banner banner banner
Absolution Providentielle
Absolution Providentielle
Оценить:
Рейтинг: 0

Полная версия:

Absolution Providentielle

скачать книгу бесплатно


Un mur de chaleur moite m’attendait à la porte, mais je ne m’arrêtai pas, déjà échauffée par ma frustration. Deux officiers passèrent devant nous et entrèrent dans le bâtiment, et nous fûmes soudainement seules. Je plissai les yeux et cherchai mes lunettes de soleil.

Consciente de leur amitié, je tentais de calmer ma fureur.

- Ava, je sais que c’est ton ami, mais n’as-tu pas l’impression qu’il s’est foutu de moi ? Je sais que je ne suis pas d’ici, tout ça me laisse une mauvaise impression.

Les yeux d’Ava balayaient de gauche à droite.

- Chut, Katie. Les choses se passent différemment ici qu’aux États-Unis.

J’ouvris mon côté de la voiture et déverrouillai les autres portières. Nous montâmes dans la voiture.

- Laisse-moi voir ce rapport, dit Ava.

Je lui tendis l’enveloppe. Il n’y avait pas grand-chose à voir. Un accident de voiture, plongeon d’une falaise, atterrissage dans les rochers en dessous. Le conducteur et le passager décédés. Mes parents.

Sans quitter la feuille des yeux, Ava demanda :

- Pourquoi es-tu si sûre que leur mort n’est pas un accident ?

- Je ne suis pas sûre. Je crois beaucoup à l’intuition, et c’est juste un sentiment que j’ai, à partir de petites choses qui n’ont pas de sens. Comme le fait que ma mère portait toujours l’alliance de ma grand-mère, mais la police ne l’a jamais trouvée. Pas sur elle, ni dans ses affaires à l’hôtel. J’ai trouvé ça bizarre. En plus, j’ai parlé à mes parents cette nuit-là. Ils avaient dîné, et ils étaient sur le chemin du retour à la Fleur de Paon. Ils m’ont appelé pendant qu’ils conduisaient. Ils avaient l’air heureux. Et l’instant d’après, ils étaient morts.

Merde. Mes yeux commencèrent à fuir.

- Okay, okay. Il est dit ici que ton père était ivre. Sa voix était devenue plus formelle. Plus sérieuse.

- Oui, c’est l’autre chose qui me dérange. Mon père était un alcoolique repenti. Il n’avait pas l’air d’être saoul quand je lui ai parlé au téléphone. Et je n’arrive pas à imaginer ma mère restant là à le regarder picoler.

Maman s’était occupée d’enfants de maternelle pendant vingt ans, un travail dont elle aimait à dire que ça l’entraînait à s’occuper de mon père. Elle était à la fois tendre et très déterminée. Seul sa grossesse surprise avec Collin avait fait dérailler ses plans pour devenir avocate.

- Peut-être qu’elle n’avait pas remarqué ? Suggéra Ava.

- Peut-être. Je ne sais pas Tout est possible. Je lui fis une confession.

- C’est ce que pense mon frère. Collin. Il est officier de police. Quand il a appris la mort de mes parents, il a appelé ici et parlé à un officier. Collin a dit qu’il était gentil, qu’il était serviable, et qu’il a dit qu’ils voyaient tout le temps des touristes sur St. Marcos, conduisant en état d’ivresse et se mettant dans de mauvaises situations. Collin pensait que papa avait peut-être rechuté et qu’il le cachait à ma mère.

Ava posa sa main sur mon avant-bras.

- Je déteste dire ça, Katie, mais les touristes et les conducteurs ivres sont la même chose pour nous.

Cela n’aidait pas mes yeux à sécher.

- Mais ton copain a agi si bizarrement. Tu ne crois pas ?

Elle me regarda, et ses yeux étaient doux et tristes.

- L’officier sur cette affaire, celui qui est mort...

- Michael Jacoby ?

- C’était le frère de Darren. Son petit frère.

- Je suis désolée. Oh mon Dieu, je suis tellement désolée. Je me sens égoïste. Je...

Un coup sec sur la vitre derrière ma tête me coupa court. Je poussais un glapissement en sursautant, me cognant la tête contre le toit. Ava pris une goulée d’air.

Je me retournai et me trouvai face à face au large visage de Darren Jacoby dans l’encadrure de la vitre. J’essayais de l’ouvrir mais les boutons ne répondaient pas. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me suis rendu compte que nous étions assises dans une voiture en plein soleil, sans vitres baissées ni climatisation. Je tournai la clé et démarrai le moteur, puis je baissai la vitre.

Ava se pencha sur moi, et prit son accent local.

- Jacoby, tu nous as collé la trouille.

Il ne souriait pas.

- Je voulais lui dire... il me regarda directement,

- Pour dire que je suis désolé pour vos parents. Je sais que c’est dur de perdre quelqu’un qu’on aime. Je sais que ça vous fait poser des questions. Mais mon frère était un bon flic, et je lui fais confiance. S’il a dit qu’ils sont morts dans un accident de voiture, c’est ce qui s’est passé.

Il était repassé à l’accent local.

- Je suis désolée pour votre frère, lui dis-je.

Il inclina la tête, baissa les yeux, puis les remonta à nouveau pour rencontrer les miens.

- Bonne journée, Mlle Connell.

Je remontais la vitre alors qu’il s’éloignait. J’étais plus confuse maintenant que je ne l’avais été avant d’arriver à la station. Il aurait été préférable de laisser tomber, de faire confiance au jugement de Collin, de chercher la paix plutôt que les problèmes. Je le savais. Normalement, je faisais aussi entièrement confiance à Collin. Mais il avait eu des problèmes sentimentaux juste avant la mort de maman et papa. Sa fiancée l’avait largué pour une femme, et il n’était tout simplement pas lui-même alors, distrait par ses propres problèmes. Si j’avais des doutes, alors je le devais à mes parents de faire ce que je faisais. Je les avais laissés tomber pendant un an, laissant tout le reste être plus important que mon intuition, qu’eux, et tant qu’une once de doute subsistait en moi, je devais continuer.

Je me dégageai de ma place de parking et pris la route.

Chapitre 9

Taino, St Marcos, USVI

Le 18 mars 2012

Quinze minutes plus tard, Ava et moi étions assises dans le bureau d’un certain Paul Walker au 32 King’s Cross Street. Son bureau était une longue pièce étroite dont les murs et le sol étaient recouvert de briques rouges. Il avait probablement été autrefois une ruelle ou un passage pour piétons. Il était coincé entre une boutique de friperie et un magasin de disques à l’abandon avec des albums couverts de poussière en vitrine et qui dégageait une impression de déchéance, de décrépitude. Je me demandai s’il renfermait des trésors cachés dans ses profondeurs. Probablement pas.

Walker se rendit au fond de son espace jusqu’à un mini-réfrigérateur, duquel il extirpa deux bouteilles d’eau. Il essuya les bouteilles et les bouchons avec la manche de sa chemise en claudiquant sur le sol inégal devant nous. Les murs se resserraient derrière lui, projetant son ombre vers l’avant, du moins c’est ce que mes yeux me disaient. Ça ressemblait au palais des glaces d’une fête foraine de bas étage.

- Parlez-moi donc de l’affaire, Mlle Connell, commença Walker en nous tendant les bouteilles avant de s’asseoir derrière son bureau.

Je n’avais travaillé en étroite collaboration qu’avec un seul autre détective auparavant : Nick. Quel contraste entre Walker et lui. Le ventre de Walker lui donnait l’air d’être enceint de cinq mois sous son t-shirt publicitaire Cruzan Rum. De la sueur perlait sur son front. La pièce empestait la malpropreté. Si j’avais eu un mouchoir sur moi, j’aurais pu y enfouir mon nez, après avoir nettoyé ma bouteille d’eau avec. Je posai la bouteille sur le sol à côté de moi.

- Mes parents ont passé une semaine à St Marcos l’année dernière. Ils sont venus ici pour leur quarantième anniversaire de mariage. Ils passaient un bon moment, et ils m’appelaient chaque jour. Un sentiment de culpabilité me traversa à l’idée de l’irritation que j’avais ressentie en voyant quotidiennement leur numéro sur mon téléphone. Des gens que j’aimais interrompant une vie que je n’aimais pas, et ils m’irritaient.

- Ils ont participé à toutes les activités habituelles pour touristes. Ils ont pris un catamaran pour aller sur l’un des atolls. Ils ont fait de la randonnée dans la forêt tropicale. Ils sont allés sur une plage isolée pour faire de la plongée. C’est comme s’ils avaient retrouvé leur jeunesse. Ils m’ont même appelé un jour pour me dire qu’ils étaient tombés sur deux personnes faisant l’amour sur la plage, littéralement. Ma mère gloussait comme une adolescente en me racontant l’histoire, un grand homme blond aux cheveux touffus et une petite femme noire, m’a-t-elle dit. Mais elle s’amusait bien. Elle a tout aimé de ce voyage.

Va droit au but, Katie. C’est drôle comme je pouvais être éloquente sur les problèmes des autres, mais si maladroite sur les miens. Je terminais le reste de mon histoire sans m’étaler sur des détails non pertinents.

Les yeux de Walker scrutaient mon visage pendant que je parlais. Une fois terminé, il resta silencieux, tapotant lentement son stylo contre ses lèvres.

- M. Walker ? Avez-vous des questions ? Demandais-je.

- Oh. Désolé. Vous me rappelez quelqu’un que j’ai connu, répondit-il. Son commentaire rampa sur ma peau comme un scorpion.

- Oui, juste quelques questions pour m’aider à démarrer. Avant la mort de vos parents, où sont-ils allés dîner ?

Je me souvenais de ça. Ils avaient adoré le restaurant et y sont retournés pour leur dernier dîner.

- Chez Fortuna’s. Vous connaissez ?

- Oui, c’est un endroit très populaire.

Mes yeux s’arrêtèrent sur le certificat encadré des dix ans de service de la police de New York, cloué sur le mur au-dessus de son épaule gauche. À côté, la photo de pêche obligatoire quand on vit sur une île : Walker, un homme noir de la même taille et un homme blond encore plus grand, debout sur le pont arrière d’un bateau nommé Big Kahuna, tous les trois soutenant un énorme marlin.

Ava pris la parole pour la première fois depuis que nous avions échangé nos salutations au début de l’entretien.

- Baptiste’s Bluff pas exactement sur le chemin du restaurant à l’hôtel.

Walker l’ignora et s’adressa à moi.

- A votre connaissance, sont-ils allés ailleurs cette nuit-là ?

- Pas que je sache.

- Le casino ? Une promenade au clair de lune sur la plage, peut-être ?

- Je suis désolée, je ne sais pas. J’ai le rapport d’accident de la police, cependant. Et ils ont dit que le médecin légiste pourrait également avoir un rapport. Je lui tendis le dossier de police, il le saisit, l’ouvrit et le posa devant lui.

- Okay, je vais demander ça au médecin légiste.

- Aussi... J’hésitais, regardais Ava, puis continuais.

- L’officier qui a enquêté sur leur mort est décédé peu de temps après eux. Vous pouvez voir sur le rapport qu’il a été signé par un autre officier que celui qui a enquêté. Je ne sais pas si ça veut dire quelque chose, mais...

Walker me coupa la parole.

- Je vais voir ça. D’accord.

Il jeta un coup d’œil au dossier ouvert et au rapport de police sur son bureau.

- Je pense que j’ai tout ce dont j’ai besoin de votre part. Il y a un acompte de cinq cents dollars, pour commencer.

Il fallait que je fasse quelque chose, mais est-ce que je faisais assez confiance à cet homme pour lui faire un chèque et le laisser s’occuper de l’enquête pour moi ? Dépenser l’argent de l’assurance dont je n’avais pas besoin me ferait-il me sentir moins coupable ? Je voulais appeler Nick et lui demander conseil. Je voulais sortir d’ici à toute allure. Je voulais un punch au rhum. Je voulais que maman et papa reviennent. J’avalai difficilement ma salive et sortis mon chéquier.

Pendant que je remplissais le chèque, il continua.

- J’ai pas mal de boulot en ce moment. Je sais que je ne pourrai pas commencer avant plusieurs semaines. Ce n’est pas une urgence, après tout, puisque vos parents sont déjà morts.

Une autre vague de chair de poule. Il avait raison, cependant. Grossier, mais exact. Je posais le chèque sur le bureau avec ma carte de visite par-dessus et le poussais vers lui du bout des doigts. Il laissa une traînée propre dans la poussière de son bureau.

- Eh bien, merci, Mlle Connell. Je vous contacterai, dit-il en saisissant le chèque avant que j’aie le temps de retirer mes doigts.

Alors qu’Ava et moi nous nous levâmes pour partir, il nous arrêta.

- Oh, une dernière chose. C’est mieux pour moi si je contacte directement les témoins potentiels. Cela interfère avec mon enquête quand mon client essaie de le faire lui-même. Donc, si vous le voulez bien, laissez-moi faire mon boulot, et profitez du reste de votre séjour sur notre belle île.

- Très bien, dis-je.

Et nous nous élançâmes vers la sortie, aussi vite que la politesse nous le permettait.

Chapitre 10

Taino, St Marcos, USVI

Le 18 mars 2012

Ava et moi marchions silencieusement sur le trottoir, comme un vieux couple marié plutôt que comme deux femmes qui s’étaient rencontrées quinze heures auparavant. Je marchais toujours devant elle, mais plus lentement. Physiquement, cependant, pas mentalement.

Lorsque nous arrivâmes à la voiture, Ava posa ses paumes à plat sur le toit.

- Dis-moi que tu as faim et que tu es prête pour un cocktail. Elle leva son avant-bras devant son visage comme pour consulter une montre imaginaire.

- Ouaip, c’est vraiment l’heure de l’appel de l’estomac.

- Je dois voir Baptiste’s Bluff, lui dis-je. J’ai juste besoin de voir l’endroit. Je ne pense pas que je puisse laisser ça à Walker et continuer à vivre sans me rendre compte par moi-même.

Ava pris une pose dramatique, les bras en l’air, les doigts pointant vers le ciel, et roula les épaules avec une emphase dramatique.

- Bien sûr, tu dois te rendre compte. Elle abandonna sa pose théâtrale et se pencha vers moi.

- Et je vais t’y conduire, mais tu auras un sandwich au poisson volant dans une main et une bière dans l’autre quand on y arrivera. Elle pointa vers une rue sur notre gauche.

- Tu conduis, et c’est par là.

Après avoir remonté dans la Malibu brûlante, nous quittâmes la ville par la route scénique, vers la côte nord sinueuse, bleu à droite, vert à gauche. Fenêtres baissées, nous laissâmes le vent emmêler nos cheveux. J’avais besoin d’un ouragan force quatre pour purger mon système de ces contrariétés, mais une forte brise côtière ferait l’affaire pour le moment. Nous passâmes devant une marina. L’odeur du diesel et des charognes de poissons envahit l’habitacle pendant un moment, et j’expirais par le nez. Je repoussais une mèche de cheveux que le vent poussait devant mes lèvres et je pris une gorgée de la bouteille d’eau du bureau de Walker. Cette bouteille que j’avais frottée avec une lingette désinfectante trouvée dans le fond de mon sac à main après être montée dans la voiture.

Après dix minutes de route, Ava désigna une cabane sur la plage.

- Gare-toi là, ordonna-t-elle.

La cabane était en fait un petit restaurant de plats à emporter, avec un bar et quelques tabourets de plage. Elle ne portait pas de nom que je puisse voir. Ava enleva ses/mes chaussures et sortit de la voiture, et je fis de même. Nous marchâmes dans le sable jusqu’à la cabane sans nom où un couple de chiens nous accueillit.

- Des ramasseurs de noix de coco, expliqua Ava. Elle leur donna l’ordre de rentrer d’une voix plus grave que celle que je lui connaissais, et les chiens obéirent en remuant la queue.

Ava héla le propriétaire comme s’il était un vieil ami et lui a passa notre commande. Il tendit la main vers moi et j’y déposais un billet de 20. Il cligna des yeux et tendit son autre paume. Je sortis un deuxième billet de 20. Il hocha la tête, et je plaçais l’autre billet dans sa main. Il jeta l’argent sous le comptoir dans un panier et se retourna vers ses friteuses, rentrant ses joues dans l’espace creux où auraient dû se trouver ses molaires. Pas de monnaie. Le paradis n’était pas bon marché.

Ava grimpa sur l’un des tabourets du bar et a fit face à la mer. Je l’imitais. Quel décor pour un déjeuner. Je pourrais m’y habituer. Je posai mes pieds sur la barre du tabouret et mes coudes sur mes genoux, le visage dans mes paumes.