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Caravane
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Caravane

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« C’est comme ça qu’on appelle notre petite colonie. Les monastères ont gardé le savoir pendant les premières périodes sombres. Nous avons donc décidé d’appeler notre base comme ça. Cela n’a aucune signification religieuse, je vous assure. Nous sommes tous plutôt tolérants. Il est déjà assez difficile de survivre de nos jours sans devoir faire face à de vieux préjudices. »

« Cela n’arrête pas la plupart des gens. L’intolérance semble avoir atteint son plus haut point », dit Peter avec amertume.

Honon haussa les épaules. « Je me fiche s’ils s’entretuent. De mon point de vue, on ne peut évoluer qu’en se débarrassant des intolérants. »

« Où se trouve ce Monastère ? »

« Oh, il est quelque part. » Honon agita la main vers l’est. « Je ne peux pas vous en dire plus, j’en ai bien peur. C’est un secret et pour de bonnes raisons. Nous vivons trop bien au goût de la plupart des gens. S’ils savaient où on se trouve, ils viendraient nous anéantir. Voilà pourquoi je ne peux pas dire aux gens où se rend la caravane. Si on est séparé, ils ne pourront le dire à personne. »

« Mais si vous projetez une colonie interstellaire, vous devez avoir beaucoup de gens. »

« Près de cinq mille, aux dernières nouvelles. »

Peter siffla. « Mais il est impossible de cacher autant de gens. »

« On y arrive, » Honon sourit.

« Mais faire partir autant de gens de la Terre serait un énorme problème en soi. Comment comptez-vous faire ? »

« Pour commencer, tout le monde n'ira pas. Certains sont attachés au vieux monde et nous aimerions essayer de le réhabiliter. Seuls trois mille feront le voyage. »

« Mais les besoins en carburant… »

« L’année dernière, la presse est passée à côté du programme spatial. Elle était occupée avec les guerres, les pénuries et le reste. La propulsion nucléaire permet de soulever un gros poids à moindre coût. Cela n’a pas été testé sur le terrain, mais les expériences sont très prometteuses. »

« Je ne prétends pas être ingénieur astronautique, mais je me souviens avoir vu un spectacle au planétarium. On y disait qu’il faudrait des milliers d’années pour atteindre l’étoile la plus proche. Les colons ne vivront pas aussi longtemps et la nourriture pour trois mille personnes remplirait plusieurs vaisseaux. »

« Ces chiffres se basaient sur une vélocité constante. Le propulseur nucléaire nous donnera une accélération constante – un dix millième de « G » pour être exact. Je sais qu’on ne dirait pas grand-chose, mais l’addition est correcte. Selon les dernières estimations, on peut faire le voyage en seulement six cent cinquante ans. »

« Mais même… »

« Souvenez-vous de ce que j’ai dit tout à l’heure, concernant la cryogénisation. Les colons seront cryogénisés avant le départ, sauf l’équipage du vaisseau. Ils se réveilleront uniquement au moment de l’atterrissage sur notre nouvelle planète. Cela économisera des vivres et de la place puisque nous n’aurons pas assez de place pour que toutes ces personnes puissent se déplacer. »

Peter ne dit rien l'espace de quelques instants, prenant en considération les différentes possibilités. « Vous êtes soit fou », dit-il, « soit le plus grand rêveur que je connaisse. »

« Un peu des deux, j’espère. Nous vivons à une époque très saine, sans rêves. Et voyez le bordel. Il n’y a pas plus sain que d’essayer de rester en vie. Tout le monde essaie de le faire, dehors. Ils le font du matin au soir. Ils n’ont pas le temps de rêver. Résultat, ils vivent au précipice de la survie et ça empire. En ce qui me concerne, je m’obstine à regarder vers les étoiles et à me demander si les choses pourraient être meilleures. Un fantasme est peut-être un peu fou, mais aucune créature intelligente ne peut survivre longtemps sans ça. »

« De plus, » ajouta-t-il en pointant un doigt accusateur vers Peter, « vous critiquez, mais ne croyez pas que je ne vois pas au-delà de ce masque de cynisme que vous portez tel un tragédien grec. Mark Twain, lorsqu’il fut accusé d’être un pessimiste, a réalisé qu’il était un optimiste en fait. Un optimiste qui n’est jamais arrivé. Si vous n’idéalisez pas, si vous ne voyez pas le monde tel qu’il devrait être, vous n’auriez jamais pu mettre toute votre colère et votre rage dans votre livre. »

« Vraiment ? » demanda Peter en haussant un sourcil, amusé. Beaucoup de gens avaient essayé une évaluation psychologique à travers son livre, au succès mitigé.

« Un cynique n'est qu'un optimiste frustré. Il faut des idéaux pour pouvoir être déçu si on ne les atteint pas. Vous, Peter Stone, êtes un créateur d'utopies sans bonne réserve de bois. »

« Voilà pourquoi vous vouliez que je vienne. Parce que je suis un loseur ici et vous voulez me donner une autre chance ? Excusez mon cynisme, mais je n'y crois pas. »

Honon secoua la tête. « Pas du tout. Je veux donner une autre chance à l'Humanité et je pense que vous pourriez être utile. Vous réfléchissez aux phénomènes sociaux. Vous voyez des alternatives là où les autres ne les voient pas et vous n'avez pas peur d'en parler ouvertement. Nous aurons besoin de bonnes alternatives et de critiques sociales si nous voulons y arriver. Voilà les règles et la description du poste. Je vais avoir besoin d'une réponse, d'un engagement de votre part maintenant. Car je ne reviendrai plus par ici. Vous voulez le travail ? »

Peter n'hésita même pas. « Le salaire est un peu médiocre, mais il semble y avoir de bons avantages. Si vous voulez partager une partie de votre rêve avec moi, j'accepterai. »

CHAPITRE 3

Ces dernières années, des milliards de dollars ont été dépensés pour l'amélioration des forces de l'ordre. Pourtant, le taux de criminalité n'a cessé d'augmenter et beaucoup d'Américains sont inquiets. Parviendra-t-on à reprendre le contrôle un jour ?

Patrick V. Murphy, ancien fonctionnaire de police à Washington et New York a déclaré ceci : « Nous devons voir les faits en face. Nos villes sont trop instables. Tant qu'il y aura du chômage, du sous-emploi, des foyers détruits, de l'alcoolisme, de la drogue et des problèmes de santé mentale, le crime continuera à sévir. »

U.S. News & World Report

10 juin 1974

* * *

Beaucoup de gens ont recours au crime pour pouvoir supporter cette société dont les complexités ont dépassé leurs propres limites. Dans une ultime tentative de préservation, je prédis un dernier spasme énorme d'ordre public que notre culture traversera. Tout ce qui différera de la norme sera sujet à toutes sortes de répression en une tentative désespérée de garder la tête hors de l'eau.

La vraie tragédie, toutefois, seront les répercussions qu'aura la police sur la société d'après Chute. La répression restera, telle la jambe d'une grenouille qui continue à bouger après la mort de cette grenouille...

Peter Stone

La Chute du Monde

* * *

Peter passa la nuit dans le véhicule blindé avec Honon. Ils parlèrent pendant un moment encore, comparant leurs expériences de voyages à travers le pays. Peter découvrit que Honon avait traversé le pays régulièrement ces quatre dernières années, guidant ces caravanes. L'image qu'il décrivit n'avait rien de joyeux. Temps difficiles, famine, conflits étaient omniprésents aux États-Unis. La maladie n'avait pas encore fait son apparition, mais les conditions de vie dans les villes devenaient telles que la maladie commencerait à se répandre par manque d'hygiène.

« D'une certaine façon », déclara Honon, « c'est bien que la Chute touche le monde entier. Si les guérillas juives n'avaient pas commencé à faire la guerre en Russie il y a cinq ans, les Russes auraient pu profiter de notre faiblesse et nous envahir. Mais avec les Juifs dans le pays, les Chinois à leur porte et la lente disparition de leurs ressources, ils se portent encore plus mal que nous. »

Au bout d'un moment, la douleur que ressentait Peter au bras et la fatigue accumulée ces derniers jours eurent raison de lui. Il s'allongea contre le siège en cuir et passa sa meilleure nuit depuis longtemps.

Honon le réveilla peu après le lever du soleil en lui secouant l'épaule valide. « Debout ! » dit-il, enjoué. « C'est l'heure du petit-déjeuner et l'heure de rencontrer vos compagnons de voyage. »

Peter sortit du véhicule et put contempler la caravane entière pour la première fois. Les deux premiers véhicules étaient des camions blindés. Après l'image qu'Honon avait décrite concernant la situation à travers le pays, Peter était d'accord. La caravane devait être préparée à toute éventualité. Un grand camping-car se trouvait juste derrière. Un groupe important de gens était rassemblé autour. Derrière le camping-car se trouvait un van bleu et blanc, Volkswagen, ensuite suivirent trois autres voitures, toutes plus petites. Ça doit donner une parade intéressante, pensa Peter.

Peter sentait le regard des autres membres de la caravane lorsque Honon l'emmena vers le camping-car. Ils avaient sûrement entendu parler de leur nouveau compagnon. Il se demanda combien d'entre eux le haïssaient déjà.

« Tout le monde, venez par ici », appela Honon et les petites conversations privées cessèrent. « J'aimerais vous présenter notre dernière recrue, Peter Stone. Nous lui devons notre gratitude, je pense. Car nous avons pris les devants grâce à son livre. Sans lui, il n'y aurait peut-être pas de Monastère ni de projets pour le vaisseau spatial. N'oubliez pas de lui témoigner toute notre gratitude. »

Peter fut surpris par cette présentation et fut encore plus surpris en voyant les gens s'exécuter. Ils étaient d'abord hésitants, peu sûrs d'eux, puis ils s'avancèrent en petits groupes pour le saluer et l'accueillir au sein de leur caravane. Hommes et femmes s'approchèrent de lui pour lui serrer la main et les enfants lui sourirent timidement.

« Désolé, je ne peux pas rester et vous présenter à tout le monde », déclara Honon. « Je dois prendre un rapide petit-déjeuner et aller voir si je peux recruter un cordonnier. »

« Un cordonnier ? »

« Oui, un homme bien que quelqu'un m'a recommandé au Monastère. Il vit au centre de L.A. » Il vit l'incompréhension dans le regard de Peter et poursuivit son explication. « J'imagine que si vous rassembliez une colonie, vous choisiriez les personnes les plus intelligentes que vous pouviez trouver. Mais je vous le dis tout de suite, ça ne marcherait pas. Il faut des têtes d'ampoule, certes, mais vous ne pouvez pas construire un monde avec uniquement des docteurs et des physiciens nucléaires. Si la plomberie saute, ils auraient des problèmes. Je dois recruter des gens qui pourraient être utiles à une colonie. Des gens déjà formés à produire ce dont on a besoin. Là où on va, il n'y aura pas d'usines pour fabriquer vos vêtements. Vous aurez besoin d'artisans pour vous faire de bonnes chaussures. Les gens faisant partie de ce voyage viennent de tous horizons, mais nous essayons de sauver l'Humanité et l'Humanité elle-même se compose de personnes de tous horizons. Pensez-y. »

Honon entra dans le camping-car et en ressortit avec une gamelle, deux gâteaux de blé et des fruits séchés. « On se voit plus tard », dit-il à Peter. « En attendant, apprenez à connaître tout le monde. Je pense que vous trouverez le groupe agréable. » Il partit vers le premier véhicule blindé, en sortit une moto et retourna en ville.

Alors que Peter fit la queue pour le petit-déjeuner, des membres vinrent se présenter à lui. Il fit la connaissance de Dominic et de Gina Gianelli d'Oakland, un couple dans la trentaine. Dom, comme l'homme se faisait appeler, était couvreur et « fan de football. Mais on dirait qu'il n'y aura pas de matches pendant un moment. » Peter ne pouvait qu'acquiescer. Les Gianelli avaient cinq enfants entre deux et dix ans. Même si on les lui avait tous présentés, il avait du mal à retenir leurs noms, à l'exception de Mary, la fillette de huit ans qui lui avait apporté à manger, la veille.

Il rencontra Bill et Patty Lavochek de San Luis Obispo. Les Lavochek avaient la vingtaine et étaient mariés depuis quatre mois. Ils voyaient tout ça comme une aventure et une bonne occasion de commencer une nouvelle vie. Bill, machiniste, était sûr que ses talents seraient très demandés au Monastère et dans le nouveau monde.

Peter rencontra aussi Harvey et Willa Parks. Harv était plombier à San Francisco et avait la trentaine. Il avait des manières assez rudes, mais il était très gentil. Willa avait environ dix ans de moins que lui et faisait ce qu'on lui demandait de faire sans se plaindre. Ils avaient deux enfants, une fille de sept ans et un garçon de quatre ans.

Juste avant que Peter n'atteigne le bout de la file, le médecin, Sarah Finkelstein, s'approcha de lui pour lui demander comment allait son bras. Il lui répondit qu'il était un peu raide, mais qu'il savait s'en servir. Elle lui demanda de la prévenir si jamais il avait d'autres problèmes.

Un couple japonais servait le repas. Il s'agissait de Charlie et Helen Itsobu, tous deux la trentaine. Charlie avait été cuisinier en chef au restaurant japonais préféré de Peter à San Francisco. Peter réalisa que le jeune homme devait être très doué car à son âge, on ne montait que rarement aussi vite en cuisine. Il le complimenta et Charlie lui sourit en s'excusant de la médiocrité de ce repas. Il donna un gâteau de blé supplémentaire à Peter en lui faisant un clin d’œil.

Alors que Peter s'éloignait du camping-car, les Gianelli lui firent signe, l'invitant à se joindre à eux pour le repas. Peter accepta avec plaisir. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé en bonne compagnie et il se sentait grisé par toute cette camaraderie. Kudjo lui fit une tape dans le dos lorsqu'il s'assit, puis il prit une moto et s'en alla. « Où va-t-il ? » demanda Peter.

« Oh, il est notre éclaireur » répondit Dom Gianelli. « Il part devant et vérifie que la route est sûre. C'est ce qu'il faisait quand il vous a trouvé hier. »

Peter hocha la tête. « Ça tombe sous le sens. »

« C'est un homme bien, Kudjo. Il aurait fait un excellent joueur de foot, je parie. Un receveur naturel, à en juger son apparence. »

« Je peux me joindre à vous ? » demanda une voix féminine. « Je ne peux pas rater l'occasion de rencontrer un célibataire potable. »

« Bien sûr. » Gina Gianelli sourit.

La fille qui prit place à côté de Peter était petite et un peu trapue avec des cheveux bruns et de grands yeux de chiot. Mais son trait le plus caractéristique était sans doute son nez, tellement grand qu'il couvrait une bonne partie de son visage. « Je suis Marcia Konigsburg, vingt-quatre ans et pas mariée. Non pas que je vous considère comme un futur mari, mais autant le dire tout de suite. Je crée des vêtements pour des boutiques et je fais aussi des costumes pour le théâtre. Je suppose que c'est pour ça que Honon m'a demandé de venir. Peu importe où on atterrira, il faudra quelqu'un pour confectionner des vêtements. »

Peter l'appréciait déjà. Elle était sympathique et avait un certain charme. « J'ai lu votre livre, vous savez. » poursuivit-elle.

« Alors, c'est vous. »

« Hé, vous êtes drôle aussi. Ouais, j'ai vraiment été impressionnée. J'étais en deuxième année de fac et je suppose qu'à peu près tout m'impressionnait. David Hume, Aleister Crowley et vous. Vous étiez mes préférés.

« Nous formons un étrange trio. »

« Si ça peut vous consoler, mes amis m'ont dit que je n'avais pas de goût. Voilà le genre de gens que je fréquente. Ils sont tous fous. »

Peter eut soudain une étrange sensation dans la nuque, comme si on l'observait. Il se retourna et aperçut une fille qui l'observait depuis l'une des voitures. Elle était jeune, mince et blonde, arborant un air presque angélique. Lorsqu'il se tourna pour la regarder, elle détourna le regard, feignant de ne pas le voir. Il haussa les épaules et reporta son attention sur la conversation.

Marcia n'avait même pas remarqué son inattention et était en train de raconter comment elle avait vécu la chute du système éducatif.

« Et c'était exactement comme vous l'aviez dit. Les cours avaient de moins en moins de rapport avec la réalité car la réalité leur échappait. » Ses mots semblaient presque tout droit sortis du livre, elle devait l'avoir appris par cœur.

Dom Gianelli fit signe à un homme grand, portant une chemise blanche et un pantalon noir. « Père Tagon », appela-t-il. « Joignez-vous donc à nous ! »

L'homme en question s'exécuta. « Attendez d'avoir rencontré ce gars », dit Dom à Peter. « Il pourrait provoquer quelques discussions. »

Le nouveau venu était un homme grand et mince, la trentaine, avec un nez d'aigle, des yeux bruns, un front haut et des cheveux bruns. « Salut », dit-il en se penchant vers Peter pour lui serrer la main. « Je suis Jason Tagon. »

« Dom vous a appelé « Père » ? »

« Il aurait aussi pu m'appeler « Docteur ». J'ai un doctorat en astronomie. Mais oui, je suis prêtre. Les titres n'ont plus grande importance de nos jours, alors je préfère qu'on m'appelle Jason. »

Peter hocha la tête et rangea ce fait dans un coin de sa mémoire qui commençait à être surchargée avec tous ces nouveaux visages et noms. « Dom a mentionné des discussions ? »

« Il y est allé un peu fort. Je ne peux pas contredire vos prédictions étant donné qu'elles se sont réalisées. C'est votre attitude qui me dérange. »

« Concernant l’Église Catholique ? »

Jason sourit. « Ce n'est qu'une petite partie. Vous avez dit – et je vais essayer de citer - 'l’Église Catholique en a fait davantage que n'importe quelle organisation de l'Histoire pour retarder le progrès humain' ».

« J'espère que vous ne l'avez pas pris de façon trop personnelle. Le fait est que l’Église Catholique existe plus longtemps que n'importe quelle organisation de l'Histoire. Toutes les organisations sont devenues répressives dans une certaine mesure. Elles dépassent un certain point de leur existence où leur fonction devient celle de l'auto-préservation plutôt que celle de garder son but d'origine. Je m'exprimais contre la bureaucratie, non contre les Catholiques en tant qu'individus. »

« Je sais. Mais les Catholiques sont élevés en croyant que l’Église ne peut pas faire de mal. Mais ce n'était pas toute mon objection. En tant que porte-parole de Dieu, j'ai eu l'impression que vous l'avez omis de vos calculs. »

« En tant qu'agnostique », répondit Peter, « je ne pouvais m'empêcher de croire que le surnaturel était superflu dans mes calculs. Je me suis surtout penché sur l'écologie sociale. Les lois ont été créées par Dieu – s'Il existe – il y a longtemps et je ne pouvais prévoir des changements dans ces lois une fois que tout avait commencé. Je me suis surtout préoccupé des êtres humains. »

« Et vous avez ignoré la possibilité d'une intervention divine. »

« Disons que je n'aurais pas été contre, mais je n'y comptais pas. »

« Qu'en est-il de la tentative de colonisation interstellaire ? »

« Si vous essayez de dire qu'il s'agit d'une intervention divine, je ne pourrai pas le contredire. Mais je vous mets au défi de prouver que ce n'était pas uniquement le travail de quelques hommes ingénieux. »

« Touché », Jason sourit.

Peter eut une nouvelle fois l'impression d'être observé. Il se retourna et vit la fille blonde le fixer à quelques pas de là. « C'est qui ? » demanda-t-il aux gens autour de lui.

« C'est Risa Svenson » répondit Marcia. « On l'a recueillie à Monterey. C'est une fille plutôt étrange si vous voulez mon avis. »

« Étrange ? Dans quelle mesure ? »

« En gros, elle est juste timide » expliqua le prêtre. « Et puis, elle est jeune. Cela l'incite à se tenir à l'écart des autres. C'est quelqu'un de très gentil. »

« J'aimerais aller lui parler un peu. Merci d'avoir partagé ce moment avec moi. Jason, j'aimerais poursuivre cette discussion plus tard. »

Il se leva et s'avança vers la jeune fille qui faisait encore mine de ne pas le voir.

« Excuse-moi, mais pourquoi tu me fixes ? »

Elle leva les yeux vers lui, surprise. « Je ne... »

« Si, tu me fixais. Ça ne me dérange pas vraiment, mais j'aimerais savoir pourquoi. »

Elle ouvrit la bouche pour sortir une excuse, la referma, puis déclara. « Vous étiez tellement célèbre et je voulais juste vous regarder de plus près. C'est mal ? »

« Non. En fait, je suis plutôt soulagé de voir que je ne ressemble pas au monstre hideux que tu imaginais. »

A en juger son expression, Peter savait qu'il avait vu juste. « Je ne pensais pas que vous étiez un monstre », dit-elle.

« Bien sûr que non. »

« Mais j'ai entendu tellement de mauvaises choses sur vous. »

« Tu as lu mon livre ? »