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La Pluie De Sang
La Pluie De Sang
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La Pluie De Sang

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– He bien, même s’il fait partie des rares flics humains de cette ville, il est haut gradé. A vrai dire, il nous a fallu infiltrer des créatures paranormales dans les équipes de police, mais aussi du côté des secouristes, des hôpitaux et des pompiers, pour faire face à une recrudescence des appels au 911, répondit Storm.

– Ce que je comprends tout à fait, acquiesça Vincent en faisant mentalement le calcul du nombre de paranormaux qu'il faudrait pour réussir à faire le tour de la ville en un rien de temps, et tous en même temps. Après la panique dont j'ai été témoin ce soir devant Le Brouet de la Sorcière, c'est un miracle que les humains ne soient pas tombés comme des mouches.

Storm s'épuisait tellement vite que personne ne pouvait comprendre ce qu'il faisait, parce qu'il vacillait dans la pièce. Heureusement, Ren était trop occupé pour remarquer son état d'affaiblissement, car il était concentré sur Vincent, qui était encore en train de toucher Lacey.

Revenant dans le vif du sujet, Storm poursuivit :

– C'est grâce aux efforts combinés de l’EEP que les pertes humaines ont pu être réduites le plus possible… mais hélas, c’est aussi pourquoi les morgues de la ville débordent en ce moment. Les démons essaient de rester hors de nos radars mais ne vous méprenez pas… c'est un travail très dangereux et c'est dans vos cordes !

– En effet, et la pire des choses qui pourrait arriver serait que l’on se fasse tuer douloureusement… et en permanence, convint Ren comme si c’était la meilleure chose qui pouvait arriver. À croire qu’il était vraiment mesquin !

– Oula ! Je crois que je viens d’avoir un semblant de chair de poule… essaye encore ! répondit Vincent au tac au tac sur ton des plus ennuyés.

Storm interrompit leur guerre verbale avant qu'elle ne dégénère en une première mort douloureuse pour Vincent en tant que membre officiel de l’EEP.

– Avec ton expertise au sujet des démons, de leurs caractéristiques, de leurs faiblesses, tu nous seras d'une grande aide. Et ne t’inquiètes pas… tu auras tout un arsenal d'armes et je ne parle pas juste de l’équipement classique d’un policier… nous avons tout ce qui tend à ruiner la journée d'un démon.

À ce moment même, Lacey lança un regard à Ren. La vérité, c’était qu'elle regardait leur meilleure arme… mais après ce qu’il s'était passé au Brouet de la Sorcière, elle comprit qu'il était aussi une bombe à retardement instable qui pourrait tous les tuer s'il perdait le contrôle. Et justement, cela lui rappela à quel point elle lui avait redonné ce contrôle. Elle rougit et détourna les yeux.

– Mais n'oublies pas que ta priorité sera de surveiller Chad pour qu’il soit en sécurité jusqu'à ce que Trevor sorte de sa cachette, rappela Storm à Vincent. Si tu te fais avoir par un démon, il n'aura plus de renforts jusqu'à ce que tu reviennes à la vie.

– En parlant d'armes, dit Vincent en voyant Storm lui sourire lentement. Une fois le travail de baby-sitting terminé, je te suggère de faire équipe avec moi et d'aller récupérer des objets uniques que je connais… du style, des choses que les démons ont cachées.

– Parce que tu pensais honnêtement que tu allais faire équipe avec Storm ? demanda Ren, le sourcil arqué, ressentant à nouveau le besoin accablant de déchiqueter Vincent en lambeaux.

Lacey lui envoya à nouveau un regard noir en percevant de la jalousie dans sa voix. Cet homme semblait avoir une veine possessive d'un kilomètre de long qu’il ne voulait évidemment pas partager avec Storm, ni avec elle, d’ailleurs.

– Quel radin ! l’accusa-t-elle.

Ren haussa les épaules :

– C’est effarant de voir à quel niveau est élevée l’estime que ce p’tit nouveau a pour lui-même.

Lacey roula des yeux :

– Oh ! Oublie ça, non mais t’as quel âge ? Cinq ans ?

Elle s'éloigna de Vincent et s'approcha de Ren en surveillant son visage, histoire de voir si certains signes allaient améliorer son humeur et prouveraient que sa théorie était juste.

– Je suis beaucoup plus vieux que toi, se moqua Ren avec un sourire jusqu’aux oreilles, vu que Vincent était maintenant seul.

– C’est toi qui as cassé le chauffe-eau pendant que j'étais sous la douche, s'amusa Lacey qui avait la preuve que sa proximité était l'équivalent de sa pilule contre le froid. Mais en vrai, tu es bien plus jeune que moi, niveau âge mental.

– Veux-tu que je t'emmène voir Chad ? demanda Storm en essayant de distraire Vincent et de le tenir à l'écart des ennuis. Lacey apprenait rapidement à calmer le côté obscur de Ren, mais Vincent était beaucoup plus lent à comprendre ce genre de choses.

– Est-ce qu’est vraiment prudent de les laisser tranquilles ? chuchota Vincent. Puis il éleva la voix avec audace pour attirer leur attention. Au fait… je suis presque sûr que je suis plus vieux que vous deux et que vous êtes tous les deux punis… même si je pourrais tout à fait laisser Lacey partir avec une fessée, sauf si elle accepte de bien se comporter.

Il lui fit un petit sourire suggestif en la voyant se balancer pour le regarder avec de grands yeux.

Storm tendit rapidement une main à Vincent et le téléporta hors de danger, en se rappelant l'expression du visage de Ren. Peut-être qu'il ferait un aller-retour spécialement pour lui, tant qu’il y était.

Incapable d'ignorer l'étrange éclair de lumière qui s’était éteint sur son visage, Ren cligna des yeux. Au lieu d'attraper l'idiot qu'il visait, il finit par regarder en l'air manière concentrée, observant un bout de papier qui flottait devant lui. Il l'arracha des mains avec un grognement frustré.

– Qu'est-ce que c'est ? demanda Lacey, tout à fait en paix avec le fait que Storm ait une fois de plus disparu avec Vincent.

Au moins, elle faisait confiance à Storm pour le garder en vie.

– On dirait que ton ex-partenaire soit hors de portée pour le reste de la journée, dit-il en fronçant les sourcils lorsque le morceau de papier disparut soudainement et qu’une photo de son visage déformé par la colère prenait sa place.

Ha ha ! Storm était vraiment à mourir de rire, ces derniers temps. Il fit un sourire malicieux quand le cliché se transforma en poussière et qu’il lui glissa entre les doigts.

Ren tourna la tête pour regarder Lacey et remarqua que ses yeux brillaient d'humour. Elle regardait toujours sa main à l'endroit où la photo venait d'être prise.

– Alors ? Ça t'a plu, on dirait ? s’enquit-il dans un sourire étonné. Elle lui rendait la tâche difficile pour qu'il s'accroche à sa colère. Et puis, son hochement de tête était vraiment trop mignon.

Chapitre 3

– Il faut que j’enlève ces vêtements, dit Lacey en jetant un coup d'œil à la robe de cocktail qu'elle portait encore.

Elle était très jolie quand elle l'avait mise pour la première fois, mais après la nuit effrayante qu'elle venait de passer, elle était sale et s'était déchirée à certains endroits où elle avait été transpercée par les pics démoniaques.

Une onde de choc d'une intense envie de sexe l’atteignit violement et elle porta un regard effaré sur l'expression de marbre de Ren. Ça venait d'elle… ou de lui ? Elle n'avait parlé que « d’enlever ses vêtements », pas d’autre chose… et maintenant, ses pensées s’égaraient encore…

– Et bien sûr, une autre douche glacée s'impose, ajouta-t-elle, en plaçant la paume de sa main contre le resserrement des muscles de son ventre.

Elle n'était jamais timide quand il s'agissait de parler de sexe et elle n'allait pas commencer à se mordre les lèvres maintenant.

– Et cette envie d’sexe, ça vient que de moi ?

Ren en eut le souffle coupé. Il s’imagina lui enlever sa robe en un mouvement rapide, puis lui soulever son corps nu sur le bureau qui était derrière elle. Il cligna des yeux devant la franchise de sa question. Sa réponse fut un OUI retentissant. Elle savait exactement ce que Nick et Gypsy avaient fait dans le bunker, mais il ne s'était jamais rendu compte qu'elle serait également capable d'exploiter ses émotions ou ses désirs. Il espérait qu'elle n'avait reçu qu'une fraction de cette capacité ou bien elle ne tiendrait pas longtemps dans ce château. Il se fit une note mentale pour se rappeler de demander à Guy s'il pouvait lui trouver un sortilège ou une formule éventuelle qui atténuerait ces pouvoirs, mais, pour l'instant, il pourrait au moins lui dire la vérité.

– Ce château est rempli de créatures paranormales aux émotions exacerbées, lui dit-il en essayant de contrôler les siennes.

Sentir qu'elle était dans le besoin en ce moment ne l'aidait pas. De plus, cela causait un effet boomerang entre eux. Il poursuivit :

– Les paranormaux ont des émotions, tout comme les humains. La différence, c'est qu'ils ressentent chaque émotion de manière exacerbée par rapport à eux… et tu es en train de te brancher sur cette surcharge.

Il commença à se rapprocher d'elle en se sentant comme un prédateur qui traque sa proie. Il sentit un sourire satisfait essayer lui tirer les lèvres lorsqu’elle recula contre le bureau à l'endroit même d'où il l'avait imaginé la soulever.

– Leur colère pourrait rendre fou un humain… fou à tuer, dans sa folie… et leur amour, c’est ce qu'on appellerait une obsession… une dangereuse obsession, même.

Il se pencha brusquement en avant, plaçant ses mains contre le bureau de chaque côté de Lacey, comme pour la piéger sous lui. Il posa alors ses lèvres très près de son oreille :

– Et leur convoitise charnelle est tellement chaude qu'elle brûle.

Lacey ferma les yeux alors qu'elle sentait son souffle effleurer son cou. Ouais, il avait raison à propos de brûler parce qu'elle était en feu. Ses lèvres se séparèrent au fur et à mesure que sa respiration s'accélérait :

– Leur corps doit aussi être hypersensible au toucher parce que ton souffle contre mon cou est trop bon pour être près de la normale.

En guise de réponse, elle perçut un grognement à côté de son oreille. Elle trouva ce son tellement séduisant qu’elle en entendit une réponse tout au fond d’elle-même. Il était si proche d'elle… mais ne la touchait pas. C'était comme s'il avait pris le contrôle et qu'elle nageait dans un tourbillon de passion, attendant que la moindre petite vague la tire vers le bas. Elle voulait vraiment expérimenter ce délicieux petit effet secondaire. Maintenant, s'il était partant !

Elle effaça mentalement ce qu’il s’était passé au Brouet de la Sorcière, il y a moins d'une heure… puisque c'était arrivé sous la contrainte, Lacey pensait à la dernière fois où ils s'étaient touchés. C'était arrivé ici même, dans ce bureau. Elle avait cru qu'elle serait morte à l'aube et avait voulu passer les dernières heures perdues à prendre du bon temps avec lui. Ren avait été celui qui avait mis un terme à tout ça parce qu'il avait entendu ses pensées.

Grâce à lui, elle n'avait plus de menace de mort au-dessus de sa tête. Il ne pouvait donc pas lui en tenir rigueur. Si elle avait son mot à dire, il lui reprocherait rapidement autre chose, avec l'humeur dans laquelle elle était, elle espérait que l’instant serait magique et excitant en même temps.

– Puisque tu es celui qui m'as laissé me mettre accidentellement le feu, de cette manière… tu veux bien m’aider à l’éteindre la flamme ? Ou bien est-ce que je dois moi-même aller me trouver un pompier ? demanda-t-elle, en se souvenant de son dernier rejet.

Ren resserra son étau sur le bureau quand la chaleur qu'il ressentait se transforma rapidement en une colère d'enfer. Venait-elle de le menacer d'aller chercher quelqu'un d'autre pour étancher son désir ? L'image d'elle et de Vincent faisant l'amour dans un passé pas si lointain traversa sa tête comme une locomotive.

Il aurait aussi dû la mettre en garde du fait qu’il était extrêmement jaloux, mais c'était un point discutable, car il semblait être le seul à ressentir cette émotion particulière.

– Non seulement je t'apprendrai à utiliser les pouvoirs qui ont été éveillés en toi, mais aussi à contrôler ceux qui mettront les autres en danger, chuchota-t-il à voix basse avant de la prendre dans ses bras.

Lacey cligna des yeux quand Ren la rapprocha de lui. Elle nota intérieurement que le bureau s'estompait au loin. Au bout de quelques secondes, elle se retrouva dans la chambre dans laquelle elle s'était réveillée… c’est-à-dire, la sienne ! Son regard s'égara vers le lit, espérant qu'elle allait enfin obtenir ce dont elle avait secrètement envie depuis qu'elle avait rencontré Ren. Mais à la place, il lui saisit le bras et la tira loin du lit, la faisant froncer les sourcils dans sa confusion.

Poussée dans une salle de bain communicante, elle ne put étouffer un cri, choquée de se retrouver soudainement sous une douche d'eau glacée qui descendait en cascade sur le dessus de sa tête. Frissonnant, elle tendit la main et coupa l'eau en se rendant compte qu'elle était encore habillée. Elle comprenait maintenant que sa peau était sensible comme jamais elle ne l’avait été. C'était encore bien plus froid que le froid qu’elle n’avait imaginé.

– Et ça ? Quel intérêt ? demanda-t-elle en regardant Ren avec une envie de meurtre au fond des yeux.

– Leçon numéro un, grogna ce dernier en se penchant vers elle pour qu’elle comprenne, ne laisse pas la chaleur sexuelle que tu captes t'atteindre au point de coucher avec n'importe qui.

Le regard que Lacey portait sur lui ne s'atténua pas à mesure que ses dents claquaient.

– Tu as raison. Qu'est-ce qui m'a pris de te demander une chose pareille ? Je te promets que la prochaine fois, je choisirai à qui poser la question. De manière réfléchie.

Elle attendit qu'il revienne à la charge, mais fut confrontée à un silence total qui la rendit nerveuse, et le fait qu'elle ne pouvait pas voir ses yeux sous ces lunettes de soleil stupides ne l’aidait pas non plus.

Elle se demandait où était passé le désir que ressentait Ren juste quelques minutes auparavant et pourquoi il avait été remplacé par tant de rage. Cette émotion était si forte qu'elle dut lutter pour la contenir. Elle avait passé toute l'année dernière à protéger ses pensées et les émotions des personnes qui lui étaient néfastes, et maintenant, elle était presque devenue pro dans ce domaine… sauf lorsqu’elle se trouvait autour de lui. Mais elle ne savait pas pourquoi.

Et au lieu de frapper ce gros con comme elle l’aurait voulu, elle prit la porte glacée de la douche et lui claqua au visage pour ne pas avoir à le regarder. Elle retira sa robe trempée et la balança par-dessus la porte de la douche, puis elle sourit en entendait comme le bruit d’une serpillère mouillée qui heurtait quelque chose dans son élan. Elle espérait que lui aussi, il s’était pris cette douche froide en pleine figure, car il le méritait vraiment.

Regardant le verre dépoli qui était maintenant derrière elle, Lacey voulut faire quelques pas de danse lorsqu’elle vit la forme déformée du corps de Ren. Elle le vit enlever ses lunettes de soleil pour les sécher. Un petit goût de vengeance refroidit sa colère. Elle alluma l'eau chaude et gémit d'extase pendant qu'elle réchauffait sa chair glacée.

Toujours en ébullition, Ren grinça des dents face à sa réaction et au fait qu’elle venait de lui dire qu'elle demanderait l'aide de quelqu'un d'autre la prochaine fois qu'elle serait autant excitée. La jeter sous la douche froide était l’idée de son tempérament et son tempérament n'était pas toujours intelligent. Il devait réparer son erreur avant qu'elle ne tente de mettre sa menace à exécution… essayer de trouver la clé parce qu'il ne permettrait jamais à quelqu'un d'autre de la toucher d'une telle façon.

Ses lèvres se séparèrent pour l'avertir qu'elle condamnerait à mort toute personne qu'elle tenterait de séduire, mais il grinça des dents pour empêcher la formation de ces mots en colère. Elle ne le prendrait que comme un défi, de toute façon. Et c’est probablement directement vers son amant qu’elle irait courir, puisque tuer cet idiot n'aurait pas beaucoup d'importance.

Il fit courir une main à travers sa frange pour la balayer de ses yeux et commença à faire les cent pas pendant que son esprit avançait à toute allure. Il était vrai qu'il devait tester ses limites sur la part du monde qui l'entourait et qu'elle était en train de crypter. La dernière chose dont ils avaient besoin, c'était qu'elle se mette en colère parce que le démon à côté d'elle était de mauvaise humeur. Il s'entraînait à cela depuis bien plus longtemps qu'elle… et c'est lui qui lui apprendrait à gérer ça.

Son rythme ralentit alors qu’il se mit à réaliser qu'elle n'était pas la seule à avoir besoin de se familiariser avec de nouvelles choses. Pour l'amour du ciel, il n'avait même pas quitté la salle de bain pour qu'elle puisse prendre une douche en paix. Avait-il peur de la perdre de vue ? Une fois de plus, la réponse à cette question était évidente.

Il tourna lentement son regard vers le verre légèrement givré qui les séparait. Sa vue était bien trop bonne pour qu'il traîne ici.

Dans un soupir frustré, il tourna les talons et quitta la salle de bains à pas de fourmi. Il devait s'éloigner de sa nudité pour pouvoir penser clairement. Il s'arrêta au milieu de sa chambre quand il remarqua Storm, qui s'appuyait de façon décontractée contre le montant du lit avec quelques sacs à provisions à ses pieds.

– Je vais faire vite, car dans quelques minutes, elle va sortir de là le cul à l’air en te blâmant.

Storm sourit en se disant que son ami traversait une période difficile. Il lui semblait qu'aucun d’entre deux ne passait une bonne journée, mais celle de Ren était sur le point de devenir pire que la sienne.

– Alors, dépêche-toi avant que je ne te téléporte moi-même hors d'ici, déclara Ren en lui rendant son sourire, qui mourut rapidement sur ses lèvres quand il réalisa à quel point Storm savait que Lacey allait sortir nue. Il pencha la tête en voyant le sang s'accumuler dans son oreille ; puis, le Voyageur du Temps détourna les yeux et dit en lui montrant des sacs :

– Elle aura besoin de ça.

Il disparut rapidement.

Le fait de savoir que Storm échappait aux remontrances qu'il s'apprêtait à lui faire ne l’aida en rien. Et qu’avait-il fait pour autant saigner ? Il se mit à farfouiller dans les sacs pour voir quels vêtements s'y trouvaient. Cette vision lui rappela qu'elle ne portait pour le moment que de l'eau sur elle-même.

Il se retourna lentement vers la porte qui les séparait en se demandant s'il ne devait pas simplement laisser les vêtements là où ils étaient.

Les battements de cœur de Lacey battaient encore à toute vitesse alors qu'elle frottait sa peau fiévreuse avec des mouvements rapides et presque douloureux. Elle était folle de rage et, curieusement, encore très excitée… ce qui ne faisait que de l'énerver davantage. Mais putain… le fait de se frotter fort à s’en faire mal lui faisait quand même tellement de bien !

C'était la faute de Ren. Elle était certaine que c'était de son besoin sexuel à lui dont elle s'était emparée au bureau. L'envie était si forte qu'elle aurait même pu la goûter. Il n'y avait pas de doute non plus sur le fait qu'il avait été excité lorsqu'il l'avait coincée contre le bureau comme ça… l'énorme renflement dans son pantalon en était une preuve indéniable.

Comment avait-il osé lui faire la morale sur le fait de se contrôler alors qu'elle venait de le voir lui-même perdre contrôle au Brouet de la Sorcière peu de temps auparavant ? Elle ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieure en essayant d'étouffer un gémissement quand ce petit souvenir lui envoya un éclair de chaleur au niveau des abdominaux qui alla se cogner directement contre son cœur.

Rhôôôôôôôôô ! Qu'il soit maudit ! Elle aurait tant aimé que ça marche dans les deux sens pour pouvoir lui rendre la frustration sexuelle qu'elle éprouvait. Elle s’immobilisa soudainement, stoppant net le gant de toilette mousseux pile poil sous ses seins. Après tout, peut-être que cela ne fonctionnait pas que dans un sens. S’il parvenait à prendre les émotions des autres, peut-être qu’il sentait aussi son excitation à elle ? Surtout si elle parvenait à l’amplifier de manière délibérée ! Aucune femme saine d'esprit n'était au-dessus de la masturbation si elle n'avait pas d'autres options.

Ses épaules s’affaissèrent en se demandant pourquoi elle essayait de se battre avec l'homme qui lui avait sauvé la vie il y a quelques heures à peine. Certes, il était autoritaire et pouvait être un vrai connard à certains moments, mais il n’y avait pas que ça et elle le savait très bien. Elle tendit lentement la main et alluma l'eau froide, soulevant son visage en direction du jet froid.

Ren ouvrit les yeux lorsqu'il sentit son excitation s'estomper, pour se retrouver avec sa main qui tenait déjà la poignée de porte de la salle de bains. Il savait très bien qu'il perdrait cette petite bataille de volontés avec elle si elle émergeait nue comme Storm l'avait suggéré. Il se balança et fixa les sacs de vêtements que Storm lui avait apportés.

Lacey frissonna et éteignit l'eau avant de jeter un coup d'œil à la robe humide que Storm lui avait donnée. Impossible qu'elle se soit tortillée dans ce truc. Et vu la manière dont elle voyait les choses, seulement deux possibilités pouvaient arriver si elle sortait d'ici dans ce nuage de brume : soit elle s'envoyait en l'air, soit il lui lançait des vêtements surdimensionnés.

Elle pouvait déjà imaginer son expression et se demandait pourquoi chaque fois qu'elle décidait d'être une gentille fille, le destin lui offrait l'occasion parfaite d'en être une méchante.

En sortant de la douche, elle fronça les sourcils en voyant plusieurs sacs de courses posés près de l’évier en marbre. Il ne lui fallut qu'un moment pour parcourir le contenu et en arriver à la conclusion que c'était exactement ce qu'elle aurait acheté si elle avait fait les courses elle-même.

Ses lèvres se séparèrent au moment où elle se rendit compte que quelqu’un les avait posés là pour l'empêcher d’aller courir après Ren. Elle décida de se hâter de s’habiller en se disant que si Storm voulait qu'elle s'habille, c’est qu’il en avait probablement une très bonne raison. Enfin habillée et se sentant un peu plus contrôler la situation, elle se regarda dans le miroir en voyant la porte derrière elle et ses pensées revinrent instantanément à celui qui l’attendait de l'autre côté.

Il fallait vraiment qu’elle arrête d'appuyer comme ça sur des boutons. De plus, ce n'était pas très amusant, parce que c’est lui qui remportait chaque dispute. La douche froide soudaine avait été un peu brutale, certes, mais elle n'était pas bête : elle avait senti la chaleur de sa colère dès qu'elle avait commencé à le chercher. Elle repensa à ses mots exacts :

– Puisque tu es celui qui m'as laissé me mettre accidentellement le feu, de cette manière… tu veux bien m’aider à l’éteindre la flamme ? Ou bien est-ce que je dois moi-même aller me trouver un pompier ?

Elle n'avait dit ça que parce qu’elle était en légitime défense. Après tout, c’est lui qui l'avait rejetée la première fois qu'elle avait voulu coucher avec lui. Mais en toute honnêteté… elle n’avait dit qu’une demi-vérité, parce qu’elle avait espéré qu'il accepterait d'être son pompier. Vincent avait toujours pris ses provocations au premier degré ; il les lui rendait en la provoquant à son tour. Mais elle avait bien compris que c'était parce qu'ils étaient plus des amis que de vrais amants… et ça, il fallait qu'elle s'en souvienne.

Ren lui avait donné une partie de lui-même pour lui sauver la vie et elle pouvait sentir le lien fort qui les unissait maintenant… encore plus qu'elle et Vincent ne l'ont jamais été. Elle ne voulait que Ren et elle pouvait dire qu'il la voulait aussi… sa possessivité l'avait bien montré. Elle prit une grande respiration, puis se recoiffa les cheveux avec les mains en décidant que si elle le voulait, elle n'aurait plus qu'à le séduire jusqu'à ce qu'il ne puisse plus la supporter. S’envoyant un baiser dans le miroir, elle se tourna pour se diriger vers la chambre dans laquelle se trouvait le grand lit.

Sa théorie du besoin d'être entièrement vêtue s'avéra exacte lorsqu'elle sortit de la salle de bains pour voir la chambre de Ren disparaître de son champ de vision.

Chapitre 4

Angelica se faufila par la porte de sa chambre et la ferma rapidement derrière elle. Glissant la serrure en place, elle s’y appuya le front en souhaitant qu'elle soit faite d’une autre matière que ce bois épais… en titane, par exemple.

Lâchant un profond soupir, elle fronça les sourcils et s'éloigna de la porte, fixant la serrure comme si c'était son seul espoir. Dans un sens, ça l'était. Cette petite serrure était la seule chose entre elle et l'envie qu'elle avait de voir Syn, maintenant qu'il n'était plus là pour la surveiller. Ou plutôt, la harceler.

En levant la main, elle se frotta la tempe droite en faisant de rapides petits cercles, tout en reconstituant le fait qu'elle venait de fuir cet homme… ou peu importe ce qu'il était… parce que maintenant, elle s'ennuyait de lui au point d’en rendre sa poitrine douloureuse.

– Je n'ai besoin de personne, se rappela-t-elle, mais ses doigts s'arrêtèrent en plein cercle. Elle secoua sa main vers le bas de sa tempe en sentant le mensonge à l'intérieur de ses propres paroles. Vu qu'elle ressentait les symptômes du sevrage, elle pourrait aussi bien nommer ce qu'il était comme… une dépendance.