlait à la carafe au dessus de la cheminée. C'est comme ça que je sais qu'elle commence l'école demain."

"Elle est comment ?" Demanda Kamui avec la même expression dans le regard que celle qui avait hanté celui de Toya quelques instants auparavant.

"Je ne lui ai pas parlé," admis Toya, ses épaules tombant de quelques centimètres. "Je n'ai pas pu, mais elle portait un de ces habits qu'ils mettent dans les pensions."

"Nous pouvons retrouver l'endroit ou elle était si son dossier a déjà été transféré à l'école du coin." ajouta Kotaro à point.

"On s'en occupe, "Kamui s'empara hardiment de l'ordinateur portable de Kyou. Il connaissait une entrée secrète pour infiltrer la base de données du système informatique du lycée car il avait régulièrement vérifié les dossiers des écoles environnantes afin d'identifier toute inscription ou désinscription d'élèves d'âges correspondant à ceux de Kyoko ou de Tama.

"Tu es certain que c'est elle ?" Demanda Kyou à Toya en se penchant en avant sur son siège.

"Nous l'aurions reconnue au premier regard. Kyoko est l'image vivante de la statue à la jeune-fille..." Toya ferma les yeux, savourant le fait que jusque là, il était le seul à l'avoir vue. Si il piochait dans cette part de lui qui fut Tadamichi... Alors il pouvait même se rappelait le goût de Kyoko. Si les autres gardiens connaissaient son secret, ils en auraient été jaloux. "Des yeux couleur d'émeraude, des cheveux auburn mais elle semblait fragile... Comme si elle était encore une petite fille."

"C'est aussi mon avis," acquiesça Kamui alors que ses yeux s'écarquillaient devant l'écran. "Son dossier indique qu'elle a passé sa vie dans une école pour filles au milieu de nulle part depuis l'âge de trois ans. Kyoko Hogo, age : 17 ans. Toutes les informations sont ici et j'ai même son emploi-du-temps pour la journée de demain."Il fronça les sourcils, "Mais je ne vois rien ici indiquant que son frère entre à l'école avec elle."

Toya secoua la tête. "Je sais que nous avions espéré qu'ils étaient quelque part ensemble sains et saufs mais Tama semble n'avoir jamais été avec elle. Elle est complètement isolée là-bas. Rappelez-moi encore pour quelle raison on ne peut pas se contenter de lui dire qui nous sommes ?" Il connaissait déjà la réponse, elle lui déplaisait juste royalement car il voulait lui dire.

Kamui leva les yeux de l'ordinateur portable en répondant d'abord. "Nous avons déjà mis cela au vote auparavant. N'importe quelle personne saine d'esprit appellerait sans doute la police si nous devions lui révéler qui nous sommes réellement. Elle est humaine, Toya... Elle n'a pas la moindre idée de ce que c'est qu'être une prêtresse. Nous devons être prudents."

Shinbe renchérit, " De plus, la dernière chose dont nous avons besoin ou que nous voulons c'est d'avoir la police des polices qui fouillent dans nos affaires parce que les flics enquêtent sur nous pour suspicion de harcèlement de la voisine. Et si les démons apprennent que la prêtresse est de retour, ils provoqueront sûrement quelques problèmes qui attireront déjà l'attention de la police de toutes façons. Ce sera déjà assez dangereux avec notre apparition au lycée demain."

"De plus, si nous débarquons subitement pour lui dire que des démons l'ont traquée quand elle avait trois ans et qu'elle nous croit... Ensuite elle se sentirait probablement coupable de l'assassinat de sa famille," ajouta Kotaro comme justification.

Toya regarda les autres gardiens d'un œil sévère, n'aimant pas, une fois de plus, les réponses. "Vous avez plus que pensé à tout, n'est-ce pas ? "

"Tu espères quoi ? Nous avons eu quinze ans pour retourner la question dans tous les sens." Kamui adressa un sourire d'excuse à Toya.

"Shinbe, je pense que tu devrais aller vérifier les boucliers anti-démons qui entourent la maison." Kyou fit un signe de tête vers Shinbe et brusquement, ils n'étaient plus que quatre dans la pièce.

"Putain, il est parti si vite que j'ai senti le courant d'air." Kotaro frotta son bras comme si le vent l'avait frigorifié.

Les doigts de Kamui dansaient sur le clavier pendant qu'il parlait. "J'ai toujours tout arrangé pour que ça donne l'impression que notre père adoptif nous ait fait suivre une scolarité à la maison. Et avons tous atteint un niveau Terminale. Dès demain, nous rejoignons l'école publique afin de pouvoir passer notre diplome comme n'importe quel ado normal."

"Oh, ça ne va mettre la puce à l'oreille de personne," déclara Kotaro d'un ton sarcastique. "Cinq frères qui commencent tous en même temps dans la même classe. Même si les profs l'acceptent, on sera quand même le sujet de conversation de tout le lycée en ce qui concerne les élèves. Ce n'est pas comme si nous avions la moindre chance de nous faire passer pour de véritables ados."

"Essaye," Kamui lui lança un regard inexpressif. "De toutes façons, vous me devez de la gratitude. Je vais faire des changements dans tous nos emplois-du-temps afin qu'il y ait toujours au moins un d'entre nous en cours avec Kyoko. J'ai mis à jours nos dossiers scolaires chaque année depuis la maternelle, de manière à ce que nos âges respectifs correspondent au sien si elle devait refaire surface."

"Par pure curiosité," dit Kotaro d'un air taquin, "T'aurais fait quoi si la prêtresse était revenue à l'âge de dix ans ?"

"Fiche moi la paix," Kamui lui lança un regard noir. "Ou je ferais baisser toutes tes notes."