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Absolution Providentielle
Absolution Providentielle
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Absolution Providentielle

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- OK, je t’ai entendue.

Nous nous sommes regardâmes fixement pendant quelques secondes de plus. Puis Nick se leva. Les pieds de sa chaise firent un horrible bruit strident contre le tapis d’hôtel en laine d’acier. Je grimaçai. Vu le resserrement de ses lèvres et de ses sourcils, il interpréta ma grimace de travers. Il s’éloigna sans un mot.

Je restai collée à ma chaise.

Un peu plus tard - quelques secondes, quelques minutes - Emily interrompit mon interprétation de sculpture de glace.

- La Terre à Katie. C’est l’heure de la pause. Tu viens ? demanda-t-elle. Sa voix était hargneuse, mais moins que ses textes précédents.

Je levais les yeux vers elle. Elle avait de longues jambes, des bottes de cow-boy et un jean qu’elle avait complété par une veste de chez Gap et une chemise violette en coton tricoté.

- Hum, merci, non, je vais te retrouver plus tard, lui répondis-je.

Emily sortit de la salle de conférence avec un groupe de parajuristes. Je me dirigeai vers le bar. Quelle boisson était respectable à dix heures du matin ? Je commandai un Bloody Mary, un cocktail que je n’avais jamais essayé. Qui savait que les Bloody Marys étaient si bons ? Le premier étant bien descendu, j’en commandai un autre. Avec l’aide de mon nouvel ami le Bloody Mary, je décidais que je pouvais réparer les choses avec Nick. Seulement, je n’arrivais pas à le trouver.

De retour de la pause, je coinçai Emily.

- Tu as vu Nick ? Lui demandais-je

Emily soupira.

- Il est parti. Je l’ai entendu dire à Gino qu’il avait une urgence familiale.

La guigne.

Le reste de la journée se déroula dans le brouillard. Je ne me rappelle pas grand-chose. Je pense avoir fait des expressions faciales et des commentaires appropriés lorsque cela était nécessaire. Ou peut-être que non. Mon cerveau en tambour de machine à laver était agité par des pensées à propos de Nick.

Cet après-midi-là, Emily me reconduisit chez moi dans ma vieille Accord argentée. Le jour se transforma en nuit, et la nuit se transforma en jour, et le lendemain, me réveillant au son de la voix de mon frère, j’étais étalée sur le canapé de mon salon.

Chapitre 4

Appartement de Katie, Dallas, Texas

Le 16 mars 2012

- Tu n’as pas de meilleure excuse que ça pour ne pas répondre à mes appels ?

Dit Collin sur son ton sévère de grand frère. Je forçai mes yeux à s’ouvrir assez longtemps pour le voir gesticuler dans ce qui fut un jour le beau salon de mon appartement. Collin était mon jumeau irlandais, mon frère aîné de onze mois. Nous avions cependant terminé le lycée la même année, car mon père, en bon Texan, avait insisté pour faire redoubler Collin d’une année pour lui permettre d’acquérir un avantage physique sur le terrain de football. Nous étions donc des camarades de classe ainsi que des frères et sœurs. Malgré cela, Collin avait toujours agi de manière paternelle envers moi, surtout l’année dernière après la perte de maman et papa.

J’ouvris un peu plus les yeux, assez pour voir le désordre. Je suppose que ça n’avait pas l’air présentable. Je suis généralement très pointilleuse sur mon environnement. Collin avait toujours insinué que j’avais des troubles obsessionnels compulsifs, mais je n’étais pas d’accord. Je passais l’aspirateur en marchant à reculons parce que je ne voulais pas laisser de traces de pas sur le tapis. Je classais mes vêtements par saison et les sous-catégories par fonction et par couleur, car qui ne le fait pas ? Et si les autres ne peignaient pas la frange de leurs coussins, je pense qu’ils le devraient. Une frange emmêlée. Quelle horreur.

Ces dernières semaines, cependant ? Eh bien, pas tant que ça.

Il y avait des emballages de casse-croûtes sur la table de la cuisine et quelques bouteilles vides de jus de tomate et de vodka Ketel One sur le comptoir. Ce n’était pas insalubre selon les normes de Dennis la Menace, mais, d’après mon frère, c’était troublant. Mon pyjama était mon uniforme de travail de la veille, et les vêtements des jours précédents gisaient en tas à côté du canapé - canapé sur lequel la frange du coussin me narguait avec ses nœuds. La télévision diffusait « Runaway » de Bon Jovi sur une station de musique rock des années 80 de Direct TV. Un Bloody Mary presque vide me narguait depuis la table basse, où il trônait à côté de mon ordinateur portable Vaio rouge, d’une bouteille d’Excedrin et de mon iPhone.

Je m’assis d’une manière aussi digne que possible et je lissai mes vêtements.

- Pourquoi n’ai-je pas entendu l’alarme quand tu es entré ? Lui demandais-je.

Collin avait un jeu de clés de mon appartement, mais mon alarme aurait dû sonner à l’ouverture de la porte.

Sans ménagement, Collin répondit :

- Je suppose que tu étais trop bourrée pour te rappeler de l’activer. Ou peut-être que tu as eu un visiteur qui s’est esquivé au milieu de la nuit ?

Il cherchait un deuxième verre, mais j’avais bu en solitaire. Collin commença à organiser mon désordre.

- Collin, je vais faire ça, lui dis-je.

- Non. Va te rafraîchir, dit-il. Je t’invite au petit déjeuner. C’est un ordre.

Je le regardais tristement. Il portait son habituel jean 501 avec un t-shirt Hooters, et il son attitude criait « Je n’ai pas de problèmes ». Je ne voulais pas aller prendre le petit déjeuner avec lui. Je voulais me mettre en boule. Je voulais dormir et être seule. Je voulais rester là, sans bouger, comme si je n’existais pas.

Il me regarda, immobile sur le canapé, et quelque chose le poussa à poser la poubelle et à revenir vers moi. Prenant ma main, il me força à me lever. Il serra mon corps raide dans une étreinte d’ours, me berçant doucement pendant une bonne minute. Oh oh. Au début, j’essayai de me retenir, mais ensuite je m’écroulai et me mis à sangloter sur sa large épaule. Les sanglots se transformèrent en reniflements, puis en hoquets, puis en soupirs. Il fit basculer ma tête en arrière de son gros pouce sous mon menton et me regarda dans les yeux pour m’évaluer.

- Va prendre une douche chaude. On va aller manger dans un endroit décontracté, mais je pars, avec toi, dans la voiture dans vingt minutes. Il toucha l’os de mon menton avec les articulations de son poing fermé.

- Allez, allez. Tu sais que je vais te trainer s’il le faut. Ne m’oblige pas à le faire.

D’une légère poussée, il m’envoya dans le couloir vers ma salle de bain, puis je l’entendis reprendre le nettoyage. Des larmes coulaient sur mon nez et mes joues. Bon sang, j’allais devoir boire des litres d’eau au petit-déjeuner, parce qu’au rythme où je pleurais et avec la quantité de vodka que j’avais consommée la veille, j’étais au bord d’un gros mal de tête pour cause de déshydratation.

Quarante-cinq minutes plus tard, nous prenions place dans le IHOP de Mockingbird Lane. C’était l’un des endroits préférés de notre enfance, mais aujourd’hui, je remarquai que le décor était beaucoup moins orange criard qu’avant, et j’en étais un peu déçue. Collin me surpris en demandant une table pour trois, mais je n’avais pas assez d’énergie pour le questionner. Je compris lorsque je vis la chevelure d’Emily à l’entrée du restaurant. Elle s’avança vers nous dans un pantalon bleu marine plissé et une chemise jaune soyeuse serrée par une ceinture en cuir assortie à ses escarpins marron.

- Salut, Katie. Elle m’observa un moment, puis détourna les yeux.

Je levai une main molle pour la saluer. Super. Une autre personne à me voir dans cet état. J’avais évité de croiser mon image dans le miroir avant de quitter l’appartement, mais le bref coup d’œil que j’avais eu m’avait suffi. Une queue de cheval humide. Un vieux survêtement et un t-shirt. Les yeux bouffis et le teint pâle. Beurk.

Nous examinions nos menus en silence jusqu’à ce que la serveuse d’âge moyen, qui aurait vraiment dû porter un uniforme d’une taille plus large, vienne prendre notre commande. Les muscles de mon estomac se contractèrent en la regardant s’éloigner. Je pensais l’arrêter pour ajouter un jus d’orange dont je ne voulais pas à ma commande, mais je ne le fis pas. Il ne servait à rien de retarder l’inévitable. Collin nous avait réunis pour une raison, et quelque chose de désagréable allait se passer.

- Emily et moi avons discuté, et elle m’a dit ce qui se passait avec toi, commença Collin.

J’espérais qu’Emily en avait omis une partie, mais je ne pouvais pas lui reprocher de se soucier de moi. Ou de céder à Collin. C’était un flic, dans la belle tradition filiale, et il aimait à dire qu’il n’avait jamais rencontré un témoin qu’il ne pouvait pas faire flancher.

Collin continua.

- Nous sommes inquiets pour toi. Tu es dans un sale état. Tu te fais du mal.

Il lança un regard à Emily pour avoir son support et elle fixa la table en formica blanc. Tel que je connaissais Collin, il l’avait entraînée dans cette petite intervention, et tel que je connaissais Em, elle avait résisté. Emily était sûre d’elle, mais faire chavirer le bateau n’était pas son style.

Je n’avais pas la force de me battre avec Collin sur ce point, et je n’étais pas vraiment en désaccord avec lui. J’étais une épave en ce moment, c’est sûr. Il m’avait surprise à l’un de ces rares moments où la femme à la grande gueule n’était pas là pour défendre la petite fille fragile au fond de moi. Elle était probablement encore vautrée sur mon canapé à soigner sa gueule de bois.

- Tu as raison, ai-je avoué.

Les mots avaient un goût de poussière sur ma langue sèche.

- J’ai besoin de me ressaisir.

- Je pense que tu devrais suivre une cure de désintoxication. Les mots de Collin me semblaient acides, mais comment des mots comme « va en détox » pourraient sonner agréables et enjoués.

C’est donc ce qu’avait ressenti Amy Winehouse. Et elle était morte maintenant. Il fallait que j’y réfléchisse. Sauf que je n’étais pas Amy Winehouse.

- J’ai été dans le creux de la vague, oui, et j’ai bu un peu trop, mais seulement depuis quelques semaines. Je ne pense pas que ça justifie une cure de désintoxication.

L’idée de parler de mes problèmes avec tous ces alcooliques me rendait claustrophobe. Le système des Alcooliques Anonymes peut fonctionner pour certains, mais les activités de groupe en chantant et en se serrant les mains, c’est pas mon genre. De plus, je n’étais pas alcoolique.

- Ces trois dernières semaines ont été particulièrement mauvaises, mais tu es sur cette pente depuis bien plus longtemps que cela, déclara Collin. Comme du genre un an. Est-ce que tu peux réduire ou arrêter ? Je parie que tu as déjà essayé, n’est-ce pas ?

J’évitais son regard.

- Et je parie que ça n’a pas marché.

J’avais presque répondu « Non, connard, je n’ai pas essayé ». Presque. Au lieu de cela, je répondis :

- Je n’ai pas essayé. Je sais que je peux, quand je serais prête.

Mon omelette au fromage était arrivée, mais je n’avais pas faim. Aucun d’entre nous ne touchait à sa nourriture.

- J’admets que j’aurais du mal à m’arrêter ici à Dallas si j’essayais. Lorsque j’essaierai. Mais je sais que si je pouvais sortir de cet environnement pendant quelques semaines, je pourrai maîtriser la situation. Je suis prête à commencer par ça. La désintoxication n’est pas pour moi. Peut-être qu’un jour, si vous me ramassez dans le caniveau... mais pas maintenant.

- Très bien. Je te donne une chance, sœurette, alors saisis-la. Tu as quelque chose en tête ? Demanda Collin.

J’inspirai autant d’air que possible, puis j’expirai de force jusqu’à ce que mon estomac s’effondre.

- St. Marcos. J’ai besoin de savoir ce qui est arrivé à maman et papa. Je commençai à pleurer, puis je me retins. J’ouvris la bouche pour parler et les larmes commencèrent à couler.

- Tu es sûre ? Demanda Collin.

Je hochai la tête et utilisai le côté propre de ma serviette en papier pour m’essuyer les yeux. Lorsque je levai les yeux, une jeune femme noire attira mon attention, en partie parce qu’elle me fixait, et en partie parce qu’elle était pieds nus à IHOP et que ses vêtements semblaient être vieux de cent cinquante ans. Maintenant, celle-là avait un problème. La drogue, à ce qu’il semblait. Une candidate parfaite à la cure de désintoxication. Pas moi. J’essuyai mes yeux à nouveau et lorsque je les rouvris, elle avait disparu. Comme si elle n’avait jamais existé. Je devenais folle. J’aspirai une bouffée d’air.

J’avais désespérément besoin de faire une pause. Ce voyage, cette cure de désintoxication en solo ou ces mini-vacances ou quoi que ce soit, serait une aubaine.

Et donc nous avons convenu que j’allais partir. Immédiatement. Comme du genre, demain. Oups. Un peu plus tôt que prévu, mais Collin avait insisté, et Emily avait promis de m’aider à m’organiser. Je dis au-revoir à Collin lorsqu’il me déposa à mon appartement, alors qu’Emily se garait juste derrière nous.

Après avoir enfilé un pantalon d’été couleur crème acceptable pour le travail, Emily et moi arrivâmes chez Hailey & Hart en milieu de matinée. Nous ne fîmes grand-chose d’autre que de préparer mon voyage et de libérer mon emploi du temps. Je présentai mes projets de vacances à Gino, m’attendant à ce qu’il chicane, mais il ne le fit pas. Il me tapota la main. Ugh.

- Un congé vous fera le plus grand bien, dit-il. Vous avez travaillé dur cette année dans des circonstances difficiles, et vous avez besoin de vous ressourcer et de retrouver le meilleur de vous-même.

Super. C’était le langage du patron pour dire « tu es une épave, dégage de là. » Eh bien, il n’avait pas tort. Humiliée et passant pour une bille. Il n’était pas trop tôt pour s’éloigner de ça après tout.

À la demande de Collin, Emily allait rester avec moi cette nuit, laissant son mari seul à la maison. Emily était une bien meilleure amie que je ne le méritais, mais il fut un temps où j’avais joué son rôle lorsque Rich avait temporairement rompu leurs fiançailles. L’équilibre de la vie.

Tard dans la soirée, j’avais finalement mentionné le nom que personne n’avait prononcé de toute la journée.

- Si Nick demande où je suis, donne-lui la version aseptisée.

Emily était assise sur un tabouret de bar, et je me tenais de l’autre côté du comptoir de ma cuisine. Elle se pencha vers moi.

- N’y pense même pas. Nick se comporte comme un connard avec toi depuis Shreveport. Allez, ma fille. Laisse tomber.

J’avais reçu de nombreux messages sublimés aujourd’hui. Celui-ci voulait dire « tu ne l’intéresse pas ». Aïe, mais elle avait raison.

Mais pourrais-je laisser derrière moi mes sentiments à son égard et partir vraiment à St. Marcos l’esprit tranquille ? Je tournai et virai dans mon lit toute la nuit, ballottée entre les images de mes parents et de Nick.

Chapitre 5

Aéroport international DFW, Dallas, Texas

Le 17 mars 2012

- Veuillez maintenant éteindre et ranger tous les appareils électroniques, déclara la voix de l’hôtesse dans le système de sonorisation d’American Airlines. Merde. J’étais en train d’écrire un courriel à Emily lui promettant un dîner de côte de bœuf de chez Del Frisco, mon cadeau, si elle éliminait les restes de sushi de mon réfrigérateur, mais j’eus le temps d’appuyer sur Envoyer.

Je m’étais installée dans mon siège de première classe en route pour St Marcos avec mes affaires indispensables étalées autour de moi : passeport, ordinateur portable Vaio rouge, iPhone dans sa boîte Otter à motifs zébrés. Je savais que Dell et Blackberry étaient les technologies de choix pour la plupart des avocats, mais j’aimais montrer que je n’étais pas comme tout le monde. Bien sûr, ces derniers temps, je correspondais au pire des stéréotypes de l’avocat : celui qui picole. C’était mauvais pour moi.

Le courriel que j’avais envoyé hier à mes amis hors de mon cercle professionnel expliquait ma disparition soudaine comme des vacances. Ils m’imagineraient sirotant des piña coladas sur la plage et dansant toute la nuit sur de la musique calypso avec un Antillais sexy, retrouvant mon rythme comme Stella. Emily s’occuperait d’envoyer un mémo similaire au bureau pour moi ce matin.

En parlant d’hommes antillais, celui qui était à côté de moi en première classe, légèrement bedonnant, tentait de lire mon écran. Je le tournai de l’autre côté. Où étaient ses manières de première classe ?

Je reportai mon attention sur mon courriel. Devrais-je envoyer l’information à Nick moi-même ? Peut-être qu’il avait agi comme un connard, mais jusqu’aux évènements de Shreveport, je lui aurais envoyé un mot sexy sur mon voyage. Si c’était lui qui disparaissait, je voudrais en connaître la raison. Ipso facto, n’est-ce pas ? Sous l’emprise de ce manque de logique, je lui envoyai un courriel rapide.

À nick.kovacs@haileyhart.com (mailto:nick.kovacs@haileyhart.com)

De katie.connell@haileyhart.com (mailto:katie.connell@haileyhart.com)

Sujet : Voyage

Nick,

Je voulais t’informer, au cas où tu remarquerais mon absence, que je suis en vacances aux Caraïbes. Je serais de retour dans une semaine. Emily s’occupera de mes affaires pendant mon absence. Et Nick, je suis désolée. Pour tout.

Katie

Je lui avais promis de lui dire la vérité après Shreveport. J’étais plutôt honnête, car c’était des sortes de vacances. Je fermais les yeux avec mon doigt vacillant au-dessus de la touche Envoyer.

- Madame, vous devez l’éteindre et le ranger maintenant. L’hôtesse de l’air aux cheveux gris était penchée vers moi, un sourire crispé sur le visage. Comme elle devait détester répéter ces mots encore et encore et encore chaque jour à des gens comme moi qui mentaient, trichaient et volaient pour obtenir quelques précieuses secondes de plus de temps de connexion avant le décollage. Cependant, j’étais une bonne fille cette fois.

- Pas de problème, répondis-je. J’appuyai sur Envoyer et éteignis mon écran. Eh bien, une sorte de bonne fille. Je me calais dans mon siège, dégageant ma maxi robe violette qui s’était inconfortablement torsadée sous mes jambes.

- Je m’appelle Guy, dit l’homme à côté de moi. Il me tendit la main.

Nooonnn. Je voulais dormir. Je lui serrais la main, une main très douce, douce comme de la vaseline, et je répondis

- Katie. Ravie de vous rencontrer, puis je rompis le contact visuel. Je penchai ma tête en arrière. Ne pense pas aux pellicules, aux poux et aux autres parasites capillaires, marmonnais-je. Je fis immédiatement une fixation sur cette pensée.

Un gamin hurlait. Je me penchai dans l’allée pour trouver le coupable. Un jeune père voyageait seul avec un enfant dans la première rangée. Cela ne présageait rien de bon.

L’hôtesse de l’air était de retour. Sa peau semblait plus jeune que ses cheveux, et ses yeux étaient brillants.

- Puis-je vous servir une boisson avant le décollage, madame ?