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Titus gémit et grogna en même temps quand il se sentit raidir douloureusement et rapidement. Il savait qu’elle avait dépassé son point de rupture et, même s’il était heureux que ses préjugés soient tombés, il voulait l’entendre dire qu’elle avait besoin de lui pour qu’elle n’ait pas à lui balancer tout ça en pleine figure.
Baissant la tête au-dessus de ses lèvres, il demanda :
- Qu’attends-tu de moi ?
En entendant la profondeur rauque de sa voix, Jade sentit encore plus de chaleur courir en elle. Elle s’éleva contre lui en frissonnant. Elle était presque arrivée au-delà du point de la pensée rationnelle, mais elle parvint à se contenir et le regarda droit dans les yeux. Elle avait encore assez d’auto-préservation pour savoir qu’elle était dangereusement proche de franchir une limite.
Paniquant presque, Jade répondit à sa question :
- Toi qui prétends, en tant qu’Alpha, être un homme d’honneur, eh bien je veux ta parole : que tu ne me fasses rien et que tu me laisses ma liberté. Peux-tu faire ça et me montrer ce que c’est que d’être avec un loup afin que je puisse m’enlever cette idée de la tête ?
Titus sentit sa demande désespérée le piquer et la regarda :
- Si cette chaleur ne te rendait pas à moitié folle, tu ne voudrais pas de moi du tout juste pour ce que je suis, l’accusa-t-il.
Il ne voulait pas la lui enlever, cette idée de la tête !
- Ne t’inquiète pas… je n’avais pas l’intention de te faire quoi que ce soit. Tu n’es pas la seule à avoir tes propres règles.
Jade retint son souffle en percevant de la colère dans sa voix. Elle se glissa sur l’arrière du matelas pour créer une certaine distance entre eux. Incapable de soutenir son regard, elle abaissa le sien au niveau de ses lèvres parfaites.
- Très bien, dans ce cas-là, on est d’accord ! Dès que nous aurons quitté ce lit, il n’y aura plus de règles.
Elle pria intérieurement pour avoir la volonté de se lever s’il refusait ses conditions.
- Eh bien… si tu veux voir ce que je peux faire, je vais te montrer de quoi je suis capable… et tu connaîtras la différence entre coucher avec un humain et être avec un loup, dit Titus en se fichant de savoir que ce qu’il venait de dire ressemblait plus à une menace qu’à un accord.
Les lèvres de Jade s’écartèrent encore, mais de manière sarcastique cette fois-ci, et ses paroles furent volées quand ses lèvres chaudes descendirent rapidement sur les siennes dans un baiser ardent. À ce moment-là, elle n’avait plus de raison de se battre avec lui… elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Elle tendit son corps vers le haut et gémit dans cette étreinte. Si elle allait le faire, alors il fallait qu’elle en récupère tout ce qu’elle pourrait.
Titus avait décidé la même chose qu’elle. Et si c’était là le moment unique où elle le laissait la toucher, alors il allait tout faire pour qu’elle ne l’oublie pas. Laissant courir ses mains, il l’embrassait toujours plus longuement tout en s’écrasant contre elle. Attrapant un pan de sa chemise de nuit rose brûlante, il le tira d’un coup sec pour lui découvrir la poitrine.
Mettant brusquement fin à leur baiser, il recula en glissant sur le lit en attrapant sa culotte et la tirant vers le bas de ses jambes en un mouvement rapide, se sentant satisfait en remarquant une part de crainte dans sa respiration haletante.
En voyant ses cheveux foncés étalés sur le drap blanc et l’aspect crémeux de chair dépassant de la chemise de nuit, il décida qu’il ne lui restait plus qu’une chose à faire pour compléter le tableau qui s’offrait à ses yeux. Saisissant le bas de la chemise de nuit, il la déchira en son milieu, s’arrêtant quelques centimètres avant que la déchirure en atteigne le bord, puis il la regarda s’ouvrir comme un rideau et s’évanouir, laissant Jade nue au niveau des seins.
Elle sourit comme s’ils étaient encore en train de se disputer tout en appréciant instinctivement l’énergie qui se dégageait. Elle se leva et mit sa paume contre sa poitrine pour le tenir à distance. Glissant ses jambes entre les siennes, elle se mit à genoux pour se relever face à lui et sourit gentiment quand il la laissa le forcer à reculer du lit jusqu’à ce qu’il soit hors de sa portée.
Alors que Titus faisait glisser son pantalon de jogging sur ses jambes, elle baissa le regard, en pensant qu’elle l’avait trouvé vigoureux la dernière fois qu’elle l’avait vu nu, mais maintenant elle pouvait faire la différence… en fait, c’était comme s’il était géant.
Rampant au bord du lit, Jade se mit à genoux et se précipita vers lui en collant ses lèvres aux siennes dans un baiser torride qu’il contrôla rapidement. Elle lui caressa les hanches puis glissa l’une de ses mains autour de son imposante silhouette.
Sachant qu’elle avait maintenant une emprise sur la seule chose qu’elle voulait de lui, Titus glissa ses doigts dans ses cheveux et lui inclina la tête tout en l’embrassant encore en grognant. Il sentait son mamelon se frotter contre sa poitrine alors qu’il se déplaçait contre elle, la berçant dans son étreinte.
Il sourit intérieurement à l’idée qu’il allait lui donner une bonne leçon. Sa petite louve n’avait pas la moindre idée de ce dans quoi elle s’embarquait. Elle était habituée à l’endurance des humains, mais même un loup-garou normal ne pouvait tenir une bougie avec l’endurance d’un Alpha. En la traînant hors du lit, il la retourna et la souleva contre le mur.
Jade enveloppa ses jambes autour de lui et mit ses mains sur ses épaules pour avoir un point d’appui. S’élevant contre lui, elle inclina sans peur ses hanches jusqu’à ce que l’extrémité gonflée de son corps se presse contre l’ouverture de ses jambes.
- Oh mon Dieu, qu’est-ce qu’il est grand ! pensa-t-elle. Elle fit avancer ses hanches d’avant en arrière dans un mouvement lent alors qu’il commençait à lui glisser à l’intérieur.
Il la vit pencher la tête contre le mur en essayant de le serrer doucement. Secouant la tête, il se fit mal aux mains en les posant derrière elle, puis il lui serra les épaules et, d’un mouvement brusque, il la fit glisser sur lui, leur faisant perdre leur souffle à tous les deux.
Il ne s’attendait pas à se retrouver aussi serré en elle et cette sensation le mit pratiquement genoux à terre. Avant qu’elle ne puisse reprendre son souffle, il se plia en avant, puis il se redressa au niveau de ses épaules, et la serra encore plus fort.
Jade repoussa sa poitrine et gémit lorsqu’elle fut brusquement balancée dos au matelas. Ce grand lit était à la hauteur parfaite pour que Titus puisse rester debout avec ses jambes enveloppées autour de sa taille. Elle saisit la couverture et il lui écrasa les fesses avec les mains, la faisant basculer d’avant en arrière contre lui.
La respiration saccadée, Jade regardait seulement pour le voir se glisser dedans et en-dehors d’elle. Les muscles de ses bras se resserraient à chaque mouvement et elle abaissa les yeux au niveau des muscles de son torse qui fléchissaient. Cette image qu’elle avait de lui debout devant elle alors qu’il entrait en elle était la chose la plus sexy qu’elle ait jamais vue. Cette sensation qu’il lui procurait parvint à l’envoyer au septième ciel.
Titus leva un regard torride quand il l’entendit gémir. Elle était si sensuelle dans son orgasme qu’il lui fallut se concentrer pour qu’il se rappelle que pour elle, il n’était qu’un outil qui allait la sortir de cette chaleur. Lui ou n’importe quel autre humain l’aurait fait. Rien qu’à penser que d’autres hommes la touchaient... la mener à l’orgasme l’aida à garder le contrôle alors qu’il coulait en elle en raidissant le corps vers l’arrière.
Jade chercha à reprendre son souffle quand ses spasmes orgasmiques continuaient à un tel point qu’elle était prête à rendre les armes. Balançant la tête, elle s’inclina en l’air en ouvrant les yeux. Elle perdit très vite le peu d’air qu’elle venait de reprendre quand elle vit la colère dans le regard de l’Alpha qui la contemplait. Paniquant, elle replia les jambes en tentant de s’éloigner de lui au plus vite.
- Assez, dit-elle dans un souffle, soulagée de constater qu’il était en train de la libérer de son étreinte. Ressentant toujours les pulsations de son orgasme entre les jambes, elle tenta de lui échapper.
Titus la regarda se retourner sur les mains et les genoux pour s’éloigner de lui. Il pouvait sentir sa peur et il détestait le fait qu’elle le compare une fois de plus à d’autres hommes qu’elle craignait juste parce qu’il était un Alpha. Il secoua la tête et rampa rapidement sur elle.
Jade respira brusquement lorsqu’elle sentit son corps lui caresser le dos et soudain, ses bras étaient juste à côté des siens. Elle le sentit encore s’insérer dans son entrejambe et gémit tout en soulevant le haut de son corps, reposant la tête contre son épaule en s’abandonnant à lui.
Titus la bloqua avec ses bras et la ramena contre sa poitrine, remontant doucement en elle. Baissant ses lèvres au niveau du lobe de son oreille, il chuchota d’une voix rauque :
- Ce n’est jamais assez.
Il se blottit sous son cou et sentit qu’elle le serrait encore plus fort.
Jade sentit son cœur battre alors que sa voix résonnait dans son esprit, mais elle était encore assez lucide pour se méfier de ses crocs, si proches de sa peau. Presque toutes les femelles loups-garous avaient été marquées au cours d’une relation sexuelle et elle ne pouvait pas refouler sa peur alors qu’un nouvel orgasme la prit de court.
Levant le regard, Titus remarqua leur reflet dans le grand miroir de l’armoire. Il trouva que l’image qu’il pouvait voir de Jade, les yeux fermés et les lèvres entr’ouvertes, était vraiment érotique. Plaçant ses mains sur ses hanches, il la souleva et la ramena dans un rythme qui la fit haleter alors que ses jambes commençaient à trembler. Il fit glisser une de ses mains en lui caressant le corps jusqu’à lui envelopper un sein, puis glissa l’autre main autour d’elle et la plongea entre ses cuisses.
- Maintenant, Jade, ouvre les yeux, commanda-t-il dans un chuchotement rude tout en lui faisant tourner la tête avec sa joue placée contre la sienne pour qu’elle puisse voir elle aussi leur reflet.
Elle ouvrit les yeux et regarda leur reflet alors qu’il lui écartait encore plus les jambes, trouvant le contraste de son corps et de celui du Dieu grec blond qui était derrière elle érotique comme tout. Quand il fit parcourir ses doigts au travers du faisceau des nerfs juste au-dessus de l’endroit où il était entré en elle, Jade se mit à gémir en se mordant la lèvre inférieure. Elle avait l’impression qu’elle allait exploser sous ses doigts qui n’arrêtaient pas leur torture.
- Titus, stop, implora-t-elle en se pressant contre lui tout en grelottant et en tremblant des bras.
Les yeux de Titus brillaient alors qu’il la regardait dans le miroir. Il était en train de lui donner quelque chose qu’elle n’avait jamais eu avant et il n’était pas près d’avoir fini. Si elle allait s’éloigner de ce lit en pensant qu’il ne s’agissait que d’une simple relation sexuelle, alors il allait s’assurer qu’elle ait du mal à s’en aller.
Puis il lui caressa longuement l’entrejambe avant que ses bras le relâchent enfin et qu’elle tombe en avant en se rattrapant sur le matelas. Puis elle prit une bonne gorgée d’air en émettant un sifflement et lui posa les mains sur les côtés, glissant pratiquement entièrement hors de son corps pour y re-rentrer tout doucement.
Ce mouvement de basculement lui suffit pour satisfaire Jade tout en lui laissant une chance de reprendre son souffle en même temps. Saisissant l’édredon, elle réalisa soudain que dans cette position, il pouvait aller encore plus profondément qu’avant. Ce qu’il touchait à l’intérieur d’elle n’avait jamais été touché par personne d’autre et cette nouvelle sensation la rendait tendue et relâchée à chaque poussée. Avant qu’elle puisse s’arrêter, elle se repoussa contre lui pour qu’il l’atteigne encore plus.
- Titus ! cria Jade alors qu’il la tenait encore un instant avant de bouger à nouveau.
Un grognement s’échappa du bas de la gorge de Titus quand il glissa presque, perdant le contrôle. En avançant toujours, il poussa les longs cheveux foncés de Jade d’un côté, lui serrant l’épaule avec une de ses mains. La respiration saccadée, il la ramena dans une secousse plus longue, claquant en elle pour lui donner ce qu’elle attendait.
- Oh, Titus ! gémit Jade alors qu’il se hâtait de lui donner bien plus qu’elle n’avait prévu. Au bout de quelques minutes, elle sentit qu’elle allait éclater et avança en essayant à nouveau de ramper loin de lui.
Titus respirait fort quand il l’attrapa et la fit rouler sur le dos. Elle avait l’air toute molle, le visage rougi, et il se remit à bander encore plus. En étirant ses jambes, il soutenait son regard tout en entrant en elle en se tenant au-dessus d’elle avec un seul bras. Il enroula son autre main sous un de ses genoux en lui soulevant la jambe, en rythmant ses allées et venues de manière lente et tortueuse.
En ralentissant, il put ressentir chaque centimètre d’elle qui l’entourait, le pressait et l’aspirait. Sentir le mélange de leur odeur musquée et voir la lueur du désir dans les yeux de Jade lui donna envie de la garder plus longtemps. Il serra les dents en sentant les pulsations de son pouls.
Attrapant de nouveau son épaule, il la tira vers le bas du matelas, l’empalant rapidement, puis il se colla contre elle. En la faisant glisser sur le drap, il répétait ce mouvement sans cesse, tentant même de dépasser ses propres limites.
Et tout ce que Jade pouvait faire, c’était de s’accrocher et de se noyer dans les sensations. Lorsqu’il abaissa son front contre le sien, elle lui enveloppa les bras autour du cou et fut rapidement soulevée dans les siens.
Titus la serrait contre lui et leva la tête en direction du plafond pour ne pas la marquer au moment où il explosait profondément en elle, le pouls de sa semence en cadence parfaite avec ses battements cardiaques. Pendant quelques minutes, ils restèrent dans cette position en respirant et en tremblant avant que Titus ne la relâche brusquement pour se replier sur le matelas.
Jade fronça les sourcils quand Titus s’étendit sur le lit à côté d’elle sans dire un mot ni même essayer de la prendre dans ses bras. Elle tourna lentement la tête vers lui pour le retrouver allongé sur le dos, la poitrine toujours levée et tombant aussi vite que la sienne… mais ses yeux étaient fermés et détendus.
Elle fronça encore les sourcils alors que le temps passait. Sa respiration se calmait peu à peu, alors que Titus semblait s’endormir sans aucun problème. Elle sentit l’air frais de la chambre sombre refroidir son corps chaud et tira doucement la couverture sur elle vers le haut dans un moment bizarre de solitude. Puis il lui fallut au moins une bonne demi-heure pour qu’elle puisse enfin se détendre autant que lui, et elle finit enfin par s’endormir.
Chapitre 3
Dean regarda Kane sortir du bâtiment avec Skye et Aurora. Si Aurora n’était pas en couple avec Michael, il aurait juré que les deux Déchus étaient ensemble. La façon dont ils s’aimaient de manière aussi inconditionnelle lui rappelait certaines choses qu’il avait longtemps oubliées et qui le plongèrent dans un long moment de nostalgie.
A-t-il déjà été comme eux ou bien était-il né aussi froid et dur qu’en ce moment ? Dean soupira en pensant qu’il ne voulait pas rechercher la réponse dans les tréfonds de son âme de peur de connaître la réponse qu’il y trouverait. Il avait déjà choisi de devenir ce qu’il était devenu pour protéger ceux qui avaient l’âme plus douce et il se refusait de regretter ce sacrifice.
Il resta immobile quand Skye se retourna et le regarda comme s’il savait qu’il était observé. Le fait qu’il soit aussi vif était un bon signe… parce qu’il aurait besoin de vivacité pour se protéger et protéger ceux qu’il aime dans les jours à venir. Il aimerait avoir le temps nécessaire de s’assurer que Kriss et Skye se rapprochent, mais il lui restait peu de temps.
Il ressentit un pincement de culpabilité et de jalousie en imaginant Skye regarder Kriss de la même manière qu’il regardait Aurora. Il ferma les yeux en essayant de ne plus les imaginer faisant l’amour une fois qu’il serait parti.
Entendant de légers pas, Dean ouvrit les yeux en voyant Kriss dans le reflet de la fenêtre alors qu’il approchait de la cuisine. Il cacha rapidement son trouble intérieur. Kriss n’avait pas dit un mot quand les deux jeunes Déchus avaient annoncé qu’ils iraient rendre visite à Michael avec Kane, mais il pouvait voir l’inquiétude dans les yeux de son amant. Il a toujours très bien su lire en Kriss et était content que ce dernier n’ait pas cette même aptitude.
- C’est bien que Kane les chaperonne ce soir, songea Kriss en arrivant juste après Dean. Tu penses qu’il pourra gérer Michael s’il commence à péter les plombs ?
Dean leva un sourcil, pas très sûr de la réponse à donner :
- Dis-moi, tu te souviens quand on s’est affrontés avec Kane avant que Syn n’intervienne et nous jette du toit de ce bâtiment comme des poupées en chiffon ?
Alors qu’il parlait, il vit les lèvres de Kriss s’amincir.
- Oui, dit Kriss en glissant un bras autour de Dean et en posant son menton sur son épaule. Je suis bien conscient que Syn nous a sauvés d’une grave situation ce soir-là.
Dean se mit à parler de manière plus sèche pour que Kriss l’écoute :
- Dans ce cas, tu es bien d’accord avec moi quand je dis qu’il faut que nous restions loin de Michael pour l’instant. Je fais confiance à Kane pour savoir quoi faire et s’il a besoin de renforts, il peut toujours faire appel à leur père.
Dean se pencha de nouveau dans l’étreinte de Kriss, profitant de ce moment de répit qu’il leur était donné.
- Kriss !
Tabatha l’appelait depuis la cuisine, où elle vidait le lave-vaisselle.
- Ta cuisine est un vrai dédale pour moi ! Où ranges-tu tes cuillères de service pour la salade ?
Kriss pressa ses lèvres contre la partie la plus sensible du cou de Dean, juste sous le lobe de son oreille, et serra encore plus ses bras pour le remercier d’avoir laissé Tabatha venir chez eux pendant quelques temps. Il leva les yeux en constatant le frisson causé par ses lèvres et fit un pas en arrière.
- J’arrive ! lui répondit-il par-dessus son épaule en se forçant à se retourner et à se diriger vers la cuisine.
Dean le regarda partir avec un sourire qui s’estompa une fois qu’il fut hors de sa vue. Serrant les dents, il regarda son bras ballant. Il lui était de plus en plus difficile de combattre la douleur mais pour dire vrai, il était surpris d’avoir résisté aussi longtemps sans se trahir.
Relevant la manche, Dean fronça les sourcils en regardant les noirceurs qui étaient apparues à différents endroits, soupirant alors que l’ouverture tendue et déchirée de sa chair s’ouvrit un centimètre de plus comme si elle voulait qu’il constate par lui-même ce qui se produisait. Puis la blessure se referma toute seule.
Si cette blessure avait été normale, elle aurait ressemblé à une vilaine entaille rouge qui montrerait probablement en ce moment les dernières étapes de la guérison. Mais celle-ci n’était pas normale, et elle ressemblait plus à une longue déchirure noire qui s’étendait d’un côté de son avant-bras.
Alors qu’il la regardait de plus près, il remarqua que la noirceur commençait à bouger tout en devenant de plus en plus grande. Il était en train de perdre cette bataille et il le savait très bien. L’âme noire qui évoluait en lui voulait vivre… et lui aussi !
Il se souvenait de la façon dont Kriss lui avait crié dessus, hurlant qu’il s’était attaqué à une épée démoniaque et qu’il avait failli se faire tuer. Kriss a toujours eu l’impression que quand on était frappé par une épée comme celle-ci, on ressentait immédiatement une douleur extrême et il avait raison… mais seulement si la victime était humaine, ou bien si elle était contaminée par du sang humain.
Il avait menti à Kriss… lui assurant qu’il était immunisé contre ce genre d’épée et comme il était toujours en pleine forme, Kriss l’a cru parce qu’en même temps, il voulait y croire. De plus, le fait que Kriss n’ai pu lui cacher l’amour qu’il ressentait pour lui a su calmer son âme. Sa colère et ses angoisses ne représentaient que de mauvais signes. Mais maintenant, tout cela allait se calmer et rendre Kriss bien plus fort avec le temps.
Dean était content que Kriss n’ait jamais été exposé aux vrais dangers d’une épée de démon parce qu’il était arrivé pratiquement à la fin de la bataille. De ce fait, Kriss n’était pas au courant de ce qu’il se passait quand un Déchu était frappé par l’un des siens… il savait juste ce qui arrivait aux humains.
Beaucoup de Déchus étaient morts de cette manière au cours de la guerre contre les démons et Samuel avait balancé son arme dans le but de donner une mort lente et douloureuse à Aurora… c’est ce qui l’avait trahi. C’est Skye, dans son innocence, qui, ne connaissant pas les conséquences de ses actions, tenta de protéger Aurora en la projetant ailleurs et en présentant son propre dos à la lame mortelle.
Le jeune homme devrait payer le prix et il ne pourrait plus faire machine arrière. Mais il ne regrettait pas d’avoir sauvé Skye… non, il ne regrettait rien du tout.
Dean ferma les yeux et balança le chiffon sur son bras pour cacher la preuve que le démon grandissait en lui. Il était l’un des rares de son espèce à survivre à la blessure d’une épée démoniaque… mais c’était seulement grâce à sa force physique et mentale. Il était capitaine de la garde royale et avait donc été formé pour avoir la force de résister à tout… même à la douleur et au fait de devoir partager son corps avec l’âme d’un démon.
Le problème qui affectait le plus Dean était que les démons « nés » d’une épée démoniaque n’étaient pas des nouveau-nés… en fait, c’est l’arme qui créait des failles dimensionnelles à l’intérieur de ceux contre qui cette arme avait été utilisée. En bref, une épée de démon laissait les âmes des anciens démons renaître dans le royaume des humains au travers des corps de leurs victimes.
La survie d’une attaque d’une épée démoniaque dépendait de l’âme qui serait la plus forte… c'est-à-dire de la victime, ou du démon ressuscité. C’était son âme qui avait gagné la dernière fois et le démon était mort à l’intérieur de son corps, contaminant son sang de son acidité, et de ce fait, il est devenu bien plus fort.
Samuel était l’un des tout premiers démons à avoir respiré l’air de la Terre. Ces démons très puissants ont été engendrés par les plus puissants Déchus… la plupart étaient issus de la royauté car ce sont les scientifiques de la lignée royale qui ont créé la faille interdimensionelle. Pour cette raison, il y avait de grandes chances pour que l’âme qui grandissait en lui soit elle aussi l’une d’entre eux.
Une autre douleur lui tira dans le bras et Dean grimaça quand il sentit sa peau se déplacer de manière répugnante autour de sa blessure. Ce ne serait plus très long maintenant et il savait qu’il devait partir pour sauver Kriss de l’horreur de ce qui allait arriver. Vu comme les choses se présentaient, ses chances de survivre à tout ça diminuaient d’heure en heure.
Dans un profond soupir, Dean se dirigea dans la cuisine et s’appuya sur la porte en regardant Kriss et Tabatha faire semblant de se battre en duel avec des cuillères en bois en guise d’épées.
La satisfaction ne se lisait pas sur son visage, mais Kriss était maintenant bien plus fort que ce qu’il pensait, et c’est ce qui comptait.
Kriss remarqua que Dean les observait. Il lui fit un clin d’œil et un grand sourire avant de lui dire, l’air plaintif :
- S’t’eu plaît ? Tu peux dire à Tabatha d’arrêter de m’embêter ?
- Pas maint’nant, dit Dean en approchant des Déchus. Il y a quelque chose dont je dois m’occuper… alors, amusez-vous bien tous les deux !
Posant ses yeux dans ceux de Kriss, Dean se pencha doucement pour prendre possession de ses lèvres dans un baiser doux et brûlant pendant quelques secondes. Puis, reculant d’un pas, il nota l’expression étourdie de Kriss et la grava dans sa mémoire avant de hocher la tête en direction de Tabatha et de quitter la pièce.
Ils restèrent là, tous deux interdits, à fixer l’endroit où Dean venait d’aller. Ce qu’il venait de faire surprit tellement Kriss qu’il en resta sans voix et Tabatha fronça les sourcils pendant un bon moment.
- Mais c’était quoi, ça ? demanda Tabatha qui n’avait jamais vu Dean montrer autant d’affection. Jamais elle n’aurait pensé qu’il en serait capable.
Kriss hocha la tête, choqué lui aussi.
- J’en ai pas la moindre idée.
Frissonnant des bras, il se frotta comme si c’était un mauvais présage, et sa poitrine se serra douloureusement. Il commença à vouloir suivre Dean mais Tabatha le fit réfléchir :
- C’est la chose la plus mignonne que je l’ai jamais vu faire, dit Tabatha en riant.
