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Au Cœur Du Temps
Au Cœur Du Temps
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Au Cœur Du Temps

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Kyoko était presque en bas des marches lorsqu'elle sentit ses sens de prêtresse s'emballer. Sentant un autre gardien à l'exception de Toya, elle regarda autour d'elle. La seule personne assez proche pour provoquer une telle sensation était un étudiant se tenant en bas des escaliers, l'observant avec intérêt.

En regardant de plus près, elle était déconcertée par les reflets violacés parcourant ses cheveux indomptés, et par les plus beaux yeux. Alors qu'elle observait ces yeux, elle aurait pu jurer... pouvoir voir des éclats de toutes les couleurs dans ses iris.

Toya se tenait maintenant derrière Kyoko. En voyant son arrêt soudain, il remarqua qu'elle était en train de fixer Kamui.

- Alors maintenant elle peut détecter les immortels, se dit Toya.

Il l'attrapa par le bras en descendant.

- Viens, je vais te le présenter.

Toya avait un faible pour Kamui depuis qu'il l'avait rencontré. Tout ce qu'il savait de lui, c'est qu'il n'avait pas de parents et qu'il avait grandi dans une famille d'accueil jusqu'à ce que Kyou lui ait proposé de rester ici.

Kyoko se laissa à moitié faire et tirée par Toya vers l'inconnu. Elle pouvait voir qu'il était aussi immortel, mais elle pouvait également ressentir une extrême gentillesse. Elle laissa ses sens explorer son aura, et elle y trouva de la chaleur et... une innocence cachée ne pouvant appartenir qu'à un enfant.

- Salut Toya, qui est-ce ?

Les yeux brillants de Kamui l'observaient avec fascination. Il avait l'impression qu'il l'attendait depuis longtemps... même s'il ne savait pas qui elle était. C'était comme si elle lui avait terriblement manqué. Il sentait que soudainement, il pouvait de nouveau respirer, et il inspirait profondément rien que pour le prouver. En faisant cela, il sentit l'odeur de la jeune fille et la trouva vraiment familière.

Il demanda en regardant Toya :

- Qu'est-ce que tu as fait... tu t'es capturé une petite amie ?

Kamui sourit d'un air narquois tandis que ses yeux brillaient de malice.

- Oh que non, grogna Toya. Elle n'est pas du tout mon genre.

- Comment pourrais-tu le savoir ? Tu n'as jamais eu de petite amie.

Kamui rit de sa propre blague.

Kyoko essayait de s'empêcher de glousser, mais le fait de voir l'hilarité dans les yeux de Kamui ajouté au regard noir de Toya rendait la tâche impossible.

- Je te présente Kyoko.

Toya se tourna vers elle, relâchant son bras comme s'il venait de se rappeler qu'il la touchait. - Kyoko, voici Kamui. Il a aussi une bourse, et il aura les mêmes cours que toi.

- Ouais, je fais partie des resquilleurs ici, dit Kamui en gardant son sérieux, ce qui fit éclater de rire Kyoko, un rire qu'elle arrivait à peine à retenir en premier lieu.

Elle se tourna vers Kamui et tendit la main. S'il avait une bourse, cela voulait dire qu'ils étaient amis par le passé. Elle garda ce secret et lui dit avec un sourire très amical :

- Bonjour Kamui, ravie de te rencontrer. Ça fait combien de temps que tu es dans cette école ?

Kamui aimait déjà cette fille amicale.

- Depuis deux ans, plus ou moins. Alors, qu'est-ce que fait la tête brûlée ? Elle te fait visiter ?

Il regarda Toya avec un sourire narquois, puis Kyoko avec un sourire plus doux. Son côté malicieux se révéla et il prit la main de Kyoko dans la sienne. S'inclinant légèrement, il amena doucement sa main à ses lèvres et déposa un doux baiser sur ses articulations.

Kamui riait presque en voyant le regard vif et furieux que Toya lui lançait. Seul un idiot ne serait pas capable de voir l'attraction évidente que l'autre homme ressentait pour la charmante Kyoko.

Kyoko rougit légèrement et gloussa en entendant « tête brûlée ». Elle sourit en voyant Toya regarder Kamui d'un air furieux.

- En fait, on essaye de trouver Shinbe et Suki. Est-ce que tu les as vus quel...

Avant de pouvoir finir sa phrase, quelqu'un attrapa son bras, l'écartant de Kamui et Toya. En jetant un coup d’œil rapide, Kyoko se retrouva face au visage inquiet de Suki.

- Ça a été, Kyoko ? Tu vas rester, n'est-ce pas ?

Suki avait presque l'air de l'implorer.

Kyoko hocha la tête en se rappelant soudainement de la voix de Kyou lui chuchotant de ne pas partir.

- Je ne vais nulle part.

Elle hocha la tête vers Shinbe par-dessus l'épaule de Suki en voyant qu'il avait l'air tout aussi heureux que Suki face à cette réponse.

À ces mots, Toya sourcilla. Il se demandait ce que Kyou lui avait dit pour la rendre si déterminée à rester. Elle agissait maintenant d'une manière si différente, elle avait presque l'air d'être heureuse. D'habitude, lorsque quelqu'un parlait seul à seul avec Kyou... il s'en allait en étant troublé pendant des heures. Le type arrivait même à lui donner la chair de poule de temps à autre.

Kyoko prit le bras de Suki et commença à monter les marches.

- Tu dois m'aider à trouver une tenue pour ce soir si on va danser.

Les deux filles se blottirent l'une contre l'autre et marchèrent en discutant. Elles agissaient comme si elles se connaissaient depuis toujours.

Shinbe, Kamui et Toya regardèrent les deux filles disparaître dans les escaliers. Shinbe demanda à Toya d'une voix inquiète :

- Est-ce qu'elle sait ce qu'il se passe vraiment ici ?

Toya fixait les lèvres de Kyoko qui bougeaient en parlant à Suki.

- Oui, je pense.

Puis, il changea de sujet en se tournant vers eux.

- Kamui, est-ce que tu viens avec nous ce soir ?

Shinbe eut un temps d'arrêt.

- Toya ? Tu vas vraiment venir danser ?

Sa voix semblait choquée.

- Ça ne lui ressemble pas, se dit-il.

- Eh, on m'a dit de la surveiller tel un faucon, donc je suppose que je n'ai pas le choix, si ?

Toya faisait comme s'il était agacé pour donner l'impression de faire cela contre sa volonté. En réalité, il n'avait soudainement pas envie de la perdre de vue.

Son cœur cognait dans sa poitrine, comme s'il lui disait de la protéger à tout prix, qu'on le lui ait ordonné ou non. Il était à présent en train d'imaginer Kyoko bouger de manière suggestive au rythme de la musique et au milieu d'une piste de danse bondée, et cela ne l'aidait pas. Cela éveillait ses instincts protecteurs et il n'avait soudainement plus très envie de la voir y aller.

Un petit grognement se fit entendre de la gorge de Toya et il secoua la tête en essayant de se débarrasser de ces pensées ; tous ces regards braqués sur elle... des regards qui n'étaient pas à leur place.

Ouais, ça peut être amusant, je viens aussi, acquiesça Kamui. On doit sortir le week-end pour oublier un peu cet endroit. »

Il se sentait presque soulagé en sachant que Kyoko resterait à présent dans les parages.

- En plus, on doit trouver une petite amie à Toya, intervint-il innocemment.

- Qui a dit que j'avais besoin d'une petite amie, petit crétin, grogna Toya en donnant une tape sur la tête de Kamui. Tu ne saurais pas ce qu'est une petite amie si elle te gonflait.

Shinbe sourit.

- Je pense être le seul ici à savoir ce qu'est une petite amie, mais je peux vous montrer deux vierges si vous voulez de l'expérience.

Il recula rapidement lorsque Toya et Kamui se tournèrent vers lui en le regardant d'un air meurtrier.

Changeant rapidement de sujet, Shinbe hocha la tête, puis se glissa un peu plus près vers Toya. - Kyou t'a ordonné de surveiller Kyoko ?

Son regard dériva vers là où elle venait d'aller.

- Tu sais... récemment, j'ai senti une rupture dans l'équilibre dans les parages, comme si quelque chose allait se passer. Le mal se rapproche. Je me demande si elle a quelque chose à voir avec ça. »

Les intuitions de Shinbe étaient presque toujours bonnes et cela l'inquiétait.

Toya avait aussi cette sensation, et il voulait des réponses.

- Eh bien, c'est le moment. Pourquoi ne pas aller en haut et demander à M. Froideur de me dire la vérité ?

Il savait que Kyou cachait quelque chose et il allait découvrir ce que c'était.

Avant que Shinbe n'ait pu l'arrêter, Toya était déjà en direction des escaliers. Shinbe se sentit gêné.

- Je déteste quand ils sont dans la même pièce. J'en ai déjà été témoin, et ce n'est pas beau à voir. Ils se comportent comme des frères ou quelque chose comme ça.

Ses yeux d'améthyste suivaient Toya du regard tandis qu'il montait les marches deux par deux.

Kamui hocha la tête, sachant que Kyou le faisait parfois flipper.

- Je préfère qu'il y aille plutôt que moi. Je te verrai ce soir.

Il s'en alla, laissant Shinbe se tenir là, tout seul, toujours en train d'observer les escaliers.

Au plus profond de son esprit, là où ses pouvoirs de gardien se reflétaient dans son miroir intérieur, Shinbe se posait des questions concernant ce sentiment familier qu'il avait pour la prêtresse qui venait juste de monter ces escaliers. Il cherchait la vérité au plus profond de son âme en fermant les yeux.

Dès l'instant où ses yeux d'améthyste s'ouvrirent de nouveau, ils brillèrent ; il y avait des secrets qu'il était le seul à connaître.

*****

Kyou était perdu dans ses pensées, il se demandait comment il devait s'occuper de Kyoko, maintenant qu'elle se trouvait là où il le voulait. Il fut brusquement interrompu en entendant quelqu'un marteler la porte. Clignant des yeux à plusieurs reprises, il s'empêcha de lever ses yeux dorés au ciel, sachant que cela ne pouvait être que Toya. Kyou lança un regard furieux à la porte au moment où celle-ci s'ouvrit sans invitation.

Toya entra d'un pas décidé, cherchant immédiatement sa cible, puis aperçut Kyou étendu sur le sofa. Il alla droit au but.

- Qu'est-ce qu'il se passe avec Kyoko ?

Kyou lança un regard furtif à Toya, mais son visage ne manifestait aucun intérêt pour la question.

Toya connaissait les humeurs de Kyou mieux que personne, et il savait qu'il ne l'aurait même pas regardé s'il n'avait pas touché une corde sensible. Pour lui, étudier Kyou était de la science. Même le fait de cligner des yeux voulait dire quelque chose lorsqu'il s'agissait de Kyou. Toya se déplaça pour s'asseoir en face de lui sur une chaise bien moelleuse.

- Allez, je ne suis pas stupide. Si tu veux que je la protège, tu dois me dire pourquoi. Après tout, les autres doivent se débrouiller, alors pourquoi est-elle différente ?

Il cracha comme s'il était dégoûté par cette pensée.

- Ce n'est qu'une simple fille humaine et fragile.

Toya saisit la main griffue qui l'avait soudainement saisi par la gorge, et regarda le visage très contrarié de Kyou.

- Tu feras ce que je te dis.

La voix de Kyou tremblait de rage.

Toya plissa les yeux. À présent, il savait que quelque chose se tramait.

- Bien, souffla-t-il, et fut libéré en récompense.

Il vit la colère de Kyou disparaître instantanément tandis qu'il retournait s'asseoir en face de lui, son masque de glace se remettant en place comme un bouclier derrière lequel il se cachait. Toya secoua la tête.

- Tu dois me dire pourquoi elle est si importante pour « toi ».

Il mit l'accent sur le dernier mot.

Kyou était quelque peu d'accord. Il avait élevé Toya depuis sa naissance. Il savait que son frère était proche dès l'instant où il était venu à la vie, et il l'avait arraché à des parents qui ne l'auraient pas compris. C'était pareil pour ses autres frères, même si Kyou avait décidé de les surveiller de loin pendant un moment.

Il avait espéré pouvoir changer la personnalité de Toya d'une manière ou d'une autre, mais celle-ci semblait l'avoir suivi dans cette vie, peu importe les efforts de Kyou pour la changer. Au bout du compte, Toya était toujours Toya, peu importe la vie qu'il menait. Il pensait que sa rencontre avec Kyoko allait provoquer des souvenirs du passé, mais son frère n'avait montré aucun signe jusqu'ici, à part de l'intérêt. Les yeux de Kyou se plissèrent tandis qu'il réfléchissait.

- Tu ne ressens rien pour elle ? demanda-t-il d'une voix qui fit grimacer Toya.

- Je devrais ? Riposta Toya, sachant qu'en effet, il ressentait quelque chose pour elle, mais ne voulait pas l'admettre.

Croisant ses bras devant lui, il avait l'air agacé comme d'habitude, mais n'était pas conscient du gris qui tourbillonnait dans ses yeux dorés.

- Oui, répondit-il froidement.

- Bon sang ! Qu'est-ce qui la rend si spéciale pour nous ?

Toya leva ses bras, exaspéré. Le regard de Kyou défia le sien.

- Elle est celle que nous attendions.